Khader a participé à la fondation d’un nouvel organisme international contre l’islamisme. Il veut aussi faire du Danemark un pôle de la lutte pour la liberté d’expression, ce que le pays est de facto par le biais de la défense des caricatures de Mahomet. Il travaille à organiser la première conférence sur la liberté d’expression sur le modèle de la conférence mondiale sur le changement climatique. Une Déclaration de Copenhague sera rédigée. Il croit aussi que la bataille pour l’ONU est perdue, et prône une nouvelle organisation réservée aux seuls pays véritablement démocratiques.
Naser Khader, un citoyen danois d’origine syrienne, est le fondateur des Musulmans démocrates du Danemark. Il est membre du Parlement danois et chef du parti de l’Alliance libérale. En 2006, il a reçu le Prix de la liberté d’expression décerné par le JyllandsPosten (le journal danois qui a publié les caricatures de Mahomet). En 2007, il a reçu le Prix international du Comité Laïcité République, France.
Une internationale pour la liberté d’expression, traduction par adbouz d’une interview en danois publiée le 3 octobre 2008 sur le site weekendavisen.dk. Glané sur le site Afrique du Nord.
Naser Khader a du mal à se positionner dans le paysage politique danois. Peut-être qu’il va mieux réussir en tant que champion de l’islam à visage humain ? Khader a participé à la fondation d’un nouvel organisme international contre l’islamisme, et il veut faire du Danemark un pôle de la liberté d’expression.
Il y a beaucoup d’inconnus autour de la nouvelle organisation. Comment va t-elle être appelée, qui est membre etc… Khader est encore sceptique.
C’est un homme d’affaires britannique qui a financé le travail philanthropique. Récemment, ils se sont rencontrés dans un château à vins français pour discuter. Ils ont convenu de mettre de côté les différences et de se concentrer sur une chose : arrêter la propagation de l’Islam radical.
«Nous nous sommes trop fixés sur la lutte contre Ben Laden, les extrémistes et les terroristes, mais ils ne sont que la pointe de l’iceberg. La véritable bataille est sur les valeurs, et les islamistes gagnent de l’influence partout dans le monde. Nous avons eu des discussions pour savoir qui est réellement apte à lutter contre l’islamisme, est-ce l’Occident ou les musulmans eux-mêmes ? En ce qui concerne le terrorisme musulman les armes et la force de l’Occident sont nécessaires, mais par rapport à la lutte contre l’islamisme en général, les musulmans modérés doivent s’engager».
«Nous avons également abordé le sujet de la publication. Quand un musulman modéré écrit un livre, les islamistes écrivent dix livres. Ils ont des maisons d’éditions, ils ont de l’argent, et ils sont aussi plus ou moins d’accord, tandis que les modérés peuvent peut-être être d’accord pour lutter contre l’islamisme, mais à partir de différentes politiques divisées. Certains croient que la solution est de quitter l’islam, mais ma position est que nous devrions être à l’intérieur et lutter contre lui. On ne convainc pas beaucoup de musulmans modérés dans la lutte contre l’islamisme en traitant Mahomet de pédophile, en appelant à l’interdiction du Coran et ainsi de suite. C’est bien d’avoir cette position, mais je ne pense pas que cela fonctionne, quand on ambitionne de convaincre à un changement de comportement. Nous avons eu une discussion sur ce sujet, mais nous avons conclu unanimement que l’islam c’est le racisme. Certains vont objecter que ça n’a rien à voir avec la race, mais le fait est que le racisme dans la façon dont ce mot est aujourd’hui utilisé, est plus basé sur le mode de vie et les attitudes que sur la race. C’est le racisme de notre ère, les islamistes se considèrent comme des personnes meilleures que les autres. Le reste de l’humanité doit aller en enfer».
Khader a plus peur de l’Arabie Saoudite que de l’Iran. Il a dit que les Saoudiens avec leur argent achètent tout et tous. Par exemple, un programme documentaire U.S. sur la chaine PBS où Khader à contribué, a été stoppé : c’est un saoudien membre du conseil d’administration qui l’a arrêté. Selon Naser Khader, l’occident n’a pas saisi où réside le véritable danger dans la lutte pour la paix et la civilisation.
«Oui, l’Iran est dangereux, et nous devons faire tout notre possible pour empêcher qu’ils obtiennent une bombe nucléaire, mais l’Iran est du vent comparé à l’Arabie saoudite. Je vois l’Arabie saoudite comme le pays qui représente la plus grande menace à la paix dans le monde. L’ambition de l’Iran est de devenir une superpuissance régionale, mais les Saoudiens ont des ambitions mondiales et achètent de l’influence dans le monde entier», dit-il, et de mentionner la question du reportage de la journaliste américaine Martyn Burke sur la confrontation interne entre modérés et extrémistes musulmans. Khader a lui même contribué, comme le défunt imam danois Abu Laban, dans l’émission, l’affaire des caricatures de Mahomet, et la crise qui s’en est suivie».
«Martyn Burke est une journaliste connue de la chaîne publique PBS, mais même si elle est employée là-bas, on a dit « non » à la diffusion du reportage. Pourquoi ? Parce que dans le conseil d’administration de PBS siège un Saoudien qui a opposé son véto».
«Les Saoudiens achètent de l’influence dans les médias, le football et les fonds boursiers, et en ce qui concerne le Danemark et la liberté d’expression la réunion qui s’est tenue en Arabie saoudite en décembre 2005, sur les caricatures de Mahomet, est pour moi importante. Ils ont déclaré à la réunion que maintenant le plus important pour les musulmans c’est de s’attaquer à la liberté d’expression, car cette liberté est utilisée que pour critiquer l’islam et les musulmans. Les Saoudiens et les Égyptiens sont sortis pour dire aux masse musulmanes «du calme, nous porterons cette affaire à l’ONU». C’est pourquoi je vois Durban II comme une continuation de l’affaire des caricatures». Là, Khader voit quelques corrélations intéressantes. Les États fondamentalistes et les mouvements musulmans ont détecté à travers les caricatures la puissance de la liberté d’expression. Ils veulent y mettre fin par tous les moyens. Par conséquent, l’une des lignes directrices de la Conférence des États islamiques est de faire de l’islamophobie un crime, et de transformer l’ONU en un organisme qui permettra de protéger l’islam».
Durban II est une étape importante. Khader pense que le Danemark devrait devenir un pôle de la lutte pour la liberté d’expression, ce que le pays est de facto par le biais de la défense des caricatures.
Khader veut que le Danemark organise tous les deux ans une conférence mondiale sur la liberté d’expression. Il souhaiterait que la première aura lieu en parallèle avec Durban II, au printemps.
«J’ai l’ambition de faire du Danemark le pays de la liberté d’expression, et nous travaillons maintenant à organiser la conférence sur les libertés d’expression à Copenhague tous les deux ans, sur le modèle de Bjørn Lomborg de la conférence de Copenhague sur le changement climatique. C’est ici qu’on va se réunir, faire le bilan de la lutte, mesurer ce que nous avons parcouru et rédiger une déclaration de Copenhague. L’objectif est d’inciter les musulmans modérés dans le monde entier».
Naser Khader espère que la première conférence puisse se tenir en parallèle avec la conférence des Nations unies sur le racisme de Durban II en avril de l’année prochaine, où un grand nombre de pays musulmans et leur organisme L’OCI vont essayer d’interdire la critique de la religion, par exemple l’islam et le blasphème. C’est alors seulement que les participants vont apparaitre ouvertement.
«Je leur ai présenté l’idée, et ils sont enthousiasmés à l’idée que la conférence se tiendra à Copenhague. Nous allons d’abord tenir une réunion pour nous-mêmes et le jour suivant une séance publique. Cela ne plaira pas aux Saoudiens, cela ne nous dérange pas, ce sera un motif de fierté. Le Danemark est une très grande étoile parmi les combattants de la liberté. Ils suivent ce qui se passe au Danemark, et lorsque j’ai rencontré le groupe, ils étaient presque autant au courant sur ce qui se passe au Danemark comme je le suis ici. Ce que nous disons et faisons est rapidement connu à l’extérieur, si ça concerne la lutte contre l’islamisme et pour les libertés».
Khader croît que la bataille pour les Nations Unies est perdue. Il pense que les pays démocratiques doivent se rassembler pour créer une nouvelle organisation. Il veut une toute nouvelle ONU, où les pays ne peuvent se joindre que s’ils remplissent certaines conditions de base, le secret du vote, des élections libres, la liberté d’expression, d’association et de religion.
«En fait, j’ai écrit une chronique en l’an 2000 sur ce point de vue, et j’ai été très impopulaire chez la gauche radicale – vous savez, tous ceux qui parlent de dialogue et de vivre-ensemble – mais je viens juste de revenir de Genève pour préparer Durban II, et il n’y a pas de dialogue. Les pays musulmans font le dos rond et s’allient contre les pays démocratiques. J’ai parlé dans la partie des ONG, mais j’ai également assisté à la partie officielle, et le premier qui a parlé, était le représentant de l’Arabie saoudite, qui a félicité le Soudan pour être la nation africaine la plus progressiste, où les femmes ont des droits égaux et qu’il s’agit d’un mythe que des gens soient tués. Et ils ont remplis les halls des locaux de pleins de panneaux, les panneaux d’affichage montrent que les femmes soudanaises utilisent l’ordinateur. C’est absolument ridicule».
Qu’en sera-t-il de l’actuelle ONU ?
«Les dictateurs peuvent continuer tous seul».
Qu’en est il de la Chine ?
«Elle ne peut pas faire partie d’une nouvelle ONU si elle n’est pas démocratique. C’est la Chine qui a bloqué l’aide que nous voulions porter aux réfugiés du Darfour, et ce sont eux qui siègent et opposent des vetos quand il s’agit de droits de l’homme».
Qu’en sera t-il de la paix, objectif de l’ONU ? n’est-ce pas l’abandonner, si il n’y a plus un forum de discussion commun ?
«C’est un mythe qu’il y ait des pourparlers et un dialogue. Durban II est un bon exemple. Et maintenant, je leur dirais : allez vous faire enculer avec ce dialogue. Il n’y a pas de dialogue».
«Les totalitaires n’utilisent les Nations Unies que pour envoyer leur famille à New York et Genève et leur donner de bons emplois, pour lesquels ils ne sont pas qualifiés».
Traduction : adbouz
Source : weekendavisen.dk
Son blog : http://khader.dk/
Voir aussi:
Le Canada dit non à Durban 2, vu le « cirque » de Durban 1
L’enjeu de Durban II : la liberté d’expression, par Mark Dubowitz, Wall Street Journal
Salim Mansur : L’islam politique menace nos libertés
Tarek Fatah : L’islam politique menace nos libertés
Raheel Raza : L’islam politique menace nos libertés
L’OCI ne parle pas pour les musulmans, par Tarek Fatah