Slate Afrique présente un portrait du général Mohammed Ahmed Mustafa al-Dabichef, le chef de la mission d’observation de la Ligue arabe en Syrie. Point de Bascule vous présente quelques extraits:
Dabi pourrait être le chef de mission humanitaire le plus improbable que le monde ait jamais connu. C’est un partisan acharné du président Omar al-Bachir, qui est recherché par la Cour pénale internationale pour génocide et crime contre l’humanité du fait de la politique menée par son gouvernement au Darfour. Dabi a lui-même œuvré dans cette région soudanaise agitée, où il est accusé d’avoir supervisé la création de milices particulièrement redoutées, les «janjawid»- ce qui suffit à faire blêmir les militants des droits de l’homme.
Le général Dabi au Darfour et les Janjawid
Son engagement au Darfour remonte à 1999, soit quatre avant que la région ne connaisse une explosion de violence dévastatrice – explosion qualifiée de «génocide» par le secrétaire d’État Colin Powell. Le Darfour est alors aux portes d’une guerre opposant les communautés arabes et masalit. Quelques années plus tard, cette même ligne de faille provoque un conflit interethnique plus sanglant encore; la situation devient incontrôlable, et Bachir envoie Dabi au Darfour pour restaurer l’ordre.
Selon l’ouvrage “Darfour: A New History of a Long War”, de Julie Flint et Alex De Waal, Dabi est arrive à Geneina (la capital du Darfour de l’ouest) le 9 février 1999, avec deux hélicoptères de combat et 120 soldats. Il y est resté jusqu’à la fin du mois de juin. Pendant cette période, il se fait un nouvel ennemi en la personne du gouverneur masalit du Darfour Occidental.
«Le gouverneur Ibrahim Yahya décrit la période comme le commencement de l’organisation des Janjawid: des chefs de milices [arabes], comme Hamid Dawai et Shineibat, ont reçu de l’argent des mains du gouvernement pour la première fois. L’armée fouillait et confisquait les armes dans les villages, et au bout de deux jours, les Janjawid arrivaient. Ils attaquaient et pillaient de six heures du matin à deux heures de l’après-midi, et pendant tout ce temps, l’armée n’était qu’à dix minutes de route. C’est ainsi qu’ils ont brûlé l’ensemble de Dar Masalit», décrit l’ouvrage.
Cinq années plus tard, le récit de Yahya a été confirmé par un commandant de l’Armée de libération soudanaise, un groupe révolutionnaire de la région. «[L]es choses ont changé en 1999», a-t-il expliqué à Flint et De Waal. Les FDP [Forces de défense populaires, une milice gouvernementale] se sont retirées et les janjawid sont arrivés; les janjawid ont occupé toutes les bases des FDP.”
Le gouvernement qatari sait donc parfaitement à qui il a à faire
Ceci étant dit, c’est sans doute à l’épisode le plus récent de sa carrière que Dabi doit sa nomination par la Ligue arabe à la tête de la mission d’observation en Syrie. Ambassadeur du Soudan au Qatar de 1999 à 2004, il est souvent revenu à Doha par la suite dans le cadre de ses nouvelles fonctions (qui étaient à nouveau en lien avec le Darfour). Le gouvernement qatari, qui a pris la tête des efforts visant à faire pression sur le régime Assad au sein de la Ligue arabe, sait donc parfaitement à qui il a à faire.
Mettre un terme à la répression d’Assad
Le passé mouvementé de Dabi n’est que l’un des nombreux motifs de mécontentement des militants des droits de l’homme. Ils reprochent à la mission d’observation d’avoir manqué à l’une de ses promesses: elle s’était engagée à superviser la mise en œuvre d’une initiative de la Ligue arabe visant à mettre un terme à la répression d’Assad.
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Références supplémentaires
Slate.fr : Comment le Qatar a acheté la France (et s’est payé sa classe politique)