LE CAIRE – Vingt-six militants égyptiens sur internet ont été arrêtés mercredi et jeudi par la police, accusés de “menace à la sécurité nationale” après s’être rassemblés sur une plage d’Alexandrie (nord), a-t-on appris auprès des services de sécurité.
Une trentaine de jeunes appartenant au groupe “6 avril”, sur le site de socialisation Facebook, qui avait appelé à protester contre la vie chère en Egypte le 6 avril dernier, s’étaient rassemblés mercredi sur cette plage, a précisé un responsable de ces services.
En vertu de l’état d’urgence, en vigueur depuis près de 27 ans en Egypte, les rassemblements sur la voie publique sont interdits.
“Nous nous dirigions vers la plage de Sidi Bechr, mais un policier nous a empêchés d’y aller parce que nous avions un cerf-volant sur lequel était peint un drapeau égyptien et que nous portions des T-shirts marqués +Mouvement du 6 avril+”, a précisé à l’AFP Mohammed Abdel Aziz, un membre du groupe.
Dans la soirée, les jeunes gens ont marché le long de la corniche d’Alexandrie en entonnant des chants nationalistes, a-t-il ajouté.
Des policiers sont alors intervenus et en ont arrêté 14, selon le responsable de la sécurité.
Douze autres membres du groupe ont été interpellés jeudi, a ajouté ce dernier, précisant que les 14 premiers allaient passer 15 jours en détention pour “menace à la sécurité publique”.
Les autres sont interrogés, a-t-il dit.
The Arabic Network for Human Rights Information (ANHRI), une ONG défendant la liberté d’expression, a dénoncé ces arrestations qui “ciblent 35 jeunes hommes et femmes qui sont membres du groupe du 6 avril et participaient à un voyage organisé par le groupe”.
L’association a essayé de les contacter “mais leurs téléphones portables sont tous éteints, ce qui est préoccupant, tout particulièrement avec la pratique bien connue de la torture” dans leur centre de détention, qui dépend des services de sécurité, poursuit l’ONG, basée au Caire.
La créatrice du groupe “6 avril”, Esraa Abdel Fattah, avait elle-même été arrêtée, une semaine avant le 6 avril, avant d’être relâchée un mois plus tard.
Le mouvement de protestation avait été suivi de manière sporadique dans le pays, mais la journée du 6 avril avait été particulièrement violente à Mahalla (delta du Nil), où trois personnes avaient succombé à leurs blessures après des heurts avec les forces de l’ordre.
En quelques semaines, 64.000 personnes avaient rejoint le groupe sur Facebook.
(©AFP / 24 juillet 2008 17h34)
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