«Un juge de Toronto a ordonné à une musulmane de retirer son niqab pendant qu’elle témoignait dans une affaire d’agression sexuelle. L’islam n’impose pas aux femmes de masquer leur visage. C’est une coutume tribale reprise par l’islam wahhabite saoudien. Quand cette musulmane dit que cacher son visage est un acte de piété, elle se fait le porte-voix non pas de la justice, mais de ceux qui souhaitent infiltrer la charia dans notre système judiciaire».
Tarek Fatah, un musulman torontois bien connu des habitués de Point de Bascule (voir ici pour sa bio), réagit à la décision récente du juge ontarien. La musulmane en question est un témoin clé dans le procès. Les règles normales d’administration de la preuve au Canada exigent qu’un accusé puisse confronter ouvertement ses accusateurs. L’avocat de la musulmane a annoncé qu’il ferait appel. Lisez aussi notre traduction de l’éditorial du National Post sur cette affaire: Ôtez le voile
Traduction de: Veil of ignorance, par Tarek Fatah, National Post, le 4 février 2009
Il ne se passe guère une semaine sans que ma foi islamique ne soit à nouveau sous les projecteurs. Quand ce n’est pas un commando suicide qui se fait exploser dans une mosquée en Irak au cri de « Allahu Akbar », c’est un imam de la Malaisie qui déclare que la pratique du yoga est un péché. Quand ce n’est pas un imam de Toronto qui justifie les attentats suicides dans un talk-show sur TV Ontario, c’est une musulmane qui écrit une chronique dans un quotidien canadien où elle préconise l’introduction de la charia au Canada.
Mais le sujet qui soulève le plus les passions est l’accoutrement supposément « traditionnel » de la femme musulmane. Que ce soit dans des piscines ou des bureaux de vote, on n’échappe pas aux controverses à répétition sur le masque facial, mieux connu comme le niqab ou la burka.
La dernière incarnation de la controverse sur le niqab a fait irruption cette semaine quand un juge de Toronto a ordonné à une musulmane de retirer son niqab pendant qu’elle témoignait dans une affaire d’agression sexuelle.
La femme a invoqué l’islam pour justifier son refus de témoigner sans son masque facial. Elle a déclaré au juge: «C’est une question de respect, de modestie», avant d’ajouter que c’était une question d’«honneur» islamique.
Ces explications ont été rejetées par le juge qui a déterminé que l’argument des «convictions religieuses » de la femme n’était pas particulièrement fort, et que, à son avis, la femme demandait à porter le niqab « pour des raisons de confort ».
Mais ces arguments passent à côté de la question car ils impliquent qu’on accepte le mythe voulant que la religion islamique impose aux femmes le port du masque facial, ce qui est absurde.
L’islam ne comporte aucune règle obligeant les femmes à couvrir leur visage. Cette pratique reflète plutôt un mode de contrôle des hommes sur les femmes. Son association avec l’islam provient de l’Arabie saoudite qui cherche à exporter la pratique du voile, ainsi que d’autres éléments de son austère version wahhabite de l’islam, aux communautés musulmanes du monde entier.
Si les lecteurs ont le moindre doute sur cette question, ils devraient jeter un coup d’œil au lieu le plus sacré pour les musulmans – la grande mosquée de La Mecque. Depuis plus de 1400 ans, les femmes et les hommes musulmans prient dans ce que nous croyons être la Maison de Dieu, et depuis tous ces siècles, il est expressément interdit aux visiteurs de couvrir leur visage.
Pour la plus grande partie du 20e siècle, les musulmans réformistes, de l’Égypte à l’Inde, ont fait campagne contre cette terrible coutume tribale imposée par l’islam wahhabite. La génération de ma mère a jeté la burka quand les pays musulmans ont obtenu leur indépendance après la Seconde Guerre mondiale. Des millions de femmes, encouragées par leurs maris, leurs pères et leurs fils, ont rejeté ce vêtement oppressant comme une première étape vers l’égalité des sexes.
Mais alors que le reste du monde évolue vers l’objectif de l’égalité des sexes, ici au Canada, sous nos yeux, les islamistes font marche arrière et convainquent des musulmanes instruites qu’elles ne sont rien d’autre que des objets sexuels et une source de corruption et de péché.
Au Canada, on peut placer l’origine du phénomène de l’augmentation du nombre des femmes niqabées à 2004, soit lorsqu’une universitaire musulmane pakistanaise radicale du nom de Farhat Hashmi est arrivée au pays avec un visa de visiteur. Après son arrivée, elle s’est vu refuser à deux reprises un permis de travail. Mais cela ne l’a pas empêchée de mettre sur pied une école musulmane à Mississauga, en Ontario, où elle promeut les normes wahhabites, y compris le port du niqab, l’abandon du marché du travail et la polygamie.
La majorité des musulmans canadiens ont observé ce phénomène avec stupéfaction. Ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi ce pays devrait tolérer l’oppression des femmes au nom de la religion et du multiculturalisme.
La femme qui s’est vu refuser le droit de porter sa burka en cour cette semaine est une victime: elle est une marionnette dans les mains de ceux qui veulent maintenir les femmes à leur place. Mais quand elle a invoqué l’islam et dit que cacher son visage était un acte de piété, elle s’est fait le porte-voix non pas de la justice, mais de ceux qui souhaitent infiltrer la charia dans notre système judiciaire.