• Accueil / Homepage
  • À propos / About us
  • Contact

Logo

Navigation
  • Articles
  • Actualités / News
  • Index 1
    Acteurs / Actors
    • Individus / Individuals
    • Organisations / Organizations
    • Pays / Countries
  • Index 2
    Charia / Sharia
  • Index 3
    Résistance / Resistance
  • Index 4
    Radicalisation / Radicalization

Hind Fraihi se rappelle comment elle a été accusée d’islamophobie par les élites belges en 2005 après avoir mis en garde contre la radicalisation islamiste qui se déroulait à Molenbeek

By Point de Bascule | on March 29, 2016 |

Fraihi Hind WP

http://www.marianne.net/hind-fraihi-nous-avons-collectivement-nie-ce-qu-il-se-passait-quelques-minutes-du-centre-ville

En 2005, la journaliste Hind Fraihi a enquêté sur Molenbeek et les milieux islamistes radicaux.


Auteur / Intervieweur : Mathias Destal
Référence : Marianne, 23 mars 2016

Titre original : Hind Fraihi : «Nous avons collectivement nié ce qu’il se passait à quelques minutes du centre-ville de la capitale européenne» / WebArchive – Archive.Today

Onze ans déjà que la journaliste d’investigation belge, Hind Fraihi, a décrit l’intégrisme islamiste qui gangrenait un quartier encore inconnu de Bruxelles, Molenbeek. Après les attentats qui ont secoué le royaume le 22 mars dernier, elle dénonce une décennie de silence et de négligence.

Hind Fraihi est journaliste d’investigation en Belgique. En 2005, cette flamande de 39 ans d’origine marocaine, a voulu voir par elle-même si un quartier spécifique de Bruxelles, Molenbeek – inconnu du grand public à l’époque –, était devenu une place forte pour le recrutement de candidats au djihad. En se faisant passer pour une étudiante auprès des habitants, Hind Fraihi a passé près de trois mois en totale immersion dans ce coin du Nord-Ouest de Bruxelles.

Le résultat, un livre, En immersion à Molenbeek* [récemment traduit et distribué en France]. Elle y raconte la façon dont des prédicateurs islamistes ont diffusé leur discours radicaux et mortifères auprès de certains jeunes de la génération des terroristes impliqués dans les attentats de Paris et de Bruxelles.

Il y a dix ans, les filières de recrutement ne conduisaient pas encore en Syrie, mais en Tchétchénie, en Irak ou en Afghanistan. Le dispositif d’embrigadement était déjà actif et bien installé. Après les attaques du 22 mars qui ont meurtri le royaume de Belgique, faisant 31 morts et plus de 270 blessés, Hind Fraihi exprime sa tristesse… et sa colère. « On n’a pas voulu voir ce qu’il se passait à quelques minutes du centre-ville de la capitale européenne », déplore-t-elle. Pour la journaliste, cette décennie de silence correspond à des années de « négligence ». Et c’est, selon elle, « le fruit de ces années de négligence qui a malheureusement été capté par un groupement terroriste du nom de Daech. »

MATHIAS DESTAL / MARIANNE : Il y a tout juste dix ans, vous avez publié un livre sur Molenbeek et l’intégrisme islamiste. Pourquoi aviez-vous choisi ce quartier alors inconnu du grand public ?

HIND FRAIHI : Lorsque j’étais étudiante à Bruxelles, j’étais en contact avec un groupe de jeunes de Molenbeek, ils me racontaient que certains étaient approchés par des recruteurs pour partir faire le djihad en Afghanistan, en Tchétchénie, ou en Irak à l’époque. Mais ce n’était que des rumeurs. Puis, il y eu le 11 septembre 2001. Je me suis demandée si cela pouvait nous arriver, ici en Europe, en Belgique… L’occasion s’est présentée en 2005. Je me suis installée là-bas pendant près de trois mois. En me présentant comme journaliste, je n’aurais pas eu d’infos. Dans ce type de milieux, ce type de quartiers, quand tu es journaliste, on se moque de toi, on estime que tu fais partie du camp sioniste, que tu es contre les musulmans. Je me suis donc infiltrée dans leur monde en tant qu’étudiante en sociologie… Et que dire ? Que Molenbeek est une enclave, une société dans la société. Les gens y sont éloignés de nous, de la société occidentale. Ils sont fixés sur le Proche-Orient, ou le Maroc. Par exemple, quand je posais la question” Qui est Guy Verhofstadt ?” Personne ne savait me répondre. C’était notre Premier ministre… Dans le silence le plus complet, un gouffre s’est creusé entre cette petite enclave et le cœur de l’Europe.

MATHIAS DESTAL / MARIANNE : Et c’est à ce moment-là qu’interviennent des prédicateurs radicaux comme Bassam Ayachi [depuis, il a quitté la Belgique pour les zones de combat syrienne], un personnage influent auprès de jeunes du quartier, dont certains pourraient avoir été au cœur des attentats de Paris…

HIND FRAIHI : Oui, absolument. Bassam Ayachi (photo ci-contre) était aussi appelé « la porte vers l’Afghanistan ». Il y avait une grande dynamique autour de cet homme, il était entouré par beaucoup de jeunes. Il était très visible, tout le monde connaissait parfaitement ses activités. Lorsque j’étais étudiante, j’entendais déjà des hommes raconter que le « cheik » leur disait qu’il ne fallait pas rester ici, qu’il fallait partir combattre en Afghanistan. Bassam Ayachi avait d’ailleurs été impliqué dans des dossiers de terrorisme, au moins indirectement : en 1999, il a par exemple marié dans sa mosquée clandestine du centre islamique de Belgique (CIB) le Tunisien qui a assassiné le commandant Massoud, Abdessatar Dahmane, et Malika El-Aroud.

Mais on a laissé faire… Les autorités l’ont laissé agir librement. Ils l’ont laissé propager sa vision du monde. Une vision qui consistait à dire que c’était nous les radicaux extrémistes, parce que nous prenions les lois démocratiques trop au sérieux. Selon lui, c’était la souveraineté d’Allah qui devait régner, pas la démocratie. Pour lui et son entourage, le ministère de la Défense était en fait le ministère du djihad. Il disait que c’était le monde occidental qui était un monde djihadiste. Son mode de propagande, c’était de rationnaliser l’Islam. Autrement dit, si tu voles un sac, ce n’est pas un pêché tant que c’est pour reverser l’objet du larcin au djihad… Il faisait ce que j’appelle du « gangsterislam ». Quand on observe le profil des terroristes qui ont commis les attentats de Paris et de Bruxelles, on s’aperçoit qu’ils ont quasiment tous un passé criminel et qu’ils ont presque tous évolué dans cette marge que des hommes comme Bassam Ayachi ont su exploiter.

MATHIAS DESTAL / MARIANNE : Quel accueil a reçu votre témoignage lors de sa sortie ? A-t-il suscité le débat ?

HIND FRAIHI : Il y a eu un début de débat public, mais il a vite été orienté contre moi. Vous savez, en Belgique, on n’ose pas se dire franchement les choses lorsque cela concerne l’Islam, l’intégration ou l’immigration. On se crispe. Il y a dix ans, j’ai été traitée d’islamophobe, de raciste, certains disaient même que j’avais des problèmes psychologiques et que mon travail était celui d’une musulmane traumatisée par l’Islam. Ce n’était pourtant qu’un témoignage journalistique disant qu’il y avait un problème dans certains quartiers de Molenbeek, je dis bien « certains » car je ne visais pas toute la commune. D’ailleurs, il ne s’agit pas que de ce lieu. Aujourd’hui, tout le monde est fixé sur Molenbeek, mais d’autres quartiers comme Schaerbeek où Forest sont pénétrés des mêmes problématiques.

Quoi qu’il en soit, nous avons collectivement nié ce qu’il se passait à quelques minutes du centre-ville de la capitale européenne. Je suis convaincue que nous avons manqué une chance d’engager une réflexion et de se poser les bonnes questions. D’essayer de comprendre qui sont ces jeunes, ce qu’ils veulent, où ils vont… J’ai essayé de leur donner un visage, une voix. La droite politique belge a saisi l’occasion pour prendre ma défense et affirmer qu’il y avait un souci avec les musulmans. Les partis du centre et de la gauche n’ont tout simplement pas pris position, c’est dommage. Et puis on a continué de négliger le problème, mais ces jeunes sont toujours là, comme des fantômes qui traversent les rues… Toutes ces années de négligence ont malheureusement été captées par un groupement terroriste du nom de Daech. Car les recruteurs ont su les voir, les écouter… puis les embrigader.

* En immersion à Molenbeek, Ed. La différence, 238 pages. 17 euros.

Références supplémentaires

Point de Bascule : FICHE Belgique

Isabelle Hachey (La Presse – 23 mars 2016) : Deux spécialistes du renseignement  accusent les autorités politiques de Belgique d’avoir freiné les efforts de la police contre la menace islamiste pour des motifs électoralistes

Christian Rioux (Le Devoir – 25 mars 2016) : Le ghetto musulman de Molenbeek  peuplé d’une majorité de non-terroristes a offert une base d’appui et de repli aux terroristes

Christian Rioux (Le Devoir – 25 mars 2016) : La négligence des gouvernants belges face à la menace islamiste

Share this story:
  • tweet

Tags: Bassam_AyachiBelgiqueHind_FraihiislamophobieMarianneMolenbeek

Don / Donation

Faites un don via Paypal. // Donate via Paypal

Infolettre / Newsletter

Recevez les derniers articles et des nouvelles exclusives par courriel.
Cl

Articles

  • La relation privilégiée de la Commission Bouchard-Taylor avec l’organisation islamiste Présence Musulmane de Tariq Ramadan

    La relation privilégiée de la Commission Bouchard-Taylor avec l’organisation islamiste Présence Musulmane de Tariq Ramadan

    February 22, 2020
  • Charles Taylor (2007) : «L’excision n’est pas dans le Coran. Ce n’est pas dans la religion musulmane.»

    Charles Taylor (2007) : «L’excision n’est pas dans le Coran. Ce n’est pas dans la religion musulmane.»

    February 22, 2020
  • De la motion anti-charia adoptée par l’Assemblée nationale du Québec en 2005 à la Commission Bouchard-Taylor

    De la motion anti-charia adoptée par l’Assemblée nationale du Québec en 2005 à la Commission Bouchard-Taylor

    February 22, 2020
  • L’affaire Khashoggi, selon Rex Murphy, le journalisme contemporain a abandonné toute tentative d’objectivité

    L’affaire Khashoggi, selon Rex Murphy, le journalisme contemporain a abandonné toute tentative d’objectivité

    December 31, 2018
  • Ce que les médias ne vous disent toujours pas sur Jamal Khashoggi

    Ce que les médias ne vous disent toujours pas sur Jamal Khashoggi

    October 29, 2018

Actualités / Latest News

  • Commission Bouchard-Taylor

    Commission Bouchard-Taylor

    February 22, 2020
  • Request identifying flags of group of about 8 marching, face-veiled, on Bank street in Ottawa

    Request identifying flags of group of about 8 marching, face-veiled, on Bank street in Ottawa

    October 29, 2018
  • Sen. Rand Paul: Repenser la relation entre les États-Unis et le royaume de l’Arabie saoudite

    Sen. Rand Paul: Repenser la relation entre les États-Unis et le royaume de l’Arabie saoudite

    October 26, 2018
  • Rioux : ‘Les Français juifs ont 25 fois plus de risques d’être agressés que leurs concitoyens musulmans’

    Rioux : ‘Les Français juifs ont 25 fois plus de risques d’être agressés que leurs concitoyens musulmans’

    April 30, 2018
  • + de 250 personnalités signent un «manifeste contre le nouvel antisémitisme» en France, marqué par la «radicalisation islamiste» et dénonçant un  «silence médiatique »

    + de 250 personnalités signent un «manifeste contre le nouvel antisémitisme» en France, marqué par la «radicalisation islamiste» et dénonçant un «silence médiatique »

    April 27, 2018
© 2014. Point de Bascule Canada