Alors que la classe politique israélienne est occupée aux Primaires de Kadima, il se passe une métamorphose au nord du pays, qui devrait mettre en alerte maximale politiques comme militaires. Le Liban est en train de tourner une page de son histoire en devenant officiellement un Etat satellite de la Syrie et de l’Iran. Certes, la Syrie a retiré ses troupes du Liban. Mais son influence politique et sa force de nuisance se sont considérablement étendues, et avec elles, l’ombre de son allié stratégique, l’Iran.
Après la naissance du gouvernement d’union nationale, le choix d’un nouveau Président et l’adoption d’un programme politique, tous taillés sur mesure pour le Hezbollah, c’est maintenant une autre étape qui vient d’être franchie: le leader druze Walid Joumblatt, dernier bastion anti-syrien au Liban, a signé la semaine dernière un accord militaire avec Hassan Nasrallah et le Hezbollah.
![](resizer.php?imgfile=img/jpg/hizbullah_in_nazi_salute.jpg&max_width=476)
Joumblatt, pro-occidental, qui s’appuyait généralement sur les Etats-Unis et (officieusement) sur Israël, a intégré la nouvelle donne issue de la Deuxième Guerre du Liban avec l’érosion de l’influence stratégique américaine et israélienne dans la région. Il a ainsi choisi de placer les Druzes sous le “parapluie protecteur” du Hezbollah, en accordant libre mouvement au Hezbollah dans les Montagnes du Chouf, fief de la population druze libanaise. Avec cette alliance militaire, le Hezbollah étend encore davantage sa liberté d’action au pays du Cèdre comme armée à tout points de vue, aux côtés de l’armée régulière, si ce n’est au-dessus d’elle. Et conformément aux accords de gouvernement, “il est habilité à choisir le moment opportun pour ouvrir les hostilités contre Israël”
La visite “historique” de deux jours qu’entame aujourd’hui mercredi à Damas le nouveau président libanais, Michel Sleimane, marque ce tournant stratégique que prend aujourd’hui le Liban. Sleimane a déjà donné des gages à son tuteur syrien en adoptant un ton inhabituellement ferme et martial envers Israël, justifiant par avance la lutte armée contre l’Etat juif pour récupérer “les terres libanaises occupées”.
Le choix des Libanais s’est ainsi réduit à cela: la soumission totale au Hezbollah ou l’explosion du Liban.
Il est symptomatique de constater que la communauté internationale est restée sans bouger face à ce changement, et face à “l’enterrement” officiel de la résolution 1701, dont la ministre des Affaires étrangères Tsipi Livni disait encore hier soir (mardi) “qu’elle en était très fière”! Qui pense encore “au désarmement du Hezbollah” ou “à l’arrêt des livraisons d’armes en provenance de la Syrie”??!!! Même la France, qui comme à son habitude a cru utile de sortir la Syrie du clan des “pestiférés” en espérant un geste en retour, se montre étrangement silencieuse face au rapt du Liban ami par le Hezbollah et ses suzerains.
L’Arabie Saoudite et l’Egypte, qui craignent l’Iran chiite et sa contagion, sont impuissantes sans une implication américaine, et les Etats-Unis eux-mêmes, ne donnent pas l’impression d’avoir bien saisi l’ampleur de ce qui se trame au Liban: ils viennent de proposer de renforcer l’Armée régulière libanaise en envoyant des armes et du matériel ultra-sophistiqués!
Israël aussi doit se rendre à l’évidence: il y a maintenant un Etat officiellement hostile à la frontière nord d’Israël, et Israël est seul face à ce défi. Le ministre de la Défense Ehoud Barak en a fait allusion il y a quelques jours en déclarant “qu’Israël n’accepterait pas le réarmement du Hezbollah”.
Mais le recul de la force de dissuasion et de la crédibilité d’Israël sont également dus à toutes ces sempiternelles déclarations et menaces israéliennes jamais suivies d’effets.
Voir aussi:
Liban – Le Hezbollah mène son coup d’Etat et occupe Beyrouth
Israël-Liban – Échange : 2 dépouilles contre 5 prisonniers
Ministre libanais : “Le Hezbollah rappelle les nazis”