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Annonce originale de la venue de Tariq Ramadan en Floride archivée sur Point de Bascule
Annonce modifiée de l’événement après le retrait de la photo de Tariq Ramadan / Archive.Today
Au début de décembre 2017, l’organisation American Islam a annoncé la participation de Tariq Ramadan à un événement organisé à l’Islamic Society of Central Florida à Orlando (Floride). Suite aux protestations, les organisateurs ont retiré le nom et la photo de Ramadan de l’annonce de l’événement.
Depuis la fin-octobre 2017, Tariq Ramadan fait face à des accusations d’agressions sexuelles en France, en Belgique et en Suisse. Les avocats de Tariq Ramadan semblent vouloir contrer au moins une des accusatrices non pas en plaidant que les relations sexuelles n’ont pas eu lieu mais bien qu’elles étaient consensuelles. Le 16 novembre 2017, les avocats de Tariq Ramadan ont transmis à la justice un échange sur Facebook initié par la plaignante Henda Ayari avec Ramadan, plus d’un an après les faits qu’elle lui reproche.
Dans le cas des accusations d’agressions sexuelles en Suisse, la notion de consentement ne s’applique pas dans plusieurs cas où les plaignantes étaient mineures. Il s’agissait d’élèves de Tariq Ramadan dans deux collèges de Suisse où il enseignait. Dans les cas suisses, les faits sont prescrits car ils auraient eu lieu dans les années 1980-90. Néanmoins, il n’est pas impossible qu’ils soient discutés devant un tribunal car un des avocats de Ramadan a promis de «débusquer les quatre accusatrices» suisses de Tariq Ramadan qu’il accuse de calomnier son client, une première étape vers ce qui pourrait devenir une poursuite en diffamation pour les faire taire.
Dans l’intervalle, à l’initiative de la députée suisse Anne Marie von Arx, «Plus de 600 personnes se sont déjà mobilisées en dix jours» en appui aux femmes suisses accusées de calomnier Tariq Ramadan. Le comité se définit comme «un rempart» face aux «manœuvres d’intimidation» judiciaire du camp Ramadan.
Point de Bascule (29 novembre 2017) : Un comité de 600 personnes appuie les femmes qui ont brisé l’omerta entourant les agressions sexuelles de Tariq Ramadan contre des élèves dans les années 1980-90 en Suisse
Point de Bascule (30 novembre 2017) : Chronologie de l’affaire Ramadan (octobre-novembre 2017)
Plusieurs ont manifesté leur opposition à l’invitation faite à Tariq Ramadan de venir en Floride.
Asma Elhuni a écrit sur Facebook : «[Traduction] Il [Tariq Ramadan] a pris un congé [de l’Université] d’Oxford et l’institution affirme que la décision s’est prise d’un commun accord. Si une université pense qu’il est préférable de le garder à l’écart pour assurer la sécurité des étudiantes, pourquoi serions-nous favorables à ce qu’il vienne dans notre communauté? […] Contactez les organisateurs et dites-leur ce que vous pensez.»
Aman Ali a écrit sur Facebook avoir contacté Bassem Chaaban, un directeur d’American Islam et de l’Islamic Society of Central Florida qui présentent l’événement de la mi-décembre, pour s’opposer à la venue de Tariq Ramadan.
Évoquant les accusations de viol contre Ramadan, l’organisateur Bassem Chaaban lui a répondu : «[Traduction] Vous est-il venu à l’idée qu’il puisse s’agir d’une tactique des groupes antimusulmans pour nuire à nos exégètes musulmans?»
Néanmoins, quelques heures plus tard, le nom et la photo de Tariq Ramadan avaient disparu de l’annonce de l’événement.
Dans une chronologie publiée par Point de Bascule, nous avons relevé plusieurs autres critiques récentes de Tariq Ramadan venant de milieux divers :
30 OCTOBRE 2017 – Bernard Godard, longtemps un spécialiste de l’islam au ministère de l’Intérieur français, a déclaré au Nouvel Observateur avoir su que Tariq Ramadan «pouvait devenir violent et agressif» envers ses fans qu’il convoitait sexuellement mais ne l’a jamais dénoncé.
1 NOVEMBRE 2017 – Un journaliste de Mediapart, Mathieu Magnaudeix, a justifié ne pas avoir abordé la «vie sexuelle disons remplie» de Tariq Ramadan dans la longue enquête d’avril 2017 qu’il lui a consacrée car «ça ne dépassait pas le cadre de la vie privée».
4 NOVEMBRE 2017 – Le Point a rencontré l’écrivain Jean-Michel Olivier. Ce dernier a collaboré avec Tariq Ramadan dans un collège de Genève alors que tous les deux y enseignaient. Cette collaboration s’est poursuivie «Jusqu’à ce qu’il se fasse virer pour les raisons que vous savez…» Le Point ajoute : «Certes, Tariq Ramadan pourra toujours démentir les propos de Jean-Michel Olivier, jurant qu’il n’a pas été licencié, mais qu’il a démissionné de l’enseignement. Mais, sur les bords du lac Léman, personne n’est dupe. En revanche, le prédicateur aura davantage de mal pour se défendre contre les accusations portées aujourd’hui contre lui dans la Tribune de Genève et 24 Heures par quatre de ses anciennes élèves, âgées de 14 à 18 ans. Même si les faits sont prescrits, les griefs sont particulièrement graves.»
7 NOVEMBRE 2017 – Après des plaintes pour viol contre Tariq Ramadan, celui-ci est mis en congé de l’Université d’Oxford où il enseigne. Le communiqué de l’Université annonce que «D’un commun accord et avec effet immédiat, Tariq Ramadan, professeur d’études islamiques contemporaines, a pris un congé de l’Université d’Oxford».
7 NOVEMBRE 2017 – Treize femmes musulmanes ont fait paraitre une lettre collective sur le site du Monde. Leur lettre complète est disponible sur la page Facebook d’une des signataires de Montréal. Elles dénoncent ce qu’elles appellent le «sexisme de Tariq Ramadan» et indiquent que les interactions de Ramadan avec des femmes «ont été marquées par des tentatives malsaines de séduction, une volonté de contrôle affectif et de manipulation psychologique».
Le 8 novembre, le quotidien français Libération a rapporté avoir appris de la rédactrice en chef de SaphirNews, Hanan Ben Rhouma, qu’elle «a[vait] beaucoup apprécié» ce texte collectif. Elle a également salué ses treize auteures pour avoir défendu leurs positions «avec justesse». Dans le passé, le site SaphirNews a toujours accordé un accueil très favorable à Tariq Ramadan.
7 NOVEMBRE 2017 – Le philosophe et sociologue Edgar Morin a écrit deux livres en collaboration avec Tariq Ramadan (2014 – 2017). Réagissant à l’accusation de viol et sévices contre son collaborateur, il a écrit «qu’il faut attendre les confrontations d’un procès pour se faire son opinion sinon de façon plus complète, du moins de façon plus correcte». Néanmoins, avant le début d’un éventuel procès, Edgar Morin a ajouté : «Mais je ne peux pas être moins ému par ce qu’ont souffert les victimes de Tariq Ramadan que par celles de Weinstein et autres victimes de viols et violences. […] Par ailleurs les accusations convergent les unes dans les brutalités et sévices dans l’acte sexuel, les autres dans la séduction de mineures, et dans tous les cas l’adultère.»
9 NOVEMBRE 2017 – Après les rapports de la presse suisse sur les avances sexuelles (réussies et non) de Tariq Ramadan auprès de certaines de ses élèves mineures en Suisse dans les années 1980-90, le directeur de la rédaction d’Oumma.com, Saïd Branine, a déclaré à Paris Match que désormais «Ça va être très difficile pour lui [Tariq Ramadan] de parler de religion».
10 NOVEMBRE 2017 – Dans une interview accordée à Marie-Cécile Royen du Vif / L’Express (Bruxelles), Michaël Privot, un ancien responsable de Présence Musulmane en Belgique qui s’est identifié comme membre des Frères Musulmans dans le passé, a déclaré qu’«Il semble relativement acquis qu’il [Tariq Ramadan] a perdu quasi toute légitimité en tant que prédicateur moral et que peu d’institutions musulmanes, fréristes [liées aux Frères Musulmans] ou non, prendront désormais le risque du ridicule en l’invitant à s’exprimer sur de tels sujets.»
17 NOVEMBRE 2017 – Réalisant qu’au moment où il était proche de Ramadan, ce dernier avait des relations sexuelles avec des élèves mineures dans un collège de Suisse, l’islamologue suisse Stéphane Lathion a écrit que «[Tariq Ramadan] a trahi sa famille, ses amis, ses disciples. […] Tous imaginaient une cohérence entre ses mots et ses actes. En réalité, il prônait des règles de vie très strictes dans les rapports hommes-femmes, mais exigeait de ses disciples une rigueur qu’il ne s’appliquait pas.»
20 NOVEMBRE 2017 – Majda Bernoussi a fréquenté Tariq Ramadan pendant presque cinq ans, de 2009 à 2014. Durant sa relation trouble avec Ramadan, elle a tenu son journal quotidien (manuscrit et non publié) qu’elle a présenté au Point.
Bernoussi y présente Ramadan comme un «tartuffe», un prédateur. Elle affirme que les victimes de Tariq Ramadan se comptent par dizaines, sinon par centaines depuis plus d’une vingtaine d’années.
Lecture complémentaire
Point de Bascule : FICHE Tariq Ramadan