Vidéo de la table ronde https://www.youtube.com/watch?v=3P3CeT1-9WA&feature=youtu.be
Haroun Bouazzi d’AMAL-Québec et des représentants du CCIF (France) et du CCIB (Belgique) ont pris la parole à une table ronde intitulée Au-delà du droit, quelles mobilisations politiques? qui clôtura la journée sur l’islamophobie organisée à Paris le 25 mai 2016.
De 2004 jusqu’en jusqu’en mai 2014 / Archive.Today, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), très proche de Tariq Ramadan et la plus ancienne et la plus influente des trois organisations, a utilisé un logo stylisé de façon telle que les deux C de son acronyme mis dos-à-dos forment un S et que le résultat se lit ‘sif’, qui signifie ‘glaive’ ou ‘épée’ en arabe, le glaive qu’on retrouve sur le drapeau saoudien, notamment, qui symbolise la justification du recours à la violence.
Poursuivi pour ‘islamophobie’ par le CCIF en 2013, le journaliste du Figaro, Ivan Rioufol, avait référé au logo du CCIF dans sa défense pour illustrer les ambitions suprématistes islamistes de cette organisation. En octobre 2015, la plainte du CCIF a été rejetée par le Tribunal correctionnel de Paris et Ivan Rioufol a eu gain de cause / Archive.Today.
MISE EN GARDE : Un des organisateurs de la table ronde et un des participants avaient des noms quasi-identiques : Marwan Mohammed, sociologue au CNRS, et Marwan Muhammad, directeur-exécutif du CCIF. Pour éviter toute confusion, les noms des deux personnes sont systématiquement suivis des descriptifs sociologue ou CCIF selon le cas dans le texte.
Table des matières
PARTIE 1 – Faits saillants des présentations de Haroun Bouazzi et d’autres représentants à Paris
PARTIE 2 – Liste de toutes les interventions dans la vidéo de la table ronde et transcription d’extraits significatifs
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PARTIE 1 – Faits saillants des présentations de Haroun Bouazzi et d’autres représentants à Paris
Le 25 mai 2016, le coprésident d’AMAL-Québec, Haroun Bouazzi, était à Paris pour participer à une journée sur l’islamophobie en compagnie de représentants des collectifs contre l’islamophobie en France (CCIF) et en Belgique (CCIB) et de personnalités des domaines universitaire et juridique. Valérie Amiraux, professeure à l’Université de Montréal et Coline Bellefleur de l’Association canadienne des avocats musulmans s’étaient également déplacées à Paris pour participer à d’autres tables rondes cette journée-là.
Le programme complet de la journée et la liste des participants sont affichés sur le site du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF).
Durant une de ses présentations, Haroun Bouazzi a décrit la situation des musulmans vivant au Québec comme étant «catastrophique». (Vidéo 0:07:25)
Comme le faisait remarquer un récent reportage de la télévision publique de Belgique (RTBF), le concept d’islamophobie est utilisé par les Frères Musulmans et les organisations qui en sont proches, comme le CCIF et le CCIB, pour empêcher toute critique de l’islam. Le sociologue Gilles Kepel avait souligné dans ce reportage que «L’islamophobie est une arme contre les non-musulmans qui critiqueraient l’islam. C’est aussi une arme contre ceux des musulmans dont ils ont le sentiment qu’ils ont une interprétation erronée de l’islam, c’est-à-dire une interprétation qui n’est pas la leur».
Après les attentats terroristes à St-Jean et à Ottawa à l’automne 2014, le gouvernement Couillard a invité Haroun Bouazzi et d’autres leaders de la communauté musulmane du Québec à des consultations qui visaient à prévenir la radicalisation au sein de la communauté musulmane. Durant son exposé à Paris, Haroun Bouazzi a fait allusion au rôle qu’il joue auprès du gouvernement québécois (Vidéo 0:19:37).
Bouazzi a déclaré que le dialogue qu’il mène avec le gouvernement Couillard, et sa ministre Kathleen Weil en particulier, ne peut porter fruit que si d’autres activistes qu’il a décrits comme «beaucoup plus rigides» (Vidéo 0:13:10) s’engagent dans une stratégie qu’il a décrite comme «révolutionnaire» et «d’extrême-gauche». Sans la nommer formellement mais par la description qu’il en faisait, Haroun Bouazzi a référé à une approche Good cop Bad cop, Bouazzi se présentant comme le Good cop dans les circonstances.
Haroun Bouazzi n’a pas précisé le genre d’actions «révolutionnaires» qu’il avait à l’esprit et qui pourraient, dans son esprit, ébranler la volonté du gouvernement Couillard et le forcer à acquiescer aux demandes des Bad cops ET des Good cops. Occuper des bureaux de ministres? Organiser des émeutes ‘spontanées’ inspirées de celles de Montréal-Nord / Archive.Today? Répéter l’épisode des carrés rouges? Incendier des centaines de voitures sur le modèle français?
Dans le scénario le moins explosif, on peut facilement imaginer qu’après que des Bad cops «beaucoup plus rigides» aient occupé illégalement (cela va s’en dire) les bureaux d’une ministre, par exemple, une délégation de Good cops «modérés» dirigée par Haroun Bouazzi irait offrir ses services au gouvernement pour convaincre les «rigides» de quitter, en échange de quoi le gouvernement cèderait et offrirait à Bouazzi ce que les «rigides» ET les «modérés» désirent.
L’approche Good cop Bad cop, utilisée avec tellement de succès par Al-Qaïda (les «rigides») et les Frères Musulmans (considérés «modérés» par tant de gouvernementaux occidentaux), a été expliquée par l’expert Raymond Ibrahim :
Raymond Ibrahim (25 octobre 2014) : La technique ‘Good Cop / Bad Cop’ utilisée par les islamistes
À cette même rencontre du 25 mai à Paris, le directeur-exécutif du Collectif contre l’islamophobie en France, Marwan Muhammad, a acquiescé avec le recours à des moyens «révolutionnaires» pour atteindre ses objectifs politiques (Vidéo 1:29:03). Il a, par ailleurs, comparé l’approche réformiste à un sport de contact, à «une partie de judo» (sic).
Le premier article de Point de Bascule annonçant la rencontre du 25 mai à Paris avait fait ressortir la proximité du CCIF de Marwan Muhammad avec Tariq Ramadan.
En 2012, deux ans avant les attentats terroristes contre Charlie Hebdo de janvier 2015, l’organisation Présence Musulmane de Tariq Ramadan avait justifié de recourir à la violence contre le magazine satirique. Quand Point de Bascule a divulgué l’affaire après l’attentat terroriste contre Charlie Hebdo en 2015, l’organisation Présence Musulmane avait réagi en retirant l’article de son site sans apporter la moindre explication.
Point de Bascule (9 janvier 2015) : En 2012, l’organisation de Tariq Ramadan, Présence Musulmane, a publié un article justifiant ceux qui auraient recours à la violence contre Charlie Hebdo
Un autre article récent de Point de Bascule a souligné la collaboration d’AMAL-Québec et de Haroun Bouazzi avec le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC, l’ancien CAIR-Canada). Le CNMC / CAIR-Canada a été établi comme une filiale du Council on American-Islamic Relations de Washington dont le juge Solis a rappelé, dans un jugement de 2009, la proximité avec le groupe terroriste Hamas (voir la page 15 du jugement).
HAJIB HAJJAJI (Vice-président / Collectif contre l’islamophobie en Belgique)
Durant sa présentation, le représentant du CCIB, Hajib Hajjaji, a présenté un tableau avec la liste des partenaires de son organisation qui inclut la FEMYSO et l’ENAR, deux organisations dont les liens avec l’infrastructure des Frères Musulmans ont été documentés par le site Global Muslim Brotherhood Daily Watch / Archive.Today. (Vidéo 0:27:00)
La FEMYSO est la section jeunesse de l’Union des organisations islamiques en Europe, l’organisation parapluie qui chapeaute les sections nationales des Frères Musulmans en Europe.
Hajib Hajjaji présentant les partenaires de CCIB lors d’une rencontre organisée à Paris le 25 mai 2016. (Vidéo 0:27:00)
Dans son exposé, le représentant du CCIB a affirmé que la critique de l’islam «n’est pas, en soi, problématique et c’est quelque chose qui doit être admis dans une société démocratique qui reconnait une certaine tension entre la liberté d’expression, la critique de l’islam… tant qu’on ne va pas jusqu’à une limite […] qui dépasse et qui arrive dans ce qu’on appelle le discours de haine.» (Vidéo 0:27:00)
Par contre, un récent reportage de la télévision publique belge (RTBF) a mis en évidence que le CCIB a publié un texte sur Facebook qui accusait des livres dénonçant le terrorisme de promouvoir l’islamophobie. (Vidéo RTBF 36:04) Si même la critique du terrorisme est inacceptable et ‘islamophobe’ aux yeux du CCIB, il ne reste évidemment plus rien, en pratique, qui ne puisse être critiqué en relation avec l’islam sans s’attirer le qualificatif de «haineux» et «d’islamophobe».
Hajib Hajjaji a accusé la classe politique belge de vouloir «disqualifier» et «diaboliser» le CCIB en rappelant ses liens avec l’infrastructure des Frères Musulmans en Europe. (Vidéo 1:22:40)
MARWAN MUHAMMAD (Directeur-exécutif / Collectif contre l’islamophobie en France)
Durant son intervention, Marwan Muhammad (CCIF) a évoqué le «saut financier» de l’organisation qu’il dirige qui lui a permis de passer de trois employés salariés à temps plein à dix ces trois dernières années.
Selon Muhammad (CCIF), «le cœur de fonctionnement opérationnel du CCIF [est] uniquement basé sur les donations des adhérents». Par contre, il reconnait que pour des projets «exceptionnels», le CCIF reçoit des fonds d’entités gouvernementales comme la Commission européenne des droits de l’homme et de diverses fondations. (Vidéo 1:49:48)
En 2013, Libération a décrit l’Open Society de George Soros comme un des «gros financeurs» / Archive.Today du CCIF.
Dans son livre L’Islam, épreuve française (cité par Ivan Rioufol du Figaro / Archive.Today), Elisabeth Schemla a reproduit une déclaration de Marwan Muhammad (CCIF) à la mosquée d’Orly à la fin d’août 2011 selon laquelle il serait illégitime pour les citoyens français de s’opposer à la transformation de la France en un pays musulman :
Marwan Muhammad (CCIF) : Qui a le droit de dire que la France dans trente ou quarante ans ne sera pas un pays musulman ? Qui a le droit ? Personne dans ce pays n’a le droit de nous enlever ça. Personne n’a le droit de nous nier cet espoir-là. De nous nier le droit d’espérer dans une société globale fidèle à l’islam. Personne n’a le droit dans ce pays de définir pour nous ce qu’est l’identité française.
Les Français n’ayant «pas le droit» de s’opposer à la transformation de leur pays en une république islamique, selon Marwan Muhammad (CCIF), voilà donc un autre motif pour lequel on pourra les accuser d’islamophobie.
Le chroniqueur du Figaro, Ivan Rioufol, a cité ce plaidoyer islamiste de Marwan Muhammad (CCIF) dans sa défense contre la poursuite en diffamation que lui avait intentée le CCIF en 2013. Ivan Rioufol a consacré au moins cinq article à la poursuite pour ‘islamophobie’ dont il a été l’objet et qu’il a battue (10 juin 2013 – 14 juillet 2013 – 30 septembre 2013 – 21 septembre 2015 – 30 octobre 2015).
PARTIE 2 – Liste de toutes les interventions dans la vidéo de la table ronde et transcription d’extraits significatifs
0:00:09 MARWAN MOHAMMED (Sociologue) – Annonce de la dernière table ronde de la journée
0:01:32 Marwan Mohammed (Sociologue) : «Est-ce que le droit est suffisant? Est-ce que les organisations qui luttent contre l’islamophobie se limitent à une action, une stratégie par le droit ? […] Quelles sont les mobilisations politiques dans les contextes québécois, belge et français? Quelle est la place du droit dans l’action de ces organisations-là?»
0:03:41 HAROUN BOUAZZI (AMAL-Québec) – Intervention
0:03:50 Haroun Bouazzi salue la coprésidente d’AMAL-Québec, Nadia, sans mentionner son nom de famille. Nadia Reguigui a été identifiée comme coprésidente d’AMAL-Québec lors de son passage à l’Assemblée nationale le 2 février 2015. Jean Dorion a présenté son profil dans son livre Inclure / Quelle laïcité pour le Québec?
0:04:15 Haroun Bouazzi déclare qu’AMAL-Québec a adopté la conception de la laïcité de Jean Beaubérot.
0:04:42 Haroun Bouazzi déclare qu’AMAL-Québec s’inspire de la définition de l’islamophobie du CCIF («l’ensemble des actes de discrimination, de rejet ou de haine contre une personne pour son appartenance réelle ou supposée à la religion musulmane»).
0:05:02 Haroun Bouazzi énumère des ‘actes islamophobes’ survenus au cours des trois dernières années au Québec.
0:07:33 Haroun Bouazzi : «L’islamophobie, en fait, les actes islamophobes sont, en fait, le résultat d’un système qui crée l’idéologie islamophobe et qui permet d’en arriver à ces actes. […] Donc, il y a un certain nombre d’acteurs dans une société qui créent cette idéologie. Il y a les médias, les journalistes, les blogueurs. Il y a des partis politiques. Il y a des éléments de langage. […] [Il y a les] institutions publiques (municipalités, éducation, etc.) […] Il y a des associations spécialisées, obsédées par l’idée de mettre à la porte des femmes portant le foulard dans leur travail, les médias sociaux et puis, nous tous, évidemment, on joue un rôle, évidemment, que ce soit par rapport à l’intérnalisation [sic], si on veut, de son statut de racisés ou alors, carrément, comme étant un oppresseur dans ce système de domination.»
00:10:30 Haroun Bouazzi évoque un discours prononcé par Marwan Muhammad (CCIF) à Montréal dans le passé.
0:12:25 Haroun Bouazzi : «Il y aurait deux stratégies qui existent. […] Il y a une stratégie que je qualifierais de révolutionnaire avec une lecture ou bien très près ou principalement d’extrême-gauche ou alors une lecture ‘décoloniale’ [sic], principalement. L’idée c’est de dire que les institutions portent en elles, ce qui est tout à fait vrai, portent en elles un côté de domination islamophobe et, que le fait de travailler avec elles, constitue [sic] à les renforcer ou à les reconnaître et que il faut les combattre de front plutôt que de rentrer dans un dialogue avec ces institutions.»
0:13:10 Haroun Bouazzi : «Ensuite, il y a un côté plus réformiste qui peut très bien être pour une réforme radicale, qui peut aussi prendre des lectures d’extrême-gauche d’ailleurs ou ‘décoloniales’ [sic] mais qui est beaucoup plus ouvert au dialogue avec les institutions qu’il faudrait réformer. Alors, nous on se place beaucoup plus dans la lecture réformiste même si on pense que les deux courants, non seulement dans n’importe quelle lutte ont toujours cohabité mais que, en plus, le courant réformiste ne peut absolument pas réussir s’il n’y a pas des courants qui sont beaucoup plus rigides dans le dialogue, tant et aussi longtemps qu’ils passent plus que 90% de leur temps à frapper sur les réformistes. C’est bien de frapper plus, peut-être, sur les institutions en tant que telles. S’ils nous écoutent.»
NOTE DE POINT DE BASCULE : La réforme radicale est d’ailleurs le titre d’un ouvrage de Tariq Ramadan dans lequel il présente le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, comme un ‘savant’ dont les textes répondent aux besoins des musulmans vivant en Occident malgré (ou à cause) que Qaradawi ait plaidé pour la conquête musulmane de l’Occident, qu’il ait écrit que «le véritable islam est essentiellement politique», qu’il ait justifié les attentats suicide et qu’il ait présenté Hitler comme un envoyé d’Allah venu punir les juifs.
0:14:00 Haroun Bouazzi : «Les principes d’engagement de l’association. Là, je veux vraiment parler de ce qu’on fait nous. Il y en a plusieurs. D’abord, on est un groupe de Québécoises et de Québécois qui s’intéressent aux problèmes du Québec. Donc, on n’intervient pas sur ce qui se passe à l’étranger et on internalise à 100% notre identité québécoise qu’on considère étant le garant, justement, du respect de nos droits citoyens.»
0:14:30 Haroun Bouazzi : «Alors, on est une voix citoyenne et non-religieuse. Ça, ça veut dire qu’on ne défendra jamais une religion ou une compréhension ou un courant de l’islam. On ne condamnera non plus, on ne condamnera pas, si vous voulez, une lecture… On ne dira pas : ça c’est un bon islam ou un mauvais islam. On dit pas du tout que l’islam est une religion de paix ou de guerre. Ça nous regarde pas. Par contre, on définit, pour nous, qu’est-ce que c’est qu’une bonne citoyenneté, une citoyenneté dans un cadre démocratique et, donc, on se gêne pas de dire que, par exemple, tel imam a dit quelque chose qui est clairement sexiste ou homophobe, etc., mais on le juge, évidemment sur une lecture citoyenne, en fonction de nos chartes des droits et libertés. On considère que ce qu’il a dit est inacceptable. Évidemment, on fait beaucoup, beaucoup ça, évidemment, principalement avec les gens qui ont le pouvoir : les politiciens, des syndicalistes à la dérive ou des choses comme ça.»
0:15:30 Haroun Bouazzi : «On pense aussi qu’il faut être sans concessions sur les questions d’inégalité, de justice et, je dirais, sur les principes démocratiques en général. Et ça, ça veut dire que, pour prendre un exemple dont on a parlé 32 000 fois ce matin, on considère que mettre à la porte une femme de son travail ou empêcher une femme d’avoir accès à l’école républicaine sous prétexte qu’elle a un foulard sur la tête est tout à fait immoral d’un point de vue démocratique, tout à fait contraire à tous les principes de droits de la personne et on n’est pas prêt à négocier du tout. Il n’y a pas un espace dans lequel on est prêt à négocier par rapport à ce droit-là, quel que soit le dialogue qu’on va avoir et qu’on a actuellement avec différentes institutions et partis politiques.»
0:16:13 Haroun Bouazzi : «On essaie aussi et on espère qu’on est cohérent, c’est-à-dire qu’on considère que l’islamophobie est une forme de racisme, est une forme de domination sociale et qu’on va combattre toutes les formes de domination donc, on sera là pour soutenir les minorités LGBT dans leur droit à se faire respecter dans leurs droits alors pour que ce soit pour des questions de mariage ou autres. Évidemment, les questions féministes nous sont très chères, les questions de négrophobie, les droits des autochtones, etc., etc. Donc, dans tous ces cas-là, dans un souci de cohérence, on va prendre la parole.»
0:17:08 Haroun Bouazzi : «J’ai pris quatre études de cas de ce qui s’est passé dernièrement au Québec. Donc, je vais les passer très vite. D’abord, en avril 2014, on a eu une élection qui était en gros, en tout cas le Parti québécois était au pouvoir et il avait présenté une charte dont l’objectif [était] d’empêcher les femmes portant le foulard… (En gros, pour simplifier. Les hommes portant le [sic] kippa C’était peut-être un dommage collatéral dans la situation.) … De pouvoir travailler dans la fonction publique qui correspond à 600 000 postes à peu près, 20% du marché du travail. Et donc, ils avaient espéré une sorte de référendum sur le droit de passer cette loi ou pas. L’enjeu était, bien sûr, d’empêcher l’institutionnalisation de l’islamophobie dans nos lois.»
0:17:54 Haroun Bouazzi : «Alors le contexte… Je vais parler du contexte des communautés musulmanes particulièrement. Le droit, évidemment, est personnel mais il a cette caractéristique qu’il ne peut être obtenu que dans le cadre d’un combat de groupe. Alors, d’un côté, les communautés… bon, les femmes se sont battues pour leurs droits… Ça [n’a] pas été imposé par le haut, comme ça…comme un cadeau. Les droits des gays, aussi, des gays et lesbiennes, etc. Donc, le côté organisation communautaire, communautaire le mot est dit, est très, très important à nos yeux et, les minorités musulmanes ont une caractéristique, quand même, c’est qu’ils [sic] sont beaucoup francophones et, donc, ils [sic] sont beaucoup dans les circonscriptions qui comptent. Et puis on en [sic] reviendra peut-être plus tard pour voir comment est-ce que ça aurait pu faire la différence aux dernières élections. Ils ont aussi la particularité de [ne] pas être communautaristes et, donc, ils ne sont pas concentrés dans un même lieu. Et ça aide beaucoup, jouer positivement le fait qu’ils soient éparpillés et non pas qu’ils se tiennent ensemble dans des quartiers contrairement à d’autres communautés, comme les Italiens, les Grecs, etc., qui ont leurs propres quartiers, qui sont très concentrés dans certains endroits.»
0:19:00 Haroun Bouazzi : «Donc, le résultat de l’élection, ça a été la victoire du Parti libéral du Québec. Évidemment, il y a eu un facteur chance assez exceptionnel. Il y a eu d’autres facteurs que la mobilisation, évidemment, contre la Charte qui ont fait que le PLQ a gagné.»
0:19:15 Haroun Bouazzi : «Alors, janvier 2015, il y a eu, il y a eu donc un attentat, en tout cas un incident grave à St-Jean-sur-Richelieu où il y a eu un militaire qui s’est fait tuer par quelqu’un qui a crié ‘Allah Akbar’ juste avant et à Ottawa, aussi, on a quelqu’un qui est entré au Parlement et qui a tué, donc, un garde avec une arme malheureusement.»
NOTE DE POINT DE BASCULE : En réalité, l’attaque terroriste de St-Jean-sur-Richelieu menée par l’islamiste Martin Couture-Rouleau qui a causé la mort de l’adjudant Patrice Vincent a eu lieu le 20 octobre 2014 et non en janvier 2015.
0:19:37 Haroun Bouazzi : «Et le premier ministre, et donc le premier ministre du Québec a invité une dizaine de personnes des communautés musulmanes, dont je faisais partie, pour mettre en place une politique de lutte contre la radicalisation et l’islamophobie. L’idée du premier ministre c’était de dire il y a deux extrêmes, en gros, dans notre société : d’un côté, il y a des islamophobes qui voient des attentats, qui voient des jeunes partir en Syrie, etc., et donc qui se radicalisent dans leur islamophobie, si on veut, et, de l’autre côté, il y a des jeunes musulmans qui voit une société où il y a des islamophobes et donc, il y a cette idée de se retirer, si on veut, du dialogue social et d’aller en Syrie.»
0:20:26 Haroun Bouazzi : «Le raisonnement est plus ou moins bancal [Larousse / bancal : sans base solide]. Donc, c’est vrai que ces deux extrêmes s’alimentent… Nous, on pense que ni l’un, ni l’autre n’a besoin de l’autre pour exister mais que, effectivement, les phénomènes s’alimentent. On a sauté à pieds joints dans cette négociation, si on veut, pour mettre en place des politiques de lutte contre la radicalisation et l’islamophobie, ce qui a donné un document […] qui est sorti et là, un des acquis, peut-être, c’est justement la reconnaissance de l’islamophobie comme un phénomène à combattre.»
0:21:16 Haroun Bouazzi : «Il y a un certain nombre de mesures qui ont été proposées qui pourraient être possibles. Un certain nombre sont juridiques parce qu’au Québec, en fin de compte, les discours haineux sont à peu près impossibles à attaquer en justice pour plein de raisons dont Coline a parlé.»
NOTE DE POINT DE BASCULE : Il s’agit de Coline Bellefleur de l’Association canadienne des avocats musulmans qui participait également à cette journée à Paris.
0:21:33 Haroun Bouazzi : «La réalité c’est que cette mesure, par exemple, devait arriver au printemps 2015. Elle est pas encore là. Aussi, on a à documenter, analyser les actes haineux et xénophobes, quelque chose de positif à nos yeux, [à] l’hiver 2016. On considère peut-être qu’on est encore en hiver. Mais, en tout cas, c’est pas encore là. Et puis, je vais les passer comme ça, vite, vite. Ça c’est une catastrophique, par exemple qui consiste à dire qu’on va avoir des patrouilles dans les rues de flics qui vont détecter les radicaux dans la rue. Alors, la bonne nouvelle. Je pense que c’est pas encore là non plus.»
0:22:12 Haroun Bouazzi : «Il y a un certain nombre de politiques : former les enseignants à pouvoir parler des situations plutôt que demander au Mohamed de la classe d’expliquer l’État islamique ou des choses comme ça. Je pense que c’est des cas qui ont déjà existé en France. On a eu les mêmes cas. Alors, ils ont commencé à penser à quelle formation donner. Peut-être, Valérie, tu es plus au courant que moi. Mais, en tout cas, c’est pas encore là.»
NOTE DE POINT DE BASCULE : Il s’agit de Valérie Amiraux de l’Université de Montréal qui participait également à cette journée à Paris.
0:22:35 Haroun Bouazzi : «Donner des idées positives ou des images positives aux jeunes musulmans et puis à la société en général qui participeraient à dé-essentialiser le musulman. Mettons un ingénieur, un artiste, bref quelque chose… Alors, je crois que c’était censé être en automne 2015. C’est pas encore là. Par contre, ça s’en vient. C’est une des rares… Bref, je les passe toutes mais, en gros, elles sont pas encore là.»
0:23:14 Haroun Bouazzi : «La motion sur l’islamophobie, Valérie [Amiraux] en a parlé. Donc, l’idée c’était la reconnaissance de tous les partis de l’existence de l’islamophobie comme problème de société. Le contexte est assez intéressant : c’est que un petit parti, et là, c’est vraiment important donc, je pense, a été sensibilisé, disons les choses comme ça, par rapport à la détresse des minorités musulmanes au Québec et donc, ce parti-là qui est juste trois députés, donc c’est vraiment la gauche au Québec, trois députés sur 125, a déposé une motion qui a mis à peu près tout le monde dans un embarras total parce que, pour les autres partis, [il] fallait ou bien d’un côté voter contre la motion, expliquer pourquoi ils sont islamophobes ou, alors, voter pour la motion et, pour un certain nombre d’entre eux, expliquer à leur base qu’ils sont quand même racistes. Et, ça faisait une situation à peu près impossible… Donc, ils ont choisi de condamner l’islamophobie et, à ma connaissance, on est le seul Parlement occidental, en tout cas dans le G7, qui condamne à l’unanimité l’islamophobie. Et ça c’est un symbole. On s’entend qu’il y a aucune politique publique, étant donné qu’on les attend encore, qui ont été mises en place.»
0:24:30 Haroun Bouazzi : «Le dernier point qui est le plus récent c’est mai 2016, donc, la commission de lutte contre le racisme systémique. Et donc, l’idée c’est de créer une certaine convergence des luttes des personnes racisées. Alors, c’est important, évidemment, de comprendre que chaque lutte a sa propre spécificité. La réalité des minorités musulmanes qui vit [sic] depuis le 11 septembre une réalité beaucoup plus complexe qu’avant. Expliquer ça à des Noirs au Québec qui disent : ‘Ben moi, ça fait 400 ans que je vis dans des situations difficiles’. Évidemment, parlons pas des autochtones. Je pense que chaque groupe a le droit à sa spécificité, a le droit aussi à ses porte-parole. Par contre… Faut pas invisibiliser, si on veut, les luttes des autres. Par contre, c’est très important qu’en tant que minorité, on comprenne que personne ne va réussir tout seul et que tous ces phénomènes-là sont basés sur les mêmes mécanismes : l’essentialisation, créer une culture inférieure pour pouvoir ensuite la discriminer où on voit un danger social. Donc, on veut aussi obtenir… (et ça, ça marche plutôt bien… En tout cas, ça commence parce que, vraiment, ça date d’il y a moins d’un mois maintenant) …la reconnaissance du racisme comme étant systémique par définition. Il y a énormément d’intellectuels qui ont signé la première lettre ouverte adressée au premier ministre… Beaucoup de Noirs, de musulmans, d’autochtones, etc. qui ont soutenu cette initiative. Évidemment, leur conclusion ce serait d’obtenir des politiques publiques de lutte contre le racisme systémique, ce qui inclut, bien sûr, l’islamophobie.»
0:26:29 HAJIB HAJJAJI (CCIB) – Intervention
0:46:42 MARWAN MUHAMMAD (CCIF) – Intervention
0:47:18 Marwan Muhammad (CCIF) : «La naissance du CCIF en 2003 est un acte politique.»
0:49:29 Marwan Muhammad (CCIF) : «Quand on parle de 1 ou 2 ou 3 cas, ça c’est des histoires. Quand on en a 300, ça c’est un phénomène.»
Entre 0:49:43 et 0:51:13, Marwan Muhammad (CCIF) rejette les objections de ceux qui critiquent le bien-fondé du terme ‘islamophobie’ comme tel.
1:01:03 Marwan Muhammad (CCIF) : «Au niveau européen, l’Agence des droits fondamentaux nous dit que uniquement 18% des victimes déclarent les actes, les victimes de racisme, des actes racistes de manière générale.»
1:01:55 Marwan Muhammad (CCIF) : «Ce qu’on essaie de faire, c’est nous aussi de développer une approche systémique du phénomène [d’islamophobie]. La première fois qu’on a un cas c’est un cas spécifique. […] La dixième fois qu’on le reçoit c’est un cas générique. Entre temps, on est censé avoir mis en place une procédure pour gérer ça de la manière la plus efficace qui soit. […] Mais quand on a quarante cas de ce type-là, on ne vit pas avec un cas générique. Ça doit déclencher immédiatement une campagne de prévention, une campagne politique où on met en évidence la responsabilité du ministre de tutelle.»
1:05:50 MARYAM KOLLY (Université Saint-Louis, Bruxelles) – Intervention
1:16:05 HAROUN BOUAZZI (AMAL-Québec) – Intervention
1:19:40 Haroun Bouazzi : «C’est à travers l’identité québécoise qu’ils [les jeunes musulmans] ont le droit de pouvoir demander une pièce [salle] de prière à l’école. C’est-à-dire que c’est pas un droit religieux, c’est un droit citoyen et c’est parce qu’ils sont Québécois qu’ils y ont droit.»
1:21:24 HAJIB HAJJAJI (CCIB) – Intervention
1:26:52 MARWAN MUHAMMAD (CCIF) – Intervention
1:29:03 Marwan Muhammad (CCIF) : «Sur est-ce qu’il faut une approche réformiste ou révolutionnaire, les deux en [?] général.»
1:29:39 Marwan Muhammad (CCIF) : «De la même manière, il faut une approche réformiste, un approche au contact, une approche qui se saisit des outils et des mécanismes qui sont à notre disposition parce que c’est une partie de judo. Ça se passe au contact. D’ailleurs de manière générale, les idées et les concepts, c’est au contact que ça se règle. D’accord? Donc, il y a la nécessité de déployer les deux approches [réformiste et révolutionnaire].»
1:30:55 Marwan Muhammad (CCIF) : «C’est quand même paradoxal que les musulmans soient à la fois les victimes et les menaces. C’est quand même paradoxal que ces femmes musulmanes qui sont la majorité des cas discriminés ou agressés dans le cadre de l’islamophobie… on tienne à leur propos à la fois le discours des victimes (‘Elles sont pas capables de choisir pour elles-mêmes’, ‘Elles sont manipulées et forcées par leur entourage’) et à la fois le discours qu’on tiendrait à propos des sorcières (‘Elle sait ce qu’elle fait’, ‘Elle se sert du foulard comme d’un outil de conquête’, ‘Elle est malveillante, elle va islamiser l’école’). Donc, il y a cette ambivalence-là, y compris dans les discours.»
1:33:48 MARWAN MOHAMMED (Sociologue) – Présentation de la prochaine intervenante
1:34:29 NACIRA GUÉNIF-SOUILAMAS (Université Paris-VIII) – Intervention
1:38:38 MAXIMILIEN SANCHEZ (Conseiller municipal à Gentilly) – Intervention
1:40:19 MARWAN MOHAMMED (Sociologue) – Intervention
1:42:12 HAROUN BOUAZZI (AMAL-Québec) – Réponse à une question de la salle
1:42:17 Haroun Bouazzi : «Sur l’argent, nous on en a pas. C’est facile [à répondre]. Ça règle ce problème-là et, on fait pas, du coup, d’accompagnement. On arrive à trouver des bénévoles en tant qu’avocats des fois mais on est très, très mal organisé sur l’accompagnement des victimes.»
1:43:40 Haroun Bouazzi : «La deuxième chose c’est que… on se fait pas voler, en tout cas, on essaie de pas se faire voler la parole militante. On a vu ce qui s’est passé avec SOS Racisme qui est un hold up absolument dégueulasse. Je voudrais pas dire, utiliser le mot ‘collabo’ même s’il me vient très fort à la tête étant donné qu’ils arrivent même pas à reconnaître l’islamophobie, etc. Une honte, une honte. Nous, on a vu des groupes comme ça tout de suite ressortir et on a fait très attention grâce à l’historique de la France, à comprendre où est-ce qu’il fallait se méfier et où est-ce qu’on s’attendait plutôt à avoir un certain support des différentes paroles des minorités en question plutôt que d’avoir un Blanc qui prend toute la place et qui, lui-même ne veut pas trop parler aux personnes racisées. Donc, c’est important d’expliquer à tout le monde quel rôle devait avoir… et sans l’exemple de la France, on n’aurait jamais pu même imaginer que ça aurait pu donner une institution du Parti socialiste [français]…»
1:47:34 HAJIB HAJJAJI (CCIB) – Réponse à une question de la salle
1:49:48 MARWAN MUHAMMAD (CCIF) – Réponse à une question de la salle
1:49:48 Marwan Muhammad : «Sur les moyens, on a aujourd’hui dix salariés au CCIF, des locaux, énormément de frais de justice et tout ça c’est financé uniquement par les dons des adhérents. Le CCIF a 4 000 adhérents maintenant, toujours en progression et ces gens-là, ils font des dons mensuels, annuels qui financent le CCIF. On tient énormément à cette autonomie financière. On reçoit pas un centime du gouvernement et, par contre, sur une base de projets (campagnes de communication ou fonds juridique exceptionnel ou événement exceptionnel), là, par contre, on va lancer un appel de dons, soit à la Commission européenne [des droits de l’homme], soit à des fondations philanthropiques pour tel et tel… mais on tient à ce que le cœur de fonctionnement opérationnel du CCIF soit uniquement basé sur les donations des adhérents. C’était pas gagné… Il y a un saut financier du CCIF dans les trois dernières années qui se retrouve directement dans la capacité opérationnelle de trois personnes à plein temps à dix personnes à plein temps.»
1:55:26 MARWAN MOHAMMED (Sociologue) – Présentation de la prochaine intervenante
1:56:40 JOCELYNE DAKHLIA (Directrice d’études à l’EHESS) – Conclusion générale
2:18:32 MARWAN MOHAMMED (Sociologue) – Mot de la fin
2:19:08 MARWAN MUHAMMAD (CCIF) – Annonce d’un événement organisé par le CCIF
Références supplémentaires
Point de Bascule : FICHE Haroun Bouazzi
Point de Bascule : FICHE AMAL-Québec
Point de Bascule (24 mai 2016) : AMAL-Québec, choisie par le gouvernement Couillard pour représenter la communauté musulmane en 2014, vient d’être honorée par le lobby islamiste CNMC / CAIR-Canada
Point de Bascule (18 juillet 2013) : Conseil national des musulmans canadiens : Le nouveau nom choisi par CAIR-Canada lui permet de masquer ses liens avec le CAIR de Washington lié au Hamas [Article en anglais]
Point de Bascule : FICHE Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF)