J’ai lu avec intérêt votre lettre au devoir datée du 1er décembre. Originaire comme vous de cette Égypte éternelle, je partage votre nostalgie de cette époque révolue où l’Égypte était bien plus ouverte et bien plus tolérante qu’à présent. Parlant d’Églises en Égypte saviez-vous qu’elles doivent être gardées par des policiers en armes pour prévenir les attaques des fous d’Allah! Il est vrai qu’elles détonnent de plus en plus dans le paysage, c’est pourquoi elles se retrouvent entourées de tous les côtés par des mosquées lesquelles, “œcuménisme” oblige, s’arrangent pour rappeler aux fidèles qui assistent à la messe qu’ils vivent dans un pays musulman; et quoi de mieux que déverser à l’unisson et à plein hauts parleurs des versets du coran au point de couvrir totalement la voix du prêtre?
Peut-être devriez-vous vous préoccuper du sort de vos compatriotes les coptes de Haute-Égypte, leur droit de réparer ou de construire leurs églises est sévèrement restreint puisqu’il dépend d’un décret d’exception émanant du président de la République! La dernière fois que des coptes ont tenté de réparer leur église l’édifice a été incendié par une foule de pieux musulmans, dans les circonstances ces derniers n’ont fait que suivre à la lettre le décret d’Omar le deuxième calife, lequel interdit aux chrétiens de bâtir ou de réparer leurs édifices de culte.
Votre lecture du coran vous fait honneur, en retenant les passages les plus pacifiques et les plus tolérants vous faites un choix que peu de musulmans se montrent disposés à imiter. Ce serait merveilleux si, au Québec, les jeunes musulmans qui fréquentent les mosquées recevaient un enseignement religieux à partir des mêmes passages, peut-être qu’on rencontrerait moins de barbus et moins de voilées dans la rue. Et ne trouvez-vous pas curieux que l’on cite uniquement les passages pacifiques du coran quand on parle d’islam aux québécois?
Les musulmans qui exigent des lieux de prières dans les écoles et les universités font plus que représenter l’ensemble des musulmans, ils leur montre le chemin à suivre, ils forment en quelque sorte l’avant-garde combattante de la oumma islamique au Québec. Je me console d’apprendre qu’ils ne vous représentent pas, cependant j’aurais apprécié que vous dénonciez leur militantisme et leur attitude conquérante.
Voyez-vous il serait plus sain de jouer franc jeu, les québécois de souche, et je les comprends, sont tannés du double langage, toutes les accusations d’islamophobie qu’on porte à leur endroit ne sont pas suffisantes pour les empêcher de poser les bonnes questions et d’exiger les vraies réponses:
– Si l’islam tel que pratiqué par la grande majorité des musulmans était si tolérant d’où vient que les minorités religieuses soient si menacées dans les pays islamiques?
– Si l’islam laissait autant de liberté aux croyants, d’où vient que ces derniers se laissent pendre de plus en plus par le fondamentalisme?
– Si l’islam était aussi souple qu’on le prétend, d’où vient que les musulmans s’interdisent de s’adapter à la laïcité dans l’espace public?
– Si l’islam n’était qu’ouverture à l’autre, d’où vient que les musulmans tiennent tellement à mettre de l’avant leur différence?
– Si l’islam était aussi respectueux de la femme d’où vient que les religieux s’acharnent à lui imposer les chaînes dont elle s’était libérée il y a 80 ans?
– Si l’islam était aussi pacifique qu’on le décrit d’où vient que les musulmans soient aussi discrets face aux atrocités commises en leur nom ?
Voyez-vous je préfère à ceux qui nous susurrent des propos rassurants les voix musulmanes qui reconnaissent, à l’exemple d’Irshad Manji, que l’islam pose un sérieux problème pour la société et qui, du même souffle, demandent une réforme profonde de l’islam. Ni les accommodements raisonnables ni la politique de l’autruche n’empêcheront les problèmes de prendre de l’ampleur, c’est tout le contraire, la dérive fondamentaliste et bien là et elle progresse, sachons la reconnaître, la dénoncer et lui faire échec.
Et pour terminer j’ajouterai ceci: en tant qu’immigrants ayons la décence de ne pas donner de leçons aux québécois de souche. À votre place je m’abstiendrai de leur dire “Ouvrez les frontières!” pour ne pas paraître condescendant ni injuste à leur égard. Pour ce qui est de l’ouverture d’esprit certains immigrants et particulièrement les musulmans gagneraient à prendre exemple sur les québécois, tout le monde y trouverait son compte. Est-ce trop demander?
Helios d’Alexandrie
Référence: Lettres: Ouvrez les frontières ! par Safy Calamwy, publié par Le Devoir le 1er décembre 2007, http://www.ledevoir.com/2007/12/05/167265.html?fe=2599&fp=98372&fr=56124
Quelques extraits de la lettre de Safy Calamwy
(…) Je suis une néo-Québécoise venue du pays des pharaons et élevée dans la culture islamique la plus ouverte et la plus tolérante possible.(…)
Dans mon pays d’origine, on était entouré d’autant d’églises que de mosquées. On nous répétait souvent que dans l’islam, Dieu est miséricordieux et non pas un dieu qui punit ou qui se venge et que le prophète Mahomet lui-même disait à ses disciples qui le questionnaient quant à l’application des règles de l’islam:
«Choisissez la façon la plus simple pour vous.»
(…) Québécois radicaux, surtout teintés de beaucoup d’ignorance, qu’on a entendus à la commission Bouchard-Taylor ne me rejoignent.