Commentaire de Point de BASCULE
M. Haydar Moussa a publié dans le journal Sada Al-Mashrek (Écho du levant) un poème dans lequel il traite les québécoises de souche de fornicatrices alcooliques. Son poème a été mentionné dans un billet du journaliste Richard Martineau sur son blog publié sur Canoë. Dans un commentaire, un internaute a traité Haydar Moussa de «chameau». M. Moussa s’est dit «traumatisé» par ce commentaire, d’où plainte au Conseil de presse. Non mais quel toupet!
À noter que cette décision du Conseil de presse a été rendue quelques jours avant la décision unanime de la Cour suprême du Canada qui a modernisé le droit au pays en matière de diffamation et de liberté d’expression. Souhaitons que même s’il a rejeté la plainte de Haydar Moussa, le Conseil de presse mettra aussi à jour ses normes d’éthique journalistique relatives aux «propos offensants», pour tenir compte de ce jugement.
La décision de la Cour suprême concernait un animateur de radio poursuivi par une activiste sociale opposée aux représentations positives de l’homosexualité. L’animateur l’a comparée à Hitler, au Ku Klux Klan et aux skinheads, des comparaisons laissant entendre que l’activiste tolérerait la violence contre les homosexuels. (c’est bien pire que «chameau»!) La Cour a rejeté sa poursuite en diffamation, au motif que «Nous vivons dans un pays libre où il est permis d’énoncer des opinions outrancières et ridicules tout autant que des vues modérées.»
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Extraits de la décision du Conseil de presse
Le plaignant souligne que le fait d’avoir encore ramené cette histoire et de s’être fait traiter de « chameau » lui ont causé de sérieux problèmes psychologiques et physiologiques.
M. Moussa précise qu’il a contacté M. Martineau et que ce dernier lui aurait répondu : « Ce n’est pas moi qui a inventé ce que tu as écrit. Assume. »
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Il faut bien comprendre que lorsque l’on rend un document public, on doit s’attendre à ce qu’il suscite de bons comme de mauvais commentaires. Cependant, le Conseil est d’avis que ces répliques doivent se faire dans les règles de l’éthique journalistique et les blogues étant un moyen d’expression difficilement contrôlable, il est d’autant plus important que les responsables évitent les propos offensants et ainsi ne dérogent aux règles élémentaires de l’éthique.
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Bien que le Conseil reconnaisse que certains mots pouvaient être considérés comme de mauvais goût, il constate que Canoë a rectifié son erreur, en retirant les propos dénoncés. Le Conseil ne prononcera pas de blâme contre les mis-en-cause (ndlr: Richard Martineau et Canoë)
Voir aussi:
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Le Conseil de presse rejette une plainte contre Radio-Canada pour propos islamophobes et haineux
Canada – Une décision majeure de la Cour suprême favorise la liberté d’expression