Une adolescente de 15 ans est enlevée, amenée dans une grande ville et violée pendant une semaine. La police la libère suite à un appel. Elle est ramenée à sa famille? C’est la réunion tant attendue d’une enfant victime d’un horrible rapt? Non, les policiers choisissent plutôt de la mettre en prison… pour sa propre protection. Son honneur terni, Zahra al-Azzo risque d’être assassinée par sa propre famille. Un cousin accepte de l’épouser pour laver son honneur. Les jeunes mariés développent un amour sincère. Mais la famille estime que son honneur est toujours ternie. Un matin, le frère de Zahra pénètre l’appartement du couple alors que son mari vient de partir. Il poignarde sa soeur qui dort encore. Le soir même la famille fera une grande fête à laquelle tout le village est invité, pour célébrer la restauration de leur honneur.
Ce cas soulève une grande attention publique en Syrie. Certains groupes de pression espèrent que cette histoire saura mettre fin à l’appui populaire pour le crime d’honneur. Après tout, Zhara était jeune, naïve et victime d’un viol terrible, surtout son défunt mari n’adhère pas à la position du reste de la famille et défend sa jeune veuve. Le New York Times trace le portait de cette triste affaire dans un long dossier. Il nous sert le discours habituel d’éminences musulmanes qui disculpent l’islam d’être en cause. Pourtant, on sait que la grande majorité des crimes d’honneurs sont commis dans des pays musulmans. On accuse d’anciennes coutumes tribales d’en être la cause. Pourtant, les lois romaines à la base de la culture occidentale permettaient l’assassinat des filles d’une famille selon la volonté du père. Ces lois n’ont pas survécu longtemps dans l’ère chrétienne – le crime d’honneur dans la chrétienté visant plutôt celui qui a violé l’honneur d’une femme. Refuser d’analyser la manière dont l’islam permet que perdure ces coutumes dites tribales n’aidera pas à éliminer les crimes d’honneur là-bas comme ici – les communautés musulmanes en Occident pratiquent aussi ce genre de crime.
Le crime d’honneur se justifie parce que la charia le rend légal. En effet, la famille d’une victime de meurtre a le pouvoir de pardonner à l’assassin. Lorsque le meurtre est commis à l’intérieur d’une famille – par un membre contre un autre membre de la famille – celle-ci peut facilement pardonner le meurtrier du crime. Ainsi, un père peut ordonner à son fils de tuer sa fille et lui pardonner le meurtre par la suite. Ceci donne un pouvoir à la famille inimaginable en Occident.
Nous sommes dans une société obsédée par la virginité des filles. La virginité est garante de la vertu non seulement d’une fille, mais de toute la famille de celle-ci. La séparation entre les femmes vertueuses, voilées donc modestes, aimées d’Allah et celles qui ne le sont pas rappelle le vieux conflit entre la vierge et la putain. Dans la tradition chrétienne, il y a cependant l’exemple de Marie Madeleine, la prostituée, qui devient une des fidèles de Jésus. La fille perdue peut toujours se laver de ses pêchés en lavant les pieds de Jésus avec ses larmes. Il n’y a visiblement en Islam aucun équivalent et la fille qui – que ce soit par faiblesse ou par malchance comme dans le cas de Zahra – perd sa chasteté doit être éliminée. C’est cette obsession pour la virginité qui justifie aussi les mutilations génitales féminines, une famille estimant que c’est la meilleure manière de protéger son honneur en éliminant toute tentation chez les filles. Encore une fois, l’islam est en cause car même s’il émet des exigences de chasteté très claires. Bien que l’homme comme la femme doivent faire preuve de chasteté, la virginité d’un homme n’est pas vérifiable, celle de la fille, par l’hymen, l’est.
Nous espèrons bien sûr que la société syrienne abolira le crime d’honneur peu importe la manière. Mais nous resterons sceptique tant qu’une véritable remise en question de la religion musulmane comme moteur de ces crimes n’aura pas lieu. Il ne faut pas oublié que l’islam ne se définit pas uniquement par le Coran mais aussi par les Haddiths. Ceux qui pratiquent le relativisme culturel avec les musulmans devraient au moins placer l’islam dans le contexte de toute sa tradition et de tous ses écrits sacrés.
Ce qui est certain, c’est que pendant que 5000 filles par années sont toujours victimes de crime d’honneur dans le monde, les femmes musulmanes d’ici préfèrent nous faire la morale sur leur droit de porter le voile islamique, leur droit de démontrer leur vertu sans rien dire sur les filles que l’on assassine pour l’avoir perdue. On aimerait leur suggérer de pétitionner pour qu’aucun immigrant connu pour avoir commis un crime d’honneur – directement ou par procuration – ne puisse émigrer au Canada sans être automatiquement mis en accusation pour meurtre. C’est plus intéressant de traiter la société d’accueil de raciste et de réclamer des bureaux de vote adapter à la ségrégation entre les hommes et les femmes, visiblement.
Source: Katherine Zoepf, A Dishonorable Affair, New York Times, 23 septembre 2007
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