La culture dont parle Salim Mansur n’a rien à voir avec l’ethnicité ou la religion. C’est de la civilisation occidentale dont il est véritablement question. « Je suppose que nous n’avons pas suffisamment souffert pour apprécier pleinement nos valeurs libérales et occidentales ».
Samedi le 10 septembre, Salim Mansur présenta son plus récent livre Delectable Lie – A liberal repudiation of multiculturalism (Un mensonge délectable – Une répudiation libérale du multiculturalisme) lors d’une rencontre publique organisée à Ottawa. Joanne Marcotte, une fondatrice du Réseau Liberté-Québec et une réalisatrice du film L’illusion tranquille assista à la rencontre. Elle en publia un compte-rendu sur son blogue.
Elle amorça son article en affirmant que les événements du 11 septembre 2001 ont probablement contribué à accélérer la remise en question de « l’utopie multiculturaliste » au Canada. Elle enchaîna en s’attardant aux propos spécifiques de Mansur :
Avertis durement des conséquences de notre laisser-aller et de notre naïveté, il me semble toutefois que Québécois et Canadiens sont maintenant plus conscients de la fragilité des fondements mêmes de notre culture occidentale : la liberté d’opinion et de presse, l’égalité entre les hommes et les femmes, la séparation entre l’Église et l’État et la règle de droit.
(Selon Salim Mansur, professeur à l’Université Western Ontario), toutes les cultures ne se valent pas. N’ayons crainte de le dire et de le dire tout haut : les démocraties libérales sont assurément meilleures que les régimes totalitaires où hommes et femmes sont inégaux et où on interdit la publication de caricatures de Mahomet.
Rendant hommage aux civilisations romaine et grecque qui nous ont légué ce bien si précieux (qu’est la liberté), Mansur livre avec passion et intelligence un plaidoyer pour la préservation des valeurs libérales et occidentales. Racontant l’histoire de la Liberty Bell qui aujourd’hui ne résonne plus dû à une fêlure, Mansur illustre par là la fragilité des valeurs de liberté. « Les générations qui viennent ont la responsabilité de s’assurer que cette cloche continuera de résonner », implorera-t-il.
« Nous sommes entourés par l’obscurité et l’idéologie collectiviste », selon Mansur. « L’individu doit être au cœur de nos préoccupations morales et éthiques. Il ne devrait pas servir d’instrument à d’autres pour atteindre leurs fins ». Bref, « c’est l’individu qui constitue la minorité qui mérite le plus d’être défendue ».
J’écoutais attentivement sa présentation lorsqu’il m’est venu une intense impression. La « culture » dont il était question ce soir-là n’avait rien à voir avec la langue parlée à la maison ou dans l’espace public. Si au Québec, la notion de culture se résume à la préservation du français et des subventions à la communauté artistique, ce soir-là, je me sentais plus près de ce musulman anglophone canadien que de nos élites bien-pensantes québécoises obsédées par l’accès à des collèges anglais!
Enfin, la culture dont parlait Mansur n’avait même rien à voir avec l’ethnicité ou la religion. C’est de la civilisation occidentale dont il était véritablement question : la culture dont nous bénéficions sans vraiment l’apprécier, celle pour laquelle se sont battues des générations d’ancêtres et celle à laquelle aspire encore des millions d’individus sur la planète.
Un poète du nom de David Solway assistait à la présentation de Salim Mansur. Il avait posé une question à l’auteur. « Que s’est-il passé? », lui demande-t-il. Comment se fait-il que nous en soyons rendus là? Plus tard, il répondait à sa propre question. « Je suppose que nous n’avons pas suffisamment souffert pour apprécier pleinement nos valeurs libérales et occidentales ».
Je pense qu’il a bien raison.