L’une des minorités victimes de discrimination en Iran est la communauté Bahaïe. Les chiites considèrent la foi des Bahaïs comme une variante hérétique de l’islam. Des centaines d’entre eux ont été emprisonnés et exécutés pour leur religion depuis la révolution islamique de 1979. Ils font généralement l’objet de fausses accusations d’être des espions d’Israël.
La communauté bahaïe du Canada compte 30.000 fidèles.
NATIONS UNIES – L’Iran a annoncé mercredi que sept leaders de la communauté bahaïe (photo ci-contre), une foi interdite, seront jugés pour espionnage pour le compte d’Israël, pour insulte à l’islam et diffusion de propagande contre l’État, rapporte l’agence de presse iranienne ISNA.
Le fils de l’un d’eux, qui réside au Canada et dont le père a été arrêté l’année dernière, a réfuté mercredi les accusations qu’il a qualifiées de «tissu de mensonges ».
«Je suis très inquiet de ce développement. Tout peut arriver. Ils font face à de graves accusations», a dit Naeim Tavakkoli d’Ottawa, 31 ans, au sujet de son père Behrouz, 57 ans, et des six autres.
Le Canada a dénoncé l’emprisonnement des Bahaïs par l’Iran au moment de leur arrestation.
« Comme l’a déclaré notre gouvernement, ces personnes ont été arrêtées sur la seule base de leur religion», a déclaré Catherine Loubier, porte-parole du ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon. « Ces inculpations seraient inacceptables. Si les dernières nouvelles sont exactes, elles sont très inquiétantes. »
Les autorités iraniennes détiennent les sept individus à la tristement célèbre prison d’Evin à Téhéran où a été assassinée en 2003 la photojournaliste irano-canadienne de Montréal Zahra Kazemi. La Canadian Baha’i News Service les a identifiés comme étant Tavakkoli, Saeid Rezaie, Fariba Kamalabadi, Vahid Tizfahm, Jamaloddin Khanjani, Afif Naeimi et Mahvash Sabet.
« Les allégations voulant que ces sept personnes adhèrent à la foi Bahaïe qui est interdite ont été examinées par le Bureau du Procureur public et d’après le mandat, le dossier sera remis à la Cour islamique pour adjudication la semaine prochaine», rapporte ISNA citant Hassan Haddad, adjoint du Procureur à Téhéran.
Il a identifié certains des chefs d’accusation : espionnage pour Israël, insultes aux croyances sacrées de l’islam et propagande contre le régime, ajoute ISNA.
Tavakkoli dit que les sept accusés, dont deux femmes, n’ont pas eu accès à un avocat depuis leur arrestation. Le premier d’entre eux a été arrêté en mars. Les agents du renseignement iranien ont arrêté les autres, y compris le père de Tavakkoli, dans des raids à leur domicile en mai.
« Ils ont permis à ma mère un petit nombre de visites, mais seulement en présence d’un agent», a déclaré Tavakkoli, un ingénieur qui est arrivé au Canada avec son épouse Neda, 29 ans, à la fin de 2005.
«Mon père n’était pas en mesure de s’exprimer librement de sorte que nous n’avons aucune idée s’il a été victime d’abus, mais elle pouvait voir qu’il était pâle et faible. »
Fondée dans ce qui était la Perse au 19ème siècle, la foi bahaïe compte aujourd’hui environ 300.000 adeptes en Iran, mais ils font face à des persécutions croissantes en tant qu’« apostats » depuis la révolution islamique de 1979. La foi n’a pas de liens formels avec Israël, mais son siège international est dans ce pays.
« Il est situé dans les frontières modernes d’Israël pour la seule raison que les empires perse et ottoman ont banni son fondateur», a déclaré Gerald Filson, porte-parole de la communauté bahaïe du Canada qui compte 30.000 fidèles.
« L’accusation d’espionnage est artificielle et a servi de prétexte pour poursuivre les Bahaïs depuis plus de trois quarts de siècle. »
Les sept accusés étaient membres d’un groupe national de coordination qui contribuait à répondre aux« besoins de base des Bahaïs en Iran», ont dit les représentants internationaux.
Voir aussi:
Iran – Les mollahs ont emprisonné tous les leaders des Bahaïs
Iran – La persécution des Bahaïs se poursuit