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La jeune femme islamiste arrêtée par la police était l’amie de la fille d’une policière. Elle aurait été hébergée à leur domicile en 2016. L’enquête en cours cherche à déterminer si l’islamiste a eu accès à la liste de noms à l’insu de la policière ou avec sa complicité. En juin 2016, deux policiers français, Jean-Baptiste Salvaing et sa conjointe Jessica Schneider, ont été assassinés dans leur propre maison par un islamiste.
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Auteurs : Marc Leplongeon et Stéphane Sellami et Aziz Zemouri
Référence : Le Point, 10 avril 2018
Titre original : EXCLUSIF. L’identité de 2 626 policiers de la DCRI aux mains d’une radicalisée / WebArchive – Archive.Today
Des fichiers sensibles ont été trouvés sur la clé USB d’une jeune femme, actuellement entendue dans l’enquête sur l’attentat djihadiste de Magnanville.
L’information est connue des autorités depuis un an mais était traitée avec la plus stricte confidentialité. En avril 2017, une jeune femme, Mina B., fichée S, est entendue dans le cadre d’une enquête judiciaire portant sur ses liens avec la mouvance radicale. Lors de son audition, Mina s’épanche. La police va alors découvrir des informations si sensibles qu’elles feront l’objet d’une seconde enquête préliminaire…
Interrogée par les policiers, la jeune femme, placée depuis en détention provisoire, reconnaît en effet avoir aidé financièrement et hébergé en septembre 2016 Sana O., une connaissance. Cette dernière, très radicalisée, est privée de son passeport après avoir tenté à deux reprises de rejoindre la Syrie. Selon nos informations, Mina B. aurait participé aux projets de son amie en l’accompagnant au moins une fois à la gare.
Des contacts avec des djihadistes
Les policiers vont perquisitionner son domicile et y découvrir un téléphone portable, dont Mina B. se servait pour effectuer des recherches sur un terroriste belge de la cellule de Verviers, aujourd’hui démantelée. Cette cellule, qui projetait des attentats contre des policiers et des commissariats, avait été visée par un coup de filet antiterroriste le 15 janvier 2015, une semaine après l’attentat contre Charlie Hebdo.
Deux djihadistes avaient été tués lors de l’opération, un troisième blessé. Un quatrième homme, considéré comme le cerveau de la cellule, avait pris la fuite et quitté le pays. Son nom est devenu tristement célèbre : il s’agit d’Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, et mort dans l’assaut de Saint-Denis cinq jours plus tard.
Clé USB
Les enquêteurs vont poursuivre leurs recherches et trouver sur l’ordinateur de Mina B. un certain nombre de photographies et de discussions sous pseudonyme, montrant que la jeune femme est en contact avec plusieurs djihadistes sur zone. Surtout, ils vont mettre la main sur une clé USB remplie de documents et fichiers de police sensibles, comprenant notamment une liste… de 2 626 agents du renseignement.
Cette liste, que Mina avait pris le soin d’effacer, date de 2008. Elle correspond à des policiers affectés à la Direction de la surveillance du territoire (DST) et aux Renseignements généraux (RG), au moment de la création de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), qui a fusionné en partie les deux entités. Cette direction a été remplacée en 2014 par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). De très nombreux policiers de l’époque présents sur la liste sont toujours en fonction. D’autres ont quitté le renseignement. D’autres enfin ont rejoint la DGSI et ne figurent donc pas sur cette liste.
Rebondissement
La découverte de ce document va conduire le parquet de Paris à ouvrir une seconde enquête préliminaire, et à mettre Mina B. en examen en octobre 2017. Avec cette principale question, terrifiante à l’heure où des policiers sont pris pour cible : comment Mina B. s’est-elle procuré ces fichiers ? La réponse pourrait bien être connue dans les prochaines heures.
Car ce lundi 9 avril 2018 s’est produit un incroyable rebondissement. La jeune femme a été extraite de sa cellule de Fresnes pour être interrogée par la sous-direction antiterroriste (Sdat) sous le régime de la garde à vue, dans le cadre de l’enquête ouverte sur l’attentat de Magnanville. En juin 2016, un policier Jean-Baptiste Salvaing et sa compagne Jessica Schneider ont été assassinés dans leur propre maison par Larossi Aballa.
Une policière des Yvelines entendue
Cinq autres personnes sont actuellement entendues par la Sdat, dont une policière, ancienne déléguée départementale du syndicat Alliance dans les Yvelines. Selon L’Express, Mina était une amie de la fille de la policière et aurait été hébergée à leur domicile, courant 2016. Le magazine ajoute : « Mina fait partie des suspects entendus par les policiers de la Sdat, au même titre que son frère, décrit comme un proche de Larossi Aballa. »
La jeune femme a-t-elle profité de son incursion dans l’entourage de la policière pour obtenir cette liste confidentielle d’agents du renseignement ? Le parquet ne souhaite pas commenter ces informations. En 2016, la fonctionnaire avait déjà fait l’objet d’une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour avoir hébergé Mina, fichée S. Mais les investigations, précise L’Express, avaient conclu à l’absence d’infractions.
Lectures complémentaires
Stella Rimington (The Telegraph – 27 mai 2013) : «L’ennemi [islamiste] est partout en Grande-Bretagne avertit l’ancienne responsable du MI5 britannique» / WebArchive – Archive.Today [Article en anglais]
Point de Bascule (17 février 2014): Jamal Badawi – Le principal dirigeant musulman sunnite au Canada incite les juges et les fonctionnaires musulmans à ne pas appliquer les dispositions des lois actuelles contraires à la charia
Point de Bascule (30 décembre 2014) : Réponse au directeur de l’information télévisée de Radio-Canada, Jean Pelletier, sur la pénétration des services de police par les islamistes
Point de Bascule (30 décembre 2014) : Défense de l’islamiste Tariq Ramadan en Grande-Bretagne par le Service de police d’Ottawa [Voir la partie 4 de l’article]
Point de Bascule (28 octobre 2014) : Campagne de recrutement du Service de police d’Ottawa à la mosquée Assalam qui invite des prédicateurs radicaux [Article en anglais]
La section de l’article qui porte sur le ‘Recruitment drive’ donne des exemples de policiers qui ont utilisé leurs fonctions pour faire appliquer la charia et fournir des renseignements confidentiels aux islamistes.
En 2008, le sergent Weiss Rasool du comté de Fairfax (Virginie) a été condamné à une probation de 2 ans et à une amende de 1 000$ pour avoir consulté les fichiers de la police au bénéfice d’une personne soupçonnée de terrorisme. Rasool et le suspect fréquentaient la même mosquée. Le suspect avait voulu confirmer qu’une certaine voiture de location qui l’avait approché était bel et bien utilisée par le FBI. Une fois informé que c’était vraisemblablement le cas par le policier, le suspect avait entrepris de détruire des éléments incriminants à son endroit sans avoir pu terminer avant que la police ne l’arrête en pleine action.
Point de Bascule (12 mars 2016) : Le Parisien aborde la pénétration islamiste de la police française