Dans un communiqué rapporté par Médiamosaïque.com, le président du Regroupement des Algériens du Canada (RAC), Rachid Boudjarane, affirme qu’en s’opposant aux subventions accordées à l’école Dar al-Iman affiliée à la Muslim Association of Canada (MAC), la députée Monique Richard « a écorché l’ensemble de la communauté musulmane ».
Dans ses interventions à l’Assemblée nationale du Québec les 2 et 3 décembre 2010, la députée avait justifié son refus de subventionner l’école de la MAC en indiquant que cette organisation qui représente les Frères Musulmans au Canada s’oppose à la civilisation occidentale et qu’elle prône une idéologie antisémite, antigay et anti-femmes.
Échanges entre la députée Monique Richard et la ministre de l’Éducation Line Beauchamp
2 décembre 2010 – vidéo 15:19
3 décembre 2010 – vidéo 7:54
En réaction aux commentaires de Monique Richard, Rachid Boudjarane a choisi de jouer la carte de l’indignation plutôt que d’expliquer là où la députée aurait erré dans ses commentaires.
Il est facile de démontrer l’exactitude des propos de la députée Richard. Il suffit de consulter les déclarations du guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef al-Qaradawi. Un condensé de plusieurs de ses déclarations concernant les quatre facettes de l’idéologie des Frères mentionnées par la députée Richard est disponible dans un article récent de Point de Bascule.
La condamnation de Monique Richard par Rachid Boudjarane faisait suite à celles d’autres leaders des Frères Musulmans actifs à Montréal. Un des directeurs de la MAC responsable de l’école Dar al-Iman, Lazhar Aissaoui, a rendu public un communiqué de presse le 6 décembre 2010 ainsi que le président du Muslim Council of Montreal (MCM), Salam Elmenyawi.
Le RAC s’associe fréquemment aux autres courroies de transmission des Frères Musulmans pour soumettre des mémoires aux gouvernements et mener diverses campagnes. Avec la MAC, Présence Musulmane et CAIR-CAN, le RAC dénonça notamment la motion adoptée unanimement par l’Assemblée nationale du Québec contre l’introduction de la charia au Canada via les tribunaux islamiques (Le Devoir – 15 septembre 2005).
La MAC et d’autres organisations proches des Frères Musulmans se sont également associées au RAC lorsqu’il soumit un mémoire contre le racisme au gouvernement québécois le 1er novembre 2006.
Candidat du Mouvement de la Société pour la Paix
En plus d’être le fondateur du RAC, Rachid Boudjarane s’est fait connaître en se portant candidat pour le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) lors des élections algériennes de 2007. Même s’il vit au Canada, Boudjarane a pu se présenter à ces élections car l’Assemblée populaire nationale algérienne réserve quelques sièges à des représentants de la diaspora. La Zone 6 qu’il cherchait à représenter inclut les Amériques, l’Asie et l’Océanie.
Une édition du journal El Watan de 2007 indique que le courtier immobilier Boudjarane avait également tenté de se faire élire pour le MSP aux élections algériennes de 2002.
Dans le cadre de sa thèse de doctorat soumise à l’Université de Toulouse, Marion Camarasa s’est intéressée à l’émigration des Algériens vers le Canada. Sa recherche a été publiée sous le titre La Méditerranée sur les rives du Saint-Laurent: une histoire des Algériens (Google Livres). Dans un des passages consacrés à Rachid Boudjarane, elle l’identifie comme le fondateur de la section du MSP au Canada (p. 141).
Dans son édition du 1er juin 2007, le journal Atlas.Mtl (p. 10) rapporta que le candidat Boudjarane récolta 18,93% aux élections de 2007 alors que le vainqueur, Mohamed Gahche, un candidat indépendant résidant aux États-Unis obtint 30,86% des votes. Au moment d’écrire ces lignes, la vidéo de l’annonce par Boudjarane de sa candidature en 2007 était toujours disponible sur Youtube.
Avant de s’identifier comme le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), la section des Frères Musulmans en Algérie était connue comme le Mouvement pour une société islamique (Harakat Moudjtamaa As-Silm en arabe – acronyme Hamas). Le site algérien du MSP indique que le changement officiel de nom eut lieu en 1998. Il fut rendu obligatoire par une loi algérienne adoptée dans les années ’90 qui interdisait les partis politiques religieux.
Dans la littérature et sur internet, le MSP est encore souvent identifié comme le Hamas (à ne pas confondre avec le Hamas palestinien également associé aux Frères Musulmans).
Dans son livre Radical Reform, la vedette des Frères Musulmans Tariq Ramadan mentionne le Hamas/MSP algérien dans une liste d’organisations islamistes qu’il identifie comme « sophistiquées ». Dans l’esprit de Ramadan, la « sophistication » d’une organisation se mesure évidemment par son niveau de conformité à l’idéologie des Frères Musulmans. Outre le Hamas/MSP algérien, Ramadan mentionne Justice et Développement du Maroc, le parti Refah de Turquie, an-Nahda de Tunisie, etc.
Tariq Ramadan, Radical Reform, New York, Oxford University Press, 2009, p. 286
Le Hamas/MSP a été fondé en 1990 par Mahfoud Nahnah (1942-2003). En 1976, il avait été condamné à quinze ans de prison pour désobéissance civile (il avait scié des poteaux électriques). À sa mort, il fut remplacé par Abou Jarrah Soltani à la tête du MSP.
Le site internet des Frères Musulmans (Ikhwanweb.com) reproduit une interview d’Abou Jarrah Soltani, dans sa section consacrée aux différents leaders du réseau des Frères à travers le monde.
Note: plusieurs autres variantes sont utilisées pour rendre en français le prénom arabe de l’actuel leader du MSP : Bouguerra, Aboujerra, Aboudjerra, etc.
Le leader du MSP accusé de torture en 2009
En 2009, l’organisation suisse TRIAL a accusé Abou Jarrah Soltani d’avoir torturé Nouar Abdelmalek en Algérie. À l’époque, Soltani était ministre d’État dans le gouvernement algérien. L’organisation TRIAL est spécialisée dans la traque des responsables de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de torture.
Invité en Suisse par la Ligue islamique de Genève en 2009, Soltani avait écourté sa visite pour éviter une arrestation et un procès après qu’une taupe à l’intérieur des services de sécurité suisses l’ait informé qu’une plainte criminelle avait été déposée contre lui dans le canton de Fribourg. Voici le compte-rendu de la séance de torture qui s’est déroulée en Algérie en 2005 telle que rapportée par TRIAL :
« (Le 1er juillet 2005), M. Soltani, alors ministre d’État, s’est rendu dans la salle où se tenait M. (Nouar) Abdelmalek afin de diriger la séance de torture durant environ deux heures. Au cours de cette séance, la victime a subi le supplice du chiffon, de nombreuses décharges électriques sur le ventre, les pieds et les mains, des torsions des pieds en vue de les casser et un tournevis a même été introduit dans une cicatrice récente sur son pied droit. Afin de pousser M. Abdelmalek à signer de fausses déclarations et des documents vierges, M. Soltani a ouvertement dirigé cette séance de torture en encourageant et incitant les agents présents à exercer ces actes inhumains. M. Abdelmalek a été menacé de ne jamais sortir vivant de ce lieu de détention. »
Un site kabyle explique que le supplice du chiffon consiste à mettre un chiffon dans la bouche d’un détenu puis à verser de l’eau, ce qui provoque une sensation d’étouffement.
Swissinfo.ch et le journal algérien Echorouk ont également consacré des articles à l’affaire Soltani.
Quatre positions récentes du MSP
Quelques sites d’information consacrés à l’Algérie font état de différentes positions défendues par le MSP ces dernières années. Voici quatre d’entre elles. Elles aident à comprendre un peu mieux ce que cherche à accomplir Rachid Boudjarane par l’action politique qu’il mène en Algérie et au Canada.
Limitation de l’accès des femmes aux stades de sport
En juin 2004, Afrik.com reproduisit une dépêche du Quotidien d’Oran qui mentionnait qu’Ahmed Dane, un cadre du MSP, proposa de limiter l’accès des femmes aux stades de sport à certaines périodes précises durant la semaine.
Interdiction de l’alcool
À la veille des élections algériennes de 2007 auxquelles Rachid Boudjarane participa, le groupe parlementaire du MSP déposa au bureau de l’Assemblée populaire nationale un projet de loi « interdisant la production et la consommation du vin ainsi que sa commercialisation, son importation et son exportation ». (Afrik.com – 30 novembre 2006)
Dans son livre Le licite et l’illicite en islam, Youssef al-Qaradawi écrit que « l’islam prend une position sans compromis quant à l’interdiction des substances intoxicantes peu importe les quantités concernées. Si on permet à l’individu de faire un seul pas dans cette direction, d’autres pas suivront (…) et rien ne l’arrêtera ».
Opposition à ce que les femmes enlèvent leur hidjab pour la photo de passeport
Suite à l’introduction par l’Algérie de nouveaux passeports biométriques destinés à renforcer la sécurité, le ministère de l’Intérieur indiqua que les femmes devaient retirer leur hidjab pour la prise de photo. En avril 2010, Magharebia.com rapporta que le MSP et d’autres organisations islamistes algériennes se mobilisèrent contre la mesure. Un représentant du gouvernement mentionna que les normes de sécurité internationales « exigent que le haut du crâne, le menton ainsi que les oreilles soient bien visibles ». Les femmes devront respecter la loi « ou se priver du passeport » , ajouta-t-il.
Maintien de la tutelle des femmes
Lors des discussions qui portèrent sur la réforme du Code de la famille algérien en 2004, le MSP s’opposa à l’élimination de la tutelle des femmes ayant l’âge légal de sa marier (19 ans). En vertu de cette tutelle, la femme doit obtenir le consentement d’un parrain (ouali), généralement le père de l’épouse, avant de se marier. La commission de réforme du code de la famille préconisait de supprimer ce parrainage. Les nouveaux articles suggérés déclaraient que « la femme majeure a pleine capacité pour contracter mariage » et que « le contrat de mariage est conclu par l’échange du consentement des deux époux ».
Le Monde (29 septembre 2004) rapporta qu’Abdelrazak Makri, le numéro 2 du MSP à l’époque, s’opposa à la réforme en arguant que « le mariage, ce n’est pas uniquement l’union de deux individus. C’est aussi une alliance entre familles ». Me Ait-Zaï, une avocate qui cherchait à faire adopter la réforme, déclara au journaliste du Monde: « À cause de cette tutelle matrimoniale, la femme algérienne reste une mineure à vie ».
Un commentateur du Journal de Kabylie conclut ainsi un article consacré à l’opposition du MSP à la réforme du Code de la famille : « (Le MSP) qui a gagné dans ses rangs plusieurs militants du parti dissous (Front islamique du salut) reste et restera toujours le défenseur de la régression dans la société algérienne. »
Youssef al-Qaradawi, mentor du Regroupement des Algériens du Canada
Dans sa thèse de doctorat mentionnée précédemment, Marion Camarasa indique qu’à ses débuts le RAC de Rachid Boudjarane s’identifiait comme le Regroupement des Algériens du Québec (RAQ). À cette époque, l’organisation publiait un journal intitulé La clairvoyance qui devint plus tard Clairvoyances.
Les premiers numéros qui datent de 1992 indiquent que dès le départ le RAQ servit à faire avancer la cause des Frères Musulmans dans la communauté algérienne au Canada. À cette époque, Rachid Boudjarane et les autres responsables du journal dédièrent une section du journal intitulée Jurisprudence à la reproduction d’avis émis par le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef al-Qaradawi (El-Kardaoui).
Tout en étant sans surprise, ce genre d’informations n’en est pas moins utile pour confirmer les liens idéologiques et organisationnels qui unissent ceux qui ont fait le plus de bruit en faveur du maintien des subventions gouvernementales à l’école Dar al-Iman dirigée précisément par des émules de Youssef al-Qaradawi et de Hassan al-Banna.
Rachid Boudjarane tente de se faire passer pour un modéré
Dans une entrevue accordée à Clairandrée Cauchy du Devoir (15 septembre 2005), Rachid Boudjarane affirma que la majorité des musulmans québécois sont « des gens modérés » et que « l’intégrisme est minoritaire ».
On aurait peine à trouver un seul commentateur au Québec qui ait affirmé le contraire.
Là où Rachid Boudjarane tente de nous berner, c’est quand il veut nous convaincre que lui-même et ses collègues Ikhwan font partie de cette majorité de modérés.
Quand le Regroupement des Algériens du Canada endosse Youssef al-Qaradawi et qu’il s’associe à la MAC qui se revendique elle-même de Hassan al-Banna, on n’a définitivement plus affaire à « des gens modérés ».
Un condensé de la doctrine de Hassan al-Banna est disponible dans le manifeste en 50 points qu’il adressa à plusieurs dirigeants politiques du monde arabe en 1947. On y promeut notamment l’abolition des partis politiques et l’instauration d’un système de parti unique, la modification des lois pour les rendre conformes à la charia, la multiplication d’associations vouées à la promotion de l’esprit du jihad dans la jeunesse, la fermeture des salles de danse et la censure des films et des pièces de théâtre. Dans son manifeste, al-Banna déclara même son intention d’imposer un code vestimentaire unique à la population.
À la mort d’al-Banna, le New York Times (13 février 1949, p. 1) décrivit son organisation comme un mouvement politique à connotation mystique et fasciste et ses supporteurs comme des fanatiques.
Quant à Youssef al-Qaradawi, dans les années récentes, il a promu notamment l’assassinat des apostats de l’islam (islamonline.net) et celui des homosexuels (vidéo 5:27), il a présenté Hitler comme un envoyé d’Allah venu punir les Juifs (vidéo), il a incité les musulmans à conquérir l’Occident (vidéo) et il a pris position en faveur des mutilations génitales des jeunes filles, etc.
Au chapitre 4 de son texte Priorities of the Islamic Movement in the Coming Phase (section The Movement and Political Freedom and Democracy), al-Qaradawi écrit qu’un des principes de sa variété d’islam consiste à changer ce qui n’est pas conforme à l’islam par la force chaque fois que c’est possible (« changing wrong by force whenever possible »).
Tahar Ben Jelloun contredit Rachid Boudjarane
Outre l’important appui financier qu’ils reçoivent des pays du Golfe, les succès des Frères Musulmans s’expliquent notamment par la souplesse de leurs tactiques.
Quand ils s’adressent à leurs propres supporteurs, ils tiennent un discours extrêmement dur et militant. Les propos de Youssef al-Qaradawi à la télévision arabe en attestent.
Par contre, quand les Frères Musulmans s’adressent à des auditoires occidentaux face auxquels ils sont en position de relative faiblesse, il est fréquent qu’ils cherchent à se présenter comme des bâtisseurs de ponts. Pour juger de leurs véritables intentions, il faut examiner ce qu’ils font lorsqu’ils sont en position de force, bien évidemment.
Lorsqu’en 2006, au nom du Regroupement des Algériens du Canada (RAC), Rachid Boudjarane soumit au gouvernement québécois un mémoire sur la question du racisme, il eut recours à la seconde approche. Il prôna l’intégration, la solidarité, l’établissement de relations harmonieuses entre tous les citoyens, etc. En bref, il présenta aux parlementaires ce qu’ils désiraient entendre pour s’accréditer auprès d’eux comme un porte-parole valable de la communauté musulmane.
Sachant sur quels boutons peser pour s’attirer encore un peu plus de sympathie de la part des parlementaires québécois, le RAC mentionna dans son mémoire que « les communautés maghrébines (…) partagent avec le Québec (…) un patrimoine d’expression française de grande valeur » et il donna en exemple le cas de Tahar Ben Jelloun, un écrivain d’origine marocaine récipiendaire du prix Goncourt en 1987 que France 3 présente comme l’écrivain francophone le plus traduit au monde.
Le portrait est idyllique… à un détail près. Tahar Ben Jelloun est un critique sévère de la doctrine des Frères Musulmans prônée par le MSP de Rachid Boudjarane en Algérie et par le RAC et la MAC au Canada.
Dans un texte de 2004, Ben Jelloun dénonça la fatwa de l’ayatollah Khomeini contre Salman Rushdie alors que les Frères Musulmans la justifièrent. En 2008, il qualifia de « stupide » la campagne de boycottage du Salon du livre de Turin (Italie) parce qu’on y présentait des ouvrages d’écrivains israéliens. Tariq Ramadan comptait parmi les principaux supporteurs de ce boycottage. Il écrivit en 2005 qu’ « avec la révolution iranienne de 1978 et aussi l’apparition du mouvement des Frères musulmans en Égypte au début de 1930, l’islam est devenu une idéologie politique ».
Dans un commentaire publié par le Die Zeit allemand qu’il consacra aux attentats terroristes de 2003 à Casablanca (Maroc), Ben Jelloun explique qu’on retrouve les justifications idéologiques de ces attentats dans les écrits de Hassan al-Banna, le fondateur des Frères Musulmans:
« Comment procèdent les recruteurs de la mort ? De quel pouvoir magique disposent-ils pour convaincre des adolescents de se donner la mort en tuant des innocents ? Comment parvient-on à se désister de soi-même, à se retirer de son corps et à l’offrir dans un brasier de sang à une mort certaine emportant dans un élan le maximum de personnes se trouvant dans le lieu et le moment désignés par des commanditaires masqués ? Comment passe-t-on de l’instinct de vie à la passion de la mort ? Pourquoi les jeunes brésiliens des favelas qui vivent dans une misère noire ne deviennent-ils pas des kamikazes ? Parce qu’ils ne sont pas de culture musulmane, ce qui ne les empêche pas de commettre des délits avec une grande violence. »
« Le recruteur mise tout sur la notion de « djihad », lutte armée contre l’ennemi de l’islam entraînant le sacrifice de soi en vue de devenir martyr et mériter d’aller au paradis. Le discours est simpliste, mais il s’adresse à des jeunes à la personnalité fragile. »
(…)
« Les racines du mal ne se trouvent pas uniquement dans ces bidonvilles. Depuis au moins deux décennies, l’islamisme travaille la société. Il profite de toutes les failles de l’État, comme la persistance du fléau de la corruption et les injustices sociales. Les dirigeants des mouvements islamistes, misent plus sur les classes moyennes que sur ces ceintures noires qui entourent des villes comme Casablanca, Tanger, Fès ou Salé. La tendance Salafiste, celle qui prépare l’endoctrinement des jeunes est dirigée par des intellectuels qui ont fait des études de théologie à l’université wahabiste de Mohamed Assaoud basée à Ryad. Une filiale de cette université se trouve à Nouakchot, en Mauritanie. Le wahabisme, du nom d’un religieux saoudien qui a vécu au milieu du XVIIIème siècle, est une interprétation rigoriste de l’islam qui refuse la modernité, le dialogue des religions, l’ouverture sur les autres civilisations et cultures. Ce fut d’après ses textes qu’un instituteur égyptien, Hassan Al Banna (1906-1949) a crée en 1928 le mouvement des Frères musulmans. »
Comme le rappelait Point de Bascule dans un article précédent, le mentor du RAC, Youssef al-Qaradawi, a récemment réitéré son appui aux attentats-suicide. La MAC, qui dirige l’école Dar al-Iman et qui est une alliée du RAC de Boudjaran, a invité Ekrima Sabri, un autre apologiste des attentats-suicide, à s’adresser à ses supporteurs dans ses locaux de Montréal en 2009.
Pour faire suite à la relation évoquée par Tahar Ben Jelloun entre l’Arabie saoudite et le terrorisme, il n’est pas sans intérêt de rappeler que l’école Dar al-Iman de la MAC a vu le jour grâce à une subvention de la Banque islamique de développement dont l’Arabie saoudite est l’un des principaux contributeurs.
Les critiques de Ben Jalloun contre le recours à l’islam comme doctrine politique sont là pour nous rappeler que de nombreux musulmans réalisent le danger représenté par la doctrine de Hassan al-Banna.
Dans un article intitulé L’opposition à Hassan Al-Banna et aux Frères Musulmans ne constitue pas une forme de racisme, Point de Bascule rapporta plusieurs autres cas de musulmans qui résistent ainsi aux ambitions des Frères Musulmans dans différentes parties du monde.
Contrairement à ce que tente de faire croire Rachid Boudjarane (et avant lui Lazhar Aissaoui et Salam Elmenyawi), l’opposition de non-musulmans aux idéaux des Frères Musulmans est motivée par le même désir de défendre les libertés individuelles que celui qui incita Tahar Ben Jelloun à écrire son article ou celui qui incite des musulmans à s’opposer au MSP en Algérie, à la MAC au Canada et à d’autres tenants de l’islam radical.
C’est uniquement pour tenter d’empêcher la discussion sur les différents points de leur programme politique totalitaire que les Frères Musulmans ne cessent d’accuser leurs critiques de racisme et d’islamophobie. C’est ce qui explique que tant d’entre eux se soient ligués contre la députée Monique Richard après qu’elle ait jeté un peu d’éclairage sur la nature de leurs ambitions.