Le terme islamiste sert à distinguer les musulmans impliqués dans la mise en œuvre des principes de la charia des musulmans en général. La distinction entre islamiste et musulman est essentielle et elle se compare aux distinctions entre nazi et Allemand ou communiste et Russe d’autres époques.
Dans un communiqué de presse émis le 3 janvier 2013, Ibrahim Hooper, directeur des communications du Council on American Islamic Relations (CAIR) basé à Washington a incité les médias à cesser d’utiliser le terme islamiste durant la nouvelle année. Selon lui, le terme est généralement utilisé de façon péjorative et il veut que ça cesse.
Plusieurs sites anti-islamistes ont commenté la nouvelle :
IPT (4 janvier 2013) : Un groupe islamiste tente de faire disparaître l’utilisation du terme islamiste (Islamist Group Tries to Kill Use of “Islamist”)
JihadWatch (4 janvier 2013) : Le CAIR lié au Hamas enjoint les médias d’abandonner l’usage du terme islamiste (Hamas-linked CAIR urges media to drop use of term “Islamist”)
GMBDR (6 janvier 2013) : Le CAIR veut que les médias cessent d’utiliser le terme islamiste (CAIR Wants Media To Stop Using Term “Islamist”).
Le communiqué du CAIR a été émis trois semaines après que sa section canadienne, CAIR-CAN, ait condamné Point de Bascule pour avoir qualifié d’islamiste l’assemblée Reviving the Islamic Spirit 2012 à laquelle participa Justin Trudeau à Toronto.
Le 21 décembre 2012, Point de Bascule répliqua à CAIR-CAN que jusqu’à maintenant le terme islamiste a été largement utilisé par les islamistes eux-mêmes et qu’il sert à distinguer les musulmans impliqués dans la mise en œuvre des principes de la charia des musulmans en général. La distinction entre islamiste et musulman est essentielle, comme furent les distinctions entre nazi et Allemand ou communiste et Russe à d’autres époques.
Nous publions ci-dessous la traduction française de la portion de notre réponse à CAIR-CAN qui portait sur l’utilisation du terme islamiste.
La réponse intégrale de Point de Bascule à CAIR-CAN s’intitule CAIR-CAN condemns Point de Bascule and uses John Ralston Saul as a poster boy to legitimize the Islamist agenda (CAIR-CAN condamne Point de Bascule et utilise John Ralston Saul comme tête d’affiche pour légitimer le programme islamiste).
L’insulte suprême : présenter les islamistes en ayant recours au terme qu’eux-mêmes utilisent pour se décrire
Une partie du communiqué de CAIR-CAN condamnant Point de Bascule déclare ce qui suit :
(Traduction PdeB) Le blogue (Point de Bascule) tente de semer la peur en qualifiant la conférence (RIS 2012) d’islamiste. Il tente de décourager des invités comme le député libéral Justin Trudeau de s’adresser à des milliers de musulmans dont une bonne partie sont des jeunes. Ces tactiques devraient être rejetées, déclare M. (Ishaan) Gardee, directeur exécutif de CAIR-CAN.
Point de Bascule a qualifié la conférence RIS 2012 d’islamiste parce que ses principaux commanditaires, ses principaux conférenciers et ses principaux supporteurs sont islamistes. Ils travaillent à l’islamisation du Canada et de l’Occident en général. Ils désirent que le Canada se conforme aux principes de la charia.
En 2004, Tariq Ramadan (un conférencier à l’assemblée RIS 2012) a déclaré à un périodique égyptien que le cadre légal canadien actuel est l’«un des plus ouverts dans le monde» et il a encouragé les leaders musulmans opérant au Canada à en profiter pleinement pour faire passer discrètement les principes de charia un à un. Ramadan a ajouté que «pour le moment», il est préférable de ne pas parler ouvertement de charia car le terme est «perçu de façon négative par les Occidentaux».
En juillet 2011, Ramadan a poursuivi dans la même veine quand il a incité ses supporteurs à Dallas à coloniser les États-Unis «avec notre compréhension de l’islam, avec nos principes».
Voilà exactement comment parle un islamiste.
Dans sa couverture de l’assemblée RIS 2012 du 13 décembre à SUN TV, Brian Lilley a rappelé quelques prises de position passées des Frères Musulmans. Il en a profité pour diffuser l’appel à la colonisation lancé par Tariq Ramadan à Dallas (vidéo 02:30).
On doit noter que le terme islamiste est fréquemment utilisé par les islamistes eux-mêmes quand ils veulent distinguer entre les musulmans en général et ceux qui sont engagés dans le projet politique d’imposition de la charia dans tous les aspects de la vie.
La distinction entre islamiste et musulman s’apparente aux distinctions entre nazi et Allemand ou communiste et Russe d’autres époques.
Encore une fois, on doit rappeler que le critère qui permet d’identifier un islamiste n’est pas de savoir si une personne est impliquée dans le jihad violent mais bien si elle croit en la mise en œuvre des principes de la charia. L’accent doit être mis sur l’aspect totalitaire de l’islam politique. Tous les islamistes considèrent légitime de recourir à la violence et à la coercition pour imposer la charia. Ils peuvent cependant différer d’opinion sur l’opportunité d’y recourir dans des circonstances données. Il s’agit là purement d’une question de tactiques et non de principes.
Raymond Ibrahim (Middle East Forum – 13 février 2012) : Pourquoi nous avons besoin de mots comme islamiste (Why We Need Words Like ‘Islamist’)
Dans son dictionnaire sur l’islam (Oxford Dictionary of Islam – p. 151), John Esposito, un compagnon de route des Frères Musulmans, donne la définition suivante d’un islamiste :
Islamiste (Traduction PdeB) – Terme utilisé pour décrire un activiste politique musulman. Il est utilisé de préférence au terme plus habituel de «fondamentaliste islamique». Les islamistes (al-Islamiyyun) sont déterminés à mettre en œuvre leur vision idéologique dans l’État et/ou la société. Ils sont souvent perçus comme des critiques de l’ordre établi et du statu quo. La plupart appartiennent à des mouvements sociaux (al-harakat al-Islamiyyah).
Islamist – Term used to describe an Islamic or political activist. Coined in preference to the more common term “Islamic fundamentalist.” Islamists (al-Islamiyyun) are committed to implementation of their ideological vision in the state and / or society. Their position is often seen as a critique of the establishment and status quo. Most belong to Islamic organizations or social movements (al-harakat al-Islamiyyah).
Hassan al-Banna (1906-1949), le fondateur des Frères Musulmans, a clairement codifié les aspects politiques et sociaux de son projet dans son Manifeste en 50 points. Dans ce document, il y promeut l’abolition des partis politiques et l’instauration d’un système de parti unique, la modification des lois pour les rendre conformes à la charia, la multiplication d’associations vouées à la promotion de l’esprit du jihad dans la jeunesse, la fermeture des salles de danse, la censure des films et des pièces de théâtre, l’imposition d’un code vestimentaire unique à la population, etc.
Au Canada, la Muslim Association of Canada (MAC) la principale organisation des Frères Musulmans au pays déclare sur son site internet qu’elle « adopte et fait tous les efforts pour appliquer l’islam (…) tel qu’il a été compris dans le contexte contemporain par le regretté imam Hassan al-Banna, le fondateur des Frères Musulmans».
Au fil des ans, la MAC a transféré des montants importants vers les trois principaux commanditaires de l’assemblée RIS 2012 selon les rapports annuels disponibles sur le site de l’Agence du revenu du Canada.
Les journaux canadiens ont présenté Faisal Kutty comme un membre du conseil de direction de CAIR-CAN en 2001, 2002 et 2005. En 1998, le même Kutty a utilisé le terme islamiste pour décrire un leader algérien des Frères Musulmans qui visita le Canada (Le cheik islamiste algérien Mahfoud Nahna s’adresse à la conférence d’ISNA – Algerian Islamist Sheikh Mahfoud Nahna Addresses ISNA Conference).
Est-ce que CAIR-CAN croit que son ancien directeur tentait «de semer la peur» lorsqu’il qualifia Mahfoud Nahna d’islamiste? Bien sûr que non.
Le 14 décembre 2011, c’était au tour de Tariq Ramadan d’utiliser le terme islamiste pour décrire les Frères Musulmans d’Égypte sur son propre site internet :
(Traduction PdeB) Les deux partis islamistes Liberté et Justice représentant les Frères Musulmans et Al Nour représentant les salafistes se sont manifestés comme les principales forces politiques en Égypte.
Ibrahim Abu-Rabi, un leader des Frères Musulmans qui opérait à Edmonton jusqu’à sa mort en 2011, a écrit un livre au sujet du regain islamique au Moyen-Orient. À la page 263, il qualifie Qaradawi, le guide spirituel des Frères Musulmans, d’islamiste. Est-ce que CAIR-CAN est offusqué par l’affirmation?
Point de Bascule (26 août 2011) : Profil d’Ibrahim Abu-Rabi
Les mots ont des sens précis et les nuances sont importantes. Les raisons qui incitèrent Kutty, Abu-Rabi et Ramadan à utiliser le terme islamiste sont les raisons qui amenèrent Point de Bascule à le faire. Un désir d’apporter de la précision et de la nuance. En utilisant le terme islamiste, Kutty, Abu-Rabi et Ramadan reconnaissent que tous les musulmans n’appuient pas la charia. Un mot spécifique était requis pour désigner les activistes musulmans qui appuient la charia et qui travaillent à la mettre en œuvre. À un moment donné, quelqu’un a introduit le terme islamiste. Il répond tout à fait au besoin qu’il fallait combler.
Tariq Ramadan le 27 juillet 2011 à Dallas : «Ça devrait être nous, avec notre compréhension de l’islam, avec nos principes qui colonisons positivement les États-Unis d’Amérique».
D’autres extraits de cette conférence de Tariq Ramadan sont disponibles sur Point de Bascule.