Comme la chroniqueuse Lysiane Gagnon de La Presse, nous aimerions bien savoir ce que pensent nos commissaires Bouchard et Taylor des conclusions ahurissantes de l’étude de Mme Maryse Potvin. Vous pouvez télécharger le rapport de Mme Potvin à partir du site de la Commission Bouchard-Taylor en cliquant ici. Ou le lire en ligne en cliquant ici: Potvin, Maryse – Les médias écrits et les accommodements raisonnables. L’invention d’un débat
Extrait de la chronique de Lysiane Gagnon dans La Presse du 31 mai 2008.
LA COMMISSION B-T ET LES MÉDIAS
J’avais commencé à lire les 230 pages du rapport de recherche de la commission Bouchard-Taylor sur le rôle des médias dans la soi-disant crise des accommodements, mais j’avais lâché en cours de route en constatant que la chercheuse empruntait les grilles d’analyse des Pierre Bourdieu et des Noam Chomsky, des penseurs d’extrême gauche particulièrement décollés de la réalité.
Mon collègue Don MacPherson, de The Gazette, a été plus patient, et révélait les conclusions de ce rapport dans sa dernière chronique.
L’auteur du rapport, Maryse Potvin, une sociologue de l’UQAM spécialisée en matière de racisme et de discrimination, a produit une longue analyse détaillée dont il ressort que la «crise» des accommodements a été largement fabriquée par les médias. Pas de problème là-dessus: comme bien d’autres journalistes, je suis d’accord avec elle, encore qu’elle ait une vision pour le moins rigide des choses. On peut, par exemple, s’opposer au port du kirpan sans être xénophobe! Mais bon, tout comme les journalistes, les universitaires ont leur subjectivité.
C’est la conclusion qui vous fait dresser les cheveux sur la tête. Lisez: «Sur des questions qui affectent directement la cohésion sociale et la dignité des personnes, des sanctions beaucoup plus sévères envers certains médias aux couvertures négatives ou envers certains journalistes devraient être envisagées ou renforcées par la Conseil de presse ou le CRTC, comme l’interdiction de publier ou de diffuser pendant un certain nombre de jours.»
On continue. Déplorant à mots couverts que l’État ne puisse pas «facilement contrôler les médias», qui sont régis par l’infâme «logique de marché», elle demande au législateur d’«accroître et de baliser les rôles» du Conseil de presse et du CRTC, «afin d’éviter à l’avenir l’érection de faits divers en crise de société par les médias». Mme Potvin veut des médias «formateurs», à «mission éducative et civique».
Ces propositions, qui évoquent ce qui se passe dans les régimes totalitaires, qui eux aussi veulent des médias didactiques et qui carburent à la censure, se passent de commentaires. La question est de savoir si les commissaires y souscrivent, et sinon, pourquoi ils ont laissé leur chercheuse y aller de ses propres recommandations.
Voir aussi:
Le Conseil de presse rejette une plainte contre Radio-Canada pour propos islamophobes et haineux
Rapport Bouchard-Taylor : fabriquer l’Homme Nouveau par la dictature de l’harmonie
Commissions des droits et censure : trahison de la position internationale du Canada
Rapport Bouchard-Taylor : la tentation totalitaire, par Mathieu Bock-Côté
Macleans et Congrès islamique du Canada – mise à jour du djihad juridique