Beaucoup a été dit sur la quête d’al-Qaïda pour acquérir des armes de destruction massive (ADM) comme moyen de frapper au cœur de leur ennemi numéro un, les États-Unis. L’exemple le plus récent de ces efforts en cours pour acquérir des capacités en matière d’ADM est un récent message affiché sur un forum internet djihadiste intitulé: «Bonne Nouvelle – Technique de production d’anthrax» (al-ekhlaas.net, 3 mars).
Un participant du forum, surnommé al-Faz, a posté une description détaillée des techniques de production d’anthrax destinée aux djihadistes partout dans le monde: «De bonnes nouvelles que vous attendez depuis longtemps, soldats d’Allah. C’est le moment d’utiliser des armes biologiques contre les ennemis d’Allah».
Al-Faz commence son message par une introduction à l’anthrax et à la pathologie de la maladie, y compris les symptômes, les parties du corps humain infectées lorsqu’une personne est exposée à l’anthrax et les taux de mortalité. Al-Faz note que les bactéries de l’anthrax peuvent être trouvées en Afrique, en Asie et dans certaines régions d’Europe où le sol contient 10 bactéries d’anthrax par gramme.
D’après le forum djihadiste, les facteurs suivants font de l’anthrax une arme de choix:
– L’anthrax est puissant, meurtrier, bon marché et facile à préparer.
– 50 grammes d’anthrax, lorsque dispersés sur une ligne de 2 km, forment un nuage mortel qui peut couvrir 20 kilomètres.
– Un kilo d’anthrax peut être produit dans un petit laboratoire en 96 heures.
– Les spores de la bactérie sont disponibles dans le monde entier et peuvent être extraites facilement.
– Les coûts de production sont bas, un kilogramme de bactéries d’anthrax coûte environ 50 $, même si une dose létale peut être aussi peu que un millionième de gramme.
– Incolore et inodore, l’anthrax est facilement dissimulé.
– L’anthrax est une substance sèche et stable qui peut être facilement transportée et utilisée.
Avant de passer à la production d’anthrax, al-Faz inclut dans son message une photo de l’une des lettres contaminées à l’anthrax utilisées dans les attaques de 2001 aux États-Unis qui ont tué cinq personnes et en ont infecté 17 autres. Sans doute dans un effort pour encourager les djihadistes à tenter d’utiliser l’anthrax comme arme, la lettre se lit comme suit: «Vous ne pouvez pas nous arrêter. Nous avons cet anthrax. Vous mourrez maintenant. Avez-vous peur? Mort à l’Amérique. Mort à Israël. Allah est grand».
La photo de la lettre n’établit en aucune manière une connexion djihadiste aux attaques à l’anthrax qui ne sont toujours pas résolues – cette lettre est l’une des nombreuses lettres diffusées par le FBI qui sont facilement disponibles sur internet. Néanmoins, l’anthrax continue d’être une arme à craindre – juste la semaine dernière, un palais de justice d’Albany en Oregon a été fermé et la Garde nationale appelée pour faire face à une menace de contamination par l’anthrax, qui s’est révélée être un canular (Albany Democrat Herald, 4 mars).
La deuxième partie du message de al-Faz fournit des détails sur deux méthodes de production de l’anthrax. Des photos des phases microscopiques du processus sont comprises, y compris l’extraction des bactéries d’anthrax à partir d’un échantillon de poussière qui contient les restes infectés de cadavres de chèvres ou d’autres animaux au pâturage. Un échantillon du sang ou de tissus d’un animal mort peut également être cultivé dans une substance d’agar de sang contenant 0,7% de bicarbonate de sodium.
«On trouvera ci-joint des photos illustrant les bacilles des bactéries, les spirochètes et les amas de bactéries». Le message comprend des instructions sur des précautions supplémentaires pour les différentes phases de production. «L’agar est un milieu nutritif pour les cultures qui peut être acheté de centres de recherche sans attirer les soupçons, pour 70 riyals ou $ 20 pour un kilogramme» dit al-Faz.
La deuxième méthode de production de l’anthrax implique de cultiver le bacille dans du sang de cheval et de l’argile bentonite pendant cinq heures. L’argile bentonite, une forme d’argile absorbante avec de multiples usages industriels, peut être trouvé en Irak et dans deux autres pays de la région.
En conclusion, al-Faz dit: «Je voulais contribuer à la préparation contre les ennemis d’Allah. Considérez-moi le serviteur des moudjahidines. Je suis de près vos nouvelles. Qu’Allah vous récompense pour vos sacrifices. Ça me rendrait très heureux de vous voir utiliser des armes biologiques contre les ennemis d’Allah. Attendez mon prochain affichage détaillé sur la façon de construire un avion Cessna 128», un appareil pour l’agriculture facile à entretenir qui est conçu pour le transport et la propagation d’une charge de 200 à 280 gallons de produits chimiques.
Bien qu’il n’y ait pas de preuves tangibles pour confirmer que des djihadistes ont produit ou acheté d’énormes quantités d’armes biologiques, l’utilisation de spores d’anthrax dans le bioterrorisme est discutée par des djihadistes depuis quelque temps déjà.
En théorie, du moins, cultiver des spores d’anthrax peut être accompli avec un minimum de savoir-faire et d’équipements, suggérant que ce n’est qu’une question de temps avant que des djihadistes réussisent à produire une sorte d’arme biologique. Le processus et le développement d’une version aérosol de la bactérie anthrax impliquent toutefois de nombreux dangers. La transformation de l’anthrax en AMD nécessite des compétences et des équipements scientifiques inaccessibles à la plupart des djihadistes.