«Tant que nos institutions juridiques n’auront pas trouvé un équilibre adéquat entre les droits humains et la liberté d’expression et de pensée, et reconnu que la liberté d’expression est un droit humain fondamental, une société à la dérive comme la nôtre ne fera pas de progrès véritable contre le djihad islamique et ceux qui voudraient étouffer notre capacité de penser, de parler, et d’agir. Si nous ne faisons rien pour contrer le djihad par la parole, le djihad armé ne sera plus nécessaire».
David Solway est un poète et essayiste canadien. Il est l’auteur de: The Big Lie: On Terror, Antisemitism, and Identity, et travaille présentement sur une suite, Living in the Valley of Shmoon.
Le «djihad par la parole» dont parle David Solway, correspond à ce que nous appelons le «djihad furtif». Tout comme Solway, nous sommes conscients que la démocratie et la liberté sont gravement menacées par le processus graduel d’islamisation de la société, et que la stratégie des islamistes consiste à attaquer la liberté d’expression afin de neutraliser toute résistance au totalitarisme vert en marche. Les agressions contre la liberté d’expression et le danger mortel que ces assauts présentent pour la démocratie, ainsi que le silence des médias sur ces graves menaces, sont d’ailleurs LA raison pour laquelle ce site a été créé.
The Jihad of the Word, par David Solway, pajamasmedia, 6 avril 2009
L’intellectuel révolutionnaire syrien Said Hawwa écrit dans son important livre Min AJL Khutwa (For the Sake of a Step), que le djihad peut se présenter sous trois formes: avec le cœur, avec la parole, et avec la main, une distinction tripartite trouvant sa source dans les hadiths. Le djihad du cœur est une formulation ambiguë, qui peut signifier l’auto-discipline ou la passion et la ténacité appliquées à la guerre. Le djihad de la main (également connu comme le djihad de l’épée) est le plus manifeste par son caractère destructeur immédiat. Mais le djihad de la parole – l’endoctrinement, la propagande et l’infiltration des institutions – est peut-être le plus menaçant car il opère comme un virus, infectant les organes des sociétés ouvertes dans le but de les faire disparaître progressivement.
Pour dénouer la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons, et protéger un mode de vie sous attaque et que nous avons beaucoup trop longtemps tenu pour acquis, nous devons non seulement trouver des moyens d’éviter les attentats terroristes – le djihad par la main -, mais aussi de résister au djihad par la parole. Cela signifie entre autres de contrer le djihad juridique (lawfare), soit le recours à des poursuites frivoles et vindicatives intentées avec la double intention (a) de bloquer toute critique de l’islam, et (b) d’empêcher l’identification de ceux qui, explicitement ou implicitement, encouragent les objectifs des terroristes.
Dans un article publié dans le American Spectator, Brooke Goldstein montre comment ces poursuites malveillantes sont une forme de «djihad juridique», une technique qui consiste à instrumentaliser les tribunaux pour faire taire les critiques de l’islam. Cette technique repose dans une large mesure sur la pratique du «forum shopping», ou «tourisme de la diffamation», par laquelle les demandeurs « intentent des poursuites dans les pays les plus susceptibles de se prononcer en leur faveur. » Goldstein cite Rabiah Ahmed, une employée du Council on American-Islamic Relations qui a reconnu que ces poursuites font partie du « coffre à astuces » de CAIR.
Au Canada, nous avons nos parodiques commissions des droits de la personne, des tribunaux qui peuvent être saisis gratuitement – en fait, aux frais des contribuables – par toute personne voulant se plaindre d’actes, de paroles ou d’écrits manifestement mensongers ou qui incitent à la haine. Le défendeur est a priori présumé coupable et doit payer ses propres frais de justice. Initialement instaurées pour protéger les locataires contre les propriétaires peu scrupuleux et prévenir la discrimination en milieu de travail, ces commissions – avec la complicité des bureaucrates politiquement correct et des avocats des droits de la personne affairistes – sont maintenant largement monopolisées par des musulmans offensés qui cherchent à réprimer la critique de leur religion, de leurs prêches ou de leurs actions. En d’autres termes, des musulmans qui cherchent à museler la liberté de parole parce qu’ils craignent, à juste titre, qu’un examen attentif mènera à une mauvaise presse.
Ils invoquent l’article 13.1 de la Loi canadienne sur les droits de la personne qui définit le discours haineux comme celui qui est «susceptible d’exposer à la haine ou au mépris des personnes appartenant à un groupe identifiable ». Cette formulation est si vague qu’on peut l’appliquer avec succès à presque tout ce qui se publie, ce qui démontre qu’il s’agit de tribunaux kangourous et de simulacres de procès. Il y aura toujours des gens qui se sentiront méprisés par quelque chose qu’ils voient, entendent, ou lisent. Par conséquent, les droits de la personne sont substantiellement abrogés par les Droits de la Personne, ils sont vidés de leur contenu par ces mêmes commissions qui ont été instaurées pour les défendre. Lorsque l’un des enquêteurs de la commission, un certain Dean Steacy, s’est fait demander quelle valeur il attribuait à la liberté d’expression, il a répondu: « La liberté d’expression est un concept américain, donc je ne lui attribue aucune valeur.»
Nous devons garder à l’esprit que ces commissions sont des tribunaux non élus sans obligation de rendre compte en vertu de la loi; elles ne sont pas liées par la présomption d’innocence et les règles de preuve; elles acceptent des témoins à charge non qualifiés; elles permettent que des tiers sans rapport avec les faits déposent des plaintes; elles admettent le ouï-dire; leurs décideurs sont incompétents et mal formés; elles n’exigent pas une preuve que la propagande haineuse est intentionnelle et que les plaignants soient présents à l’audience; elles sont toujours défavorables aux objections de la défense; elles acceptent en preuve des messages anonymes sur YouTube. En somme, elles ne fonctionnent pas selon les procédures normales du système de justice pénale.
Bien que ces tribunaux ne soient pas de véritables tribunaux, ils exercent de véritables pouvoirs: le droit d’imposer des amendes, d’interdire au défendeur de parler, d’exiger des excuses formelles, et d’imposer des peines de prison si ces conditions ne sont pas respectées. La Commission des droits de la personne est essentiellement une version contemporaine de la célèbre Caméra Stellata, ou Star Chamber, qui a siégé à Westminster jusqu’en 1641, rendant des décisions arbitraires sur des accusations portées pour des motifs politiques.
Nous n’avons pas à remonter à 1641 pour des paradigmes. La Star Chamber est devenue un phénomène moderne. Il y a, par exemple, une étrange et troublante ressemblance entre les procédures de nos Commissions et l’application des lois sur le blasphème introduites au Pakistan dans les années 1980 par un dictateur, le général Zia-ul-Haq, et enchâssées dans l’article 295-C du Code juridique du Pakistan. Cet article n’exige pas des preuves valides, il accepte des allégations non fondées portées par un individu contre un autre individu, il n’exige pas la preuve d’une intention, et il ne définit pas « blasphème » de manière adéquate.
Dans un cas spécifique, signalé par Benedict Rogers du Terrorism Awareness Project, la longueur impressionnante de la barbe de l’accusateur a été suffisante pour convaincre le juge de la rigueur morale de l’homme et de l’authenticité de son accusation. Au fond, la pratique judiciaire de nos commissions n’est pas moins risible.
La dernière incursion de la Commission canadienne des droits dans le théâtre de l’absurde est la poursuite d’un ancien membre du Parlement, Jim Pankiw, qui a sévèrement critiqué le haut taux de criminalité des Premières Nations dans sa province de la Saskatchewan. L’une des marionnettes de la Commission, Derek A. Smith, un assistant professeur à l’Université Carleton à Ottawa, a estimé que la couleur de l’encre utilisée dans la correspondance du député révélait de la discrimination et du racisme latent. Pankiw a maintenant appris à ses dépens que l’encre noire et rouge sur du papier blanc est une moquerie de l’iconographie autochtone et constitue un délit culturel. « On ne peut guère prétendre », a fait valoir Smith, « que le symbolisme dans la présente brochure ne soit pas incendiaire. » Monty Python ne pourrait guère faire mieux. Ce perroquet particulier est sûrement mort.
Heureusement, plusieurs cas très médiatisés ont récemment été abandonnés. L’imam qui a déposé une plainte auprès de la Commission des droits de l’Alberta contre l’éditeur du Western Standard Ezra Levant pour la republication des caricatures danoises, est revenu sur sa décision et a retiré sa plainte, mais pas avant que Levant, harcelé pendant près de trois ans, ait payé 100.000 $ de sa poche. La plainte par des musulmans contre l’écrivain politique Mark Steyn et le magazine d’actualité Macleans, qui a publié un extrait du brillant essai de Steyn America Alone, a été rejetée par la Commission ontarienne des droits de la personne, après beaucoup de publicité négative, sous le prétexte qu’elle n’avait pas compétence sur les documents imprimés (ce qui ne l’a pas empêchée de publier une déclaration « condamnant fermement la représentation islamophobe [sic] des musulmans »).
De plus amples détails concernant ces procédures ridicules, que j’ai à peine esquissées ici, peuvent être glanés dans le nouveau livre de Ezra Levant, Shakedown : How Our Government is Undermining Democracy in the Name of Human Rights. Plus récemment, la Commission des droits du Manitoba, qui a passé cinq ans à enquêter sur une plainte pour discours haineux contre B’nai Brith Canada par un citoyen anonyme et absent, et basée sur le rapport secret d’un « expert » tout aussi anonyme, a fini par conclure que cette plainte n’avait «aucun fondement raisonnable basé sur la preuve». C’est ainsi que nos soi-disant Commissions des droits réduisent leurs pertes afin de survivre et de continuer leurs persécutions.
Un système juridique parallèle aussi biaisé, qui est essentiellement une forme laïque de la charia, cause manifestement un préjudice considérable et totalement inutile. Ces tribunaux persistent à faire valoir que les droits collectifs ont préséance sur les autres droits humains, et ne reconnaissent pas que la liberté d’expression est une valeur de la Charte. Rien ne décourage une Commission des droits. Son dernier coup malicieux est une tentative de convaincre les tribunaux de reconnaître à une musulmane le droit de témoigner à visage voilé durant un procès. La Commission n’a aucun scrupule à permettre que le droit d’un plaignant ou d’un témoin de comparaître à visage couvert l’emporte sur le droit fondamental à un procès équitable et public.
Nous sommes vraiment en danger de perdre plusieurs de nos précieux droits et libertés dans ce pays. C’est aussi ce que pense un groupe de travail de professeurs américains d’universités et de collèges, les membres de l’American Political Science Association. Ils se sont opposés au choix de Toronto comme site de la conférence 2009 de l’Association après avoir conclu, selon les termes du porte-parole Bradley Watson, que «le Canada est une destination problématique ». Conscient des « atteintes canadiennes à la liberté d’expression », il estime qu’il est « inacceptable … d’exposer nos membres à ce risque. »
« Dans les mains des barbares », écrit Andrew C. McCarthy dans Willful Blindness, la loi « est une arme offensive. » Par la manière dont elle est brandie par notre « nomiocratie foisonnante » (ndlr: gouvernement des juristes) », elle est devenue un dangereux handicap. « Dans la guerre contre l’islam radical», prévient-il, «si nous ne parvenons pas à comprendre comment la loi peut être manipulée à notre désavantage, nous manquons à notre premier devoir, qui est de protéger la vie.» Et, de toute évidence, à notre devoir de défendre «les principes fondamentaux du libéralisme occidental: l’autodétermination, la liberté de choix, la liberté de conscience, l’égalité devant la loi».
De même, lorsqu’on lui a demandé dans une interview ce que l’Islam radical augure pour l’Amérique, Joseph Hakim, vice-président de l’Union internationale chrétienne, a répondu: « Les islamistes radicaux ne seront jamais intégrés dans la société américaine. Ils se développeront comme un cancer, mais ne nous laissons pas berner par eux. Ils sont bien éduqués et richement financés. Et ils savent quand il faut porter des costumes cravates et faire semblant de se conformer, tout en cherchant à détruire notre économie [et] et à exploiter notre système de gouvernement.» Hakim sait de quoi il parle, ayant été témoin direct de l’abus systématique des populations chrétiennes dans les pays arabes, et des diverses méthodes par lesquelles les musulmans radicaux sont capables d’infester le corps politique. Selon cet expert, ce qui est en jeu, c’est l’intégrité du gouvernement et la santé de l’économie, et c’est par la subversion de notre système judiciaire qu’ils agissent le plus efficacement.
La conclusion est évidente. Tant que nos institutions juridiques n’auront pas trouvé un équilibre adéquat entre les droits humains et la liberté d’expression et de pensée – reconnaissant au passage que la liberté d’expression est un droit humain fondamental – une société aussi à la dérive que la nôtre ne fera pas de progrès véritable contre le djihad islamique et ceux qui voudraient étouffer notre capacité de penser, de parler, et d’agir.
En effet, si nous ne faisons rien pour contrer le djihad par la parole, le djihad par la main ne sera plus nécessaire.
Voir aussi:
Djihad juridique international
Les islamistes, et nos élites pro-charia, menacent la démocratie, par Salim Mansur