Une ONG accuse le parti des Frères Musulmans dont est issu le président Mohamed Morsi d’organiser des convois médicaux circulant dans les villages d’Egypte pour effectuer des excisions.
Le Figaro (14 juin 2013) : Egypte : une fille meurt après son excision
Une ONG égyptienne a condamné aujourd’hui la mort d’une fillette à la suite de son excision, dénonçant la clémence gouvernementale envers cette pratique, pourtant interdite par la loi.
“Souheir Mohamed Ibrahim, 13 ans, est morte des suites de son excision dans un centre de la province de Dakahleya” dans le delta du Nil, a indiqué dans un communiqué la coalition égyptienne des droits de l’enfant. Le texte souligne que cette excision “défie (…) le Code pénal égyptien” qui criminalise cet acte.
La coalition se dit en outre “profondément indignée par l’attitude de l’Etat envers ces crimes qui dépassent la violation de la loi et constituent des crimes contre l’humanité”. Elle reproche à l’Etat – dirigé par l’islamiste Mohamed Morsi, issu du parti Liberté et justice (PLJ), bras politique de la puissante confrérie des Frères musulmans– de ne pas sévir contre les convois médicaux circulant dans les villages pour effectuer des excisions, et organisés par le PLJ.
Le texte poursuit que des avocats “se battent pour protéger les droits de la petite victime et enquêter sur ce crime d’excision qui n’est pas l’ablation d’un bout de peau”, dénonçant une possible faute du médecin et appelant à sanctionner les professionnels de santé pratiquant l’excision. Le Parlement avait voté en 2008 la criminalisation de l’excision sauf en cas de “nécessité médicale”.
Depuis, pratiquer l’excision – une tradition qui remonte au temps des Pharaons – est passible en Egypte de trois mois à deux ans de prison ou d’une amende pouvant aller de 100 à 600 euros. L’excision, ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins, reste très répandue en Egypte, notamment dans le Delta du Nil et les régions rurales.
Quand ils mènent leur jihad idéologique, les islamistes ont fréquemment recours à la tactique qui consiste à nier que leur doctrine politico-religieuse endosse des pratiques comme le crime d’honneur, l’excision du clitoris et le jihad offensif.
Sheema Khan écrit dans son livre Of Hockey and Hijab (Toronto, Tsar Publications, 2009, p. 147) que l’excision ne peut pas faire partie des injonctions de l’islam puisqu’il n’en est pas question dans le Coran. Comme si les idéologues islamistes qu’elle endosse se fondaient uniquement sur le Coran pour justifier leur doctrine.
Quand le guide spirituel des Frères Musulmans Youssef Qaradawi endosse les mutilations génitales féminines, il ne le fait pas en citant le Coran mais bien les hadiths, des documents que les exégètes de l’islam déclarent rapporter des paroles et des actions de Muhammad. En février 2004, sur le site Islamonline.net, Qaradawi a cité un de ces hadiths dans lequel le fondateur de l’islam déclare à une sage-femme: «Réduisez la taille du clitoris mais n’excédez pas la limite car ceci est meilleur pour la santé des femmes et préféré par les maris».
Dans une de ses chroniques du Globe and Mail (13 novembre 2002, p. A31), Sheema Khan a endossé Qaradawi en le présentant comme un «exégète musulman renommé».
Sheema Khan est l’ancienne présidente de CAIR-Canada, une filiale de CAIR National membre du réseau nord-américain des Frères Musulmans. En 2005, puis en 2009, Khan s’est prononcée en faveur l’introduction de la charia au Canada (Globe and Mail 15 septembre 2005 et 28 janvier 2009).
La position de Tariq Ramadan sur l’excision est similaire à celle de Sheema Khan. Dans son essai What I believe (Mon intime conviction) destiné au public occidental (New York, Oxford University Press, 2010, p. 64), Ramadan qualifie l’excision de «pratique culturelle non islamique» tout en endossant, dans son livre Radical Reform, Qaradawi l’apologiste des mutilations génitales, comme «un des exégètes de l’islam les plus importants» à s’être prononcé sur les attitudes et les comportements que les musulmans doivent adopter lorsqu’ils vivent en Occident.
Tariq Ramadan et plusieurs autres leaders et organisations associés aux Frères Musulmans endossent également le manuel de charia Umdat al-Salik (Reliance of the traveller). Ce document justifie les mutilations génitales féminines à la section e4.3.
Références supplémentaires
Point de Bascule : Section Mutilations génitales féminines de l’index Charia
Le Figaro : Liste d’articles sur l’Egypte
Le Figaro : Liste d’articles sur Mohamed Morsi (président d’Egypte et leader des Frères Musulmans)