Le 8 avril 2014, au lendemain de la dernière élection qui a mené le Parti libéral au pouvoir et Philippe Couillard au poste de premier ministre du Québec, le Conseil national des musulmans canadiens (anciennement CAIR-Canada) a émis un communiqué de presse pour «demande[r] au nouveau gouvernement du Québec de rétablir des ponts».
Le document ajoute qu’«à la suite de la récente campagne électorale conflictuelle et forte en discours au Québec, […] Il appartient maintenant au gouvernement de rétablir un environnent d’équité et de justice et de réparer les dommages causés afin de permettre aux Québécois de toutes les origines de bénéficier de la protection qui leur est garantie en vertu de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne».
Le communiqué complet est archivé sur Web Archive et Point de Bascule.
À la suite de l’élection de septembre 2012 qui avait mené le Parti Québécois au pouvoir, CAIR-Canada avait également publié un communiqué de presse. À l’époque, le lobby islamiste avait demandé au nouveau gouvernement de fonder ses politiques sur les conclusions de la Commission Bouchard-Taylor.
Plusieurs conclusions de Bouchard-Taylor étaient particulièrement favorables aux objectifs poursuivis par CAIR-Canada et le réseau des Frères Musulmans dont il est issu. Dans son rapport final (p. 236), la Commission a recommandé au gouvernement du Québec de subventionner CAIR-Canada et une vingtaine d’autres organisations islamistes, dont certaines, comme la Muslim Association of Canada, avaient ouvertement appuyé le Hamas avant que le rapport de la Commission Bouchard-Taylor ne soit publié. Les 23 organismes auxquels réfère la note 91 de la page 236 signèrent la déclaration commune de 2007 à laquelle réfère le rapport.
Dans son communiqué du 8 avril 2014, le CNMC / CAIR-Canada se définit comme une «importante organisation musulmane apolitique des libertés civiles et d’action sociale».
Plusieurs leaders actuels et passés du CNMC / CAIR-Canada ont pris position en faveur de la charia et ouvertement appuyé le programme éminemment politique des Frères Musulmans dans le passé. Présenter le CNMC / CAIR-Canada comme une organisation «apolitique» relève donc de la dissimulation tant prisée par les islamistes.
En 2004-2005, CAIR-Canada compta parmi les principales organisations qui défendirent l’instauration de tribunaux islamiques pour trancher les différends d’ordre familial en Ontario. L’adoption d’une telle mesure éminemment politique aurait consacré une inégalité entre les hommes et les femmes. Une motion adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale du Québec le 26 mai 2005 avait contribué à faire échouer le projet.
Le jour où la motion anti-charia fut adoptée par l’Assemblée nationale, l’actuel premier ministre du Québec, Philippe Couillard, était ministre de la Santé dans le cabinet Charest. Le Journal des Débats confirme que M. Couillard était présent à l’Assemblée nationale ce jour-là.
En 2004, au moment où la création de tribunaux islamiques était envisagée en Ontario, les Frères Musulmans tentaient également d’en implanter au Québec. Le Devoir du 11 décembre 2004 rapporte une rencontre entre Salam Elmenyawi, un leader des Frères Musulmans dans la région de Montréal, et le ministre québécois de la Justice de l’époque, Jacques Dupuis qui porta sur la création d’un Conseil de la charia. Selon l’article, Elmenyawi a indiqué que, dans le futur, son Conseil de la charia pourrait avoir recours aux avis du guide spirituel des Frères Musulmans Youssef Qaradawi (identifié comme Al Kardaoui dans l’article).
Qaradawi promeut la conquête de l’Occident par les musulmans, il endosse le meurtre des musulmans qui quittent l’islam, il justifie les mutilations génitales féminines, il soutient que Hitler a été envoyé par Allah pour punir les juifs, il déclare légitime de recourir à la force «à toutes les fois que c’est possible» pour faire appliquer les principes de l’islam («changing wrong by force whenever possible» – Priorities of the Islamic Movement, chapitre 4), etc.
Les islamistes derrière les projets de tribunaux islamiques nient constamment que la charia soit inégalitaire envers les femmes malgré les dispositions qu’on retrouve dans des manuels de charia comme l’Umdat al-Salik qu’ils endossent. Des règles de charia très précises consacrent l’inégalité entre les hommes et les femmes en ce qui a trait à l’héritage, à la valeur de leur témoignage respectif en cour, etc.
En 2007, Mohammad Fadel, qui enseigne le droit à l’Université de Toronto, auquel le CNMC / CAIR-Canada s’est associé dans le passé, a donné en exemple l’inégalité imposée par la charia entre les hommes et les femmes. L’extrait se rapporte au cas où le mari a recours à la force pour discipliner son épouse.
(Traduction de Point de Bascule) Note 26 : «Quand les époux sont en désaccord pour déterminer si le mari a exercé une discipline justifiée ou s’il a commis un abus, on présume que l’épouse dit la vérité à moins que le mari soit bien connu pour sa piété.»
(Version originale anglaise) : Footnote 26: “Where the spouses disagree whether the husband exercised lawful discipline or committed abuse, the wife is presumed to be truthful unless the husband is well-known for piety.”
En plus de légitimer le recours à la force contre les épouses et de consacrer l’inégalité entre les hommes et les femmes, ce principe ouvre la porte à la corruption des juges. Puisqu’une façon pour le musulman de démontrer sa piété consiste à verser de l’argent à des organisations islamiques, il est facile d’imaginer qu’un mari puisse tenter de «démontrer sa piété» en versant des fonds à une organisation dirigée par le juge musulman qui présidera sa cause pour obtenir une décision qui le favorise.
Des dirigeants du CNMC / CAIR-Canada endossent le fondateur des Frères Musulmans
Une autre position politique adoptée par des dirigeants du CNMC / CAIR-Canada est l’endossement du fondateur des Frères Musulmans, Hassan al-Banna. Point de Bascule a récemment consacré un article à ce sujet.
En 1999, Khadija Haffajee, une directrice actuelle du CNMC / CAIR-Canada faisait partie du bureau éditorial d’Islamic Horizons, un périodique publié par l’Islamic Society of North America (ISNA), une autre entité appartenant au réseau des Frères Musulmans. Le numéro publié en mars-avril cette année-là célébrait le fondateur des Frères Musulmans comme «un véritable guide».
Dans son manifeste en 50 points, le fondateur des Frères Musulmans, Hassan al-Banna, promeut l’abolition des partis politiques et l’instauration d’un système de parti unique, la modification des lois pour les rendre conformes à la charia, la multiplication d’associations vouées à la promotion de l’esprit du jihad dans la jeunesse, l’interdiction de la danse, la censure des films et des pièces de théâtre et un code vestimentaire unique pour la population surveillé par une police religieuse, etc..
Ibrahim Abu-Rabi, un sympathisant des Frères Musulmans qui dirigea la chaire d’études islamiques à l’Université de l’Alberta jusqu’à sa mort en 2011, a résumé la pensée d’al-Banna sur le rôle de la mosquée en déclarant qu’il avait cherché à en faire un «centre de la révolution islamique» (p. 77).
Dans son essai Jihad, al-Banna explique que «c’est une obligation pour nous [musulmans] de se battre contre eux [les infidèles] après les avoir invité [à adhérer à l’islam], et ce, même s’ils ne se battent pas contre nous». (Five Tracts, Traduction de Charles Wendell, Berkeley, University of California Press, 1978, p. 147)
Dans son essai To what Do We Invite Humanity?(À quoi convions-nous l’humanité?), Hassan al-Banna présente Adolf Hitler comme un modèle aux musulmans en quête de «succès et de fortune».
Dans une décision américaine de 2009 (p. 14-15), le juge Solis a rappelé les liens qui unissent le Hamas et l’Islamic Society of North America qui a rendu hommage à al-Banna et qui a été dirigée par la directrice du CNMC Khadija Haffajee. («The Government has produced ample evidence to establish the associations of CAIR, ISNA and NAIT with HLF, the Islamic Association of Palestine (“IAP”), and with Hamas.»)
Wael Haddara a également fait partie du conseil de direction de CAIR-Canada durant une dizaine d’années, jusqu’en avril 2012. Pendant qu’il dirigeait CAIR-Canada, Haddara a également fait partie du conseil de direction de la Muslim Association of Canada (MAC). Moins de trois semaines après avoir démissionné de son poste de président de la MAC pour des «raisons personnelles» en décembre 2012, le nom de Haddara est apparu sur un document officiel des Nations Unies qui l’identifia comme un membre de la délégation égyptienne à l’ONU. Il était devenu un proche conseiller du président égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères Musulmans et qui sera chassé du pouvoir en juillet 2013.
La MAC, dont Haddara fut un directeur, puis le président, a ainsi défini sa relation avec les Frères Musulmans sur son propre site internet :
(Traduction de Point de Bascule) : «Les origines récentes de la MAC remontent à la renaissance islamique du début du XXe siècle, culminant avec le mouvement des Frères Musulmans. (…) La MAC adopte et fait tous les efforts pour appliquer l’islam (…) tel qu’il a été compris dans le contexte contemporain par le regretté imam Hassan al-Banna [1906 – 1949], le fondateur des Frères Musulmans. La MAC considère cette idéologie comme la meilleure représentation de l’islam tel qu’il fut présenté par le Prophète Muhammad.»
Jamal Badawi est un autre dirigeant de CAIR-Canada qui endossa le fondateur des Frères Musulmans. En 2004, il a déclaré d’al-Banna qu’il «a représenté la pensée et l’idéologie islamiques du XXe siècle» («he has epitomized twentieth century Islamic thought and ideology»).
Au début des années 2000, Jamal Badawi a accordé une interview particulièrement lourde de conséquences (Muslim participation in North American politics) quand il a incité les juges musulmans, les policiers musulmans et les autres musulmans qui sont fonctionnaires au Canada à ne pas appliquer les dispositions des lois qui sont contraires à la charia dans l’exercice de leurs fonctions.
Point de Bascule (17 février 2014): Jamal Badawi – Le principal dirigeant musulman sunnite au Canada incite juges et fonctionnaires musulmans à ne pas appliquer les dispositions des lois actuelles contraires à la charia
En 2004, appelé à présenter les principaux leaders de CAIR-Canada alors qu’il témoignait devant un comité du Sénat Canadien, Riad Saloojee, le directeur-exécutif de CAIR-Canada à l’époque, a décrit Jamal Badawi comme «l’un des meilleurs sinon le grand spécialiste de l’Islam en Amérique du Nord». C’est dire toute l’attention que mérite l’appel à la sédition lancé par Badawi aux musulmans qui travaille dans la fonction publique au Québec, ailleurs au Canada et dans le reste de l’Amérique du Nord.
Récemment, un porte-parole du bureau du premier ministre Harper a rejeté les critiques formulées par le CNMC / CAIR-Canada au sujet de la composition d’une délégation qui accompagna le premier ministre au Moyen-Orient en déclarant qu’il n’avait pas de leçons à recevoir d’une organisation bien connue pour ses «liens documentés avec une organisation terroriste comme le Hamas». Peu après, le CNMC a fait parvenir au bureau du premier ministre une mise en demeure («notice of libel»). C’est la première étape d’une poursuite en diffamation.
Suite à cette déclaration, Point de Bascule a produit quelques articles pour faire ressortir au moins trois liens unissant le CNMC / CAIR-Canada au Hamas.
- Un premier lien entre le CNMC / CAIR-Canada et le Hamas découle de l’endossement donné au Hamas en 2004 par Jamal Badawi et Wael Haddara au moment où ils dirigeaient simultanément la MAC et CAIR-Canada;
- Un second lien a été révélé par l’analyste Jonathan Halevi. En 2000, CAIR-Canada a incité ses partisans à contribuer au Jerusalem Fund (devenu plus tard IRFAN-Canada), le collecteur de fonds du Hamas au Canada. En 2011, l’Agence du revenu du Canada a révoqué le statut charitable d’IRFAN-Canada pour avoir transféré près de 15 millions $ en quelques années seulement à l’organisation terroriste Hamas;
- Un troisième lien découle du fait que le Council on American Islamic Relations (CAIR) basé à Washington est l’organisation-mère de CAIR-Canada (devenu le CNMC). Dans un affidavit assermenté en 2003, Sheema Khan, la présidente de CAIR-Canada à l’époque, a juré que le CAIR de Washington «a un contrôle direct» (“has direct control”) sur les activités de CAIR-Canada. Or, le CAIR basé à Washington a été mis sur pied par trois dirigeants de l’Islamic Association of Palestine, une organisation dont les tribunaux ont reconnu en 2002 qu’elle était liée au Hamas. («There is evidence that at least one of these organizations, Islamic Association for Palestine (“IAP”), has acted in support of Hamas.»)
Au surplus, dans une autre cause américaine (2009), le juge Solis a reconnu l’existence des liens entre le CAIR basé à Washington et le Hamas. («The Government has produced ample evidence to establish the associations of CAIR, ISNA and NAIT with HLF, the Islamic Association of Palestine (“IAP”), and with Hamas.»)
Dans le passé, les leaders du Hamas ont fréquemment indiqué que leurs ambitions dépassent largement le Moyen-Orient. À plusieurs reprises, ils ont prôné la conquête islamique de l’Occident (2008 – 2011 – 2012). Le 16 juillet 2013, le Hamas a même menacé de lancer des attaques terroristes dans les pays où se trouvent les ambassades d’Israël. Le Canada fait évidemment partie des cibles potentielles.
Références supplémentaires
Point de Bascule : Fiche CAIR-Canada / Conseil national des musulmans canadiens
Point de Bascule (18 juillet 2013) : Conseil national des musulmans canadiens : Le nouveau nom choisi par CAIR-CAN aide à masquer ses liens avec le CAIR qui est basé à Washington et lié au Hamas (National Council of Canadian Muslims: The new name chosen by CAIR-CAN helps cover its links with Washington-based / Hamas-linked CAIR)
Point de Bascule (17 janvier 2014) : Le directeur des communications du PM Harper condamne un des principaux lobbies musulmans au Canada pour ses «liens documentés avec une organisation terroriste comme le Hamas»
Point de Bascule (4 mars 2014) : Mohammed Azhar Ali Khan – La Saudi Gazette publie les réserves d’un allié du CNMC sur l’opportunité de poursuivre le bureau du premier ministre Harper pour diffamation pour avoir évoqué ses liens avec le Hamas (Mohammed Azhar Ali Khan – Saudi Gazette publishes reservations of a National Council of Canadian Muslims’ ally about suing PM Harper’s office for defamation over links with Hamas)
Cet article examine trois liens qui unissent le CNMC / CAIR-Canada au Hamas.