Time’s Person of the Year 2018
http://time.com/person-of-the-year-2018-the-guardians-choice / Archive Today
L’un des évènements les plus médiatisés de 2018 a été l’affaire Khashoggi. En fait, ce n’est pas autant l’affaire Khashoggi qui attire l’attention, mais comment les médias et les commentateurs nous ont révélé leurs priorités. Le narratif dominant du Washington Post (les médias du Québec aussi) était de présenter Khashoggi comme un «journaliste». Les faits démontraient et continuent de démontrer que Khashoggi était loin d’avoir pratiqué du journalisme, de représenter la liberté de presse ou les idéaux d’une démocratie libérale.
Nous savons qu’il était : un acteur politique, un promoteur des Frères Musulmans jusqu’à l’une de ses dernières chroniques, un proche de Bin Laden, un agent d’influence, un défenseur d’une composante de la famille royale saoudienne au fait des secrets et liens entourant Bin Laden et les attentats du 11 septembre 2001. Cette faction de la famille avait la particularité d’être aussi liée à la vision de l’islamisme des Frères Musulmans. En d’autres mots, nous pouvons spéculer que Khashoggi a fréquenté et a travaillé, lui aussi, pour des acteurs tout aussi sociopathes que ses ennemis, et tout aussi capables d’avoir commandé des assassinats orchestrés selon la même méthode dont il a lui-même été victime.
En référence à la couverture dominante sur Khashoggi, Rex Murphy exprime bien l’état actuel du journalisme :
(Traduction de Point de Bascule) – Le journalisme contemporain ne nous rapporte plus réellement la nouvelle sur le match. Il se voit comme partie prenante du match – il cherche à modeler l’opinion publique, à renforcer les perspectives privilégiées, à éliminer ses «ennemis» et à protéger ses héros.
Murphy illustre le fait que le Time a erré en négligeant d’avoir vérifié les antécédents de Khashoggi alors qu’il découvre un peu tard qu’il a dédié sa couverture de l’année à cet agent du gouvernement qatari, un agent d’influence, un laquais du Qatar plutôt qu’un journaliste. Murphy invite ses lecteurs à lire ce qu’il qualifie du meilleur compte rendu sur l’affaire [ICI]
Un autre article percutant publié sur le site web The Federalist et signé par Jim Hanson ne fait pas dans la dentelle :
(Traduction de Point de Bascule) Les éditoriaux de Jamal Khashoggi publiés dans le très influent Washington Post peuvent être qualifié, avec certitude, de tentatives de changer la politique américaine contre l’Arabie saoudite et en faveur des Frères Musulmans.
Pour soutenir cette déclaration, Hanson cite le Washington Post :
Selon le Washinton Post, nous rapporte Hanson : « Des messages textes entre Khashoggi et un membre exécutif de la Qatar Foundation International démontrent que la directrice, Maggie Mitchell Salem, a conçu certaines des chroniques qu’il a soumies au Washington Post, proposant des sujets, le poussant à prendre des positions plus dures à l’égard du gouvernement saoudien ».
Hanson rapporte aussi qu’après la mort de Khashoggi, des documents démontrant des virements du Qatar ont été retrouvés dans son appartement en Turquie. Les services de sécurité turque les avaient en main et les avaient cachés, ce qui a empêché de démontrer la collusion entre Khashoggi, le Qatar et la Turquie.
Jim Hanson (The Federalist – 27 décembre 2018) : Coup de théâtre : de nouvelles infos disent que Khashoggi était un agent d’influence étrangère (Version anglaise : Bombshell: New Info Says Khashoggi Was a Foreign Influence Agent)
La Qatar Foundation a été fondée par l’émir du Qatar et sa deuxième épouse en 1995. La fondation appuie financièrement des islamistes comme le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, qui a justifié les attentats-suicide, le meurtre des musulmans qui abandonnent l’islam et d’autres recours à la violence conformes à la charia. Le Qatar est reconnu comme un financier du terrorisme international.
L’influence du Qatar et de la Qatar Foundation au Québec est aussi très importante, en voici quelques exemples :
Point de Bascule : Fiche Qatar
Point de Bascule (12 novembre 2015): Participation de Jacques Frémont aux activités de la Qatar Fondation en 2009
Point de Bascule (18 janvier 2012) : Tariq Ramadan dirigera un nouveau centre de recherche sur la charia financé par le Qatar et endossé par Youssef Qaradawi
Point de Bascule (22 juin 2017) : En 2016, Alan Shepard du CA du Centre de prévention de la radicalisation a animé une table ronde mettant en vedette le PDG d’une organisation de la Qatar Foundation à Montréal
Thierry Haroun (Le Devoir – 9 mars 2013) : Relations internationales – L’avenir du français à Montréal est une priorité / Archive.Today (Le ministre Lisée présente l’admission du Qatar à l’Organisation de la francophonie comme un développement positif.)
Autres articles sur Khashoggi
En octobre 2018, Point de Bascule a déjà présenté trois articles sur l’affaire Khashoggi. Le plus important est le portrait de Khashoggi par John R. Bradley. Bradley est un initié de l’Arabie saoudite, un spécialiste du Moyen-Orient et surtout, il était aux côtés de Khashoggi lorsqu’ils travaillaient pour le journal saoudien Arab News. Bradley est l’auteur de plusieurs livres dont : Saudi Arabia Exposed: Inside a Kingdom in Crisis (L’Arabie saoudite exposée ; la crise du royaume vue de l’intérieur) Martin’s Press.
Point de Bascule (29 octobre 2018) : Ce que les médias ne vous disent toujours pas sur Jamal Khashoggi
John R. Bradley (The Spectator – 13 octobre 2018) : John R. Bradley : Khashoggi «islamiste politique jusqu’à la fin» et «indignation globale… pour toutes les mauvaises raisons»