ORIGINAL ENGLISH VERSION
http://news.nationalpost.com/full-comment/salim-mansur-bill-59-betrays-muslims-who-chose-to-live-in-quebec-because-they-valued-a-free-society / Archive.Today
Salim Mansur : Dans des pays comme le Bangladesh, des blogueurs ont été tués à coups de machettes pour avoir exprimé leurs idées. En Iran, en Arabie saoudite et un peu partout au Moyen-Orient, la liberté de parole et la liberté de religion sont réprimées à coups de fouet, par des crucifixions, des emprisonnements et des décapitations. Voilà pourquoi le projet de loi 59 n’est pas seulement une entorse à la démocratie libérale. C’est pire. C’est une trahison de ces immigrants musulmans et de ces réfugiés qui sont venus au Québec en quête de liberté et de démocratie.
TRADUCTION DE POINT DE BASCULE
Auteur : Salim Mansur (Il est professeur à l’Université Western à London, Ontario.)
Référence : National Post, 1er septembre 2015, p. A13
Titre original anglais : Repress the totalitarian urge (Version papier)
Titre original anglais : Bill 59 betrays Muslims who chose to live in Quebec because they valued a free society / Archive.Today (Version internet)
Le premier ministre du Québec soutient que le terrorisme islamique est causé par la critique de l’islam et que si on empêche la critique de l’islam, on mettra donc fin au terrorisme.
Le besoin de policer le discours est une caractéristique incorrigible de l’état d’esprit totalitaire. Dans une société ouverte, cette caractéristique se manifeste chez ceux qui veulent recourir à la coercition pour limiter les libertés essentielles à la démocratie libérale. Comme Jean-François Revel, le philosophe français qui a déjà été fort populaire, l’a fait remarquer, la «tentation totalitaire» est présente parmi nous.
La tentative par le gouvernement du Québec du premier ministre Philippe Couillard de policer le discours grâce au projet de loi 59 est un exemple de cette tendance perverse. Apparemment, le projet de loi 59 est la réponse à une demande faite par la Commission des droits de la personne du Québec de lui donner les moyens d’initier elle-même des poursuites contre ceux qui tiennent des ‘discours haineux’. À ce moment-ci, seulement des individus peuvent poursuivre en invoquant les motifs de discrimination prévus à l’article 10 de la Charte des droits et libertés du Québec.
Selon M. Couillard, le terrorisme islamique est la conséquence des critiques qui sont formulées à l’égard de l’islam. Ce postulat l’amène à conclure que si on empêche la critique de l’islam, on mettra donc fin au terrorisme. Il est également connu que le président de la Commission des droits de la personne du Québec, Jacques Frémont, a déclaré qu’il souhaitait poursuivre «des gens qui écriraient contre […] la religion islamique […] sur un site internet ou sur une page Facebook».
Le projet de loi ne fait pas mention de quelque groupe religieux que ce soit requérant une protection particulière contre une critique de sa religion qui pourrait être considérée humiliante ou discriminatoire et passible de poursuites en vertu des dispositions sur le ‘discours haineux’. Hormis les musulmans, aucun autre groupe n’a demandé que les critiques de la religion ou celles de groupes religieux puissent être considérées comme du ‘discours haineux’ et interdites.
Ironiquement, l’intention du projet de loi 59 s’inscrit dans la même veine que le programme de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) avancé par l’Arabie saoudite, l’Iran, la Turquie et les organisations islamistes à la grandeur de la planète. Depuis que le guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, a émis son décret religieux de février 1989 appelant à tuer l’écrivain Salman Rushdie pour le punir d’avoir insulté le prophète de l’islam, les efforts de l’OCI aux Nations Unies se sont intensifiés pour faire restreindre localement et faire interdire globalement, avec des lois cette fois-ci, la critique de l’islam présentée comme la «diffamation de la religion».
Les 57 États membres de l’OCI font partie de ce qu’on appelait jusqu’à récemment le ‘Tiers-Monde’. Les différences entre le Tiers-Monde et le premier et deuxième monde (les anciens pays du bloc soviétique) résident dans leur retard industriel, technologique et scientifique. Ce retard est amplifié par l’absence de démocratie et de culture qui valorise la liberté individuelle et le respect des autres.
Né musulman et ayant grandi dans le monde de l’islam, j’ai pu constater les effets nuisibles qu’ont les sociétés fermées sur les gens et comment les aspirations à la liberté de ces derniers sont quotidiennement écrasées par une culture suspicieuse qui punit chaque nouvelle idée comme une subversion des coutumes fondées sur la religion.
La plupart des Canadiens et des Occidentaux ignorent tout des instructions répétées avec insistance aux jeunes garçons musulmans vulnérables dès leur très jeune âge par des mollahs ou des professeurs de religion. On leur apprend que l’idolâtrie, c’est-à-dire l’association d’un partenaire à Allah (shirk), l’incroyance (kufr) et l’apostasie (ridda) sont des crimes contre Dieu passibles de mort et que chaque musulman a l’obligation de faire appliquer ce châtiment. On leur apprend que n’importe quelle loi qui s’écarte de la charia est mauvaise et illégitime et que c’est le devoir des musulmans, où qu’ils soient, d’imposer la charia et de persévérer dans leurs efforts jusqu’au jour où la planète entière s’y sera soumise.
Le résultat de tels enseignements et la culture qu’il produit c’est l’idéologie du jihad qui glorifie le terrorisme et voue un culte au martyre.
En tant que Canadien, je sais que les valeurs de liberté et de démocratie sont indispensables pour que le monde de l’islam opère la transition de société fermée à société ouverte. Ces valeurs, particulièrement la liberté d’expression, doivent être vigoureusement défendues et enseignées aux immigrants provenant des pays musulmans qui deviennent citoyens de pays de démocratie libérale.
Dans des pays comme le Bangladesh, des blogueurs ont été tués à coups de machettes pour avoir exprimé leurs idées. En Iran, en Arabie saoudite et un peu partout au Moyen-Orient, la liberté de parole et la liberté de religion sont réprimées à coups de fouet, par des crucifixions, des emprisonnements et des décapitations.
Voilà pourquoi le projet de loi 59 n’est pas seulement une entorse à la démocratie libérale. C’est pire. C’est une trahison de ces immigrants musulmans et de ces réfugiés qui sont venus au Québec en quête de liberté et de démocratie. C’est également une capitulation éhontée devant ces musulmans qui s’accrochent aux valeurs de sociétés fermées et qui craignent, comme les dirigeants des pays de l’OCI, la culture d’une société libre et ouverte.
Références supplémentaires
Salim Mansur (2011) : Un mensonge délectable : Une critique libérale du multiculturalisme / Delectable Lie: A Liberal Repudiation of Multiculturalism / Plusieurs interviews en anglais sur le livre
Johanne Marcotte (13 septembre 2011) : Compte-rendu d’une conférence de Salim Mansur à Ottawa contre le multiculturalisme / Archive.Today – Point de Bascule
Salim Mansur (2 octobre 2008) : Discours prononcé à la conférence L’islam politique menace nos libertés organisée par Point de Bascule
Point de Bascule (15 avril 2010) : VIDÉO Conférence de presse organisée par Point de Bascule sur la menace islamiste au Québec (L’événement coïncidait avec la venue de Tariq Ramadan à Montréal et mettait en vedette quatre intellectuels musulmans anti-islamistes : Tarek Fatah, Salim Mansur, Naser Khader et Zuhdi Jasser.)
Richard Martineau (Journal de Montréal / Journal de Québec – 17 avril 2010) : Québécois, réveillez-vous ! (Commentaire sur la conférence de presse organisée par Point de Bascule avec quatre intellectuels musulmans anti-islamistes lors de la venue de Tariq Ramadan à Montréal)
Lettre signée par 14 intellectuels (6 septembre 2011) : Un appel à McGill et à l’Université de Montréal pour qu’elles appuient la liberté d’expression
Muslim Facing Tomorrow (National Post – 30 juillet 2015) : En marge de #PL59 – Une coalition d’organisations musulmanes publie une pleine page dans le National Post pour dénoncer le recours aux accusations ‘d’islamophobie’ par les extrémistes islamistes pour limiter la liberté de parole et le débat sur la menace terroriste
Point de Bascule : FICHE Commission des droits de la personne du Québec / Plusieurs articles de Point de Bascule sur diverses facettes du projet de loi 59
Point de Bascule : FICHE Commission des droits de la personne du Québec / Références générales sur le projet de loi 59