Raif Badawi en compagnie de ses enfants
Radio-Canada rapporte que le gouvernement de l’Arabie saoudite a adressé une lettre à Jacques Chagnon, président de l’Assemblée nationale du Québec, pour manifester «sa forte surprise et sa consternation» face à l’opposition du Québec concernant le traitement qu’elle fait subir à Raïf Badawi.
L’opposition à la répression de Raïf Badawi par l’Arabie saoudite s’est manifestée au Québec de façon officielle par une motion unanime de l’Assemblée nationale et de façon populaire par des blogues, des campagnes de lettres, des émissions de télévision, etc. L’épouse de Raïf Badawi et ses enfants sont réfugiés au Québec.
Radio-Canada : Rappelons que Raïf Badawi est cet opposant et blogueur saoudien à qui le régime saoudien a infligé 50 coups de fouet en janvier dernier. Raïf Badawi a été arrêté en 2012 pour diverses infractions et notamment pour insulte à l’islam, cybercriminalité et désobéissance à son père. Il a été condamné l’an dernier à 10 ans de prison, une amende et 1000 coups de fouet pour blasphème.
Dans sa lettre à Jacques Chagnon, Riyad soutient avoir été «l’un des premiers pays à soutenir les droits de la personne et à respecter les conventions internationales en accord avec la charia». La charia prévoit la peine de mort pour le musulman qui abandonne sa religion.
Rappelons que l’Arabie saoudite a toujours refusé d’endosser la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et qu’elle est l’initiatrice de la Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en Islam de 1990 qui déclare à l’article 22a que «Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la Charria.»
L’article 24 de la Déclaration du Caire stipule que «Tous les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration sont soumis aux dispositions de la Charria».
Dans sa lettre, Riyad proteste également contre ce qu’il considère une «forme d’interférence dans ses affaires internes» de la part du Québec. Les Saoudiens ne manquent certainement pas d’audace pour lancer de telles accusations après avoir dépensé des milliards depuis les années ’70 pour financer la construction de mosquées radicales et la diffusion de littérature jihadiste à travers le monde.
Titre original : Affaire Badawi : l’Arabie saoudite demande à Québec de se mêler de ses affaires
Adresse originale : http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/International/2015/04/01/002-arabie-saoudite-raif-badawi-lettre-quebec.shtml / WebArchive – Archive.Today
Auteure : Anne-Marie Lecomte
Référence : Radio-Canada, 1er avril 2015
EXCLUSIF – La lettre est rédigée de manière diplomatique, mais le message est sans détour : l’Arabie saoudite demande au gouvernement du Québec de se mêler de ses affaires en ce qui a trait à Raïf Badawi.
La lettre en question, datée du 10 mars 2015 et dont CBC/Radio-Canada a obtenu copie, est adressée à Jacques Chagnon, président de l’Assemblée nationale du Québec. Elle a été transmise à ce dernier par l’ambassadeur saoudien à Ottawa, Naif Bin Bandir Al-Sudairy.
Dans cette missive qui tient sur une page, et dont copie a aussi été envoyée aux Affaires étrangères, à Ottawa, le gouvernement saoudien exprime «sa forte surprise et sa consternation vis-à-vis de ce qui est dit dans certains médias sur le cas du citoyen Raïf Mohamed Badawi et le jugement prononcé contre lui».
Rappelons que Raïf Badawi est cet opposant et blogueur saoudien à qui le régime saoudien a infligé 50 coups de fouet en janvier dernier. Raïf Badawi a été arrêté en 2012 pour diverses infractions et notamment pour insulte à l’islam, cybercriminalité et désobéissance à son père.
Il a été condamné l’an dernier à 10 ans de prison, une amende et 1000 coups de fouet pour blasphème.
Sa situation a suscité un tollé dans le monde entier.
Au Québec, où vivent son épouse et ses enfants, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une motion revendiquant sa liberation. Denis Coderre, le maire de Montréal, ancien ministre de l’Immigration à Ottawa, a fait de même.
En Europe, également, les députés ont qualifié la peine de M. Badawi de « cruelle » et « d’acte scandaleux ». À leur tour, ils ont adopté par une écrasante majorité une résolution dans l’espoir de le faire libérer.
Or, pour l’Arabie saoudite, ces mobilisations pour le « citoyen Raïf Mohamed Badawi » sont des « attaques » contre son royaume et contre son système judiciaire.
Dans la lettre, Riyad souligne « qu’il n’accepte aucune forme d’interférence dans ses affaires internes et rejette l’empiétement sur sa souveraineté ou la remise en question de son droit judiciaire et de son intégrité ».
Le royaume saoudien souligne aussi le fait qu’en son pays, « toutes les causes judiciaires sont traitées sans distinction ni exception ».
Riyad va même plus loin en soutenant avoir été « l’un des premiers pays à soutenir les droits de la personne et à respecter les conventions internationales en accord avec la charia ».
Pourtant, poursuit le régime saoudien dans sa lettre, en dépit des « efforts visibles et évidents » qu’il déploie pour les droits de la personne, certaines agences internationales et certains médias ont tenté de politiser et d’exploiter ces droits « selon des standards qui ne peuvent être décrits que comme étant sélectifs et partiaux et qui sont destinés à servir leurs buts politiques, ce que le Royaume ne permet ni n’accepte ».
« Une différence sérieuse d’opinions »
Selon Kyle Matthews, directeur général adjoint de l’Institut montréalais d’études sur le génocide et les droits de la personne, l’Arabie saoudite exprime dans cette lettre que ce qui se passe à l’intérieur de ses frontières ne regarde personne d’autre qu’elle.
Cet expert ne croit pas qu’il s’agisse d’un accroissement de tension entre Riyad et Québec : « Ce n’est pas une escalade, dit Kyle Matthews, mais une manière diplomatique de dire : “Ce n’est pas de vos affaires.” »
De l’avis de M. Matthews, il est choquant pour l’Arabie saoudite de constater à quel point le Québec a montré un front unifié pour s’opposer au sort réservé à Raïf Badawi. « L’Arabie saoudite a le sentiment qu’elle doit répondre et elle tente d’argumenter en appuyant ses dires sur des bases légales et morales ».
Kyle Matthews explique que l’argumentaire du royaume saoudien illustre à quel point il existe une sérieuse différence d’opinions entre ce qu’elle croit être juste et ce qui est convenu dans les règles internationales de respect des droits de la personne. « Ce pays dit respecter les droits de la personne pourvu qu’ils soient en conformité avec la charia; c’est un problème », affirme Kyle Matthews.
Avec les informations de Ryan Hicks
https://twitter.com/CDPDJ1/status/555387708554899456 / Archive.Today
La Presse / Archive.Today – 1er avril 2015 : Même si l’Arabie saoudite a déjà dit aux élus de l’Assemblée nationale de se mêler de leurs affaires concernant la condamnation du blogueur Raif Badawi, les députés de la Chambre des communes rétorquent qu’il est de leur devoir de défendre les droits de la personne.
À l’initiative du député libéral Marc Garneau, la Chambre des communes a adopté à l’unanimité mercredi après-midi une motion qui «dénonce le traitement répréhensible de Raif Badawi, et demande au gouvernement de l’Arabie saoudite de le libérer immédiatement.»
Références supplémentaires
Point de Bascule : Fiche Arabie saoudite
BBC (15 mars 2002): La police religieuse saoudienne a interdit à des filles de quitter une école en feu car elles ne portaient pas les vêtements islamiquement appropriés (Article en anglais)
Robert Fife (The Ottawa Citizen – 30 juillet 2004) : Des experts mettent en garde que les Saoudiens exportent le terrorisme au Canada (Article en anglais)
Charles Lewis (National Post – 28 septembre 2011) : Un rapport confirme que l’Arabie saoudite continue d’exporter ses manuels scolaires hostiles aux non-musulmans à travers le monde (Traduction de Point de Bascule)
Point de Bascule (3 mars 2015) : Le prédicateur Zakir Naik interdit au Canada pour son appui au terrorisme est honoré par le nouveau roi d’Arabie saoudite pour sa contribution à l’islam