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Décision du Conseil de presse du Québec au sujet d’une plainte logée par Sheema Khan de CAIR-Montréal contre La Presse
Note de Point de Bascule : La décision du Conseil de presse mentionne l’identité de la plaignante Sheema Khan mais n’évoque pas son association avec la succursale du Council on American-Islamic Relations de Washington à Montréal. C’est un bulletin d’information publié par le CAIR de Washington à l’automne 1997 qui souligne que la plainte contre La Presse avait été déposée par CAIR-Montréal.
Adresse originale : http://conseildepresse.qc.ca/decisions/d1997-01-003/
Web Archive : http://web.archive.org/web/20140611234755/http://conseildepresse.qc.ca/decisions/d1997-01-003/
Archive.today : https://archive.today/V84g2
Titre original : D1997-01-003
Auteur: Conseil de presse du Québec
Date : 1 juillet 1997
Plaignant
Mme Sheema Khan
Mis en cause
La Presse [Montréal] et Mme Martine Turenne (journaliste)
Représentant du mis en cause
M. Claude Masson (vice-président et éditeur adjoint, La Presse [Montréal])
Résumé de la plainte
La journaliste Martine Turenne véhicule des propos racistes et déformés sur la religion musulmane dans son compte rendu du livre «Femmes voilées, intégrismes démasqués» de l’écrivaine Yolande Geadah, qu’elle signe sous le titre «Le voile, hors de toute rationalité» dans l’édition du 17 novembre 1996 de La Presse. La journaliste compare le fondamentalisme au nazisme. Le titre de son article porte préjudice à la pratique du voile. Enfin, La Presse accompagne cet article d’une photo, prise il y a deux ans, montrant deux jeunes filles sans relation avec le sujet traité.
Faits
La plainte porte sur un article de la journaliste Martine Turenne, intitulé «Le voile, hors de toute rationalité» paru le 17 novembre 1996 dans La Presse et faisant le compte rendu du livre de Mme Yolande Geadah «Femmes voilées, intégrismes démasqués».
Griefs du plaignant
Mme Sheema Khan porte plainte contre la journaliste Martine Turenne et le journal La Presse pour avoir véhiculé des propos racistes et déformés sur la religion musulmane et plus particulièrement sur le port du voile islamique.
Elle dénonce le titre de l’article «le voile, hors de toute rationalité» comme raciste et préjudiciable à la pratique religieuse du port du voile.
Elle s’indigne de la comparaison du fondamentalisme au nazisme de la journaliste. Selon elle, l’idée qu’ont Martine Turenne et Yolande Geadah du fondamentalisme comme respect absolu de la foi et des règles religieuses est erronée. Ce faisant, Mme Turenne associe une partie de la population québécoise aux nazis, indique-t-elle, ce qui est grandement répréhensible.
Elle mentionne, enfin, que La Presse a utilisé, en illustration de l’article, une photo datée de deux ans, alors sans rapport avec le sujet du 17 novembre 1996; qui plus est, sans le consentement des deux jeunes filles qui ont été choquées et blessées par cette parution.
Elle joint à sa plainte les lettres des deux jeunes filles se portant à la défense de la religion islamique et soulignant les graves erreurs d’interprétation commises par la journaliste et l’écrivaine.
Commentaires du mis en cause
M. Claude Masson, vice-président et éditeur adjoint à La Presse, indique que le journal soutient sans réserve la position de la journaliste Martine Turenne.
En premier lieu, Martine Turenne rappelle que son article est une «recension du livre Femmes voilées, intégrismes démasqués, de Yolande Geadah», c’est-à-dire un compte rendu littéraire de l’ouvrage.
Elle limite sa réponse au seul grief qui concerne l’assimilation de l’islamisme au nazisme: elle indique que «la seule référence au nazisme, au début de l’article, était relative à l’islamisme qui est la version politique de l’Islam».
Par ailleurs, elle souligne que «personne (…) ne compare les musulmans, soit ceux qui pratiquent la religion musulmane, aux nazis».
Elle mentionne qu’elle n’a fait que rapporter les idées de Yolande Geadah, en faisant un compte rendu de son livre.
Elle indique avoir été en désaccord avec Yolande Geadah, puisque l’essayiste s’est fait attaquer sur les propos de son livre, à la suite de la parution de l’article du 17 novembre 1996 et a accusé publiquement la journaliste d’avoir mal interprété son ouvrage.
Réplique du plaignant
Mme Sheema Khan est satisfaite de la réponse de Mme Turenne. Toutefois, elle se questionne sur les propos de la journaliste concernant les dissensions au sein de la communauté musulmane, alors perçus comme de l’irrationalité par Mme Turenne. Ce qui n’est pas le cas, soutient-elle.
Cependant, elle tient à maintenir sa plainte contre La Presse pour l’utilisation d’un «titre raciste» et la publication d’une photo vieille de deux ans et sans consentement de la part des personnes y apparaissant.
Analyse
Dans le cas présent, le Conseil de presse ne retient aucun blâme contre la journaliste Martine Turenne puisque sa réponse a satisfait la plaignante et que son article a respecté les principes de l’éthique journalistique en faisant une recension de l’ouvrage de Yolande Geadah.
Le Conseil de presse ne retient pas, non plus, de blâme contre le journal en regard du titre. L’éditeur, à qui incombe la responsabilité du choix des titres, n’a pas dérogé au principe voulant que sa discrétion rédactionnelle fournisse une information conforme aux propos rapportés dans l’article.
Toutefois, le Conseil de presse doit accueillir, en partie, la plainte en regard de la publication de la photo illustrant l’article. Le Conseil estime que le journal a contrevenu au principe voulant que les photos respectent la réputation des personnes. La juxtaposition de l’article et de la photo en question a pu porté atteinte au droit de la personne, à son image et à l’usage qui en est fait.
Ainsi, sur la base des propos de la plaignante et non démentis par La Presse, le Conseil de presse blâme le journal pour avoir publié une photo sans le consentement des deux jeunes filles, photographiées auparavant dans des circonstances différentes.
Analyse de la décision
C17G Atteinte à l’image
C18C Préjugés/stéréotypes