MOTION ANTI-CHARIA http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/assemblee-nationale/37-1/journal-debats/20050526/2773.html#_Toc104971753
RAPPORT BOUCHARD-TAYLOR https://www.mce.gouv.qc.ca/publications/CCPARDC/rapport-final-integral-fr.pdf / WebArchive
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Publié le 17 juin 2016 @11:45
TABLE DES MATIÈRES
Motion contre l’implantation de tribunaux islamiques au Canada
Une mouvance islamiste qui cherche à imposer son système de valeurs
La Ligue islamique mondiale saoudienne
L’opposition des islamistes à la motion anti-charia
Rencontres privées entre Présence Musulmane et la Commission Bouchard-Taylor
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De Bruxelles au Québec
Le post-mortem des récents attentats terroristes de Bruxelles a bien fait ressortir que, depuis plusieurs décennies, de nombreux observateurs avaient signalé des manifestations d’islamisation en Belgique et avaient mis en garde contre la promotion locale d’idéologues islamistes justifiant le recours à la violence et d’autres aspects de leur programme totalitaire. Cependant, comme l’ont rapporté La Presse et d’autres médias, au fil des ans les responsables de la sécurité qui ont cherché à enquêter sur la menace se sont fait rappeler à l’ordre par des politiciens qui ne voulaient pas mettre en péril leur base électorale dans des quartiers musulmans comme Molenbeek. Les élites ont également tenté de discréditer les journalistes qui enquêtaient sur la menace en les traitant d’islamophobes, etc.
Au Québec, en 2007-2008, la Commission Bouchard-Taylor a joué un rôle semblable à celui de ces élites belges pour délégitimer ceux qui mentionnaient des symptômes d’islamisation au Québec. Dans ses conclusions (p.234), la Commission mentionna du bout des lèvres que «La menace [fondamentaliste] n’est donc pas inexistante» mais elle ne consacra aucune ressource pour essayer d’en dresser le portrait. Comparant l’Europe au Québec, la Commission Bouchard-Taylor affirma que «plusieurs craintes qui peuvent être justifiées ailleurs ne le sont pas nécessairement ici». (p.18)
Lors de sa tournée du Québec en 2007 et dans son rapport final de 2008, la Commission catégorisa ceux qui évoquaient une menace islamiste comme étant, au mieux, des gens légèrement attardés dont le niveau d’information est inadéquat (c’est l’épisode TVA TQS), et, au pire, des ‘racistes’ et des ‘islamophobes’.
En 2013 au Maroc, Gérard Bouchard alla au bout de sa logique quand il affirma que «le complot islamiste, craint par de nombreux Québécois, ne représente pas un risque réel au Québec».
Soudain, quelques jours après l’attentat meurtrier du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo, Gérard Bouchard déclarait réaliser, dans La Presse, qu’une menace islamiste existait :
Gérard Bouchard / Archive.Today : [O]n peut difficilement nier que la menace [terroriste] présente soit associée principalement à l’islam – une forme pervertie, «instrumentalisée» et très largement rejetée de l’islam, certes, mais le lien demeure néanmoins.
Pourquoi Gérard Bouchard a-t-il dû attendre les attentats terroristes de l’automne 2014 au Canada, puis les douze morts de Charlie Hebdo et les quatre de l’Hyper Cacher en janvier 2015 à Paris avant d’admettre l’existence d’une menace islamiste, donc d’un complot islamiste?
Sans remonter aux massacres du Groupe islamique armé dans les années ’90 en Algérie, si ça prenait du sang à tout prix, est-ce que les 3 000 personnes ayant péri lors des attentats du 11 septembre treize ans plus tôt n’auraient pas dû suffire pour convaincre Gérard Bouchard de l’existence d’une menace islamiste violente?
Des manifestations d’islamisation avaient été documentées avant que la Commission Bouchard-Taylor ne présente ses conclusions en mai 2008
Au moment où la Commission Bouchard-Taylor mena ses travaux en 2007-2008, plusieurs manifestations d’islamisation avaient déjà été documentées. La Commission refusa de les approfondir et préféra condamner les messagers.
Selon une des conclusions les plus mal avisées de la Commission, «la bonne attitude à adopter» face au fondamentalisme et la menace terroriste serait de «laisse[r] aux forces policières le soin de débusquer la menace terroriste là où elle se trouve – s’il s’en trouve. Pour le reste, les Québécois ont le devoir de traiter équitablement les citoyens sans reproche.» (p.234)
Ce que cette conclusion laisse entendre c’est que la menace islamiste ou fondamentaliste serait exclusivement terroriste, violente. Comme si ceux qui finissent par participer à des activités terroristes n’étaient pas impliqués dans un processus de radicalisation non-violent ou pré-violent au préalable. Or, la police n’a ni le mandat, ni les ressources pour remettre en question les préceptes véhiculés par les organisations islamistes au sujet de l’histoire de l’islam, du jihad, de la fonction du hijab ou de l’excision par exemple. Pourtant, il est indispensable de contredire le discours islamiste sur ces enjeux et d’autres si on espère diminuer l’attrait des idéaux islamistes totalitaires.
À titre d’exemple, ce n’est pas à la police de réfuter Haroun Bouazzi quand il affirme qu’il n’y a pas de différence entre les crimes d’honneur et les cas de violence familiale comme celui impliquant le docteur Turcotte. Ce n’est pas à la police non plus de réfuter la désinformation islamiste destinée aux non-musulmans qui proclame que l’excision «n’est pas dans la religion islamique».
Dans un monde idéal, ce serait des universitaires comme Gérard Bouchard et Charles Taylor qui dirigeraient l’opposition idéologique au totalitarisme islamiste. Depuis des années, ils ont malheureusement choisi de s’associer à l’autre camp.
Pourtant, cette affirmation de Bouazzi et d’autres doivent être contredites. Celle de Bouazzi, en particulier, doit être contredite si on veut équiper les intervenants de première ligne afin qu’ils comprennent le phénomène du crime d’honneur et protègent les personnes menacées plutôt que de les renvoyer dans leur famille comme ils le firent avec les sœurs Shafia.
Point de Bascule (20 juillet 2010) : Quand les «savants musulmans» justifient les mutilations génitales féminines
Point de Bascule (18 mai 2012) : Crimes d’honneur : Francine Pelletier relaie le message des islamistes
Ébranlé par les attentats d’Ottawa, St-Jean et Paris, Gérard Bouchard se demandait dans son texte du 24 janvier 2015 : «Comment s’y prendre [pour réaliser] l’éradication et la prévention du terrorisme». D’abord, M. Bouchard pourrait commencer par faire un sérieux examen de conscience en identifiant tous les signaux criants de radicalisme islamique que la poursuite de son utopie multi/interculturaliste l’a amené à ignorer au fil des ans, à commencer par les organisations islamistes que lui et Charles Taylor encouragèrent le gouvernement québécois d’appuyer dans leur rapport final (p.236). L’article de La Presse et la liste des 23 organisations signataires évoqués à la note 91 du rapport Bouchard-Taylor sont disponibles sur Point de Bascule.
Ce faisant, M. Bouchard pourrait examiner ce que les leaders, les exégètes et les partenaires de ces organisations ont écrit sur le recours à la violence dans le passé.
Voici quelques manifestations d’islamisation survenues avant que la Commission Bouchard-Taylor ne remette son rapport final en mai 2008 mais qui ne méritèrent pas son attention.
MOSQUÉE ASSUNA / 2006
Lors de l’émission Zone Libre du 8 septembre 2006, Radio-Canada diffusa un reportage sur la mosquée Assuna de Montréal où l’on rapporta que, dans les semaines précédentes, «l’imam de la mosquée, très en colère, a évoqué la crise au Proche-Orient et a terminé son discours en priant Dieu de tuer tous les ennemis de l’islam jusqu’au dernier». S’adressant aux jeunes musulmans présents à la mosquée quelques semaines plus tard, un autre prédicateur les avait décrits comme étant «les munitions de notre communauté».
Le reportage de Radio-Canada avait également souligné que des visites à la bibliothèque et à la librairie de la mosquée avaient permis de trouver une revue prônant le jihad armé et des livres incitant à la violence et au meurtre, dont un, en particulier, de l’exégète saoudien Ibn Baaz qui soutient qu’il faille tuer tout musulman qui ne pratique pas sa religion.
Radio-Canada ne permet plus de visionner le reportage sur son site mais des extraits sont toujours disponibles sur Liveleak.
Quelques mois après que les autorités américaines aient empêché l’agent d’Al-Qaïda Ahmed Ressam d’entrer aux États-Unis avec des explosifs qu’il avait dissimulés dans sa voiture et qu’il comptait faire sauter à l’aéroport de Los Angeles pour marquer l’arrivée de l’an 2000, les médias rapportèrent que Ressam avait fréquenté la mosquée Assuna de Montréal. Plusieurs articles furent consacrés en 2002-2003 au réseau de recrutement djihadiste qui opérait à cette mosquée.
En 2011, des câbles diplomatiques rendus publics par WikiLeaks rappelèrent que la mosquée Assuna de Montréal «figurait sur une liste du Pentagone répertoriant neuf mosquées dans le monde où ‘des membres d’Al-Qaïda ont été recrutés, aidés ou formés’.»
Manifestant une irresponsabilité face aux informations diffusées entre 2002 et 2006 sur la mosquée Assuna comparable à celle des autorités de Molenbeek, la Commission Bouchard-Taylor recommanda au gouvernement d’appuyer cette mosquée à la note 91 de son rapport final (p.236). L’appui de gouvernements occidentaux à des organisations islamistes s’est traduit dans le passé par des subventions, des consultations de leaders islamistes avant de mettre en place des politiques, la participation de ministres et de députés à des activités islamistes, etc.
En janvier 2008, le National Post consacra un article à un interrogatoire d’Adil Charkaoui par le SCRS dans lequel il avait élaboré sur le recours aux mosquées pour le recrutement de djihadistes.
TARIQ RAMADAN ET L’UTILISATION DU CADRE LÉGAL CANADIEN POUR FAIRE PASSER DISCRÈTEMENT DES PRINCIPES DE CHARIA / 2004
On ne le dira jamais assez : la principale méthode utilisée par les islamistes pour progressivement mettre en place des règles de charia dans les sociétés où ils se sont implantés n’est pas le recours à la violence mais plutôt la pénétration et l’utilisation des institutions existantes.
Dans une interview accordée à Egypt Today en 2004, Tariq Ramadan a incité les islamistes opérant spécifiquement au Canada à utiliser le cadre légal canadien («un des plus ouverts dans le monde», avait-il souligné) pour faire passer discrètement les principes de charia un à un. À l’époque, Tariq Ramadan avait fortement enjoint ses partisans de ne pas mentionner ouvertement leur appui à la charia : «Le terme charia est mal vu dans l’esprit des Occidentaux», avait déclaré Ramadan. «Ce n’est pas nécessaire de mettre l’accent là-dessus. […] Pour le moment, ce n’est pas comme ça qu’on veut être perçus», avait-il ajouté.
Le recours aux tribunaux, et surtout la menace d’y recourir, pour faire appliquer des règles islamiques qui entravent la propriété privée a depuis donné naissance à l’approche dite des ‘accommodements raisonnables’ préconisée par les islamistes et leurs compagnons de route.
Plutôt que de tenter de contrer les ambitions islamistes de Tariq Ramadan au Canada, la Commission Bouchard-Taylor multiplia les échanges avec son organisation Présence Musulmane durant la tenue de ses travaux. À l’instar de la mosquée Assuna, l’organisation Présence Musulmane faisait partie des organisations islamistes que la Commission Bouchard-Taylor recommanda au gouvernement d’appuyer à la note 91 de son rapport.
IRFAN-CANADA DÉJÀ SOUPÇONNÉ DE FINANCER LE TERRORISME EN 2004 A ÉTÉ PRÉSENTÉ COMME UNE ORGANISATION AU-DESSUS DE TOUT SOUPÇON LORS D’UN FORUM COMMANDITÉ PAR BOUCHARD-TAYLOR EN 2007
Le 28 octobre 2007, mandaté par la Commission Bouchard-Taylor, l’Institut du Nouveau Monde a organisé le forum Qui sont les musulmans québécois? Patrice Brodeur de l’Université de Montréal était responsable de présenter un portrait des principales organisations musulmanes au Québec. Dans son énumération, il a inclus le collecteur de fonds du Hamas, IRFAN-Canada (identifié comme IFRAN-Canada dans sa liste) comme une organisation au-dessus de tout soupçon.
Pourtant, dès 2004, le député Stockwell Day avait mis en garde la Chambre des Communes au sujet des liens d’IRFAN avec le terrorisme. La participation de Yusuf Islam (l’ex-chanteur Cat Stevens) à une campagne de financement du Jerusalem Fund (l’ancêtre d’IRFAN) en 1998 avait également été rapportée par les médias. Or, en 1989, le même Yusuf Islam avait appuyé la fatwa de l’ayatollah Khomeini demandant aux musulmans de tuer l’écrivain Salman Rushdie. Consultez la vidéo.
Le 9 avril 2011, le statut charitable d’IRFAN a été révoqué par l’Agence du revenu du Canada au motif que l’organisation a transféré 14,6 millions de dollars au Hamas uniquement durant la période 2005-2009. Le 24 avril 2014, IRFAN a été ajouté à la liste des organisations terroristes bannies par le gouvernement du Canada.
Patrice Brodeur a participé à au moins deux activités de Présence Musulmane (23 février 2006 – Novembre 2007). Aujourd’hui, il joue un rôle de premier plan auprès de l’Arabie saoudite à titre de conseiller principal du King Abdullah bin Abdulaziz International Centre for Interreligious and Intercultural Dialogue (KAICIID), un organisme basé à Vienne mais financé par l’Arabie saoudite. KAICIID / WebArchive – Archive.Today
Le dialogue interreligieux est toujours mené par les islamistes avec le but ultérieur de faciliter la pénétration de leur doctrine en territoire non-musulman.
En 2011, Patrice Brodeur a été le porte-parole média de la Deuxième conférence sur les religions du monde de Montréal qui adopta une résolution favorable à l’interdiction de la critique des religions (article 12.4).
Motion contre l’implantation de tribunaux islamiques au Canada
En 2005, la députée Fatima Houda-Pepin a donné un autre exemple concret de mesures non-violentes d’islamisation quand elle présenta sa motion anti-charia à l’Assemblée nationale. Cette motion s’opposait au projet envisagé par le gouvernement de l’Ontario de mettre sur pied des tribunaux islamiques en droit familial. Le projet était appuyé par des acteurs islamistes locaux et internationaux. La motion adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 26 mai 2005 a été un facteur déterminant dans la décision du gouvernement de l’Ontario d’abandonner le projet. Cette motion anti-charia a été l’une des premières, sinon la première, adoptée par un gouvernement occidental.
Même si l’Ontario et le Québec jouissent de compétences distinctes en droit familial, le Québec aurait été directement affecté si l’initiative ontarienne avait été adoptée. Des tribunaux québécois ou la Commission des droits de la personne auraient assurément invoqué ce précédent canadien pour justifier la création de tribunaux islamiques au Québec. En décembre 2004, Le Devoir a d’ailleurs rapporté que des pressions s’exerçaient sur Québec en faveur d’une reconnaissance de telles cours islamiques en droit familial. L’imam Salam Elmenyawi était l’instigateur du projet. Selon Le Devoir, Elmenyawi ne se gênait pas pour rappeler au ministre de la Justice de l’époque qu’en 2003, il avait enjoint les 7 435 musulmans de la circonscription de Saint-Laurent de voter pour lui. Le ministre lui en était reconnaissant et référait à l’imam en l’appelant «mon ami Abdesallam».
Giulio Meotti (Arutz Sheva – 29 mars 2016) : Un ancien secrétaire général de Médecins sans frontières condamne les conséquences désastreuses de l’immigration massive encouragée par le bourgmestre de Molenbeek pour se faire réélire
L’imam Elmenyawi avait confié au Devoir qu’il comptait consulter le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi (Kardaoui), pour l’aider à trancher des questions qui seraient soumises à son tribunal de la charia. Qaradawi justifie les mutilations génitales féminines et prône l’exécution des homosexuels et celle de ceux qui abandonnent l’islam.
Déjà en 1995, La Presse avait rapporté qu’un Conseil de la charia opérait à Montréal et rendait des décisions en matière familiale. Fatima Houda-Pepin y a fait allusion dans un article de 2015 sur la menace islamiste au Canada.
La suite des choses a démontré combien la démarche du Québec avait été la bonne en 2005. En Grande-Bretagne où l’on a suivi le chemin inverse et endossé les tribunaux islamiques en droit familial dirigé par des imams liés aux mêmes réseaux islamistes que ceux qui les promouvaient au Québec et en Ontario (Frères Musulmans et Jamaat-e-Islami), on ne compte plus les cas de décisions inéquitables et incompatibles avec les normes occidentales en matière de droits de l’homme :
Une veuve de 50 ans qui voulait se remarier s’est fait dire par un tel tribunal en Grande-Bretagne qu’elle devait obtenir la permission de son parent mâle le plus proche. Elle a donc dû aller chercher la permission d’un jeune garçon de onze ans qui vivait en Jordanie. (Telegraph, 2014)
Une musulmane qui se faisait battre par son mari au point d’avoir dû aller se faire soigner à l’hôpital a subi d’énormes pressions de sa communauté pour ne pas rapporter les agressions à la police. Acceptant sous la pression de la communauté de s’en remettre à un tribunal de la charia endossé par le gouvernement, celui-ci lui refusa le divorce et lui demanda de retourner à son mari. (Telegraph, 2014)
Dans la même veine, le principal promoteur des tribunaux islamiques en Ontario, l’avocat Syed Mumtaz Ali, avait fait valoir en 1991 que l’application de la charia en droit familial éliminerait la responsabilité du mari à l’égard de son épouse en cas de divorce :
Syed Mumtaz Ali (cité par Fatima Houda-Pepin à l’Assemblée nationale en 2005) : «Le divorce est un droit divin accordé au mari. En Islam, le mariage est un contrat civil […]. Une fois le mariage brisé, le contrat est terminé, le mari n’est pas responsable [de] son épouse.»
À la note 26 d’un texte de 2007 consacré en partie au statut de la femme, l’expert en charia et président émérite de la National Association of Muslim Lawyers, Mohammad Fadel, qui enseigne le droit à l’Université de Toronto, cite un juriste musulman qui affirme qu’en droit islamique «quand les époux sont en désaccord pour déterminer si le mari a exercé une discipline légitime ou usé de violence excessive, il est présumé que l’épouse dise la vérité à moins que le mari ne soit reconnu pour sa piété».
En plus de légitimer le recours à la force contre les épouses et de consacrer l’inégalité entre les hommes et les femmes, ce principe ouvre la porte à la corruption des juges. Puisqu’une des façons pour le musulman de démontrer sa piété consiste à verser de l’argent à des organisations islamiques, il est facile d’imaginer qu’un mari puisse tenter de «démontrer sa piété» en versant des fonds à une organisation dirigée par le juge musulman qui présidera sa cause pour obtenir une décision qui le favorise.
En 2004, durant le débat sur la charia en Ontario, Margaret Wente du Globe and Mail rapporta le cas d’une jeune professionnelle musulmane travaillant dans une banque de la région de Toronto qui devait remettre tout son salaire à son mari. «Elle devait le supplier pour obtenir l’argent nécessaire à l’achat d’une tasse de café. Quand elle décida de garder 50 $ pour ses dépenses, il a refusé. Ils se sont rendus chez un oncle qui a tranché que, puisqu’elle avait désobéi, son mari pouvait cesser de coucher avec elle. C’est une punition courante pour les épouses désobéissantes. Le mari pouvait également aller se chercher une épouse temporaire pour ses besoins sexuels, ce qu’il a fait. Maintenant la femme veut la séparation. Elle se bat pour obtenir la garde des enfants bien que, selon la charia, ils appartiennent au père».
En 2009, la fondatrice du CNMC / CAIR-Canada, Sheema Khan, est revenue à la charge lorsqu’elle affirma au Globe and Mail que la majorité des musulmans vivant au Canada désirent que leurs litiges qui relèvent du droit familial soient tranchés en conformité avec la charia.
La UK Law Society s’est excusée d’avoir donné des directives pour rédiger des testaments discriminatoires conformes à la charia
En 2014, la UK Law Society (l’équivalent du Barreau au Québec) s’est excusée auprès du public britannique après avoir donné des directives pour rédiger des testaments discriminatoires conformes à la charia. Les principes juridiques islamiques que faisaient appliquer la UK Law Society niaient aux femmes une portion égale de l’héritage et niaient aux non-musulmans quelque portion que ce soit. Les enfants nés hors-mariage ne pouvaient pas être considérés comme des héritiers légitimes, etc.
Une mouvance islamiste qui cherche à imposer son système de valeurs
Au-delà des considérations sur le droit familial proprement dit, le grand mérite de la motion anti-charia de 2005 aura été d’expliquer le contexte général dans lequel s’inscrivait cette promotion des tribunaux islamiques en droit familial au Canada.
Dans sa présentation de la motion anti-charia, la députée Fatima Houda-Pepin avait fait ressortir les points suivants :
- Le projet d’implantation de tribunaux islamiques émanait d’une «mouvance islamiste minoritaire mais agissante qui cherche à imposer son système de valeurs»;
- Ce projet islamiste «vis[ait] à isoler la communauté musulmane afin de la soumettre à une vision [de l’islam] dont les islamistes sont à la fois les idéologues, les propagandistes, les financiers et les opérateurs»;
- C’est la Ligue islamique mondiale (LIM), dont le siège social est en Arabie saoudite, qui avait lancé l’idée d’instaurer des tribunaux de la charia en Amérique du Nord. Madame Houda-Pepin évoqua un meeting financé par la LIM à ce sujet qui s’est déroulé à Washington en août 1991 et qui regroupait des imams de plusieurs villes canadiennes;
- Dans sa campagne pour l’implantation de la charia, le directeur de la LIM à Toronto avait ciblé, d’une part, les musulmans eux-mêmes en tentant de les convaincre qu’ils ne pouvaient pas se soustraire à l’application de la charia et, d’autre part, les politiciens dont ils espéraient l’appui pour faire incorporer le changement à la loi.
La députée de l’Opposition, Jocelyne Caron, appuya la motion anti-charia en rappelant que l’instauration de la loi islamique s’inscrivait dans le cadre plus vaste du programme politique de l’islam radical :
Jocelyne Caron : «Cette affaire dépasse la question légale ou religieuse. Elle s’inscrit dans un mouvement mondial d’affirmation politique. Pour les fondamentalistes, l’islam est un code auquel tous les aspects de la vie doivent être assujettis, même ici, au Canada. C’est une attaque frontale à la démocratie.»
La Ligue islamique mondiale saoudienne
L’adoption de la motion anti-charia par l’Assemblée nationale le 26 mai 2005 provoqua l’indignation des islamistes. Une des premières réactions est venue le 23 juin 2005. Au nom de l’organisation islamiste Présence Musulmane, Salah Basalamah avait dénoncé la motion comme étant «discriminatoire» et qualifié la députée Houda-Pepin de «pourfendeuse des islamistes imaginaires [qui] s’érige en spécialiste du droit musulman».
Déjà en 1991, des journaux suisses avaient rapporté que le père de Salah Basalamah (Yahia Basalamah) était un responsable de la Ligue islamique mondiale (LIM) saoudienne en Suisse. C’est cette même Ligue saoudienne que la députée Houda-Pepin avait identifiée comme étant derrière le projet de tribunaux islamiques en Amérique du Nord. Pendant des années, Yahia Basalamah a été l’imam de la mosquée saoudienne à Genève.
Un reportage du Point de juin 2016 / Archive.Today rappelait que cette mosquée de Genève est au cœur de l’activité islamiste en Suisse depuis des années :
[D]epuis plusieurs années déjà la grande mosquée du Petit-Saconnex, financée par l’Arabie saoudite, est accusée de propager une vision de la religion parmi les plus rétrogrades. Plus embarrassant, deux de ses fidèles sont partis se battre en Syrie et deux de ses imams font l’objet d’une surveillance accrue de la part des services de renseignements français.
Dans son livre Tariq Ramadan dévoilé (Lyon, Lyon Mag’, 2004, p. 95), Lionel Favrot fait allusion aux années suisses de Salah Basalamah. Il mentionne que, dans les années ’90, Basalamah et Tariq Ramadan mirent sur pied le Foyer culturel musulman à Genève pour ‘encadrer’ la communauté musulmane locale. Favrot décrit Basalamah comme «un militant islamiste […] connu pour avoir fait plusieurs séjours en Arabie saoudite».
La Ligue islamique mondiale (LIM) est impliquée dans des activités violentes et non-violentes pour promouvoir la vision saoudienne de l’islam à travers le monde. Elle est connue en anglais comme la Muslim World League / MWL. Un rapport d’enquête de l’Agence du revenu du Canada (ARC) qui a mené à la révocation du statut charitable d’une autre organisation saoudienne (la World Assembly of Muslim Youth / WAMY), évoque les liens de la LIM avec Al-Qaïda. Entrez l’acronyme anglais de la LIM (MWL) pour retrouver les passages dans le rapport en langue anglaise sur l’implication de la LIM dans la promotion et le financement de la violence islamiste.
Dans un rapport soumis à un comité du Sénat américain en 2003, l’expert français de l’antiterrorisme, Jean-Charles Brisard, aborda également le rôle important joué par la Ligue islamique mondiale saoudienne (Muslim World League) dans le financement du terrorisme international.
Le 29 août 2005 sur les ondes de la chaîne saoudienne IQRA TV, Abdallah Basfar, le secrétaire-général d’une Commission de la LIM saoudienne a ouvertement incité les musulmans à contribuer financièrement aux activités terroristes du Hamas en donnant à son organisation :
«Le Prophète a dit : ‘Celui qui équipe un combattant — c’est comme s’il avait combattu lui-même.’ Vous êtes étendu dans votre lit, en sécurité dans votre maison, vous donnez de l’argent et Allah vous crédite des récompenses d’un combattant. Qu’est-ce que c’est? Un privilège» (MEMRI).
Cet extrait a également été présenté en 2005 à un sous-comité de la Chambre des Communes sur la Sécurité publique.
L’opposition des islamistes à la motion anti-charia
À la rentrée le 15 septembre 2005, une coalition de 26 organisations et individus musulmans publièrent une lettre ouverte dans Le Devoir et The Gazette pour condamner comme ‘discriminatoire’ la motion anti-charia adoptée par l’Assemblée nationale et en demander le retrait. Présence Musulmane, le Conseil musulman de Montréal de Salam Elmenyawi et un conseiller du ministère de l’Éducation comptaient parmi les 26 signataires.
Déjà avec l’information disponible en 2005, les principaux signataires opposés à la motion anti-charia pouvaient être rattachés à l’infrastructure des Frères Musulmans au Canada ou à l’Arabie saoudite et à sa Ligue islamique mondiale que la députée Fatima Houda-Pepin avait identifiée comme l’initiatrice du projet d’implantation de tribunaux islamiques en Amérique du Nord.
CENTRE CULTUREL MUSULMAN DE MONTRÉAL (CCMM) – Selon le Registre des entreprises du Québec (NEQ 1141892381), le CCMM (à ne pas confondre avec une organisation chiite de Montréal dont l’acronyme est identique) est l’un des noms utilisés par la mosquée Al-Oummah (Al-Umma) au centre-ville de Montréal. Dès 1992, La Presse identifia son imam et administrateur, Saïd Youssef Fawaz, comme le représentant de la Ligue islamique mondiale saoudienne à Montréal. À l’époque, le trésorier de la mosquée avait reconnu que Fawaz et d’autres de ses collaborateurs à Montréal étaient payés pour y promouvoir la version saoudienne de l’islam. Après le reportage de La Presse en 1992, des journaux et des rapports soumis à l’Agence du revenu du Canada ont fait état du leadership qu’il exerce à la mosquée (1992 – 2002 – 2003 – 2006 – 2007 – 2010 – 2013 – 2015). En 2007, la présence de Saïd Fawaz au Sénat canadien à titre de représentant de la Ligue islamique mondiale saoudienne et invité du député libéral Marcel Prud’homme a été soulignée dans le Hansard. Avant et après les attentats de Bruxelles, plusieurs commentateurs ont expliqué l’importance du rôle de l’Arabie saoudite et de sa Ligue islamique mondiale dans la promotion des principes qui ont incité plusieurs jeunes musulmans nés ou ayant vécu presque toute leur vie en Belgique à s’engager dans le jihad armé en Europe ou ailleurs dans le monde :
Marie-Cecile Royen (Le Vif / L’Express – 13 décembre 2013) : Comment l’Arabie saoudite a imposé son islam rigoriste à la Belgique / WebArchive – Archive.Today
Leo Cendrowicz (The Independent – 23 mars 2016) : Attaques de Bruxelles : Comment l’influence saoudienne et des contrats de pétrole ont semé le radicalisme en Belgique / WebArchive – Archive.Today [Article en anglais]
PRÉSENCE MUSULMANE – En 2002, le leader et fondateur de l’organisation, Salah Basalamah, a traduit en français un livre de Youssef Qaradawi, le guide spirituel des Frères Musulmans. En 2007, il a endossé Qaradawi comme ‘un des exégètes musulmans les plus fameux dans le monde’. En 2002, Youssef Qaradawi a invité l’autre fondateur de Présence Musulmane, Tariq Ramadan, à préfacer un recueil de ses fatwas publié en français par les éditions Tawhid à Lyon (France). En 2005, Tariq Ramadan a exprimé son «profond respect» pour Qaradawi malgré que ce dernier ait plaidé pour la conquête musulmane de l’Occident dans le passé, justifié les attentats suicide et présenté Hitler comme un envoyé d’Allah venu punir les juifs. Avant de lancer l’organisation islamiste Présence Musulmane au Canada, Basalamah et Tariq Ramadan avaient mis sur pied à Genève, le Foyer culturel musulman dans les années ’90 pour ‘encadrer’ les musulmans de la ville. En 2016, Tariq Ramadan et Youssef Qaradawi dirigent deux centres de recherche sur la charia chapeautés par la Qatar Foundation et Salah Basalamah est professeur à l’Université du Qatar, une sous-structure de la Qatar Foundation.
Point de Bascule (17 mars 2016) : Tariq Ramadan annonce qu’il fait partie de l’Union mondiale des savants musulmans, un groupe sélect d’exégètes présidé par le guide spirituel des Frères Musulmans
CONSEIL MUSULMAN DE MONTRÉAL (CMM) – En 2004 Salam Elmenyawi, le leader du Conseil musulman de Montréal avait confié au Devoir qu’il comptait consulter le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi (Kardaoui), pour l’aider à trancher les questions qui seraient soumises au tribunal de la charia qu’il devait mettre sur pied à Montréal. En 2004, le CMM déclarait représenter une quarantaine de mosquées et organisations musulmanes dans la grande région de Montréal. En 2015, il se présentait comme le porte-parole de 70 institutions musulmanes sur sa page Facebook.
MUSLIM ASSOCIATION OF CANADA (MAC) – Déjà en 2004-2005 sur son site internet, la Muslim Association of Canada faisait ouvertement remonter ses origines au mouvement des Frères Musulmans et aux idées de son fondateur Hassan Al-Banna. Dans son manifeste en 50 points, Hassan al-Banna a incité ses supporteurs à abolir les partis politiques et à les remplacer par un système à parti unique. Il a encouragé la modification des lois afin qu’elles se conforment à la charia et il a lancé un appel à multiplier le nombre d’associations vouées à promouvoir l’esprit du jihad dans la jeunesse. En 2004, la MAC a donné son appui au Hamas plus d’un an après qu’il ait été désigné comme une organisation terroriste par le gouvernement canadien (libéral à l’époque).
CAIR-CANADA – L’organisation a changé de nom en 2013 pour devenir le Conseil national des musulmans canadiens / CNMC. Lorsqu’il signa la lettre d’opposition à la motion anti-charia de l’Assemblée nationale en 2005, le CNMC / CAIR-Canada se reconnaissait ouvertement comme la filiale canadienne du Council on American-Islamic Relations (CAIR) basé à Washington. (Voir ‘parent organization’ / p.14 dans un document de 2003 et ‘Canada office’ dans un document de 2005). Le CAIR de Washington a été fondé en 1994 par trois leaders de l’Islamic Association of Palestine (IAP), une organisation qui représentait le Hamas aux États-Unis à ce moment-là. L’article 2 de la charte du Hamas décrit l’organisation terroriste comme une section des Frères Musulmans à Gaza. L’IAP est l’entité #22 sur une liste d’organisations identifiées dans un mémorandum interne des Frères Musulmans comme étant associées à la confrérie aux États-Unis. Ce mémorandum a été produit en preuve lors d’un procès pour terrorisme qui s’est soldé par la condamnation de tous les accusés en 2008. En 2009, les liens du CAIR avec le Hamas ont été soulignés dans une autre cause américaine quand le juge Solis déclara que «Le gouvernement [américain] a présenté suffisamment de preuves pour démontrer l’association du CAIR, d’ISNA et du NAIT avec HLF, l’Islamic Association of Palestine (‘IAP’) et le Hamas». Peu après, le FBI a pris la décision de mettre un terme à tous ses contacts avec le CAIR.
Rencontres privées entre Présence Musulmane et la Commission Bouchard-Taylor
Selon ce qu’il confia lors d’une interview en 2008, Charles Taylor ressentit un sentiment de «honte d’être Canadien» lorsque le mouvement d’opposition à la charia se développa au Canada entre 2003 et 2005. Sans se prononcer directement sur le projet de tribunaux islamiques en Ontario, Taylor décrivit la teneur du débat sur le sujet comme ayant été «choquante, épouvantable, de l’islamophobie hystérique à son pire».
PRÉCISION AJOUTÉE PAR POINT DE BASCULE LE 20 JUIN 2016 :
Après avoir lu cet article, un lecteur, qui s’identifie comme Señor Felipe, a attiré à notre attention qu’en 2005 Charles Taylor s’était prononcé en faveur de la reconnaissance des tribunaux islamiques en droit familial en Ontario. M. Taylor a fait sa déclaration lors d’une interview accordée à l’émission Indicatif présent, diffusée sur les ondes de Radio-Canada le 19 septembre 2005. Richard Martineau a cité des extraits de l’interview dans un article publié par le Journal de Montréal / Archive.Today en 2007.
Quand Charles Taylor et Gérard Bouchard furent nommés par le gouvernement de Jean Charest pour coprésider la Commission sur les accommodements raisonnables en 2007, une de leurs premières actions fut d’ailleurs d’aller chercher conseil auprès des islamistes qui s’étaient opposés ӑ la motion anti-charia.
La Commission Bouchard-Taylor commença ses travaux en mars 2007 et, dès le mois de mai, Gérard Bouchard consulta privément l’organisation Présence Musulmane de Salah Basalamah et Tariq Ramadan pour obtenir leur avis sur la suite des choses. Au moins une deuxième rencontre a eu lieu en août 2007. L’information est mentionnée sur le site de Présence Musulmane. À la sortie du rapport Bouchard-Taylor en mai 2008, La Presse a également évoqué ces rencontres de consultation privées entre la Commission Bouchard-Taylor et ces islamistes.
À l’époque où Jean Charest a annoncé la création de la Commission sur les ‘accommodements raisonnables’, il rappelait l’appui de son gouvernement à la motion anti-charia de 2005. Les coprésidents Bouchard et Taylor s’assurèrent que l’esprit de cette motion soit non seulement absent de leurs conclusions mais qu’il soit combattu. En redéfinissant le mandat qui leur avait été confié (ou en l’abordant «dans un sens large» / p.17 selon la version Bouchard-Taylor), les deux coprésidents réussirent à faire passer la menace islamiste qui avait été discutée par l’Assemblée nationale en 2005 pour un bonhomme sept-heures.
Le 23 novembre 2007, les cinq organisations opposées à la motion anti-charia identifiées plus haut et dix-huit autres signèrent une lettre commune sur le soi-disant ‘vivre-ensemble’ qui fut publiée dans des grands journaux du Québec. Dans leur rapport final (p.236), Gérard Bouchard et Charles Taylor recommandèrent «que l’État fournisse ou accroisse son appui» à ces organisations malgré leurs feuilles de route qui recelaient, dans la majorité des cas, une implication dans la promotion du totalitarisme islamiste et, dans certains cas, une association avec des entités liées au jihad violent.
Peu après la divulgation du rapport final de la Commission Bouchard-Taylor, plusieurs organisations islamistes l’endossèrent dans une déclaration commune le 23 mai 2008. Présence Musulmane publia son propre message d’appui au rapport Bouchard-Taylor le 28 mai 2008.
Références supplémentaires
Point de Bascule : FICHE Commission Bouchard-Taylor
Point de Bascule : FICHE Présence Musulmane
Point de Bascule : FICHE Tariq Ramadan
Point de Bascule : FICHE Salah Basalamah