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Salam Elmenyawi condamne la motion anti-charia de l’Assemblée nationale et qualifie Fatima Houda-Pepin de “non-musulmane”
Auteur : Simon Boivin
Référence : Le Soleil, 27 mai 2005, p. A10
Titre original : Non à la charia – L’Assemblée nationale s’oppose unanimement à l’implantation de tribunaux islamiques
Le Québec ferme à double tour sa porte à l’implantation de tribunaux islamiques, un comportement “discriminatoire”, “raciste” et “ignorant” selon le Conseil musulman de Montréal.
À l’unanimité, hier, l’Assemblée nationale a approuvé une motion contre l’introduction de règles de la charia dans la législation québécoise.
La députée libérale Fatima Houda-Pépin a rallié les deux partis d’opposition à sa proposition qui vise à protéger “les victimes de la charia, soit les femmes musulmanes”. “C’est la réponse que les parlementaires souhaitent donner à la revendication de certains groupes qui tentent de soustraire les musulmans aux lois canadiennes et québécoises”, a lancé Mme Houda-Pépin.
Depuis une quinzaine d’années, a-t-elle fait valoir, des organisations islamistes tentent de profiter des protections offertes aux minorités par le Canada pour y implanter la charia. “La réalité, c’est qu’au Canada, la répudiation et la polygamie se pratiquent déjà à l’abri des autorités judiciaires, a indiqué Mme Houda-Pépin. Ce que ces tribunaux dits islamiques vont faire, c’est institutionnaliser ces pratiques contraires à nos règles de droit.”
De plus, poursuit-elle, une application de la charia au Canada découragerait les pays musulmans qui cherchent à moderniser leurs codes juridiques.
La députée souhaite que la motion québécoise envoie un message au Canada anglais, particulièrement à l’Ontario, où la cause des tribunaux d’arbitrage islamiques en matière familiale a fait le plus de progrès. Il s’agit de la revendication d’une “mouvance islamiste minoritaire mais agissante, qui cherche à imposer son système de valeur au nom d’une certaine idée de Dieu. (Cela) vise à isoler la communauté musulmane afin de la soumettre à une vision archaïque de l’islam.”
Recours légaux
Porte-étendard de la cause des tribunaux islamiques, l’imam Salam Elmenyawi, de Conseil musulman de Montréal, n’avait pas décoléré, hier, quand LE SOLEIL l’a contacté.
“C’est inacceptable, a-t-il dénoncé. Je suis sous le choc. C’est un jour très triste pour la politique québécoise et pour les femmes musulmanes qui ne pourront obtenir de divorce religieux grâce à un tribunal religieux. C’est dévastateur.”
Selon lui, la députée Houda-Pépin a été utilisée en raison de la consonance arabique de son nom et elle a trompé l’Assemblée nationale sur la base de stéréotypes. “C’est une non-musulmane qui vient faire un jugement sur l’islam et dire qu’il n’est pas compatible avec notre société, dit M. Elmenyawi. Comment ose-t-elle faire ce type d’affirmation ? C’est un mensonge qui repose sur du racisme, de l’ignorance et de l’errance.”
La motion unanime n’a pas de valeur, selon l’imam, qui s’indigne que le Québec tente d’influencer le reste du Canada sur cette question. “C’est de la condescendance. En Ontario, les pour et les contre ont été sérieusement étudiés. Ici, personne n’a même songé à me contacter.”
Bien qu’il compte poursuivre sur la voie politique pour faire avancer sa cause, M. Elmenyawi n’hésitera pas à recourir à la voie juridique si nécessaire. “Il faut demander des excuses pour cette grande erreur et pour l’insulte faite à la communauté. S’il le faut, on va défier ce type d’idée en cour parce que ça va à l’encontre de la Charte des droits et libertés et de la Déclaration universelle des droits de l’homme.”
Illustration(s)
PC La députée libérale Fatima Houda-Pépin a rallié les deux partis d’opposition à sa proposition qui vise à protéger “les victimes de la charia, soit les femmes musulmanes”.