VANCOUVER – Le radiodiffuseur Bruce Allen n’a pas enfreint la disposition sur les droits de la personne du Code d’éthique de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) dans son commentaire controversé sur les immigrants diffusé en septembre dernier sur CKNW, a dit l’Association mercredi.
Dans son commentaire à l’émission Reality Check, Allen a mentionné un certain nombre de problèmes rencontrés par des minorités ethniques ou religieuses, y compris: les passeports refusés aux enfants sikhs parce qu’ils portaient des «mouchoirs» sur la tête pour leurs photos, un projet du ministère de l’Immigration de changer les noms de famille sikh Singh et Kaur, les femmes en burka qui rencontrent des résistances lors de leurs tentatives de voter, et les porteurs de turbans qui refusent de porter un casque de moto, a dit l’organisme de surveillance des radiodiffuseurs.
Allen a conclu son commentaire en disant : «Si vous immigrez dans ce pays et que vous n’aimez pas ses règles, vous avez le droit de choisir de ne pas vivre ici», et «Si vous n’aimez pas les règles, partez. Nous n’avons pas besoin de vous ici. Vous avez un autre endroit où aller: ça s’appelle votre patrie».
Plusieurs auditeurs se sont plaints que Allen frôlait le racisme, et Allen lui-même a présenté ses excuses deux semaines plus tard pour avoir offensé des gens.
Une plainte a été déposée devant le conseil de normes de la radiotélévision.
Le Panel régional de Colombie-Britannique du Conseil a examiné les plaintes en vertu d’une clause du Code d’éthique de l’ACR qui interdit «les contenus ou commentaires abusifs ou indûment discriminatoires basés sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, etc», a déclaré l’ACR dans un communiqué de presse.
«Le panel a conclu à l’unanimité que Reality Check n’a pas enfreint cette clause, car si la plupart des exemples semblent viser la communauté sikh, ils ne sont pas tous de cette nature. En tout état de cause, le panel constate qu’en vertu de la clause sur les droits de la personne, la simple mention de chacun des exemples cités n’est pas problématique. Le panel a statué que ces questions se rapportent toutes à l’actualité courante ou récente et font l’objet de débats publics et, même si ces questions sont controversée, il est tout à fait légitime de les soulever et d’en débattre».
Le panel a aussi examiné les plaintes en vertu d’une clause du Code de déontologie qui exige la présentation intégrale, équitable et appropriée d’opinions, d’éditoriaux et de commentaires.
«Sur ce point, les six membres du panel de la Colombie-Britannique se sont divisés également, 3 à 3. Ceux qui ont conclu que le commentaire n’enfreignait pas cette disposition du Code en sont venus à cette conclusion au motif que Bruce Allen exprimait seulement une opinion politique qu’il était libre d’épouser et de diffuser. Le discours politique est le plus important type de discours à protéger, et ses désagréments occasionnels ne changent pas sa nature. À tout événement, dans le présent cas, comme l’a fait valoir Allen lui-même, le caractère provocateur de ce qu’il a dit a eu pour résultat d’accroître la sensibilisation sur la question et de susciter un débat public considérable, ce qui est un grand plus pour la démocratie. Pour ces membres du panel, le ton inepte et intimidant du commentaire éditorial n’en fait pas pour autant un commentaire suffisamment injuste ou inapproprié», a déclaré le panel.
Les autres membres du panel ont fait valoir que les propos d’Allen identifiant le turban sikh comme un «mouchoir» et le nom de famille sikh comme «Khan» plutôt que «Kaur» étaient «moqueurs et condescendants».
Ils ont ajouté: «En d’autres termes, il s’est senti libre de s’en prendre aux pratiques de ceux qu’il caractérise comme des immigrants et ce, sans prendre le temps de faire d’abord des recherches adéquates, ce qui aurait démontré du respect».
«Le fait que lui et les membres de sa famille ne portent pas le turban ou la burka ne pas lui donne pas le droit de ridiculiser les pratiques religieuses ou traditionnelles des autres Canadiens, qu’ils soient de la première génération ou de générations plus anciennes dans ce pays. S’il y a place pour un débat légitime sur les règles canadiennes actuelles quant aux différentes questions d’accommodements qu’il a mentionnées, ce n’est pas sur la base du «nous» et «eux» qu’il a choisie. Le panel trouve inappropriées de telles déclarations incorrectes qui sèment la discorde».
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