«C’est dur d’être aimé par des cons», documentaire de Daniel Leconte sur l’affaire des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo, prend l’affiche aujourd’hui à Ex-Centris. Il sort vendredi à Montréal, Sherbrooke, Gatineau et Québec.
Un film de Daniel Leconte.
Pour avoir reproduit les douze caricatures danoises ayant déclenché la colère des musulmans aux quatre coins du monde, Philippe Val, le patron de Charlie Hebdo, journal satirique français, est assigné en justice. Un procès hors norme que Daniel Leconte suit en temps réel. Pour décrypter, avec les acteurs clés, les enjeux politiques internationaux, médiatiques et idéologiques. Avec, en images : avocats, témoins, médias, conférences de rédaction, manifestations de soutien. Avec aussi les prises de positions des intellectuels et des hommes politiques, les réactions de l’accusation et des pays musulmans. Une réflexion sur l’Islam, sur la presse, sur l’état de l’opinion dans la société française mais aussi une tentative de réponse aux défis lancés par l’intégrisme à toutes les démocraties.
Lisez aussi sur cyberpresse.ca : Un documentaire français revient sur l’affaire des caricatures, par Anabelle Nicould. Extraits:
«Appuyé tant par d’éminents représentants de la société
intellectuelle parisienne – Elizabeth Badinter, Claude Lanzmann
– que par des intellectuels musulmans modérés – Mohamed
Sifaoui – et des politiques en pleine campagne présidentielle
– Nicolas Sarkozy, François Bayrou -, Charlie Hebdo gagne
la partie. «Sur le terrain de l’argumentaire, la messe est dite,
si je peux me permettre», s’amuse Daniel Leconte».
Un silence malsain
«Pourtant, les soutiens massifs apportés à Charlie tranchent
avec le malaise, voire le silence, suscité lors de la parution
des caricatures. «Ceux qui sont flamboyants quand il s’agit
d’enfoncer des portes ouvertes, de critiquer une fois Sarkozy,
une fois Royal, sans aucun risque évidemment, ces mêmes
gens se taisent quand il y a une vraie question centrale»,
constate Daniel Leconte».
«Ce malaise, Daniel Leconte le perçoit dès les débuts de
la production de son film, qu’il destine d’abord à la télévision.
Mais ses partenaires habituels refusent le projet. «Je sens
alors quelque chose de sale, de l’ordre de la lâcheté
collective sur un sujet pareil. Cela me met dans une
colère noire», se souvient-il. Il produit son film seul,
pour le cinéma. La fin du procès apaise les consciences,
et le film se retrouve même à Cannes».
Et dans Le Devoir: Entretien avec Daniel Leconte – On appelle à la barre la liberté d’expression, par André Lavoie. André Lavoie rappelle que Daniel Leconte était l’un des témoins cités par Charlie Hebdo. Extraits:
…le verdict, livré les 7 et 8 février 2007, a donné gain de
cause à Charlie Hebdo. Daniel Leconte s’en réjouit, mais il
voulait aussi «aller vers les adversaires pour comprendre
leurs arguments». Le fait qu’il soit directement associé au
camp de Val pouvait-il susciter leur méfiance, dont celle de
Francis Spziner, l’avocat de la Mosquée de Paris, et du père
Michel Lelong, le seul témoin de la partie plaignante?
Charlie Hebdo et le Hezbollah, et que le Hezbollah est bien mieux,
les bras m’en tombent, mais, pour un cinéaste, c’est du caviar!
Quand je lui ai montré son extrait d’entrevue pour obtenir son
approbation, il trouvait cela très bien. Comme quoi on ne peut
pas sous-estimer la connerie.»
Voir aussi:
France – Caricatures de Mahomet : acquittement de Charlie Hebdo confirmé par la cour d’appel
France – Film sur les caricatures danoises sélectionné à Cannes
Caricatures de Mahomet : La saga Ezra Levant (la suite, mais c’est loin d’être la fin)
Réprimer la liberté d’expression au niveau mondial, par L. Savage, Maclean’s