Le 8 octobre 2014, le Comité permanent de la sécurité publique et nationale s’est réuni à Ottawa pour discuter notamment de la menace que l’État islamique (EILL / ISIS) pose pour le Canada. Le 9 octobre, l’ancien officier de renseignement du SCRS, Michel Juneau-Katsuya, a été invité par Paul Houde du 98,5 FM (Montréal) à commenter les propos tenus la veille par le ministre de la Sécurité publique Steven Blainey et les responsables de la GRC et du SCRS.
Vers la fin de l’échange avec l’animateur Paul Houde, M. Juneau-Katsuya a évoqué le manque de moyens mis à la disposition des citoyens par le gouvernement pour les aider à détecter les signes de radicalisation chez les jeunes. C’est dans ce contexte qu’il a déploré que, la semaine précédente, la GRC ait retiré son appui à une brochure présentée par ses concepteurs islamistes comme un outil pour contrer la radicalisation des jeunes musulmans. «Malheureusement, on a vu la GRC se retirer du programme», a déclaré M. Juneau Katsuya à 09:05 de l’interview.
Le programme auquel M. Juneau-Katsuya a fait allusion, mais qu’il n’a pas identifié explicitement, c’est la brochure United against terrorism (Unis contre le terrorisme) lancée par le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC) et l’Islamic Social Services Association (ISSA) à Winnipeg le 29 septembre 2014. Dans le communiqué de presse émis pour justifier sa position, la GRC déclara qu’elle «ne pouvait pas supporter le ton accusatoire de certains éléments de la brochure et a donc enjoint la GRC du Manitoba de ne pas continuer avec cette initiative».
Jusqu’en juillet 2013, le CNMC était connu comme CAIR-CAN, une organisation incorporée en 2000 et qui a été établie comme la filiale canadienne du Council on American Islamic Relations (CAIR) de Washington. En 2009, dans la cause United States of America v. Holy Land Foundation for Relief and Development (Section IV), le juge Solis a rappelé les liens que le CAIR entretient avec le Hamas (“The government has produced ample evidence to establish the associations of CAIR, ISNA […] with Hamas”). En 2002, un autre juge avait souligné que l’Islamic Association for Palestine, d’où sont issus les fondateurs du CAIR, «a agi en appui au Hamas» (“has acted in support of Hamas”) Holy Land Foundation for Relief and Development v. Ashcroft). Au milieu des années 2000, le CNMC, l’ISSA et d’autres organisations islamistes ont fait pression sur le gouvernement McGuinty afin qu’il instaure des tribunaux de la charia pour trancher les différends d’ordre familial en Ontario.
Après que le CAIR ait été identifié dans le procès Holy Land Foundation comme faisant partie du réseau qui appuie le Hamas aux États-Unis, le FBI a rompu les liens qu’il entretenait avec le lobby islamiste. Ce qu’il faut déplorer, ce n’est donc pas que la GRC se soit dissociée du document islamiste, comme le déclare M. Juneau-Katsuya, mais plutôt que les responsables de la GRC au Manitoba aient participé durant plus d’un an aux travaux qui précédèrent sa publication. Autant l’identité des participants que la teneur du document auraient dû convaincre la GRC de se tenir à l’écart.
Parmi les indices qui trahissent les fins véritables poursuivies par les auteurs de la brochure islamiste, on note les suivants :
- À la page 13 de leur brochure, les auteurs endossent treize exégètes musulmans basés en Amérique du Nord comme des guides qu’ils consultent «pour bien comprendre notre foi». Ces experts de l’islam ont multiplié les déclarations radicales dans le passé. Jamal Badawi, qui fait partie de la liste, a siégé au conseil d’administration du CNMC au moins de 2001 à 2013. Au début des années 2000, Badawi a encouragé les musulmans à devenir juges (et à occuper d’autres positions dans la fonction publique) et à utiliser leur position d’autorité pour ne pas appliquer les dispositions des lois actuelles qui sont incompatibles avec la charia (loi islamique). Quand le CNMC et l’ISSA affirment à la page 7 qu’il n’y a «rien de mal à avoir deux loyautés», ils préparent les conditions pour justifier l’implantation progressive des normes islamiques dans les structures administratives canadiennes, conformément aux indications de Badawi;
- Aux pages 17 et 34 de la brochure, le jihad est défini comme «noble». La brochure enjoint également la police, les médias et les politiciens de ne pas utiliser le terme «jihad» en association avec la menace terroriste. Les islamistes ont encore une foi tenté de berner le public avec leur définition restreinte du jihad. À la page 10, ils déclarent que le jihad est «un effort exercé en vue d’accomplir le bien» (“Jihad is an Arabic term meaning striving, struggling and exertion in the path of good”). Comme si les promoteurs de la charia et ses opposants avaient la même définition de ce que constitue le bien. Quand, toujours à la page 10, la connotation militaire du jihad est évoquée, la brochure affirme qu’il s’agit d’autodéfense uniquement. Pourtant, des exégètes comme Siraj Wahhaj, endossé par la brochure, ont clairement incité, dans les passé, les musulmans vivant aux États-Unis à convertir les jeunes qui se sentent exclus et à éventuellement les armer de fusils mitrailleurs Uzi afin qu’ils mènent le jihad dans les rues américaines;
- La brochure ne se limite pas à condamner le recours au terme «jihad» par ceux qui cherchent à comprendre et à freiner la menace terroriste; elle vise à empêcher la police, les médias et les politiciens à faire quelque référence que ce soit à l’islam pour expliquer la menace actuelle. À la page 2, le manuel condamne les «islamophobes» qui citent les passages des textes islamiques cités par les jihadistes pour justifier leurs positions car, ce faisant, «ils renforcent la haine contre les musulmans et diabolisent l’Islam en adoptant la même démarche copier / coller [que les terroristes] face au Qur’an». Selon cette explication, le problème ce n’est pas tant l’agenda de conquête et de suprématie islamique que ceux qui s’y opposent. En 2012, Stephen Coughlin, un ancien conseiller du Pentagone maintenant associé au Center for Security Policy de Washington, a expliqué (vidéo – 02 :34) que, même si l’ennemi a une mauvaise compréhension de l’islam, il ne l’utilise pas moins pour nous menacer. Dans ce contexte, pour notre propre protection, il est essentiel de maîtriser la doctrine de l’ennemi, de maîtriser sa compréhension de l’islam. Il est également essentiel de déterminer combien cette interprétation de l’islam est répandue, peu importe qu’elle soit jugée inadéquate ou fausse par certains analystes.
En dépit des contradictions qui peuvent exister entre eux, le CNMC, l’ISSA, le Hamas, l’État islamique et plusieurs autres organisations musulmanes poursuivent toutes le même objectif : imposer les normes islamiques aux sociétés dans lesquelles elles opèrent. Dans ce contexte, ce n’est pas la promotion de la violence qui permet de distinguer les musulmans radicaux des autres mais bien leur endossement ou non des principes totalitaires de la charia. Qu’importe si le CNMC n’a pas justifié le recours à la violence pour atteindre ses buts. En endossant des exégètes islamistes comme Badawi depuis plusieurs années, le CNMC ne laisse pas l’ombre d’un doute quant au but de ses activités. En fait, l’incitation faite par Badawi aux juges musulmans et aux autres fonctionnaires musulmans de miner les institutions publiques canadiennes de l’intérieur de façon non-violente constitue une menace plus grave que les recettes de bombes diffusées par Al-Qaïda sur internet.
Le type de jihad non-violent mené par Badawi, le CNMC, l’ISSA et tant d’autres est désigné par les islamistes eux-mêmes comme le jihad par la parole (“jihad of the tongue”). Dans un article paru en 1986 dans une des publications les plus anciennes des Frères Musulmans en Amérique du Nord, Muhammad Fadel a bien expliqué combien le jihad armé (“jihad of the sword”) et le jihad par la parole (“jihad of the tongue”) se complémentent et mènent au même but.
Dans sa charte, le Hamas, qu’on associe généralement au jihad armé, explique combien le jihad par la parole est essentiel au triomphe de ses idéaux totalitaires :
Article 30 «Le jihad ne se limite pas à utiliser des armes et à combattre l’ennemi face à face. Les discours convaincants, les écrits persuasifs, les livres utiles, ainsi que l’appui et l’aide font tous partie du jihad au nom d’Allah lorsqu’ils sont réalisés avec l’intention sincère d’assurer que la bannière d’Allah domine.»
Une des façons les plus efficaces pour les Frères Musulmans et d’autres islamistes de mener le jihad par la parole dans les pays occidentaux est d’utiliser le prétexte de la «dé-radicalisation» des jeunes musulmans pour pousser leur agenda islamiste. Les islamistes non-violents se présentent comme la solution de rechange aux islamistes violents. Les gouvernements occidentaux ne cessent de tomber dans le panneau et endossent constamment des islamistes qui ne préconisent pas la violence à un moment donné comme une alternative à ceux qui la favorisent.
Au Canada, un de ceux qui mènent le jihad par la parole avec le plus de succès est Hussein Hamdani. Malgré son association avec plusieurs organisations des Frères Musulmans, dont trois qui ont vu leur statut d’organisme de bienfaisance révoqué pour avoir contribué au financement du terrorisme dans le passé, il continue d’influencer les plus hauts dirigeants de Sécurité publique Canada grâce à son rôle de conseiller au sein de la Table ronde transculturelle sur la sécurité du ministère. Le CNMC était représenté dans la délégation dirigée par Hamdani qui a rencontré le ministre de la Sécurité publique en juin 2012. À l’époque, les détails de la rencontre avaient été fournis par l’avocat du collecteur de fonds de l’organisation terroriste Hamas au Canada.
Point de Bascule (5 septembre 2014) : 8 juin 2012 – Une délégation des Frères Musulmans dirigée par Hussein Hamdani a rencontré le ministre de la Sécurité publique Vic Toews / Détails fournis par l’avocat du collecteur de fonds du Hamas (June 8, 2012 – Muslim Brotherhood delegation led by Hussein Hamdani met with Minister of Public Safety Vic Toews / Details provided by lawyer of Hamas’s fund collector)
Point de Bascule (17 décembre 2013) : Reviving the Islamic Spirit – En 2003, le lancement des conférences RIS de Toronto a été commandité par une organisation liée à Al-Qaïda (Hussein Hamdani était le directeur de Ihya Foundation, l’organisateur de l’événement.)
Point de Bascule (21 août 2014) : La GRC et d’autres agences de sécurité canadiennes consultent toujours des leaders islamistes impliqués dans la radicalisation des jeunes musulmans (The RCMP and other Canadian security agencies still consult Islamist leaders involved in the radicalization of young Muslims)
Point de Bascule (3 octobre 2014) : Un chef de police du Maryland doit rencontrer l’apologiste du CAIR Rabia Chaudry et le conseiller en sécurité du Canada Hussein Hamdani (Maryland Police chief scheduled to meet with CAIR apologist Rabia Chaudry and Canadian security advisor Hussein Hamdani)