Les autorités voient dans cet affichage de signes religieux une menace pour une République qui s’est toujours voulue laïque, et une dérive intégriste de la part des courants islamistes. « Si nous acceptons aujourd’hui le port du hijab, nous serons conduits demain à accepter que le droit de la femme au travail, au vote et à l’enseignement lui soit dénié ». Bouchard-Taylor devraient faire un stage en Tunisie et s’y familiariser avec les stratégies étapistes des islamistes.
Le foulard n’est pas qu’un bout de tissu, comme ont tenté de nous en convaincre des musulmanes, surtout les converties, qui ont témoigné devant la commission Bouchard-Taylor. Il a une signification éminemment politique. Les pays musulmans savent que c’est l’étendard des islamistes. En Turquie, il est même au centre d’une crise constitutionnelle.
En Occident, les intégristes sont aussi à l’oeuvre, de manière insidieuse, avec la collaboration de naïvistes.
L’industrie de la beauté en fait la promotion. La radio-tv nationale danoise a organisé un concours Miss Foulard Islamique. De nombreux politiciens (toutes tendances confondues) ont réagi négativement à cette initiative qui «sacralise un symbole de l’oppression des femmes et nuit à l’intégration». La gagnante a expliqué qu’elle porte le foulard parce que «les femmes sont comme des diamants et un diamant ne doit pas être montré à tout le monde». Tout comme la virginité, c’est un symbole de pureté. C’est aussi un symbole de supériorité sur les infidèles et les mauvaises musulmanes.
Le site islamolucide bivouac-id nous informe qu’en France, le célèbre photographe de mode Jean-Baptiste Mondino tente de magnifier la burqa. Dans un article de Libération, il a déclaré: « J’ai vu ces deux filles habillées de noir, portant sac et chaussures haute couture, et je les ai trouvées extrêmement élégantes. Pour la première fois de ma vie, je les ai regardées autrement et j’ai apprécié leur beauté. » (…) Entre notre pseudo-liberté sexuelle et la nudité trop galvaudée dans nos sociétés, peut-être un autre chic tout en retenue se dessinait-il là ? Mon regard se faisait moins machiavélique. »
Pour le philosophe Radu Stonescu, «la femme en islam, c’est une déesse irrésistible, et c’est comme telle qu’elle est opprimée. D’autre part, l’homme est postulé comme fondamentalement faible, c’est pourquoi il croit devoir se défendre des charmes de la femme, avec toute la rigueur nécessaire».
Pour le français Mohamed Pascal Hilout, «le foulard est irrémédiablement séparatiste et ségrégationniste. Il est donc immoral de s’accommoder d’une ségrégation visible à l’œil nu».
Le leader de la communauté musulmane de Gatineau affirme que « c’est quand une femme juge portera le foulard islamique qu’on pourra vraiment mesurer la réussite du cadre social ».
Le Danemark a récemment autorisé le voile pour les parlementaires et les juges. Un parti de droite a produit cette affiche dans sa campagne d’opposition à cette initiative au nom de la neutralité de la fonction. Vous êtes une jeune fille occidentale qui a été agressée et violée alors qu’elle portait une mini-jupe. Croyez-vous que vous avez une chance d’obtenir justice devant cette juge?
Bref, le foulard recouvre des enjeux colossaux. Nous reproduisons un article récemment paru dans le Courrier international qui traite du retour en force du foulard islamique en Tunisie.
TUNISIE: Du jean moulant au foulard islamique, par Fethi Djebali et Thamer Mekki (Syfia) (Le Messager), Le Courrier international, le 12 juin 2008
Regain de religiosité ou phénomène de mode, le nombre de femmes portant le hijab ne cesse d’augmenter malgré la répression des autorités au nom des valeurs laïques.
Foulard assorti au sac à main, longue jupe saillante, les Tunisiennes sont de plus en plus nombreuses à arborer le hijab, le foulard islamique qui, longtemps noir et blanc, a gagné en couleurs. «Je suis voilée tout en ayant une tenue moderne et je suis bien intégrée dans mon travail», affirme Imen, 24 ans, animatrice dans une radio. Les stylistes ont concocté des modèles qui respectent les préceptes de l’islam tout en y apportant une touche de modernité. Phénomène de mode qui permet aux femmes de ne plus devoir choisir entre modernité et tradition, le nouveau hijab est aussi le fruit de l’influence grandissante des chaînes de télévision religieuses. Accessibles via le satellite, elles prêchent souvent un islam radical et insistent sur l’obligation de porter le voile. Cinquante ans après la promulgation du Code du statut personnel qui a émancipé la femme tunisienne, le foulard fait un retour en force. «C’est un phénomène de reconnaissance identitaire chez les femmes tunisiennes qui sont à la recherche de repères. Le foulard en est un», estime le sociologue Khalil Zommitti.
Le pouvoir tunisien n’est pas resté indifférent à cette tendance. «On m’a menacée, ainsi que ma famille. La police m’a interpellée trois fois pour port du foulard islamique», confie Amel, une étudiante de 22 ans. A Tunis, les femmes voilées sont régulièrement inquiétées par la police. Les lycéennes et les étudiantes qui ont fait ce choix n’ont pas le droit d’assister aux cours, voire de passer leurs examens. Interpellées dans la rue, elles sont parfois forcées de signer un engagement à ne plus porter le hijab, sur la base d’un décret promulgué en 1981 par l’ancien président Habib Bourguiba et remis en application en octobre 2006.
Depuis un an, les autorités tunisiennes ont lancé une vigoureuse campagne contre les habitudes vestimentaires «d’inspiration sectaire importées de l’extérieur». Elles voient dans cet affichage de signes religieux une menace pour une République qui s’est toujours voulue laïque et une dérive intégriste de la part des courants islamistes, étouffés par une dure répression du pouvoir depuis des décennies, particulièrement depuis les années 1990. «Si nous acceptons aujourd’hui le port du hijab, nous serons conduits demain à accepter que le droit de la femme au travail, au vote et à l’enseignement lui soit dénié», a déclaré Hédi M’henni, le secrétaire général du Rassemblement constitutionnel démocratique, le parti au pouvoir.
A l’inverse, le Comité de défense du hijab, créé début 2007, défend l’idée d’un Etat en harmonie avec une nation de culture musulmane. Le comité recense les cas de jeunes filles harcelées ou à qui des policiers ont arraché leur foulard et appelle les victimes à recourir à la justice. En octobre 2007, un tribunal a ainsi donné raison à une enseignante qui contestait son renvoi d’un établissement pour port du voile, déclarant le décret de 2006 inconstitutionnel. Considérée comme un recul des laïcs face à l’intégrisme, cette décision a été saluée par les islamistes et a suscité la réaction des autorités : un autre décret émanant du ministère de l’Enseignement interdit désormais le voile dans les établissements scolaires.
Il n’empêche que le voile continue à gagner en popularité et donne naissance à un commerce prospère. «J’avais du mal à arrondir mes fins de mois en vendant du parfum et de la lingerie. Désormais, je vends des foulards et la demande ne cesse d’augmenter», confie Naïma. Les contrôles policiers n’ont toutefois pas laissé ce commerce prospérer dans les grandes boutiques de la capitale, faisant le bonheur des commerçants du marché noir.
La question du voile résume toute l’ambiguïté de la Tunisie actuelle à la recherche de son identité entre foulard islamique et jean moulant, entre Orient et Occident.
Voir aussi:
Rapport Bouchard-Taylor ou l’accommodement immoral, par Mohamed P. Hilout
La femme dans l’islam, une déesse opprimée, par le philosophe Radu Stoenescu
Turquie – La Cour suprême bannit le foulard islamique des universités
Un Algéro-Québécois islamolucide décode pour nous la langue des suprématistes islamiques
Australie – Selon l’imam de la plus importante mosquée, les chrétiennes doivent porter le voile
Iran – Selon un haut religieux, les femmes dévoilées transforment les hommes en bêtes
Un photographe de mode tente de magnifier la Burqa
Danemark: Une juge voilée sur une affiche du Parti Populaire Danois
Miss Torchon Islamique 2008 : Et la gagnante est…