Autre pays, mêmes constats…
Une femme suisse contre l’intégrisme musulman
Aujourd’hui, critiquer certaines pratiques de l’islam passe immédiatement pour de l’islamophobie. Contre cet état de fait, une démocrate et féministe suisse convaincue part en guerre. Elle signe un livre implacable qui dénonce la tactique des intégristes islamiques qui veulent endormir la capacité critique des démocraties. Dont la Suisse
Petite, à l’apparence presque frêle, une voix cristalline mais entêtée: Mireille Valette, 58 ans, genevoise et française, ancienne journaliste, collaboratrice aujourd’hui d’une institution genevoise, n’a rien d’une va-t-en-guerre.
Méfiez-vous des apparences: cette femme-là vient d’écrire un livre (en librairie dès mardi, Ed. Favre) promis à un beau débat et sans doute à un flot de polémique. Son titre? «Islamophobie ou légitime défiance?». Sous-titre: «Egalité des sexes et démocratie: les Suisses face à l’intégrisme islamique».
A quelques encablures de la votation sur l’initiative antiminaret, voilà qui promet.
Des spécialistes du double langage
Et que dit-elle, Mireille Valette, dans ce livre? Ceci: lorsqu’il s’agit d’islam, en Suisse, les seuls à se faire constamment et durablement entendre, du côté de cette religion, ce sont les intégristes, leurs imams et leurs porte-parole. Pire encore: pour endormir les foules, ces porte-parole se parent des plumes du modernisme et de l’ouverture d’esprit, et sont les spécialistes du double langage, de l’esquive et du louvoiement.
Mireille Valette, comme on dit, n’y va pas par quatre chemins. Un faisceau de convictions l’anime, elle en fait sa grille de lecture du monde. Pour aller vite: démocrate et féministe convaincue, elle place l’égalité de l’homme et de la femme, la laïcité, la liberté d’expression et le respect des libertés individuelles au centre de ses préoccupations.
Ces valeurs, elle y croit. Elle pense aussi qu’elles fondent nos sociétés occidentales.
Puis elle observe: l’islam, dans son interprétation littérale, ne respecte pas l’égalité de l’homme et de la femme. Cet islam ne respecte pas la laïcité. Cet islam ne respecte pas la liberté d’expression. Cet islam ne respecte pas les libertés individuelles fondamentales. Comme par exemple la liberté de renoncer à sa religion.
Implacable constat
Le constat de Mireille Valette est implacable, minutieux, documenté. Il va de l’apostasie, punie de mort dans certains pays islamiques, aux mariages forcés, en passant par le port du foulard, les dispenses de gymnastique, l’excision, les fatwas lancées contre la liberté d’expression, l’application rigoriste de la charia… La liste est longue.
Au terme de chacune de ces observations vient alors la question couperet, la question test: et que disent les imams, et que disent les porte-parole «modérés», et que disent les élégants intellectuels musulmans qui tiennent le haut du pavé ici, en Suisse, des pratiques concrètes, avérées, de cet islam-là, de cet islam obscurantiste et mortifère?
Tous ou presque se défilent
La démonstration de Mireille Valette est alors cruelle, terriblement cruelle: tous tant qu’ils sont, porte-parole, imams, intellectuels se défilent, se tortillent, esquivent, ne répondent pas, ou font savoir, comme le président de la Ligue des musulmans de Suisse: «La ligue des musulmans de Suisse ne souhaite entrer en matière que sur les questions liées aux musulmans en Suisse, mais pas en Afghanistan, en Irak ou en Arabie saoudite». C’était à propos d’un homme qui avait renoncé à sa religion et avait été condamné à mort, mais en Afghanistan…
Tariq Ramadan ne condamne pas l’excision
Autre exemple, parmi des dizaines, l’excision. L’élégant et persuasif «moderniste» Tariq Ramadan la condamnera-t-il, cette pratique? Mireille Valette: «On pourrait imaginer qu’il condamne sans «si» et sans «mais». C’est trop demander». Et la féministe de citer l’intellectuel: «L’islam reconnaît les pratiques culturelles dès lors qu’elles ne s’opposent pas à une obligation ou à un interdit». Mireille Valette traduit et décode: «Explication de texte: l’excision est une pratique culturelle qui n’est ni obligatoire ni interdite par les textes sacrés, les croyants peuvent donc parfaitement la pratiquer avec l’appui de certains savants musulmans».
Forte de tous les exemples qu’elle a accumulés, forte de centaines de citations, la frêle mais entêtée Mireille Valette enfonce alors son clou: pourquoi tous ces prétendus modérés, tous ces prétendus libéraux, tous ces prétendus humanistes ont-ils tant de peine à condamner l’intolérable? Parce qu’ils ne sont ni modérés, ni libéraux, ni humanistes. Parce qu’ils sont l’intégrisme qui avance masqué.
Au terme de sa démonstration impitoyable, Mireille Valette en appelle au débat: elle veut qu’on cesse de taxer d’islamophobe toute personne qui ose émettre une critique à l’endroit de certaines pratiques de l’islam. Elle réclame qu’on ouvre enfin un débat de fond sur l’islam en Suisse. Un débat réaliste et politique. Un débat démocratique.
Voir aussi:
Dutrizac interview Djemila Benhabib (audio)