Le reportage d’Enquête du 27 novembre 2014 a mis en évidence trois articles publiés par Point de Bascule à la fin octobre 2014 sur les rapprochements inappropriés et dangereux de la police d’Ottawa avec des organisations islamistes de la ville. Les trois articles sont présentés entre 38:22 et 38:28 de la vidéo de l’émission.
SOMMAIRE
PARTIE 1 – Jean Pelletier affirme que Point de Bascule n’a pas fourni «l’ombre d’un soupçon de preuves» d’une pénétration islamiste des services de police. Sa propre émission Enquête démontre le contraire.
PARTIE 2 – Le Hamas menace d’attaquer Ottawa et les autres capitales où logent les ambassades israéliennes. Malgré cela, la police d’Ottawa et la GRC ont réagi en allant réconforter ceux qui financent son collecteur de fonds après le meurtre du caporal Cirillo par un jihadiste.
PARTIE 3 – Le Conseil national des musulmans canadiens (l’ancien CAIR-CAN) impliqué dans la «formation» des policiers d’Ottawa malgré que certains de ses leaders aient ouvertement endossé le Hamas dans le passé
PARTIE 4 – Le Service de police d’Ottawa a défendu l’islamiste Tariq Ramadan en Grande-Bretagne après avoir établi des liens avec son organisation Présence Musulmane dès 2001
PARTIE 5 – D’autres cas de rapprochement inappropriés entre des services de police canadiens et les islamistes documentés par Point de Bascule avant le reportage d’Enquête du 27 novembre
PARTIE 6 – Les experts sont partagés sur l’existence et la nature de la menace islamiste
PARTIE 1 – Jean Pelletier affirme que Point de Bascule n’a pas fourni «l’ombre d’un soupçon de preuves» d’une pénétration islamiste des services de police. Sa propre émission Enquête démontre le contraire.
Le 17 décembre 2014, Jean Pelletier, le directeur de l’information télévisée à Radio-Canada, s’en est pris à Point de Bascule et à son directeur Marc Lebuis dans une lettre (PDF – HTML) qu’il a fait parvenir à Lise Ravary du Journal de Montréal en réaction à sa critique d’un reportage d’Enquête diffusé le 27 novembre 2014. Ce reportage niait l’existence d’une menace islamiste au Québec.
L’article de Lise Ravary commenté par Jean Pelletier est paru dans la version papier du Journal de Montréal le 8 décembre 2014. Madame Ravary est également revenue sur le sujet dans son blogue du 10 décembre.
À l’instar du reportage d’Enquête (VIDÉO de l’émission 41:16), M. Pelletier insinue dans la conclusion de sa lettre que Marc Lebuis et Point de Bascule «cèdent à l’intolérance» en avançant, sans preuve selon lui, l’existence d’une pénétration islamiste de services de police.
La réponse de M. Pelletier à Lise Ravary est annoncée sur le site de Radio-Canada. Elle a également été publicisée par l’animateur de l’émission, Alain Gravel, la réalisatrice-coordonnatrice, Claudine Blais, ainsi que par Adil Charkaoui, sur Twitter.
M. Pelletier de Radio-Canada a écrit ceci à Lise Ravary au sujet de Point de Bascule :
Vous [madame Ravary] croyez en une menace sournoise, organisée, dont ses apôtres “pénètrent les services de police au Canada” comme le prétend de docte façon M. Lebuis et son Point de bascule dans notre reportage sans toutefois avancer l’ombre d’un soupçon de preuves.
Pas l’ombre d’un soupçon de preuves. Vraiment?
La remarque de Jean Pelletier est basée sur le fait que, quand la journaliste d’Enquête Johanne Faucher a demandé à Marc Lebuis de lui donner des exemples de pénétration islamiste de services de police AU QUÉBEC, celui-ci a répondu que l’équipe de Point de Bascule avait encore des vérifications à faire avant de pouvoir confirmer DES CAS QUÉBÉCOIS (VIDÉO de l’émission Enquête 38:35). Ça n’a jamais signifié que nous n’avions pas déjà documenté des cas de pénétration islamiste ou de rapprochements dangereux entre la police et les islamistes ailleurs au Canada.
Lors des deux rencontres avec Johanne Faucher d’Enquête qui ont précédé l’interview filmée de septembre 2014, Marc Lebuis lui a d’ailleurs fait part de tels cas mais ceux-ci ne l’intéressaient pas. Madame Faucher insistait pour avoir des cas purement québécois.
Si M. Pelletier veut bien prendre la peine d’écouter sa propre émission Enquête, il constatera qu’entre 38:22 et 38:28 de la vidéo de l’épisode du 27 novembre 2014, trois articles de Point de Bascule publiés à la fin octobre 2014 sur les rapprochements inappropriés et dangereux de la police d’Ottawa avec des organisations islamistes de la ville ont été mis en évidence par sa propre équipe de production.
«L’ombre d’un soupçon de preuves» d’une pénétration islamiste des services de police, elle est là.
Plusieurs autres articles portant sur la pénétration islamiste de services de police et d’agences gouvernementales de sécurité publiés par Point de Bascule avant la diffusion de l’émission Enquête du 27 novembre 2014 sont énumérés à la section 5 de cet article.
Les trois articles de Point de Bascule mis en évidence dans le reportage d’Enquête s’opposent à la décision du Service de police d’Ottawa et de la GRC d’aller réconforter des islamistes liés à l’infrastructure du Hamas au Canada le jour même du meurtre brutal du caporal Nathan Cirillo par un jihadiste sur la Colline parlementaire. Les deux services de police se sont comportés comme si les victimes dans cette affaire n’étaient pas le caporal assassiné, les membres de sa famille et ceux qui l’appréciaient mais les islamistes et leurs partisans qui contribuent au collecteur de fonds du Hamas et lui permettent ainsi de poursuivre le même objectif que celui de l’État islamique qui motiva l’assassin de Nathan Cirillo.
Les articles mis en évidence par Enquête le 27 novembre sont en anglais. Voici la traduction de leur titre et les hyperliens qui permettent de les consulter :
Point de Bascule (28 octobre 2014) : Le directeur de police d’Ottawa est plus inquiet d’un ressentiment fictif contre la communauté musulmane que par la promotion et le financement du jihad par les organisations islamiques avec lesquelles il «bâtit des ponts»
Point de Bascule (30 octobre 2014) : «Bâtir des ponts» avec les islamistes – Description des organisations musulmanes rencontrées par la police d’Ottawa et la GRC dans les heures qui suivirent le meurtre du caporal Nathan Cirillo par un jihadiste sur la Colline parlementaire
Point de Bascule (30 octobre 2014) : VIDÉO Le directeur de Point de Bascule discute avec Brian Lilley du rapprochement de la police d’Ottawa avec les islamistes dans les heures qui suivirent le meurtre brutal du caporal Cirillo par un jihadiste sur la Colline parlementaire
PARTIE 2 – Le Hamas menace d’attaquer Ottawa et les autres capitales qui accueillent les ambassades israéliennes. Malgré cela, la police d’Ottawa et la GRC ont réagi en allant réconforter ceux qui financent son collecteur de fonds après le meurtre du caporal Cirillo par un jihadiste.
Le 16 juillet 2013, le Hamas a menacé de lancer des attaques terroristes dans les pays où se trouvent les ambassades d’Israël. Ça inclut le Canada évidemment, et la ville d’Ottawa en particulier. En plus d’œuvrer à la destruction d’Israël, le Hamas partage les mêmes ambitions de conquête qu’Al-Qaïda, l’État islamique et les autres organisations islamistes qui font constamment les manchettes. Ces dernières années, les leaders du Hamas ont fréquemment prôné la conquête islamique de l’Occident (2006 – 2008 – 2011 – 2012). En 2011, par exemple, le leader du Hamas Mahmoud Al-Zahhar a déclaré à la télévision que la civilisation occidentale «ne sera pas capable de résister au grand et glorieux islam».
Les articles de Point de Bascule mis en évidence par le reportage d’Enquête critiquent la décision du directeur Bordeleau de la police d’Ottawa de réconforter plusieurs organisations islamistes de sa ville après le meurtre sauvage du caporal Nathan Cirillo par un jihadiste le 22 octobre 2014 et ce, malgré qu’elles aient contribué au collecteur de fonds de l’organisation terroriste Hamas. Cette journée-là, des officiers du Service de police d’Ottawa et de la GRC sont même allés rencontrer les principales organisations islamistes de la ville pour leur témoigner de leur appui.
Il n’y a jamais eu de justifications pour des services de police canadiens de fraterniser, et encore moins de se faire conseiller par des organisations liées à l’infrastructure du Hamas au Canada. Le constat aurait dû paraitre encore plus évident après que le Hamas ait menacé d’attaquer Ottawa et les autres sièges d’ambassades israéliennes à travers le monde.
En 2009, le collecteur de fonds du Hamas, IRFAN-Canada, et la Muslim Association of Canada (MAC), une des organisations endossées par le Service de police d’Ottawa et la GRC le jour du meurtre brutal du caporal Cirillo, ont accueilli Ekrima Sabri à Montréal pour une levée de fonds. En 2000, ce dernier a encouragé les attentats-suicide en déclarant : «Plus jeune est le martyr et plus je le respecte».
L’année de sa visite au Canada, Sabri a été identifié comme un des administrateurs de l’Union of Good, une organisation dirigée par le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, qui fournit un appui financier aux activités du Hamas.
À la suite des attentats terroristes survenus à Toulouse à la fin de mars 2012, le gouvernement français a interdit à Ekrima Sabri de venir sur son territoire pour participer à un congrès de la section locale des Frères Musulmans.
Tant que des gens en position d’autorité au Canada, et dans les services de police en particulier, continueront de donner de la crédibilité à ceux qui financent et organisent la radicalisation des musulmans au pays, il sera impossible de ralentir la menace à laquelle nous faisons face.
Point de Bascule (1 Décembre 2014) : IRFAN-Canada – La Presse publie trois articles sur le collecteur de fonds du Hamas basés sur des documents récemment obtenus de la GRC
Certaines des organisations rencontrées et endossées par les officiers de la police d’Ottawa et ceux de la GRC le 22 octobre 2014 ont également financé Human Concern International et Islamic Relief Canada. Ces deux entités bénéficient toujours du statut d’organisme de bienfaisance auprès de l’Agence du revenu du Canada, malgré leur commandite de plusieurs conférences islamistes mettant en vedette des radicaux comme Qazi Hussein Ahmad, le leader du Jamaat-e-Islami (JEI) pakistanais auquel le gouvernement canadien a refusé l’entrée au pays en 2008.
Le JEI de Qazi Hussein Ahmad a été fondé par Syed Maududi (1903-1979), un des idéologues les plus respectés par l’infrastructure des Frères Musulmans. Dans son livre Jihad in Islam, Maududi a ainsi défini le programme poursuivi par ses partisans :
L’islam cherche à détruire tous les états et les gouvernements opposés à l’idéologie et au programme de l’islam où qu’ils soient sur terre. […] L’islam a besoin de la terre – pas seulement d’une partie – mais de la planète au complet.
Tableau récapitulatif des transferts financiers vers le collecteur de fonds du Hamas, IRFAN-Canada, et deux autres entités islamistes par des organisations endossées par la police d’Ottawa et la GRC le jour même du meurtre du caporal Cirillo par un jihadiste sur la Colline parlementaire.
Le tableau est basé sur des données fournies par Point de Bascule. Il a été présenté par Sun TV à la fin octobre.
PARTIE 3 – Le Conseil national des musulmans canadiens (l’ancien CAIR-CAN) impliqué dans la «formation» des policiers d’Ottawa malgré que certains de ses leaders aient ouvertement endossé le Hamas dans le passé
À Point de Bascule, quand nous évoquons la pénétration d’agences gouvernementales, nous avons notamment à l’esprit les islamistes qui agissent comme formateurs ou conseillers de policiers, de ministres ou d’autres responsables de la sécurité nationale. En 2005, Vince Bevan, alors directeur de la police d’Ottawa, a confirmé devant un comité du Sénat canadien que les membres de son service recevaient de la formation dispensée par CAIR-CAN depuis 2002. Ce lobby islamiste, lié à l’infrastructure des Frères Musulmans au Canada, a changé de nom pour devenir le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC) en juillet 2013.
En 2004, alors que Jamal Badawi et Wael Haddara dirigeaient simultanément CAIR-CAN / CNMC et la Muslim Association of Canada (MAC), cette dernière organisation a émis un communiqué de presse pour appuyer ouvertement le Hamas. C’était plus d’un an après que le gouvernement canadien, libéral à l’époque, ait ajouté le Hamas à son registre des entités terroristes bannies par le Canada.
La «formation» donnée par des islamistes est particulièrement nocive et dangereuse car elle désoriente les policiers sur la nature de la menace à laquelle ils ont à faire face, en promouvant, notamment, l’idée que le recours à la violence et les ambitions de conquête sont étrangers à la doctrine islamique. Si les policiers ignorent la doctrine qui motive l’ennemi islamiste, comment pourront-ils le déjouer et prévenir ses prochaines manœuvres?
Pour comprendre de quel bois se chauffe le CNMC, il suffit de consulter le soi-disant «guide antiterroriste» qu’il a récemment lancé. Son guide présente le jihad comme «noble» (pp. 17 et 34).et promeut une dizaine d’exégètes musulmans radicaux comme Siraj Wahhaj et Jamal Badawi.
En 1992, dans un sermon livré peu après les émeutes ayant fait suite à l’affaire Rodney King à Los Angeles, Siraj Wahhaj a encouragé la canalisation de la violence qui survient aux États-Unis au profit de l’islam. Il a invité ses partisans à convertir les jeunes qui se sentent exclus et éventuellement à les armer de mitraillettes Uzi afin qu’ils mènent le jihad dans les rues américaines. Des extraits audio de son sermon sont disponibles sur Point de Bascule. Une transcription partielle de ses propos est également disponible dans le livre Muslim Mafia (pp. 136-7) et sur Point de Bascule.
Dans une interview publiée au début des années 2000, Jamal Badawi, un autre exégète recommandé par les formateurs islamistes de la police d’Ottawa, a incité les juges et les fonctionnaires musulmans en Amérique du Nord à tirer avantage de leur position d’influence afin de cesser d’appliquer les dispositions légales actuelles qui sont incompatibles avec la charia.
Appelé à témoigner devant un comité du Sénat canadien dans le passé, le directeur exécutif du CNMC (appelé CAIR-CAN à l’époque) a déclaré de Badawi qu’il «est généralement reconnu comme étant l’un des meilleurs sinon le grand spécialiste de l’Islam en Amérique du Nord». De 2001 à 2013, Jamal Badawi a siégé sur le conseil de direction du CNMC / CAIR-CAN. Badawi collabore également avec le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, au sein de l’International Union of Muslim Scholars (également WebArchive – Archive.Today).
Le 26 août 2010, la formation islamiste reçue par la police d’Ottawa et la GRC et d’autres activités de rapprochement organisées par les islamistes ont incité ces deux services de police à s’excuser après avoir arrêté, durant le Ramadan, deux musulmans soupçonnés de terrorisme. À l’époque, le premier ministre Harper avait condamné cette démarche de la police en faisant ressortir «qu’il n’y a qu’une loi pour tous les Canadiens et qu’aucun groupe religieux ne devrait s’attendre à recevoir de traitement de faveur dans l’application des lois».
En juillet 2014, Hiva Mohammad Alizadeh et Misbahuddin Ahmed, qui avaient été arrêtés durant le Ramadan 2010, ont été trouvés coupables de diverses activités liées au terrorisme.
PARTIE 4 – Le Service de police d’Ottawa a défendu l’islamiste Tariq Ramadan en Grande-Bretagne après avoir établi des liens avec son organisation Présence Musulmane dès 2001
Après les attentats terroristes perpétrés dans le transport en commun de Londres par des islamistes le 7 juillet 2005, l’Association des chefs de police du Royaume-Uni et la Metropolitan Police de Londres ont commandité une conférence intitulée The Middle Path (également WebArchive – Archive.Today) pour tenter de mieux cerner le problème de la radicalisation chez les jeunes musulmans. Celle-ci s’est déroulée le 24 juillet 2005.
Les chefs de police invitèrent Tariq Ramadan à s’adresser à la conférence. Durant les quelques jours entre l’annonce de la participation de l’islamiste Ramadan à la conférence et la conférence elle-même, plusieurs critiquèrent le fait qu’un partisan de la charia puisse être considéré comme faisant partie de la solution à la radicalisation des musulmans.
Parmi les plus déterminés dans leur opposition à la décision des chefs de police d’endosser et d’inviter Ramadan se trouvait Norman Brennan, policier à Londres à l’époque et directeur d’une association d’aide aux victimes d’actes criminels :
Norman Brennan : Permettre à Tariq Ramadan de venir au Royaume-Uni nous faire la morale avec son poison c’est déjà trop. Mais le commanditer, alors là, c’est complètement ridicule. Parfois l’Association des chefs de police et les organisations de police tentent d’être tellement politiquement correctes qu’elles dépassent les bornes et, cette fois-ci, c’est ce qu’elles viennent de faire, selon moi. Elles devraient retirer leur appui.
C’est dans ce contexte que David Pepper, au nom du Service de police d’Ottawa, et Shelina Merani, de l’organisation Présence Musulmane fondée par Tariq Ramadan, signèrent ensemble, une lettre qu’ils envoyèrent au journal britannique The Guardian, pour tenter d’influencer le cours des choses en Grande-Bretagne et de s’assurer que les chefs de police n’annulent pas leur invitation à Ramadan.
Leur lettre au Guardian est archivée sur le site de Tariq Ramadan (également WebArchive – Archive.Today). Il n’est pas clair si elle a été publiée par le journal. Dans leur lettre, Pepper et Merani indiquèrent que le Service de police d’Ottawa collabore avec Tariq Ramadan depuis juillet 2001, puis procédèrent à faire l’éloge du leader islamiste :
David Pepper et Shelina Merani : En se basant sur notre expérience, nous appuyons de tout cœur la participation du Dr. Ramadan à des événements comme la conférence Middle Path [de Londres] et nous croyons que le Dr. Ramadan y jouera un rôle important.
Dans la lettre, Shelina Merani passa sous silence le fait que l’organisation Présence Musulmane qu’elle représente à Ottawa a été fondée par Tariq Ramadan et qu’il était fréquemment la vedette de leurs activités à cette époque.
Suffisamment d’information était connue sur l’islamiste Tariq Ramadan en 2005 pour condamner le Service de police d’Ottawa de s’être associé à lui et de l’avoir défendu auprès du Guardian. Le meilleur recueil d’information concernant Tariq Ramadan demeure Frère Tariq : discours, stratégie et méthode de Tariq Ramadan, un livre écrit par Caroline Fourest qui fut publié en français en 2004.
En 2004 également, dans une interview à Egypt Today, Ramadan incita les islamistes opérant au Canada à utiliser le cadre légal canadien («un des plus ouverts dans le monde», selon Ramadan) pour faire passer discrètement les principes de charia un à un. À l’époque, Tariq Ramadan enjoignit fortement ses partisans de ne pas mentionner ouvertement leur appui à la charia : «Le terme charia est mal vu dans l’esprit des Occidentaux», avait déclaré Ramadan. «Ce n’est pas nécessaire de mettre l’accent là-dessus. […] Pour le moment, ce n’est pas comme ça qu’on veut être perçus», avait-il ajouté.
Plus récemment, en 2013, à Detroit, Tariq Ramadan a défini le jihad comme «le moyen par lequel nous faisons appliquer la charia».
Dans un livre publié en 2002, Tariq Ramadan avait donné un appui inconditionnel aux idées de son grand-père Hassan Al-Banna, le fondateur des Frères Musulmans.
Dans l’Égypte des années ’40, Al-Banna a encouragé les attentats suicide et d’autres activités terroristes. Il a consacré un livre complet à expliquer les fondements théologiques du jihad offensif. Dans son livre, Al-Banna défend le principe que «C’est une obligation pour nous [musulmans] de se battre contre eux [les non-musulmans] après les avoir invité [à adhérer à l’islam], et ce, même s’ils ne se battent pas contre nous».
Dans son manifeste en 50 points, Hassan al-Banna promeut l’abolition des partis politiques et l’instauration d’un système de parti unique, la modification des lois pour les rendre conformes à la charia, la multiplication d’associations vouées à la promotion du jihad dans la jeunesse, l’interdiction de la danse, la censure des films et des pièces de théâtre et un code vestimentaire obligatoire imposé aux citoyens par une police des mœurs.
Dans un autre texte (To what do we invite humanity? / À quoi convions-nous l’humanité?), Hassan Al-Banna présente Adolf Hitler comme un modèle aux musulmans en quête de «succès et de fortune».
En 2005, Tariq Ramadan exprima tout le respect que lui inspire le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi. En 2002, ce dernier endossa publiquement la compréhension de l’islam de Tariq Ramadan en lui demandant de préfacer un de ses recueils de fatwas publié en français.
Au fil des ans, Youssef Qaradawi a justifié l’assassinat de ceux qui abandonnent l’islam (apostats) et des homosexuels, il a encouragé les mutilations génitales féminines, il a décrit Hitler comme «un envoyé d’Allah venu punir les juifs pour leur corruption», avant d’ajouter que, «si Allah le veut», la prochaine fois, ce seront les croyants [les musulmans] qui massacreront les juifs.
Les initiatives de rapprochement prises par les militants de Présence Musulmane depuis plusieurs années ont grandement contribué à insensibiliser les dirigeants du Service de police d’Ottawa face à la menace islamiste.
Ceux qui, comme Tariq Ramadan, promeuvent la charia par des moyens non-violents ne constituent pas une solution de rechange à ceux qui le font par la violence, mais simplement l’autre face de la même menace. Des articles importants comme celui de l’islamiste Muhammad Fadel expliquent que le jihad armé (“jihad of the sword”) et le jihad par la parole (“jihad of the tongue”), tel que mené par Tariq Ramadan, ne s’opposent pas mais se complémentent.
La charte du Hamas qu’on associe généralement au jihad armé va dans le même sens. Elle explique combien le jihad par la parole est essentiel au triomphe des idéaux totalitaires islamistes :
Article 30 de la charte du Hamas Le jihad ne se limite pas à utiliser des armes et à combattre l’ennemi face à face. Les discours convaincants, les écrits persuasifs, les livres utiles, ainsi que l’appui et l’aide font tous partie du jihad au nom d’Allah lorsqu’ils sont réalisés avec l’intention sincère d’assurer que la bannière d’Allah domine.
Point de Bascule (17 novembre 2014) : Le ministère des Affaires étrangères du Canada promeut l’islamiste Tariq Ramadan comme «un visionnaire»
Violaine Ballivy et al. (La Presse – 18 mai 2008) : Salah Basalamah consulté en tant qu’expert par la Commission Bouchard-Taylor (Basalamah a été décrit par l’ancien doyen de la Faculté de Droit de McGill, Peter Leuprecht, comme le «représentant de Tariq Ramadan ici au Canada».)
Bases d’opération de Présence Musulmane à travers le monde, telles qu’identifiées sur le site internet de l’organisation en 2011. À droite, une photo de Tariq Ramadan prise lors d’une activité en Côte d’Ivoire en 2010.
PARTIE 5 – D’autres cas de rapprochement inappropriés entre des services de police canadiens et les islamistes documentés par Point de Bascule avant le reportage d’Enquête du 27 novembre
Plusieurs autres articles sur des rapprochements inappropriés entre des services de police à l’extérieur du Québec, des agences pancanadiennes impliquées dans la sécurité et les islamistes étaient disponibles sur Point de Bascule avant la diffusion du reportage d’Enquête le 27 novembre 2014. En voici un échantillon :
19 AVRIL 2013 – L’article de Point de Bascule publié ce jour-là porte sur Munir El-Kassem, l’aumônier de la police de London (Ontario). Celui-ci a été nommé à ce poste sensible en dépit du leadership qu’il a exercé au sein de la World Islamic Call Society (WICS), une organisation libyenne dont les activités de financement du terrorisme ont été documentées lors d’un procès aux États-Unis et, plus tard, par l’Agence du revenu du Canada.
Quand le Canadian Institute of Islamic Civilization (CIIC), une sous-structure de la Muslim Association of Canada (MAC), la principale courroie de transmission des Frères Musulmans au pays, a organisé sa première activité de financement à la mosquée de Brossard en octobre 2012, c’est Munir El-Kassem qui était le conférencier invité.
À cette époque, Chiheb Battikh était l’un des principaux dirigeants du CIIC. Deux mois après cette soirée de financement à Brossard, Chiheb Battikh, a tenté d’enlever pour rançon le petit-fils d’un riche homme d’affaires dans un parc d’Outremont (Montréal). Le 21 mars 2014, Battikh a plaidé coupable et a été condamné à six ans de prison pour son crime (également WebArchive – Archive.Today).
12 DÉCEMBRE 2013 – Dans un article qui portait sur l’origine des conférences islamistes RIS organisées annuellement à Toronto depuis 2003, Point de Bascule indiqua que la toute première conférence organisée par Hussein Hamdani avait été commanditée par la World Assembly of Muslim Youth (WAMY), une organisation saoudienne dont les activités de financement du terrorisme ont été documentées par l’Agence du revenu du Canada et des organismes voués à l’antiterrorisme.
En dépit de son association avec ce financier du terrorisme en 2003, Hussein Hamdani a été nommé par le gouvernement fédéral en 2005 à la Table ronde transculturelle qui conseille Sécurité publique Canada, la Protection civile et le ministère de la Justice sur les questions de sécurité nationale. Malgré une succession de ministres à la tête de Sécurité publique Canada, Hamdani occupe toujours son poste de conseiller dans l’infrastructure de sécurité du Canada.
21 AOÛT 2014 – L’article publié ce jour-là est une rétrospective de trois cas d’islamistes liés à la GRC et au Service de police de London (Ontario). L’article revient sur les cas de Munir El-Kassem et Hussein Hamdani et identifie le rôle joué par Shahina Siddiqui du Conseil national des musulmans canadiens (CNMC – l’ancien CAIR-CAN) auprès de la GRC au Manitoba.
Malgré qu’elle ait collaboré avec Siraj Wahhaj, un imam qui prône le jihad armé dans les rues américaines (Point de Bascule – Muslim Mafia pp. 136-7), et d’autres radicaux pour organiser un programme de formation de leaders étudiants musulmans à l’Université du Manitoba dans le passé, Shahina Siddiqui est toujours membre du Comité consultatif national du commissaire de la GRC et du Comité sur la diversité de l’état-major de la GRC au Manitoba, selon son profil sur le site du CNMC (également Archive.Today). À ce titre, elle est consultée par la GRC sur les enjeux de sécurité nationale.
5 SEPTEMBRE 2014 – Le rapport publié par Point de Bascule ce jour-là est consacré à une rencontre qui s’est déroulée le 8 juin 2012 entre une délégation de leaders islamistes liés à l’infrastructure des Frères Musulmans au Canada et le ministre de la Sécurité publique d’alors, Vic Toews. Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, c’est Naseer Syed, alors l’avocat d’IRFAN-Canada, le collecteur de fonds du Hamas au Canada, qui avait rendu public le rapport de la rencontre entre les islamistes et le ministre Toews sur son site MuslimLegal.ca. De l’aveu même de Naseer Syed, c’est Hussein Hamdani, le leader de la délégation islamiste et conseiller en matière de sécurité du gouvernement fédéral qui lui a fourni le rapport de la rencontre.
Selon la présentation PowerPoint faite par Hussein Hamdani devant Vic Toews, l’objectif premier de la délégation islamiste était de faire pression sur le ministre afin qu’il empêche les employés de son ministère de faire quelque allusion que ce soit à l’islam et à ses principes pour décrire la menace à laquelle le Canada et les autres démocraties occidentales font face.
Cette politique a été adoptée par le SCRS après que Michel Coulombe en ait pris la direction en octobre 2013.
Une des règles essentielles à respecter pour triompher d’un ennemi dans quelque guerre que ce soit c’est de connaitre ses objectifs et ce qui l’anime. En pratique, interdire de parler de l’islam et de ses principes mène à interdire les références aux textes et aux discours de ceux qui nous menacent pour essayer de comprendre leurs objectifs et comment ils comptent s’y prendre pour les atteindre.
Comme l’a déjà expliqué Stephen Coughlin, un ancien conseiller du Pentagone maintenant associé au Center for Security Policy de Washington (VIDEO 2:34), même si l’ennemi a une mauvaise compréhension de l’islam, il ne l’utilise pas moins pour nous menacer. Dans ce contexte, pour notre propre protection, il est essentiel de maîtriser sa doctrine, sa compréhension de l’islam.
Dans un deuxième temps, il est important de déterminer combien cette interprétation de l’islam est répandue afin de déterminer l’ampleur de la menace.
3 ET 15 OCTOBRE 2014 – Après qu’une organisation du Maryland ait annoncé que le conseiller islamiste du gouvernement canadien en matière de sécurité, Hussein Hamdani, irait rencontrer un chef de police de cet état américain et des islamistes locaux, Point de Bascule a publié deux articles mettant en relief les liens d’Hamdani avec quatre organisations directement impliquées dans le financement d’entités terroristes ou qui ont endossé de telles entités.
Les deux articles en question sont en anglais. Voici la traduction de leur titre et les hyperliens qui permettent de les consulter :
Point de Bascule (3 octobre 2014) : Un chef de police du Maryland doit rencontrer Rabia Chaudry, une apologiste du CAIR, et le conseiller controversé du gouvernement canadien pour la sécurité, Hussein Hamdani
Point de Bascule (15 octobre 2014) : Une délégation de 4 personnes de Sécurité publique Canada, incluant l’islamiste Hussein Hamdani, est allée discuter de la menace terroriste au Maryland
En plus de revenir sur la collaboration d’Hamdani avec la WAMY saoudienne, un financier du terrorisme, pour lancer les conférences RIS à Toronto en 2003, ces deux articles de Point de Bascule rappellent les liens du conseiller de Sécurité publique Canada avec trois autres organisations ayant endossé des entités terroristes dans le passé.
IRFAN-Canada – Malgré son poste de conseiller auprès de Sécurité publique Canada, Hussein Hamdani a continué d’exercer un rôle de leadership au sein de deux organisations ayant contribué à IRFAN-Canada, le principal collecteur de fonds du Hamas au pays. Plusieurs ont sonné l’alarme dans le passé sur le fait qu’IRFAN faisait partie de l’infrastructure de financement du Hamas au Canada, dont Stockwell Day, en 2004, alors qu’il était député de l’Opposition. Un autre avertissement est venu des États-Unis. En 2007, IRFAN a été identifié comme faisant partie du système global de financement du Hamas dans le procès de la Holy Land Foundation aux États-Unis (subsection VIII).
En avril 2011, l’Agence du revenu du Canada a révoqué le statut charitable d’IRFAN après avoir déterminé que l’organisation avait transféré 14,6 millions $ au Hamas, uniquement pour la période 2005-2009. Le 24 avril 2014, Sécurité publique Canada a ajouté IRFAN-Canada à sa liste d’organisations terroristes bannies.
Les avertissements de Stockwell Day au sujet d’IRFAN auraient dû suffire pour convaincre Hamdani de garder ses distances par rapport aux organisations qui le financent, mais rien n’y fit. Hussein Hamdani a continué d’exercer un rôle de leadership dans au moins deux entités ayant contribué au collecteur de fonds du Hamas au Canada. Sur son profil de 2005 quand il joignit la Table ronde transculturelle sur la sécurité, et sur son profil actuel de décembre 2014 disponible sur le site de Sécurité publique Canada, Hussein Hamdani est présenté comme l’agent des relations publiques de la Halton Islamic Association en Ontario et comme directeur du conseil d’administration de la Hamdani Foundation de St. Catharines (Ontario).
Les hyperliens vers les rapports de l’Agence du revenu du Canada confirmant ces transferts de fonds sont disponibles dans un des articles mentionnés plus haut.
Islamic Society of North America (ISNA) – Le 6 octobre 2013, la North American Spiritual Revival, une organisation également dirigée par Hussein Hamdani, a invité Siraj Wahhaj à donner une conférence à la mosquée d’ISNA à Mississauga (Ontario), malgré qu’il ait promu le jihad armé dans les rues américaines, défendu l’assassin d’un policier, etc. Deux semaines avant l’événement, une sous-structure de l’organisation hôte (ISNA) a vu son statut charitable révoqué après que l’Agence du revenu du Canada ait déterminé que l’ISNA Development Foundation a fourni des reçus pour fins d’impôt à une entité sans statut charitable qui amassait des fonds pour une organisation menant le jihad armé en Inde.
Muslim Association of Canada (MAC) – Hussein Hamdani collabore également avec la MAC (2005 – 2009 – 2010 – 2011) malgré l’appui déclaré par cette organisation au Hamas en 2004, plus d’un an après qu’il ait été ajouté à la liste d’organisations terroristes bannies par Sécurité publique Canada. De 2001 à 2010, la MAC a transféré 296,514 $ au collecteur de fonds du Hamas, IRFAN-Canada. Un reportage récent de La Presse, basé sur des documents obtenus de la GRC, évoquait l’hypothèse que la MAC ait pu contrevenir à la loi régissant les organismes de bienfaisance en continuant de transférer des fonds vers IRFAN après que son statut charitable ait été révoqué par l’Agence du revenu du Canada.
10 NOVEMBRE 2014 – Après que la GRC se soit retirée d’un projet de manuel prétendument antiterroriste qu’elle a mené conjointement avec le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC – l’ancien CAIR-CAN), Point de Bascule a produit un article pour décrire le radicalisme des exégètes musulmans endossés par ce manuel.
Notre article a également fait remarquer que, malgré son retrait, la GRC a néanmoins collaboré durant quatorze mois avec le CNMC dont des dirigeants et des maitres à penser ont ouvertement appuyé le Hamas dans le passé et encouragé des comportements séditieux par les juges et les fonctionnaires musulmans au Canada.
De son incorporation en 2000 jusqu’à son changement de nom en juillet 2013, le CNMC était connu comme le Council on American Islamic Relations (Canada) / CAIR-CAN. Cette entité canadienne a été établie comme la filiale du Council on American Islamic Relations de Washington. Plusieurs documents émanant de l’organisation-mère et de sa filiale le démontrent.
En 2009, dans la cause United States of America v. Holy Land Foundation for Relief and Development (Section IV), le juge Solis a rappelé les liens que le CAIR de Washington entretient avec le Hamas (“The government has produced ample evidence to establish the associations of CAIR, ISNA […] with Hamas”).
La démonstration de ces liens mena le FBI à couper tous contacts avec le CAIR en 2009. Au Canada, la GRC, d’autres services de police et même le ministre Toews de la Sécurité publique ont collaboré avec le pendant canadien du CAIR comme si de rien n’était.
En janvier 2014, cependant, un porte-parole du premier ministre Harper a critiqué le CNMC pour ses «liens documentés avec une organisation terroriste comme le Hamas». Le CNMC a répliqué en amorçant une poursuite en diffamation contre le bureau du premier ministre Harper. Dans un commentaire sur un article publié par un journal saoudien sur la question, Point de Bascule a énuméré plusieurs liens unissant le CNMC / CAIR-CAN au Hamas.
24 NOVEMBRE 2014 – Trois jours avant la diffusion du reportage d’Enquête sur l’absence de menace islamiste au Québec, Point de Bascule a publié un article dénonçant la participation d’un haut gradé de la GRC à une conférence à Windsor (Ontario) en compagnie de Faisal Kutty, un porte-parole de deux organisations liées à Al-Qaïda dans le passé.
Voilà bien plus que «l’ombre d’un soupçon de preuves» de pénétration islamiste de services de police que Jean Pelletier enjoignait Point de Bascule de produire. Voici plutôt les symptômes d’un grave problème de pénétration islamiste aux plus hauts échelons de l’infrastructure canadienne de sécurité. Au lieu de tenter de faire mal paraitre ceux qui, avec des ressources insignifiantes, tentent d’alerter le public du danger, Jean Pelletier et Radio-Canada devraient affecter une portion des considérables ressources qui leur sont gratifiées par les contribuables canadiens à approfondir la question.
PARTIE 6 – Les experts sont partagés sur l’existence et la nature de la menace islamiste
Pour défendre l’épisode d’Enquête du 27 novembre, le directeur de l’information télévisée à Radio-Canada, Jean Pelletier, fait valoir dans sa lettre à Lise Ravary (PDF – HTML), que le reportage «n‘occulte aucune piste et fait entendre des experts hauts placés des services de sécurité, des universitaires sérieux et reconnus comme tel par leurs pairs».
Que les experts choisis par Enquête pour contester ce que présentent Marc Lebuis et Point de Bascule soient qualifiés ne signifie pas, pour autant, qu’il y ait consensus entre experts aux qualifications comparables sur l’existence ou non d’une menace islamiste au Québec, ailleurs au Canada et dans le monde occidental. Enquête a interviewé Ray Boisvert, un ancien dirigeant du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) qui semble plutôt appuyer la thèse d’Enquête sur l’absence de menace islamiste. Pourtant, un autre ancien dirigeant du SCRS, David Harris, dresse un portrait bien différent quand il parle des enjeux de sécurité nationale dans les médias. Deux experts aux antécédents comparables dont les avis se contredisent en grande partie.
Le 30 septembre 2014, la GRC a émis un communiqué de presse pour se dissocier du soi-disant guide contre le terrorisme lancé par le Conseil national des musulmans canadiens qui a été mentionné précédemment dans cet article. Le quartier-général de la GRC à Ottawa invoqua «le ton accusatoire de certains éléments de la brochure» pour ordonner à sa division du Manitoba de se retirer du projet. C’était une erreur de la GRC au Manitoba d’avoir été impliquée dans le projet durant quatorze mois, mais valait mieux un retrait de dernière minute qu’un endossement malgré tout.
Le 9 octobre 2014, alors qu’il était invité à commenter sur les enjeux de sécurité nationale par Paul Houde au 98,5 FM (Montréal), Michel Juneau-Katsuya se désola de la décision de la GRC de se dissocier de la brochure du CNMC (AUDIO 9:05). Personne n’insinuera que Juneau-Katsuya n’a pas les qualifications requises pour se prononcer sur le sujet : c’est un ancien agent du SCRS. Pourtant, il ne lui apparait pas évident qu’un document endossant un leader musulman qui a prôné le jihad armé dans les rues américaines et un autre qui encourage les juges et les fonctionnaires musulmans à ne pas appliquer les lois canadiennes incompatibles avec la charia doive être rejeté.
Sur cette question comme sur d’autres, des individus dont personne ne contestent les qualifications professionnelles ont porté des jugements opposés sur des enjeux liés à la menace islamiste et à la sécurité nationale.
Au plus haut niveau du SCRS, les opinions sont partagées sur la nature de la menace terroriste et comment y faire face. Le directeur actuel du SCRS, Michel Coulombe, a déclaré devant un comité du Sénat canadien en février 2014 que son service refuse d’utiliser quelque terme que ce soit qui réfère à l’islam pour décrire la menace terroriste. Des termes comme ‘jihad’, ‘organisation islamiste’ et d’autres qui leur sont apparentés ne sont plus utilisés par le SCRS depuis qu’il est dirigé par Michel Coulombe. L’implication de cette nouvelle politique, c’est que la doctrine islamique et ses principes ne font pas partie du problème auquel nous sommes confrontés.
Richard Fadden, le prédécesseur de Michel Coulombe qui dirigea le SCRS de juin 2009 à mai 2013, voyait les choses d’un tout autre œil. Dans son rapport annuel de juin 2011, M. Fadden a écrit que «le Canada demeure une cible vraisemblable pour la violence inspirée par l’extrémisme islamiste». En avril 2012, M. Fadden expliqua au Sénat que, sous sa gouverne, le SCRS se préoccupait de ceux qui veulent «faire avancer le djihad». En février 2012, le SCRS dirigé par Richard Fadden publia un rapport intitulé «Les centres de radicalisation islamiste sunnite au Canada». Dirigé par Michel Coulombe, le SCRS n’enquête même plus sur les institutions musulmanes mais se limite à enquêter sur des individus. C’est Michael Peirce, le directeur adjoint du renseignement au SCRS, qui a fait cette troublante révélation alors qu’il témoignait devant un comité du Sénat canadien en octobre 2014 :
Michael Pierce du SCRS devant un comité du Sénat canadien : Lorsque nous faisons enquête, nous faisons enquête sur des individus et leurs activités. Peut-être que les activités de ces individus sont liées à une certaine institution, mais l’enquête porte sur l’individu. Par exemple, nous ne faisons pas d’enquête sur des mosquées.
Contrairement à ce qu’affirme Jean Pelletier de Radio-Canada, il faut plus qu’une énumération de diplômes et la reconnaissance de ses pairs pour déterminer la validité d’un point de vue
Par ailleurs, quand on apprend que des conseillers du gouvernement canadien en matière de sécurité ont invité au Canada des leaders islamistes prônant le jihad armé dans les rues américaines, et promu et distribué des manuels de charia qui fournissent des justifications théologiques à l’utilisation de la tromperie pour faire avancer la charia (section r10.3), on a passé l’étape de l’examen de leurs diplômes et celle de se demander s’ils ont l’appui de leurs pairs pour déterminer la validité de leur point de vue et les objectifs qu’ils poursuivent.
Référence supplémentaire
Andrew McIntosh (Journal de Montréal – 29 décembre 2014) : Des musulmans se radicalisent dans des mosquées, selon le professeur Salim Mansur de l’Université Western Ontario
http://eedition.interlakespectator.com/doc/Interlake-Spectator/InterlakeSpectator/2010062401/2.html#2 (également sur PdeB)
Shahina Siddiqui du Conseil national des musulmans canadiens (CNMC – l’ancien CAIR-CAN) est membre d’un comité consultatif de la GRC au Manitoba malgré le fait qu’elle ait collaboré avec un leader islamiste prônant le jihad armé dans les rues américaines et d’autres radicaux pour organiser un programme de formation de leaders étudiants musulmans à l’Université du Manitoba dans le passé.
En mai 2011, le London Link annonçait la nomination de Munir El-Kassem, qui a dirigé une organisation libyenne finançant le terrorisme, comme aumônier du Service de police de London (Ontario).
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=635768793199281
https://archive.today/snQeA
Un haut gradé de la GRC a participé à une conférence à Windsor (Ontario) sur la «dé-radicalisation» en compagnie de Faisal Kutty, un porte-parole de deux organisations liées à Al-Qaïda dans le passé.