De gauche à droite, l’auteure du mémoire de maîtrise, Mélanie Beauregard, honorée par Adil Charkaoui, et Michel Juneau-Katsuya
Le 5 mars 2017, Luc Chartrand, journaliste à Radio-Canada, a publié un texte pour populariser la conclusion d’un mémoire de maîtrise / Archive.Today déposé en 2015 à l’UQAM par Mélanie Beauregard selon laquelle «Les chroniques de Richard Martineau alimentent l’islamophobie».
Richard Martineau et son collègue Michel Hébert ont répliqué à Luc Chartrand.
Après que la thèse de madame Beauregard ait été popularisée par Radio-Canada, Adil Charkaoui lui a remis 1000$ au nom du Collectif canadien anti-islamophobie et le commentateur Michel Juneau-Katsuya, un ancien du SCRS, l’a endossée sur Facebook comme «un excellent exemple de recherches sérieuses».
M. Juneau-Katsuya a également accusé Richard Martineau d’être un «agitateur […] bon pour allumer le feu mais pas pour le maitriser de manière responsable». À l’instar de l’auteure du mémoire, M. Juneau-Katsuya reproche à Richard Martineau de parler souvent de la menace islamiste mais il ne présente pas d’exemples précis d’affirmations fausses qu’on pourrait lui reprocher.
Richard Martineau anime une émission quotidienne à CHOI Radio X (Québec) et, après la tuerie de Québec, Michel Juneau-Katsuya a également accusé des radios de Québec d’avoir «du sang sur les mains» en raison de leur insistance à évoquer la menace islamiste. Dans La Presse, il a déclaré que ces radios «ont créé un tueur».
Dans un premier article, Point de Bascule a abordé quelques faits saillants du mémoire de maîtrise de Mélanie Beauregard et établi un rapprochement entre la réaction favorable de Radio-Canada au mémoire et d’autres positions pro-islamistes récentes de la société d’État.
Dans cet article-ci, Point de Bascule présente quelques positions défendues par Michel Juneau-Katsuya sur la menace islamiste ces dernières années. Elles aident à mieux comprendre le contexte de ses critiques adressées à Richard Martineau.
4 NOVEMBRE 2004 – Menace sikhe vs menace islamiste
Dans une interview accordée à la Presse canadienne, Michel Juneau-Katsuya a affirmé que la menace islamiste est beaucoup plus faible que la menace sikhe à laquelle le Canada a eu à faire face dans le passé.
En 2010, dans un témoignage devant le Comité sénatorial spécial sur l’antiterrorisme, M. Juneau-Katsuya a condamné les leaders de la communauté sikhe en Colombie-Britannique pour avoir organisé une parade où, selon ce qu’il rapporta, on glorifia des martyrs, des kamikazes et des terroristes. «Ce sont les leaders de la communauté [sikhe] qui ont organisé la parade, et nous ne pouvons tolérer cela», avait-il affirmé.
Ceci étant, en 2014, M. Juneau-Katsuya a fait l’éloge d’une brochure islamiste qui endossait plusieurs exégètes dont Siraj Wahhaj qui a incité les musulmans vivant aux États-Unis à convertir les jeunes qui se sentent exclus et à éventuellement les armer de fusils mitrailleurs Uzi afin qu’ils mènent le jihad dans les rues américaines. Voir la note datée 9 octobre 2014 dans cette chronologie.
14 JUIN 2010 – Cesser d’utiliser des termes islamiques pour décrire la menace islamiste
Lors de son témoignage devant le Comité sénatorial spécial sur l’antiterrorisme, Michel Juneau-Katsuya a fait plusieurs recommandations, dont la suivante : Que le Canada cesse d’utiliser l’expression ‘extrémiste islamique’ pour décrire l’ennemi.
Michel Juneau-Katsuya : «[L]e président Obama a récemment demandé à ce que l’expression ‘extrémiste islamique’ ne soit plus utilisée, parce que ce ne sont pas tous les musulmans qui sont des extrémistes. Il est donc très important de faire preuve de délicatesse et de prudence lorsqu’on parle d’un phénomène ou d’une personne. Le fait de faire attention à nos propos peut améliorer beaucoup le dialogue.»
En fait, la politique à laquelle réfère M. Juneau-Katsuya a précédé l’arrivée au pouvoir de Barack Obama et elle n’était pas limitée à l‘expression ‘extrémiste islamique’ mais à tous les concepts comme ‘jihad’, ‘taqiyya’, ‘charia’ et d’autres qui permettent de décrire les motivations de l’ennemi et comment il planifie son offensive. La politique suivie par l’administration américaine sous George W. Bush et Barack Obama a été de progressivement éliminer toute référence à la doctrine islamique pour analyser la menace islamiste et de plutôt présenter l’offensive islamiste comme une série de cas individuels que rien ne rattachait sinon des problèmes d’intégration et d’autres de nature psychologique.
C’est comme si, au lieu d’étudier Mein Kampf pour comprendre la menace nazie, les responsables alliés s’étaient limités à des analyses de nature psychologiques sur chaque combattant allemand pour expliquer l’avancée hitlérienne en Europe dans les années ’40.
Stephen Coughlin a conseillé le Pentagone sur la menace islamiste. En janvier 2008, suite à des pressions de fonctionnaires liés aux Frères Musulmans, il a été congédié pour avoir persisté à inclure des références aux motivations islamistes de l’ennemi dans ses rapports soumis aux autorités américaines. Il a raconté son expérience à Fox News (vidéo) lors du lancement de son livre Catastrophic failure en 2015.
0 :31 Stephen Coughlin : [Traduction] Le but d’un service de renseignement c’est de décrire l’ennemi comme il se décrit lui-même. Ce n’est pas ma faute qu’il se décrive comme un djihadiste qui veut imposer la loi islamique. Ils m’ont demandé d’éliminer ça de ma recherche. J’ai refusé, alors ils m’ont éliminé. La question se pose donc : Si vous ne pouvez pas analyser Al-Qaïda en vous appuyant sur les raisons qu’eux-mêmes invoquent pour justifier leur combat, comment est-ce possible de les analyser d’une façon qui soit le moindrement productive? […] Je n’ai pas à prouver ce qu’est le vrai islam pour tous les musulmans. Je n’ai qu’à prouver ce qu’est l’islam pour les gens que nous combattons.
Durant l’interview, l’animateur de Fox avait présenté un tableau faisant ressortir qu’entre 2004 et 2009, toutes les références aux concepts islamiques avaient été retirées des rapports soumis aux autorités responsables de la sécurité des États-Unis et il avait demandé à Stephen Coughlin de commenter.
1:58 Stephen Coughlin : Cela représente un danger considérable. Vous ne pouvez pas cibler quelque chose que vous n’avez pas défini. Je crois que nous concevons cette guerre à la terreur comme quelque chose à l’égard de laquelle on doit agir là-bas [loin des États-Unis]. D’un autre côté, je crois que les gens auxquels on fait face ont l’impression qu’ils peuvent gagner la guerre ici [aux États-Unis], en influençant la façon par laquelle nous conceptualisons la nature de la menace et manquons notre coup à chaque fois. Si je ne peux pas utiliser le concept de jihad sur lequel Al-Qaïda déclare s’appuyer, alors je ne peux pas comprendre ce qu’ils comptent faire.
2:29 Stephen Coughlin : Le président Obama a déclaré que l’État islamique n’est pas islamique. Mais, en décembre [2014], sans lui donner son appui, l’Université Al-Azhar [en Égypte], le plus prestigieux centre de l’islam dans le monde, a déclaré que l’État islamique est islamique. Si c’est bon pour eux, c’est bon pour moi.
En 2012, une délégation des Frères Musulmans est allée rencontrer le ministre de la Sécurité publique du Canada, Vic Toews, pour le convaincre d’adopter l’approche Obama vantée par M. Juneau-Katsuya deux ans plus tôt. Les islamistes avaient recommandé au ministre de retirer toutes les allusions à la doctrine islamique qui motive les djihadistes menaçant le Canada. Voir notamment l’image #12 dans la présentation PowerPoint faite au ministre.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, c’est Naseer Syed, alors l’avocat d’IRFAN-Canada, le collecteur de fonds au Canada de l’organisation terroriste Hamas, qui avait rendu public le rapport de la rencontre entre les islamistes et le ministre Toews sur son site MuslimLegal.ca. De l’aveu même de Naseer Syed, c’est Hussein Hamdani qui lui avait fourni le rapport de la rencontre.
Point de Bascule a produit un compte rendu de cette rencontre : 8 juin 2012 – Une délégation des Frères Musulmans dirigée par Hussein Hamdani a rencontré le ministre de la Sécurité publique Vic Toews / Les détails ont été fournis par l’avocat du collecteur de fonds du Hamas [Article en anglais]
Au moment de sa rencontre avec le ministre Toews, le leader de la délégation islamiste, Hussein Hamdani, était un conseiller de Sécurité publique Canada. En avril 2015, suite à un rapport de Point de Bascule, il sera suspendu puis remplacé en raison, notamment, de ses liens avec plusieurs organisations islamistes liées au financement du terrorisme.
Lors de cette rencontre avec le ministre Toews, Hussein Hamdani était accompagné de représentants de CAIR-Canada (devenu depuis le Conseil national des musulmans canadiens) et d’Islamic Relief Canada.
En janvier 2015, le gouvernement britannique a retiré le financement de l’organisation Muslim Charities Foundation administrée par Hany El-Banna, également le président du conseil d’Islamic Relief Canada, après avoir conclu que l’organisation islamiste britannique «encourage la haine, la division et la violence».
Rappelons que le CNMC / CAIR-Canada est l’organisation qui a lancé la brochure islamiste vantée par Michel Juneau-Katsuya et qui endossait plusieurs exégètes radicaux dont un qui a incité les musulmans vivant aux États-Unis à convertir les jeunes qui se sentent exclus et à éventuellement les armer de fusils mitrailleurs Uzi afin qu’ils mènent le jihad dans les rues américaines. Voir la note datée 9 octobre 2014 dans cette chronologie.
VIDÉO https://www.youtube.com/watch?v=0LsPlkQ7BP8&feature=youtu.be
En à peine cinq ans, on a assisté à la disparition des concepts islamiques utilisés par l’ennemi pour décrire ses motivations et ses objectifs des rapports soumis aux responsables de la sécurité des États-Unis. Cette situation résulte de décisions prises par rectitude politique par les administrations Bush et Obama de ne plus utiliser de termes à connotation islamique pour décrire l’offensive islamiste en cours. Cette approche contredit directement le premier principe énoncé par le stratège militaire Sun Tzu dans son classique L’art de la guerre : Connais ton ennemi. Dans son livre Ces espions venus d’ailleurs, Michel Juneau-Katsuya cite favorablement Sun Tzu mais il en viole la lettre et l’esprit quand il cautionne l’aveuglement volontaire face à la menace islamiste préconisé par le président Obama.
9 OCTOBRE 2014 – L’endossement d’une brochure islamiste promouvant un exégète qui encourage le jihad armé aux États-Unis
Invité à commenter les enjeux de sécurité nationale par Paul Houde au 98,5 FM (Montréal), Michel Juneau-Katsuya a critiqué une décision de la GRC de se dissocier de la brochure islamiste ‘United against terrorism’ lancée par le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC / l’ancien CAIR-Canada). M. Juneau-Katsuya a déclaré que cette brochure était un bon outil pour contrer la radicalisation dans la communauté musulmane. Ecoutez l’audio à 9:05 / RadioEgo.
Dans son échange avec M. Juneau-Katsuya, Paul Houde semble suggérer que la conception de la brochure émanait d’organisations musulmanes basées à Calgary et Edmonton. En réalité, ses concepteurs étaient l’Islamic Social Services Association basée à Winnipeg et le Conseil national des musulmans canadiens basé à Ottawa.
La division du Manitoba de la GRC collabora à l’initiative durant plusieurs mois mais, à la dernière minute, l’état-major de la GRC à Ottawa ordonna à sa division du Manitoba de se retirer du projet en raison du «ton accusatoire de certains éléments de la brochure», précisa un communiqué de la GRC à l’époque.
Dans la brochure saluée par Michel Juneau-Katsuya, les auteurs endossaient une dizaine d’exégètes islamistes basés en Amérique du Nord qu’ils déclarent consulter «pour bien comprendre notre foi» (p.13). Parmi eux, Siraj Wahhaj qui a incité les musulmans vivant aux États-Unis à convertir les jeunes qui se sentent exclus et à éventuellement les armer de fusils mitrailleurs Uzi afin qu’ils mènent le jihad dans les rues américaines.
Jamal Badawi est également au nombre des exégètes endossés par la brochure. Il soutient que nous sommes à l’avant-dernière des cinq étapes d’un programme menant à l’implantation d’un califat, un gouvernement islamique mondial. Il a également présenté le fondateur des Frères Musulmans, Hassan Al-Banna, comme «l’incarnation de la pensée et de l’idéologie islamique au XXe siècle» et ce, malgré le programme ouvertement totalitaire qu’on retrouve dans son Manifeste en 50 points et dans d’autres de ses écrits.
Au début des années 2000, Jamal Badawi a déclaré qu’à l’étape actuelle, les musulmans devraient accepter de devenir juges et fonctionnaires au Canada malgré que le pays ne soit pas régi par la charia, la loi islamique et qu’ils devraient tirer avantage de leur position d’influence afin de cesser d’appliquer les dispositions légales actuelles qui sont incompatibles avec la charia.
Par ailleurs, au lieu de donner l’heure juste sur le sens que les djihadistes qui nous menacent accordent au concept de jihad, sur l’aspect souvent armé du jihad et toujours conquérant, la brochure islamiste tentait de dérouter le public (et la GRC du Manitoba) en présentant le jihad comme «[Traduction] un effort exercé en vue d’accomplir le bien» (“Jihad is an Arabic term meaning striving, struggling and exertion in the path of good”). Voir la brochure p.10.
C’est cette brochure que recommanda Michel Juneau-Katsuya.
17 NOVEMBRE 2014 / 17 NOVEMBRE 2015 – De l’État islamique à Daesh
Entre le 17 novembre 2014 dans une interview accordée à Carl Monette à CHOI Radio X (Québec) et le 17 novembre 2015 dans une autre interview accordée à CTV, Michel Juneau-Katsuya est passé de l’expression ‘État islamique’ à ‘Daesh’ pour désigner l’organisation terroriste basée en Syrie et en Irak. ‘Daesh’ est l’acronyme arabe de l’État islamique.
Nous n’avons pas trouvé d’explication fournie par M. Juneau-Katsuya sur ses motivations à passer d’un terme à l’autre mais ce changement cadre parfaitement avec sa position de 2010 de ne pas utiliser l’expression ‘extrémiste islamique’ et de suivre l’exemple du président Obama. Dans un discours de 2014, le président Obama a également déclaré refuser d’utiliser le terme ‘État islamique’ car «ISIL n’est pas islamique», avait-t-il soutenu.
Comme l’a fait remarquer Stephen Coughlin dans son interview à Fox News citée précédemment (Vidéo 2:29), même si l’Université Al-Azhar en Égypte, le plus prestigieux centre de l’islam dans le monde, n’a pas donné son appui à l’État islamique, elle n’en a pas moins déclaré que l’État islamique est islamique en décembre 2014. «Si c’est bon pour eux, c’est bon pour moi», avait alors conclu M. Coughlin.
En cessant de désigner l’État islamique sous le nom qu’il s’est lui-même donné comme le fait M. Juneau-Katsuya ou en déclarant l’État islamique ‘non-islamique’ comme l’a fait le président Obama, ils ne réussissent qu’à obscurcir la source du problème.
Le CNMC / CAIR-Canada peut bien tenter de berner la GRC et les non-musulmans en décrivant le jihad comme «[Traduction] un effort exercé en vue d’accomplir le bien» (p.10), ça ne change rien à la réalité du jihad compris comme «une guerre sainte islamique … avec des effectifs complets et de l’armement … par [lequel] l’islam est établi [et] la parole d’Allah est amenée à dominer» et défini comme tel dans un Coran saoudien endossé par l’exégète Hamid Slimi, lui-même recommandé par le CNMC / CAIR-Canada, l’auteur de la brochure islamiste endossée par Michel Juneau-Katsuya.
C’est une chose de soutenir qu’il puisse exister plusieurs courants dans l’islam. C’en est une autre d’affirmer que les assises doctrinales de l’État islamique sont étrangères à l’islam. Cet aveuglement volontaire pratiqué et encouragé par le président Obama l’est également par le pape François.
Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le pape a affirmé «que le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence». Pourtant, les pires atrocités sexuelles commises par les djihadistes de l’État islamique auprès des jeunes prisonnières de guerre yézidies trouvent toutes leurs justifications doctrinales dans des explications du Coran fournies par des exégètes musulmans de premier plan comme Syed Maududi (1903-1979). Dans son commentaire coranique du verset 4:24, Maududi s’donne toutes les justifications nécessaires aux islamistes pour le viol des prisonnières de guerre. L’État islamique s’est appuyé sur ce genre d’explications doctrinales pour encourager le viol à grande échelle des prisonnières de guerre yézidies en Iraq ces dernières années.
Rukmini Callimachi (The New York Times – 13 août 2015) : Reportage saisissant sur la consécration du viol des non-musulmanes par l’État islamique comme un rituel de dévotion religieuse
Lorsqu’Abu Bakr Al-Baghdadi s’est proclamé calife de l’État islamique dans une mosquée de Mosul en 2014, il a abondamment cité Maududi selon ce que rapporta le Guardian à l’époque.
Maududi n’est pas un obscur marginal mais un exégète de premier plan de renommée internationale. Au Québec, ses ouvrages sont recommandés par le Centre culturel islamique de Québec et par la Muslim Association of Canada (MAC), le principal relai des Frères Musulmans au Canada et l’un des deux principaux propriétaires d’immeubles abritant des institutions islamiques au pays. Ouvrir la sous-section ‘What is the relationship between MAC and the Muslim Brotherhood?’ pour retrouver l’endossement de Maududi par la MAC.
Ingrid Mattson, une des exégètes recommandées dans la brochure islamiste (p.13) endossée par Michel Juneau-Katsuya, a décrit le tafsir (commentaire coranique) de Maududi, celui-là même qui fournit la justification du viol des prisonnières de guerre comme «probablement le meilleur ouvrage de tafsir en anglais» (“probably the best work of Tafseer in English”)
Point de Bascule (8 juillet 2016) : L’ex-présidente de l’ISNA, Ingrid Mattson, laisse tomber sa poursuite en diffamation contre l’expert en terrorisme David Harris au moment où ses propres activités passées s’apprêtaient à être examinées
3 MARS 2017 – L’appui à une organisation trop complaisante pour s’inquiéter des liens de ses interlocuteurs avec le terrorisme
Le 29 janvier 2017 à RDI et le 3 mars dans un commentaire publié par La Presse, Michel Juneau-Katsuya a affirmé que «Les radios poubelles [de Québec] ont du sang sur les mains», que «elles ont créé un tueur». Même si le tueur Bissonnette n’écoutait pas la radio de Québec, selon un ami proche contacté par le Journal de Québec, M. Juneau-Katsuya a affirmé que la radio de Québec est malgré tout responsable car le tueur Bissonnette avait une radio dans sa voiture le soir de l’attaque…
Il a fait cette affirmation lors d’une interview accordée à Nathalie Normandeau à BLVD 102,1 (Québec) / RadioEgo le 16 février 2017.
00:00 Nathalie Normandeau : Michel, au lendemain de la tuerie de la mosquée de Québec le 29 janvier dernier, tu as fait une déclaration qui en a surpris plus d’un. Tu as affirmé que les radios de Québec avaient du sang sur les mains. Aujourd’hui, on apprend que le tueur n’écoutait pas les radios de Québec, qu’il s’alimentait plutôt sur le web. Est-ce que tu entends t’excuser auprès des radios de Québec et des propriétaires et des animateurs de radio de Québec?
00:26 Michel Juneau-Katsuya : Oooh! non, loin de là. Bien, bien, bien au contraire. L’article [Journal de Montréal / 16 février 2017] n’est pas mauvais. L’article n’est pas mensonger non plus. Le journaliste a fait un très bon travail pour retrouver un ami personnel du jeune terroriste et d’arriver à lui faire dire : «Non, non, il n’écoutait pas les radios de Québec». C’est un fait. Il ne l’écoutait peut-être pas à temps plein mais on pourra pas me dire qu’il ne l’écoutait pas.
00:54 Nathalie Normandeau : Attends une minute Michel. Est-ce que tu as de l’information dans ce sens-là … qu’il l’écoutait?
00:57 Michel Juneau-Katsuya : Regardez, c’est simple. Il a été arrêté avec une voiture. Qu’est-ce qu’on écoute en voiture? Quand Nathalie, tu te trouves…
01:04 Marc-André Lord (Co-animateur) : Michel, Michel, il y a Spotify de nos jours, il y a iTunes, il y a Apple Music. Je peux écouter n’importe quel podcast de n’importe où, n’importe quand.
Plus sérieusement, Michel Juneau-Katsuya a également laissé sous-entendre dans son commentaire publié par La Presse le 3 mars que la principale menace qui plane sur la sécurité du Québec émanerait de l’extrême-droite. Il en veut pour preuve que le Centre de prévention de la radicalisation de Montréal (CPRMV) aurait reçu «plus de 120 appels […] en provenance de la région de Québec [et que] la vaste majorité concernait des questions d’extrême droite».
Comme Point de Bascule l’a fait remarquer en octobre 2016, le CPRMV dirigé par Herman Deparice-Okomba n’a aucune crédibilité. Cette organisation financée par des fonds publics a accepté de se faire conseiller par le Center for the Study of Islam and Democracy (CSID), un lobby très proche des Frères Musulmans en Tunisie et de son leader Rachid Ghannouchi, en particulier. En septembre 2016, M. Deparice-Okomba s’est rendu lui-même en Tunisie pour rencontrer ces islamistes.
Point de Bascule (18 octobre 2016) : #confqcunesco – Herman Deparice-Okomba du comité d’experts de la conférence Québec-UNESCO sur la radicalisation accueilli en Tunisie par le CSID lié aux Frères Musulmans
En octobre 2016, Point de Bascule a présenté plusieurs exemples de collaboration entre le leader islamiste tunisien Rachid Ghannouchi et le CSID auprès duquel M. Deparice-Okomba est allé chercher conseil.
Dans le passé, sous une administration libérale, le gouvernement canadien a empêché Ghannouchi d’entrer au pays en raison de ses antécédents terroristes.
Dans son refus de 2003 d’accorder le statut de réfugié à un des lieutenants de Ghannouchi, la Cour fédérale d’appel du Canada (section 20) a décrit Ghannouchi comme «un terroriste faisant partie intégrante de l’internationale islamiste».
La section 21 de la même décision énumère plusieurs activités terroristes menées par l’organisation Ennahda de Ghannouchi dans les années ’80 et ’90 : attentats à la bombe en France et en Tunisie, incendies criminels d’un bâtiment et de voitures, acide projeté au visage d’individus, agressions physiques dans des lycées et des universités, utilisation de cocktails Molotov, etc.
C’est auprès de l’infrastructure islamiste tunisienne aux antécédents terroristes que nos soi-disant experts en ‘radicalisation’ vont chercher conseil et Michel Juneau-Katsuya continue de les endosser comme des sources fiables.
Au Québec même, Herman Deparice-Okomba est allé rencontrer des imams du Conseil des imams du Québec, comme s’ils faisaient partie de la solution et non du problème.
La photo de droite montre Herman Deparice-Okomba (au centre) en compagnie, notamment, des imams Hussein Amer de la Muslim Association of Canada (2e à partir de la gauche), Ahmed Kandil (3e à partir de la gauche) et Saïd Fawaz de la Ligue islamique mondiale sous influence saoudienne (5e à partir de la gauche).
La Muslim Association of Canada de Hussein Amer endosse des idéologues islamistes de premier plan comme Hassan Al-Banna et Syed Maududi qui soutiennent que «[Traduction] Le but de l’islam est de provoquer une révolution universelle. […] L’islam cherche à détruire tous les états et les gouvernements opposés à l’idéologie et au programme de l’islam où qu’ils soient sur terre. […] Le but de l’islam est d’instaurer un état fondé sur son propre programme et sa propre idéologie.»
En 2014, le responsable du département d’éducation de la MAC a été condamné à six ans de prison pour l’enlèvement pour rançon (500 000$) du petit-fils d’un riche homme d’affaires dans un parc de Montréal.
Dans un de ses sermons délivré à la mosquée Alrawdah de la MAC à Montréal, Ahmed Kandil a justifié la condamnation à mort des musulmans qui abandonnent l’islam.
En 1992, La Presse a rapporté que Saïd Fawaz avait été envoyé à Montréal par la Ligue islamique mondiale et qu’il était payé par les Saoudiens.
La Ligue islamique mondiale (LIM) est impliquée dans des activités violentes et non-violentes pour promouvoir la vision saoudienne de l’islam à travers le monde. Elle est connue en anglais comme la Muslim World League / MWL. Un rapport d’enquête de l’Agence du revenu du Canada qui a mené à la révocation du statut charitable d’une autre organisation saoudienne (la World Assembly of Muslim Youth / WAMY), évoque les liens de la LIM avec Al-Qaïda. Entrez l’acronyme anglais de la LIM (MWL) pour retrouver les passages dans le rapport en anglais sur l’implication de la LIM dans la promotion et le financement de la violence islamiste.
Le 29 août 2005 sur les ondes de la chaîne saoudienne IQRA TV, Abdallah Basfar, le secrétaire-général d’une Commission de la LIM saoudienne a ouvertement incité les musulmans à contribuer financièrement aux activités terroristes du Hamas en donnant à son organisation :
«Le Prophète a dit : ‘Celui qui équipe un combattant — c’est comme s’il avait combattu lui-même.’ Vous êtes étendu dans votre lit, en sécurité dans votre maison, vous donnez de l’argent et Allah vous crédite des récompenses d’un combattant. Qu’est-ce que c’est? Un privilège» (MEMRI).
Cet extrait a également été présenté en 2005 à un sous-comité de la Chambre des Communes sur la Sécurité publique.
Quelle crédibilité peut-on accorder au Centre sur la radicalisation de Herman Deparice-Okomba s’il a été incapable de détecter que ceux auprès desquels il cherche conseil au Canada et en Tunisie font activement la promotion du totalitarisme islamiste? Aucune.
Malgré tout, invoquant des informations de ce Centre sur la radicalisation dépourvu de toute crédibilité, Michel Juneau-Katsuya voudrait nous faire croire que des messagers comme Richard Martineau qui évoquent la menace islamiste ont tort et que des ti-counes dans le sous-sol de leurs parents (‘l’extrême-droite’) représentent une menace plus importante que les réseaux islamistes financés par l’étranger.
Lectures complémentaires
Point de Bascule (30 décembre 2014) : Point de Bascule répond au directeur de l’information télévisée de Radio-Canada, Jean Pelletier, sur la pénétration des services de police par les islamistes
Point de Bascule (4 juin 2015) : Réponse à Catherine Solyom de la Gazette de Montréal [Article en anglais / Réponse à un article défendant Hussein Hamdani après que certaines de ses positions passées aient été critiquées par Point de Bascule]
Point de Bascule (26 juin 2015) : Le columnist Mohammed Azhar Ali Khan de la Saudi Gazette accuse Point de Bascule de mentir au sujet des commandites d’événements (mettant en vedette des prédicateurs radicaux) par Human Concern International. Vraiment? [Article en anglais]