Une bataille de confessions est menée dans l’ancienne ville anglaise d’Oxford où certaines personnes s’opposent amèrement au projet de musulmans de diffuser l’appel à la prière au-delà des légendaires clochers surmontés de flèches.
Des résidents locaux, des membres du clergé et maintenant le chef de l’Église d’Angleterre ont été entraînés dans un débat sur une proposition de la mosquée centrale d’Oxford de diffuser un enregistrement de l’appel à la prière, ou Adhan, à partir des haut-parleurs de son minaret.
Les résidents qui vivent à proximité de la mosquée prétendent que l’appel à la prière embêtera leur communauté principalement composée de non-musulmans et ne sera même pas entendue par la majorité des musulmans d’Oxford, qui vivent à plus d’un demi mille de distance.
«Nous sommes très en colère parce qu’ils cherchent à infliger ça à une communauté non musulmane», a dit à Reuters Allan Chapman, un historien à l’université et un résident de la localité qui se décrit lui-même comme un chrétien pratiquant.
«Nous considérons ce projet comme une tentative d’imposer l’islam à une communauté de culture chrétienne», a-t-il dit.
Le recteur de l’une des plus grandes églises anglicanes d’Oxford, Charlie Cleverly de St. Aldate, a également attaqué le projet.
Il a dit à l’Oxford Mail que c’était un projet «non-Anglais» qui pourrait créer un ghetto musulman dans le quartier autour de la mosquée.
«Quand une telle zone est soumise à un tel appel à la prière, cela peut forcer les gens à quitter cette zone et encourager les familles musulmanes à s’y installer», a-t-il déclaré au journal.
La population d’Oxford est 150 000, et la mosquée centrale d’Oxford estime que près de 7 000 de ces résidents sont musulmans, essentiellement d’origine Sud-asiatique.
Soucieux d’éviter un choc des cultures, l’imam Munir Chisti dit qu’il est heureux de faire un compromis et il a modifié sa proposition pour diffuser l’appel à la prière une fois par semaine, au lieu des cinq fois par jour entendus dans les pays islamiques.
«Nous suggérons que nous ayons un appel à la prière chaque vendredi parce que c’est une journée spéciale pour les musulmans. Il ne sera pas entendu sur la totalité d’Oxford. Ça ne fera de tort à personne ni n’imposera quoi que ce soit à quiconque» a dit l’imam Chisti à Reuters.
Au moment le plus achalandé, lors des prières du vendredi, environ 1000 fidèles se réunissent à l’intérieur de la mosquée construite à cette fin.
Le débat est devenu suffisamment chaud pour attirer les commentaires sur BBC Radio de l’archevêque de Cantorbéry, Rowan Williams, et a incité l’évêque anglican d’Oxford John Pritchard à afficher une lettre sur le site Web du diocèse expliquant son soutien au projet musulman.
Williams – qui a suscité la controverse la semaine dernière après avoir suggéré que des aspects de la charia sont inévitables en Grande-Bretagne – a dit qu’il serait «mal à l’aise» au sujet d’un appel à la prière quotidien.
«Je pense que nous avons besoin d’une injection d’un peu de bon sens sur ce qui est approprié dans une communauté mixte qui ne sera jamais complètement musulmane. Un appel quotidien à la prière ne semble pas approprié dans ce genre d’environnement», a déclaré Williams à la BBC.
Pritchard a expliqué dans sa lettre sur le site Web du diocèse d’Oxford qu’il était heureux de l’appel à la prière aussi longtemps que des questions d’ordre pratique puissent être aplanies, comme la fréquence de l’appel, le volume, et si une période d’essai était souhaitable.
L’évêque a exhorté la tolérance à l’égard des autres confessions.
«Une partie de la vie dans une société civilisée est le respect de notre diversité, même si certains de ses aspects ne reflètent pas nos goûts ou convictions», a dit Pritchard.
D’autres se plaignent que l’appel à la prière n’est pas un appel neutre, et que toute comparaison avec les cloches des églises, qui ont sonné sur Oxford pendant des siècles, était inexacte.
«Les cloches des églises sont un signal, elles ne contiennent pas de mots, l’appel à la prière, lui, est politique», a dit Chapman, ajoutant qu’à ses oreilles l’Adhan sonne comme un «cri de bataille».
L’historien du 18e siècle Edward Gibbon serait certainement surpris d’entendre l’appel à la prière résonnant sur Oxford. Dans son célèbre Déclin et Chute de l’Empire romain, il spéculait sur ce qui se serait passé si les musulmans n’avaient pas été défaits par les Francs à la bataille de Tours en France en 732 et empêchés de s’enfoncer davantage en Europe.
«Peut-être que l’interprétation du Coran serait désormais enseignée dans les écoles d’Oxford, et que ses chaires démontreraient à un peuple de circoncis la sainteté et la vérité de la révélation de Mahomet», a écrit Gibbon.
Plus de deux siècles après les travaux de Gibbon, les résidents des temps modernes à Oxford ainsi que beaucoup d’autres chrétiens dans d’autres pays d’Europe discutent des relations avec leurs voisins musulmans qui auraient été impensables à son époque.
«La religion que quelqu’un pratique m’importe peu, mais je me préoccupe qu’une éloge bruyante d’un dieu auquel je ne crois pas soit diffusée dans ma maison», a écrit un lecteur sur le site Web d’Oxford Times.
Pour que la mosquée puisse aller de l’avant avec la diffusion de l’appel à la prière, elle doit obtenir l’autorisation du conseil municipal. L’imam a dit que compte tenu du niveau de controverse, il n’a pas encore demandé l’autorisation car il veut d’abord recueillir l’opinion des fidèles.
L’imam Chisti dit que les tensions accrues ont entraîné ce qu’il appelle de l’islamophobie: «c’est un manque de connaissances, ils ne comprennent pas nos intentions».
L’appel à la prière implique traditionnellement un chant du muezzin d’un minaret. Il commence par «Allahou Akbar» ou «Allah est le plus grand» et se termine par «Il n’y a de vraie divinité si ce n’est Allah».
Le Conseil musulman de Grande-Bretagne affirme que de plus en plus de musulmans choisissent des méthodes plus modernes de réception de l’appel à la prière par une fréquence FM spéciale sur leurs radios, ou de recevoir un message texte sur leur téléphone mobile les informant de la période de la journée où ils doivent prier.
Voir aussi sur notre site:
“Nous voulons offrir la charia à la Grande-Bretagne”
Un évêque britannique menacé de mort
UE – Sondage : les Européens pensent que l’islam menace leur mode de vie
Grande Bretagne – Les britanniques émigrent en nombre record
Grande-Bretagne – Des musulmans exigent la démission d’un évêque
Grande Bretagne- Un député dénonce la “christianophobie”
Grande-Bretagne – Downing Street dit non à la charia
Grande-Bretagne – Interdiction de manger à leurs bureaux pendant le ramadan
Grande-Bretagne- Infirmières épuisées par trop d’accommodements raisonnables
Grande-Bretagne – “Vivre en paix jusqu’au jour où…”
Grande-Bretagne – La vendeuse refuse de toucher une Bible « impure »
Grande-Bretagne – Les « Trois petits cochons » jugés offensants
Grande-Bretagne – Cruauté envers les enfants dans un rituel de flagellation
Grande-Bretagne- Convertis recrutés pour terrorisme
Grande-Bretagne – Un dentiste musulman force une femme à se voiler pour la traiter