Kareem Amer critiquait l’islam sur son blogue. Il a été condamné à la prison pour avoir incité à la haine de l’islam. Une campagne de Reporters sans frontières pour soutenir sa libération est en cours. On peut s’attendre que la gauche, les commissions des droits au Canada, Louise Arbour et Ban Ki Moon ne soutiendront pas ce cyberdissident «islamophobe». Il est temps qu’ils se posent des questions sur les valeurs qu’ils défendent.
Le discours dominant à l’ONU, au Conseil des droits de l’homme, chez les antiracistes et les bien-pensants, condamne toute critique de l’islam comme menant à la stigmatisation de plus d’un milliard d’êtres humains et constituant une menace à la paix mondiale. Comment peuvent-ils soutenir le droit à la liberté d’expression des dissidents qui vivent sous la tyrannie de la loi islamique ?
Les critiques de Kareem sont plus acerbes que le film Fitna de Geert Wilders, que les écrits de Mark Steyn publiés dans Maclean, que les caricatures de Mahomet publiées par Ezra Levant, ou la caricature du Chronicle Herald de Halifax qui fait l’objet d’une enquête criminelle à la suite d’une plainte par un centre islamique. Et pourtant, Reporters sans frontières et Amnistie soutiennent son droit à la liberté d’expression. Il faudra demander à Reporters sans frontières et à Amnistie de mettre le Canada sous haute surveillance.
Nous reproduisons des textes affichés sur le site de Reporters sans frontières dans le cadre de sa campagne de soutien pour la libération du cyberdissident égyptien Kareem Amer, suivis d’un communiqué d’Amnistie internationale. Le site contient un espace en ligne vous permettant d’écrire un commentaire. Nous vous encourageons à écrire.
Source: Libérez le cyberdissident égyptien Kareem Amer, site de Reporters sans frontières (cliquez ici)
Abdel Kareem Nabil Suleiman, plus connu sous le nom de plume Kareem Amer, a été arrêté le 6 novembre 2006 pour des articles publiés sur son blog (www.karam903.blogspot.com).
Il dénonçait régulièrement les dérives autoritaires du gouvernement de Hosni Moubarak et critiquait les plus hautes institutions religieuses du pays, en particulier l’université sunnite Al-Azhar, où il étudiait le droit.
Le blogueur a été condamné, le 22 février 2007, à trois ans de prison pour avoir «incité à la haine de l’islam» et à un an pour avoir «insulté» le président égyptien. La sentence a été confirmée en appel le 12 mars. Il a été rejeté par sa famille après son incarcération. Son père a même appelé à une condamnation à mort.
L’article ci-dessous est une traduction d’un article publié dans le journal allemand « Die Zeit » (The Time). Il a été publié trois jours après le premier anniversaire de la condamnation de Kareem pour avoir insulté l’Islam.
Nous bloguons parce que nous croyons
Par Simon Columbus.
Ses doigts forment le signe de la victoire mais Kareem Amer n’a pas gagné.
Bien au contraire, le 22 février de l’année dernière, l’étudiant de l’Université Al-Azhar au Caire était condamné et accumulait quatre ans de prison.
Trois années pour avoir insulté l’Islam et une année pour avoir insulté le président égyptien Hosni Moubarak.
Que s’est-il passé ? Le 22 octobre 2005, des émeutes contre les croyants chrétiens ont éclaté devant l’église d’Alexandrie.
Kareem Amer dont le nom réel est Abdul Kareem Nabeel Suleiman décrit l’incident.
Pour lui, le conflit religieux n’est rien d’autre qu’une excuse. Et il poursuit :
Mets l’Islam en procès et en condamnation avec tous ses symboles (…) dont tu peut être sûr que ce qui s’est passé hier ne se répètera pas.
Durs mots dans un pays où l’Islam est religion d’Etat et la Charia la base de la législation. Même si beaucoup de ceux qui se battent pour la libération de Kareem Amer ne sont pas d’accord avec ses polémiques.
«En tant que musulmans, nous sommes certainement en désaccord avec ce qu’il dit et la manière dont il l’écrit» dit Esra’a Al-Shafei du Bahreïn. Cependant nous sentons le besoin de protéger ses droits basiques pour le bien de nous tous.
Par conséquent, Esra’a Al-Shafei a initié la Campagne Free Kareem. Sur internet, les supporters collectent des informations sur le prisonnier et organisent des manifestations de protestation dans le monde.
Kareem Amer est un de ceux qui appartient à une génération «rising» de jeunes garçons et filles éduqués du Moyen-Orient qui revendiquent d’utiliser internet comme un moyen d’expression.
Fouad Al-Farhan, un autre blogeur emprisonné en Arabie Saoudite [libéré aujourd’hui] dit que sa génération pense : nous bloggons car nous croyons que nous avons des opinions qui méritent d’être entendues, et les esprits devraient être respectés.
Beaucoup de jeunes bloggeurs n’écrivent pas seulement à propos de la politique mais la plupart d’entre eux mentionnent des thèmes politiques encore et encore.
Ils veulent discuter et échanger entre eux à propos de leur vie aussi bien que les problèmes du Proche et Moyen-Orient.
Pour Fouad Al-Farhan, c’est seulement possible à travers des forums, réseaux sociaux et des blogs sur internet, car il n’y a pas de média libre ou une liberté de s’assembler dans des pays de la région dirigés autocratiquement.
Le rapport de l’organisation non-gouvernementale Reporters Sans Frontières arrive à la conclusion qu’il n’y a pas de liberté de la presse dans aucun pays du Proche et du Moyen-Orient. La flatterie est la meilleure façon de garder son travail et sa liberté.
Les plus influents deviennent les jeunes bloggeurs qui sont capables d’écrire ce qu’ils pensent réellement. Ils apportent à l’attention du public des problèmes qui sont ignorés par les médias contrôlés par les Etats. Beaucoup travaillent avec des surnoms, travaillent en anonymat pour se protéger.
D’après l’Initiative for an Open Arab Net en 2007, on peut compter à peu près une douzaine de détentions et de menaces pour des bloggeurs en Egypte. Aussi, au Proche et au Moyen-Orient, la guerre contre le terrorisme donne une excuse pour légitimer les fermetures de sites.
Souvent, les bloggeurs deviennent des victimes de conflits politiques: Ahmed Al-Omran, un des bloggeurs saoudiens proéminents, croit que son compatriote Fouad Al-Farhan est arrêté comme un bouc émissaire. Il est coincé au milieu d’un conflit entre le Roi Abdullah, qui est pressé pour les réformes et ses officiels conservateurs.
Kareem Amer est dans la même situation : Il est probablement détenu car la police s’en prend à la blogosphère égyptienne des membres islamistes des Frères Musulmans et les réformistes libéraux.
Kareem Amer a été rejeté par sa famille avant qu’il soit envoyé en prison. Son père a même appelé à une condamnation à mort.
Parce que les prisonniers égyptiens dépendent de leur famille pour leurs besoins quotidiens, Esra’a Al-Shafei et l’équipe de «Free Kareem» a collectionné des dons pour lui. Dans une lettre écrite depuis la prison, le détenu fait connaître sa reconnaissance :
«La Prison ne me changera pas».
Le site vous invite à écrire un commentaire en ligne. Nous vous encourageons à y donner suite.
Réaction d’Amnesty International à la condamnation de Kareem Amer, le 7 mai 2008
AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Égypte. La condamnation de Karim Amer fait des blogueurs des nouvelles cibles pour les autorités.
Amnesty International condamne la peine de quatre ans d’emprisonnement infligée ce jeudi 22 février par un tribunal égyptien au blogueur Karim Amer, et elle demande la libération immédiate et inconditionnelle de cet homme.
«Cette condamnation est un nouveau coup porté à la liberté d’expression en Égypte, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du nord d’Amnesty International. Les autorités égyptiennes doivent protéger l’exercice pacifique de la liberté d’expression, y compris si les points de vue exprimés peuvent être perçus comme choquants par certaines personnes. Amnesty International considère Karim Amer comme un prisonnier d’opinion poursuivi uniquement pour avoir exprimé de manière pacifique son point de vue sur différents sujets.»
«Les autorités égyptiennes doivent abroger la loi, contraire aux normes internationales, qui prévoit des peines d’emprisonnement pour des personnes n’ayant rien fait de plus qu’exercer de manière pacifique leurs droits à la liberté d’expression, de pensée, de conscience et de religion.»
Karim Amer est le premier Égyptien jugé pour avoir écrit des blogs critiques à l’égard des autorités religieuses d’el Azhar, du président Moubarak et de l’islam. Il a été accusé notamment de «diffusion d’informations susceptibles de troubler l’ordre public et de ternir la réputation du pays», «d’incitation à la haine de l’islam» et de «diffamation à l’égard du président de la République».
Voir aussi:
Mort du Conseil des droits de l’Homme et de l’universalité des droits de l’Homme
La vision différentialiste des droits de l’Homme promue par l’ONU, par Caroline Fourest
“Fitna” de Geert Wilders est en ligne – le film dit la vérité
ONU – Ban Ki Moon condamne la diffusion de FITNA
L’ONU contre les droits de l’Homme – le drame ignoré des grands médias
Pourquoi les sociétés arabes sont-elles opposées aux droits de l’Homme ?
ONU – Louise Arbour condamne FITNA et appelle à des mesures juridiques appropriées
Affaire Maclean et Steyn : le Globe fustige la Commission ontarienne des droits
Macleans et Congrès islamique du Canada – mise à jour du djihad juridique
Commission des droits de l’Alberta contre Ezra Levant – caricatures de Mahomet
Plainte à la police de Halifax par un Centre islamique pour une caricature politique