ORIGINAL ENGLISH VERSION ON JIHADWATCH
Le 3 juillet 2015, le Parlement islandais a retiré sa loi sur le blasphème en réaction aux attentats contre Charlie Hebdo. L’Islande vient de trancher que c’est la liberté d’expression et non la censure qui est la meilleure défense contre la menace jihadiste.
Point de Bascule présente la traduction d’un article du Washington Post annonçant la décision du Parlement islandais et celle d’un commentaire de JihadWatch critiquant le leadership des pentecôtistes et des catholiques islandais pour s’être objectés à la décision. Les arguments invoqués aujourd’hui pour justifier des mesures contre le ‘discours haineux’ (notamment dans le projet de loi 59 au Québec) sont comparables à ce qu’on faisait valoir autrefois pour réprimer le blasphème.
L’Église pentecôtiste s’est plainte dans un communiqué que «Retirer la loi existante sur le blasphème revient à légaliser le discours haineux». Le problème avec ça c’est que le ‘discours haineux’ n’est pas une notion objectivement établie au sujet de laquelle tout le monde s’entend. L’individu ou le groupe auquel on donne l’autorité de déterminer ce qu’est et ce que n’est pas le ‘discours haineux’ a le pouvoir de contrôler ce qui se dit dans la sphère publique. Ceci permettrait à un gouvernement tyrannique de pousser son programme sans opposition puisqu’il n’aurait qu’à déclarer que ses opposants tiennent un ‘discours haineux’. Par conséquent, la liberté d’expression est un pilier essentiel dans une société libre. Sans elle, vient l’autoritarisme, la dictature, le totalitarisme et différentes autres entraves imposées à l’esprit humain. Les pentecôtistes et les catholiques auraient dû démontrer davantage de clairvoyance et ne pas s’opposer à l’abrogation des lois sur le blasphème en Islande.
Titre original anglais : Iceland repeals blasphemy law, in move triggered by Charlie Hebdo murders
Adresse originale : https://www.washingtonpost.com/news/volokh-conspiracy/wp/2015/07/06/iceland-repeals-blasphemy-law-in-move-triggered-by-charlie-hebdo-murders/ / Archive.Today
Auteur : Eugene Volokh
Référence : Washington Post, 6 juillet 2015Le périodique Iceland Monitor rapporte ce qui suit :
Une résultante des attaques contre Charlie Hebdo à Paris : Trois députés du Parti pirate ont présenté un projet de loi devant le Parlement islandais afin de faire retirer la clause [contre le blasphème] du code pénal islandais.
Les trois députés se sont succédés au podium de l’Albingi [le Parlement islandais] aujourd’hui et, pendant que le vote se déroulait, ils ont déclaré : ‘Je suis Charlie Hebdo’.
Le site internet du Parti pirate déclare que «Le Parlement islandais vient d’envoyer un message important à l’effet que la liberté ne cèdera pas devant les attaques sanglantes».
L’Église établie d’Islande (luthérienne) a appuyé la décision mais «la paroisse de Berunes de l’Église d’Islande (dans l’Est du pays), l’Église catholique d’Islande et l’Église pentecôtiste Filadelfia s’y sont opposées». L’Église catholique a fait valoir que le blasphème peut «entraîner de l’abus psychologique envers les individus et les groupes». L’Église pentecôtiste Filadelfia a demandé : «Est-ce que les droits de l’homme incluent le droit de se moquer des croyances des autres?» Comme les lecteurs du blogue l’ont sans doute deviné, je pense que la réponse à cette question est : «Bien sûr». La liberté d’expression garantit le droit de critiquer – et de se moquer – de toutes les croyances, qu’elles soient non-religieuses comme le communisme, le capitalisme, le féminisme, l’environnementalisme, le nationalisme, etc., ou des idéologies religieuses.
Références supplémentaires
Point de Bascule (9 janvier 2015) : En 2012, l’organisation de Tariq Ramadan, Présence Musulmane, a publié un article justifiant ceux qui auraient recours à la violence contre Charlie Hebdo
The Guardian (3 juillet 2015) : L’Islande révoque sa loi contre le blasphème / WebArchive – Archive.Today [Article en anglais]
Point de Bascule : Fiche Commission des droits de la personne du Québec (CDPDJ)
Point de Bascule (12 décembre 2014) : La Commission des droits de la personne du Québec désire une modification des lois pour faciliter les plaintes, notamment, contre les sites internet qu’elle juge ‘islamophobes’
Point de Bascule (19 décembre 2014) : Le président de la Commission des droits de la personne a confirmé à Radio-Canada qu’il désire s’en prendre à ceux qui critiquent des idées, à ceux qui critiquent la religion islamique en particulier