Dans son bulletin d’information de l’automne 1997, le Council on American-Islamic Relations (CAIR), un lobby islamiste de Washington associé à l’organisation terroriste Hamas, s’est félicité d’une décision rendue par le Conseil de presse du Québec au sujet d’une plainte logée par sa succursale de Montréal contre le journal La Presse. Le nom de la plaignante, Sheema Khan qui a agi pour CAIR-Montréal à l’époque, apparait dans la décision du Conseil de presse. La plainte de Sheema Khan portait sur un compte-rendu de livre produit par la journaliste Martine Turenne ainsi que sur une photo qui accompagnait l’article.
Le compte-rendu de Martine Turenne était consacré à un livre de Yolande Geadah intitulé Femmes voilées, intégrismes démasqués.
Dans son bulletin d’information, le CAIR de Washington passa sous silence le fait que deux parties de la plainte originale de Sheema Khan portant sur le titre et le contenu de l’article avaient été rejetées. Le 5 août 1997, dans un court article rapportant la décision du Conseil de presse la concernant, La Presse a d’ailleurs titré : «Le Conseil de presse ne retient aucun blâme contre La Presse».
Le CAIR de Washington amorça ses activités canadiennes à Montréal en 1996, puis se déplaça vers Ottawa. La fin des activités de CAIR-Montréal et le début de celles de CAIR-Ottawa coïncida avec le déménagement de Sheema Khan de Montréal à Ottawa à l’époque. En 2000, CAIR-Ottawa est devenu CAIR-CAN lorsque l’organisation a été incorporée auprès d’Industrie-Canada.
Dans son rapport annuel de 2005, CAIR-CAN / CNMC a ainsi décrit l’histoire de ses débuts :
[Traduction de Point de Bascule] En 1996, un groupe de musulmans canadiens préoccupés a commencé un réseau informel au Canada afin de travailler avec le CAIR basé à Washington, une organisation bien connue des Canadiens musulmans depuis 1994. Au printemps 1997, CAIR-Montréal a été mis sur pied et rapidement remplacé par CAIR-Ottawa. En 2000, CAIR-CAN a été incorporé en tant qu’organisation qui parle au nom de la population musulmane du Canada.
Peu après l’incorporation de CAIR-CAN, sa présidente Sheema Khan fut nommée au bureau de direction de l’organisation-mère à Washington, souvent identifiée comme CAIR National.
En juillet 2013, CAIR-CAN a changé de nom pour devenir le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC / National Council of Canadian Muslims en anglais). À l’époque, Point de Bascule a indiqué que le changement de nom était vraisemblablement motivé par un désir de CAIR-CAN de dissimuler ses liens avec le CAIR de Washington reconnu par les tribunaux américains pour être lié avec l’organisation terroriste Hamas. Point de Bascule fondait son commentaire sur le fait, notamment, qu’un document de CAIR-CAN / CNMC accompagnant l’annonce du changement de nom du 6 juillet 2013 déclare qu’ «il n’y a jamais eu de liens opérationnels ou financiers entre CAIR.CAN et CAIR» [“There was never any operating or funding relationship between CAIR.CAN and CAIR.”]
À l’époque Point de Bascule a contredit cette réécriture de l’histoire en fournissant plusieurs preuves de «liens opérationnels» entre CAIR-CAN et le CAIR de Washington. Un des éléments de preuve les plus convaincants pour démontrer la véritable nature de la relation entre CAIR-CAN et l’organisation-mère de Washington est contenu dans un affidavit déposé par Sheema Khan au moment où elle était la présidente de CAIR-CAN. Le 16 décembre 2003, en appui au CAIR de Washington, alors engagé dans une bataille juridique pour l’utilisation de son acronyme CAIR au Canada, Khan a juré que le CAIR de Washington «a un contrôle direct» (“has direct control”) sur les activités de CAIR-CAN au Canada.
Une autre raison qui pourrait avoir motivé CAIR-CAN à changer de nom, c’est qu’au fil des ans, plusieurs leaders du CAIR de Washington ont été reconnus coupables d’accusations criminelles. Investigative Project, GMBDW, Robert Spencer, Daniel Pipes, Pamela Geller et d’autres ont abondamment documenté cette question.
En janvier 2014, CAIR-CAN / CNMC a amorcé les procédures requises pour une poursuite en diffamation contre le bureau du premier ministre Harper après que son porte-parole ait décrit le CNMC comme «une organisation qui a des liens documentés avec une organisation terroriste comme le Hamas».
Si cette affaire devait finalement aboutir devant les tribunaux, un juge devra déterminer s’il existe bel et bien une relation entre CAIR-CAN / CNMC et le Hamas. C’est pour contribuer à documenter cette relation que Point de Bascule présente cet article-ci.
Après que CAIR-CAN / CNMC ait amorcé ses démarches juridiques contre le premier ministre Harper et son porte-parole, Point de Bascule a publié d’autres articles qui étayent les liens qui existent entre le CAIR de Washington et CAIR-CAN / CNMC. Exposer la relation entre l’organisation-mère américaine et sa succursale canadienne permettra aux avocats du premier ministre de réfuter les accusations de diffamation. Rappeler que CAIR-CAN / CNMC a été établi comme une succursale du CAIR de Washington contribue à démontrer l’existence d’un lien entre CAIR-CAN / CNMC et l’organisation terroriste Hamas puisque les tribunaux américains ont déjà reconnu l’existence de liens entre le CAIR de Washington et le Hamas.
En 2009, dans la cause United States of America v. Holy Land Foundation for Relief and Development, le juge Jorge Solis a conclu que «Le gouvernement a fourni suffisamment de preuves pour établir l’association du CAIR, de l’ISNA du NAIT avec HLF, l’Islamic Association for Palestine (“IAP”), et avec le Hamas.»)
En 2002, un autre juge américain présidant la cause Holy Land Foundation for Relief and Development v. Ashcroft a conclu que «l’Islamic Association for Palestine (‘IAP’) a agi en appui au Hamas». Le CAIR a été fondé en 1994 par trois leaders de l’Islamic Association for Palestine.
Le leadership de CAIR-CAN / CNMC ne soutient pas que la nature des liens opérationnels entre CAIR-CAN / CNMC et le CAIR de Washington aurait pu avoir changé au fil des ans mais bien que ces liens n’ont jamais existé. L’ampleur de cette affirmation mensongère devrait faciliter la tâche des avocats du premier ministre Harper de démontrer la mauvaise foi de la partie demanderesse CNMC dans cette poursuite en diffamation.
Jusqu’à maintenant, les récents articles de Point de Bascule consacrés à la relation de CAIR-CAN / CNMC avec le Hamas ont fait état de trois types de liens entre les deux organisations :
- Le lien tout juste évoqué qui est fondé sur le fait que CAIR-CAN / CNMC a été établi comme une succursale du CAIR de Washington reconnu par les tribunaux américains pour ses liens avec le Hamas;
- L’appui public donné par des dirigeants de CAIR-CAN / CNMC au Hamas en 2004 après que le Hamas ait été inscrite sur la liste des organisations terroristes identifiées par Sécurité publique Canada;
- Un appel de CAIR-CAN / CNMC à financer le Jerusalem Fund for Human Services (JFHS), un collecteur de fonds de l’organisation terroriste Hamas au Canada. Une lettre de l’Agence du revenu du Canada datant du 23 juillet 2004 présente le Jerusalem Fund comme un précurseur d’IRFAN-Canada, un organisme dont le statut d’organisme de bienfaisance a été révoqué en avril 2011 en raison de ses transferts de 14,6 millions $ au Hamas, uniquement pour la période 2005-2009. Tout récemment, le 24 avril 2014, Sécurité publique Canada a ajouté IRFAN-Canada à son répertoire des organisations terroristes.
Voici trois articles récents de Point de Bascule qui ont abordé les liens de CAIR-CAN / CNMC avec le Hamas et qui contiennent les références nécessaires:
Point de Bascule (4 mars 2014) : Mohammed Azhar Ali Khan – La Saudi Gazette publie les réserves d’un allié du CNMC sur l’opportunité de poursuivre le bureau du premier ministre Harper pour diffamation pour avoir évoqué ses liens avec le Hamas (Mohammed Azhar Ali Khan – Saudi Gazette publishes reservations of a National Council of Canadian Muslims’ ally about suing PM Harper’s office for defamation over links with Hamas)
Point de Bascule (2 juin 2014) : 7 août 2000 – Sheema Khan a été nommée directrice du CAIR de Washington alors qu’elle dirigeait CAIR-CAN, la succursale de l’organisation au Canada (August 7, 2000 – Sheema Khan was appointed director of Washington-based CAIR while head of the organization’s Canadian branch CAIR-CAN)
Point de Bascule (5 juin 2014) : 1 septembre 2001 – Le Globe and Mail identifie Sheema Khan comme «la présidente de la succursale canadienne du Council on American-Islamic Relations de Washington». (September 1, 2001 – The Globe and Mail identified Sheema Khan as “chairwoman of the Canadian branch of the Washington-based Council on American-Islamic Relations”)
Le premier extrait identifie CAIR-Ottawa et CAIR-Montréal comme deux sections du CAIR basé à Washington. Toutes les autres sections mentionnées sont aux États-Unis. À l’époque, la fin des activités de CAIR-Montréal et le début de celles de CAIR-Ottawa coïncida avec le déménagement de Sheema Khan de Montréal à Ottawa.
Le second extrait rapporte l’accueil que le Conseil de presse du Québec accorda à la plainte déposée par Sheema Khan de CAIR-Montréal. La nouvelle ne mentionne pas cependant que des parties de la plainte originale contre La Presse avaient été rejetées par le Conseil de presse.
Le rapprochement entre le nazisme et la doctrine islamiste a été établi par des maîtres à penser de CAIR-CAN / CNMC
Bien qu’en publiant cet article notre principale motivation ait été de mettre en évidence les liens de la fondatrice de CAIR-CAN / CNMC Sheema Khan avec le CAIR de Washington, il est opportun de s’arrêter aux griefs qu’elle a fait valoir au Conseil de presse du Québec contre La Presse en 1996.
Le Conseil de presse du Québec résume ainsi la plainte de Sheema Khan :
Mme Sheema Khan porte plainte contre la journaliste Martine Turenne et le journal La Presse pour avoir véhiculé des propos racistes et déformés sur la religion musulmane et plus particulièrement sur le port du voile islamique.
Elle dénonce le titre de l’article «le voile, hors de toute rationalité» comme raciste et préjudiciable à la pratique religieuse du port du voile.
Elle s’indigne de la comparaison du fondamentalisme au nazisme de la journaliste. Selon elle, l’idée qu’ont Martine Turenne et Yolande Geadah du fondamentalisme comme respect absolu de la foi et des règles religieuses est erronée. Ce faisant, Mme Turenne associe une partie de la population québécoise aux nazis, indique-t-elle, ce qui est grandement répréhensible.
Elle mentionne, enfin, que La Presse a utilisé, en illustration de l’article, une photo datée de deux ans, alors sans rapport avec le sujet du 17 novembre 1996; qui plus est, sans le consentement des deux jeunes filles qui ont été choquées et blessées par cette parution.
Elle joint à sa plainte les lettres des deux jeunes filles se portant à la défense de la religion islamique et soulignant les graves erreurs d’interprétation commises par la journaliste et l’écrivaine.
Pour réfuter Sheema Khan, il convient de souligner qu’avant d’avoir été noté par des observateurs extérieurs, le rapprochement entre le nazisme et la doctrine propagée par les Frères Musulmans et d’autres islamistes a d’abord été évoqué par les islamistes eux-mêmes. Dans son livre To what do we summon mankind? (À quoi convions-nous l’humanité?), c’est nul autre que Hassan al-Banna (1906-1949), le fondateur des Frères Musulmans, qui a présenté Hitler comme modèle aux musulmans en quête de fortune, d’influence et de succès. Parmi les modèles proposés par al-Banna dans ce texte, Hitler est le seul non-musulman. Les autres sont Ali (600?-661), al-Abbas (647?-680), le chef de guerre Saladin (alias Salah al-Din 1137?-1193) et le roi Abdul Aziz Al Saud (alias Abd al-Aziz Al Suud 1876-1953), le fondateur de l’Arabie saoudite.
En février dernier, Point de Bascule a identifié trois importants dirigeants de CAIR-CAN / CNMC qui ont ouvertement endossé al-Banna dans le passé malgré son admiration pour Hitler et ses propres visées totalitaires : l’actuelle directrice du CNMC Khadija Haffajee est du nombre, de même que Jamal Badawi et Wael Haddara.
Au moment où il annonça la mort de Hassan al-Banna en 1949, le New York Times a également souligné que son organisation des Frères Musulmans «avait pris les allures d’un mouvement politique aux accents mystiques et fascistes» (“it had taken on the character of a political movement with mystic and fascist overtones”).
Un autre leader des Frères Musulmans qui a ouvertement endossé Hitler est leur guide spirituel actuel Youssef Qaradawi. Dans l’extrait qui suit, Qaradawi endosse le leader nazi pour la campagne d’extermination qu’il a menée contre les juifs. Il présente Hitler comme un envoyé de Dieu. Qui plus est, Sheema Khan elle-même, qui se plaint quand un lien est établi entre les nazis et les islamistes, a endossé Youssef Qaradawi en 2002 dans une chronique du Globe and Mail en le qualifiant d’ «exégète musulman renommé». Un autre important dirigeant de CAIR-CAN / CNMC (au moins de 2001 à 2013), Jamal Badawi, siège à deux organisations islamistes internationales présidées par Youssef Qaradawi : l’International Union of Muslim Scholars et le Conseil européen de la fatwa et de la recherche.
Voici l’éloge de Hitler présenté par Youssef Qaradawi sur Al-Jazeera en 2009 :
À travers l’histoire, Allah a imposé aux [Juifs] des personnes qui les ont punis pour leur corruption. Leur dernier châtiment a été administré par Hitler.
[…] Il a réussi à les remettre à leur place. C’était un châtiment divin. Si Allah le veut, la prochaine fois, ce sera par la main des musulmans. […] En terminant mon discours, j’aimerais ajouter que la seule chose que j’espère c’est que, mes jours tirant à leur fin, Allah me donne l’occasion d’aller sur la terre du jihad et de la résistance, même sur une chaise roulante. Je vais tirer sur les ennemis d’Allah, les Juifs, et ils me lanceront une bombe. Ainsi, je terminerai ma vie en martyr. Qu’Allah soit loué.
Pour se défendre contre la poursuite en diffamation de CAIR-CAN / CNMC, les avocats du premier ministre ont tout intérêt à faire valoir que l’endossement d’al-Banna et de Qaradawi par des leaders de CAIR-CAN / CNMC constitue un quatrième type de lien avec le Hamas : un lien de nature idéologique.
À l’instar des dirigeants de CAIR-CAN / CNMC qui réfèrent à Hassan al-Banna comme à un guide qui inspire leurs action, le Hamas endosse al-Banna. Dès les toutes premières lignes de la charte du Hamas, on cite al-Banna qui justifie de rayer l’État d’Israël de la carte : «Israël va exister et va continuer d’exister jusqu’à ce que l’islam l’ait éliminé, tout comme il a éliminé ce qui était là avant lui». À l’article 2 de sa charte, le Hamas se présente également comme une section des Frères Musulmans, l’organisation fondée par Hassan al-Banna.
Par ailleurs, autant Sheema Khan, lorsqu’elle était présidente de CAIR-CAN / CNMC en 2002 que le Hamas considèrent Youssef Qaradawi comme un «exégète musulman renommé». Au fil des ans, le Hamas s’est d’ailleurs fondé sur les fatwas de Qaradawi justifiant le recours aux attentats-suicide pour organiser des attaques contre la population civile d’Israël. Le 16 juillet 2013, le Hamas a même menacé de lancer des attaques terroristes dans les pays où se trouvent les ambassades d’Israël. Le Canada fait évidemment partie des cibles potentielles. En plus d’œuvrer à la destruction d’Israël, les leaders du Hamas ont fréquemment prôné la conquête islamique de l’Occident ces dernières années (2008 – 2011 – 2012).
En 2009, l’allié de CAIR-CAN / CNMC, IRFAN-Canada, le collecteur de fonds du Hamas au Canada, a organisé une activité de financement dans les locaux de la Muslim Association of Canada (MAC) à Montréal. Pour l’occasion, ils invitèrent Ekrima Sabri, l’ex-mufti de Jérusalem, à prononcer un discours. Comme Qaradawi, Sabri a fait la promotion des attentats-suicide en 2000 en déclarant que «Plus jeune est le martyr et plus je le respecte».
La Presse donna un appui «sans réserve» à la journaliste Martine Turenne
La décision du Conseil de presse du Québec de 1997 souligne que le journal La Presse, représenté à l’époque par son vice-président et éditeur adjoint Claude Masson, appuya «sans réserve» la position de la journaliste Martine Turenne au moment où elle se défendait contre la plainte du lobby islamiste CAIR.
La tactique utilisée par le CAIR contre Martine Turenne et La Presse en 1996-1997 a été utilisée à de nombreuses reprises depuis contre d’autres intervenants qui tentent d’informer sur la menace islamiste et d’en limiter l’expansion. Leur tactique consiste à tenter de faire passer ceux qui critiquent les islamistes et leurs doctrines pour des racistes qui s’en prennent aux musulmans en général et à les traiter d’islamophobes.
Dans sa défense devant le Conseil de presse, Martine Turenne a clairement exposé n’avoir jamais comparé les musulmans en général aux nazis mais s’être limitée à comparer le nazisme à la version politique de l’islam dont il était question dans son article.
Références supplémentaires
Point de Bascule : Fiche CAIR-CAN / NCCM (Une sous-section de la fiche intitulée Plainte de CAIR-Montréal contre La Presse au Conseil de presse regroupe sept documents qui se rapportent directement à la plainte logée par Sheema Khan contre La Presse en 1996.)
Point de Bascule (17 février 2014): Jamal Badawi – Le principal dirigeant musulman sunnite au Canada incite juges et fonctionnaires musulmans à ne pas appliquer les dispositions des lois actuelles contraires à la charia