Deux annonces du décès de Gregory Baum
http://presence-info.ca/article/academique/le-theologien-gregory-baum-est-decede / WebArchive – Archive.Today
https://www.ncronline.org/news/people/gregory-baum-influential-theologian-vatican-ii-era-dies-94 / WebArchive – Archive.Today
Plusieurs sites d’information religieuse ont annoncé le décès du théologien Gregory Baum (1923-2017) survenu le 18 octobre 2017.
Né dans une famille juive de culture protestante, Gregory Baum s’est converti au catholicisme, a été ordonné prêtre en 1954, a conseillé le pape Jean XXIII lors du concile Vatican II avant d’abandonner le sacerdoce en 1974. Après sa retraite comme professeur à l’Université McGill, il est resté associé à l’École d’études religieuses de McGill et au Centre Justice et Foi financé par les Jésuites à Montréal à titre de chercheur associé.
Dans l’introduction de son ouvrage qui fait l’éloge de Tariq Ramadan (The Theology of Tariq Ramadan) publié en 2009, Gregory Baum a indiqué avoir régulièrement participé aux activités de Présence Musulmane à Montréal (pp.14-15). L’organisation islamiste avait d’abord été lancée par Ramadan en Europe francophone en 1996. Au Québec, Présence Musulmane était dirigée par Salah Basalamah. Ce dernier a d’ailleurs préfacé le livre de Gregory Baum consacré à Tariq Ramadan.
Selon Basalamah (p.9), «[Traduction] La convergence sur laquelle porte l’argument de Baum réunit dans une même approche comparative le catholicisme réformiste de Vatican II et le mouvement réformiste islamiste, particulièrement celui qui s’incarne en Occident et dont [Tariq] Ramadan constitue un exemple privilégié».
D’autres auteurs ont comparé le ‘réformisme’ de Tariq Ramadan à celui de Martin Luther. S’il en restait pour accorder la moindre crédibilité à ces comparaisons, ils ont été démentis par Tariq Ramadan lui-même au Niger en 2015 quand il a déclaré : «Ce que je veux réformer c’est ta tête, pas l’Islam! L’Islam n’a pas besoin de réformes.»
Cette proximité avec Tariq Ramadan et ses proches a amené Gregory Baum à développer une grande complaisance par rapport à son sujet d’étude et par rapport à la menace islamiste en général.
Dans la conclusion de son livre sur Tariq Ramadan (p.158), Gregory Baum qualifie d’«argument tout à fait irrationnel» le rappel par les adversaires de Ramadan du fait qu’il soit le petit-fils du fondateur du Frères Musulmans, Hassan Al-Banna :
Gregory Baum : [Traduction] Dire qu’on ne saurait faire confiance à Ramadan puisqu’il est le petit-fils d’Hassan Al-Banna, le fondateur des Frères Musulmans, me parait un argument tout à fait irrationnel. […] [L]a doctrine religieuse de Ramadan doit être trouvée dans les œuvres qu’il a publiées plutôt que dans les idées de son aïeul controversé.
Si Ramadan s’était distancé de son grand-père, Gregory Baum aurait certainement raison mais c’est exactement le contraire. C’est Tariq Ramadan lui-même qui a indiqué que sa filiation avec le fondateur des Frères Musulmans est bien plus que génétique, elle est intellectuelle.
Tariq Ramadan : J’ai étudié en profondeur la pensée de Hassan al-Banna et je ne renie rien de ma filiation. Sa relation à Dieu, sa spiritualité, son mysticisme, sa personnalité en même temps que sa pensée critique sur le droit, la politique, la société et le pluralisme restent des références pour moi, de cœur et d’intelligence. […] Son engagement aussi continue de susciter mon respect et mon admiration.
Dans une interview accordée à La Presse en 2011, Gregory Baum a invoqué le faux concept de «droit collectif» pour justifier la persécution de ceux qui abandonnent l’islam.
Gregory Baum : Dans certains pays, la religion fait partie de la culture. Se convertir, c’est renier la culture, se couper du reste de la société. L’ONU reconnaît le droit des peuples de défendre leur culture. On peut considérer que ça peut amener à interdire les conversions. Il existe aussi des droits collectifs, un peu comme le Québec qui réglemente la langue.
L’aboutissement logique de la position de Gregory Baum mène à ce que prône le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi. Dans le passé, ce dernier a justifié le meurtre des apostats de l’islam en expliquant que «s’ils [les musulmans] s’étaient débarrassés du châtiment pour apostasie, l’islam n’existerait plus aujourd’hui».
En 2009, après que Point de Bascule et le Muslim Canadian Congress aient présenté une pleine page dans Le Devoir pour rappeler les accointances islamistes de Tariq Ramadan à l’occasion d’une de ses visites à Montréal, Gregory Baum a affirmé qu’il s’agissait d’une «attaque scandaleuse».
La page de Point de Bascule dans Le Devoir rappelait, notamment, l’endossement donné par Tariq Ramadan au guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi.
En 2002, Tariq Ramadan a accepté de préfacer un recueil de fatwas de Qaradawi publié en français. En 2005, Tariq Ramadan a exprimé son «profond respect» pour Qaradawi.
Dans sa défense de Tariq Ramadan publiée en novembre 2009 par Le Devoir, Gregory Baum déclarait «a[voir] lu tous ses livres».
Nul doute qu’il n’avait pas manqué de lire La réforme radicale publié l’année précédente, en 2008, dans laquelle Tariq Ramadan présente Youssef Qaradawi comme étant «au premier rang» (sic) des exégètes qui se penchent sur les attitudes et les comportements que les musulmans doivent adopter lorsqu’ils vivent en Occident.
Outre l’exécution des apostats de l’islam déjà mentionnée, Youssef Qaradawi promeut la conquête de l’Occident par les musulmans (MEMRI), il justifie les mutilations génitales féminines (IslamOnLine), il soutient qu’Hitler a été envoyé par Allah pour punir les juifs (Al-Jazeera / MEMRI), etc.
Point de Bascule a énuméré plusieurs autres positions totalitaires de Youssef Qaradawi dans un article de 2016 qui annonçait l’admission de Tariq Ramadan à l’Union mondiale des savants musulmans, un regroupement sélect d’exégètes dirigé par Youssef Qaradawi à partir du Qatar.
Tariq Ramadan lui-même ne s’est jamais privé d’énoncer des déclarations suprématistes :
En 2004, dans une interview accordée à Egypt Today, Tariq Ramadan, a enjoint les islamistes actifs au Canada d’utiliser le cadre légal canadien («un des plus ouverts dans le monde», avait-il souligné) pour faire passer discrètement les principes de charia un à un. À l’époque, Ramadan avait fortement enjoint ses partisans de ne pas mentionner ouvertement leur appui à la charia : «Le terme charia est mal vu dans l’esprit des Occidentaux», avait déclaré Ramadan. «Ce n’est pas nécessaire de mettre l’accent là-dessus. […] Pour le moment, ce n’est pas comme ça qu’on veut être perçus», avait-il ajouté.
En 2011 à Dallas, Tariq Ramadan a ouvertement incité les musulmans qui étaient venus l’écouter à coloniser les États-Unis et à y implanter les normes islamiques : «[Traduction] Ça devrait être nous, avec notre compréhension de l’islam, avec nos principes qui colonisons positivement les États-Unis d’Amérique», avait-il dit. [Vidéo 3:37 – Transcription]
En 2009, le livre de Gregory Baum consacré à Tariq Ramadan a également été critiqué par Gabriel Said Reynolds, un théologien catholique de l’Université Notre-Dame (Indiana). Point de Bascule a publié la traduction française de larges extraits de son essai. Reynolds déclara du livre de Gregory Baum qu’il «est remarquable non seulement par ses erreurs de translitération et de traduction mais également par celles qui concernent l’islam». Reynolds s’attarda notamment à démontrer que le Jésus des chrétiens est incompatible avec le Jésus (Issa) du Coran contrairement à ce que le livre de Gregory Baum laisse entendre.
S’il est un point sur lequel nous sommes redevables à Gregory Baum, c’est de nous avoir éclairés sur la pénétration exercée par Tariq Ramadan au sein d’institutions canadiennes officielles. À la note 10 de l’introduction de son livre sur Tariq Ramadan, Gregory Baum indique que, sous des prétextes de «coopération interculturelle», Ramadan a été consulté par le ministère des Affaires étrangères du Canada et le Service de police d’Ottawa.
Point de Bascule (17 novembre 2014) : Le ministère des Affaires étrangères du Canada promeut l’islamiste Tariq Ramadan comme «un visionnaire»
Point de Bascule (25 janvier 2016) : Le ministère des Affaires étrangères du Canada retire un hommage à Tariq Ramadan de son site internet après un reportage de TVA
En 2005, après les attentats terroristes perpétrés dans le transport en commun de Londres par des islamistes, l’Association des chefs de police du Royaume-Uni commandita une conférence pour mieux cerner le problème de la radicalisation des jeunes musulmans. Tariq Ramadan avait été invité à s’adresser à la conférence. À l’époque, Norman Brennan et d’autres policiers firent campagne contre cette décision d’inviter Ramadan en évoquant ses liens avec l’infrastructure islamiste. C’est dans ce contexte que David Pepper, au nom du Service de police d’Ottawa, et Shelina Merani, de l’organisation Présence Musulmane signèrent, ensemble, une lettre qu’ils envoyèrent au journal britannique The Guardian, pour tenter d’influencer le cours des choses en Grande-Bretagne et s’assurer que les chefs de police n’annulent pas leur invitation à Ramadan. Suffisamment d’information était connue sur l’islamiste Tariq Ramadan en 2005 pour condamner le Service de police d’Ottawa de l’avoir défendu auprès du Guardian.
Lectures supplémentaires
Point de Bascule : FICHE Gregory Baum
Point de Bascule : FICHE Tariq Ramadan
Le Monde (20 octobre 2017) : Tariq Ramadan accusé de viol en France / Archive.Today – Point de Bascule