En décembre 2011, peu après que les membres de la famille Sheikh aient été reconnus coupables d’avoir tué Sadia, le magazine Le Vif/L’Express (Bruxelles) a rendu public un rapport que le juge assigné à la cause avait commandé pour l’éclairer sur les questions du mariage forcé et du crime d’honneur. Point de Bascule en présente les principales conclusions.
Sadia Sheikh a été assassinée à Charleroi (Belgique) le 22 octobre 2007.
Le 9 décembre 2011, ses parents, son frère et une de ses sœurs ont été reconnus coupables de l’avoir tuée. Sadia avait refusé un mariage arrangé avec un cousin du Pakistan et comptait se marier avec un jeune Belge de son âge.
En 2008, en préparation du procès des membres de la famille Sheikh, le juge belge assigné à la cause demanda à un expert de produire un rapport pour l’éclairer sur les questions du mariage forcé et du crime d’honneur. Quelques jours après la conclusion du procès en décembre 2011, le magazine Le Vif/L’Express (Bruxelles) a rendu public le rapport.
Point de Bascule présente quatre des sections du rapport Petermann :
- Mariages arrangés et mariages forcés
- La notion d’honneur et les crimes d’honneur
- Caractéristiques générales du crime d’honneur
- Dix-huitcas de crimes d’honneur dans des communautés musulmanes d’Occident
L’information fournie par le rapport Petermann est de grande valeur. Point de Bascule tient cependant à se dissocier de la portion du rapport où M. Petermann mentionne que le crime d’honneur est étranger à l’islam : «Il n’existe aucune prescription coranique justifiant la mort d’une jeune fille pour refus d’un mariage arrangé ou forcé», écrit-il.
Dans deux articles récents, nous avons présenté deux extraits de manuels de charia qui garantissent l’immunité des parents musulmans qui tuent leurs enfants. Aucune restriction n’est imposée quant aux types de meutre entraînant l’immunité. Le crime d’honneur est donc couvert par l’exemption.
Un des extraits cités provient d’un manuel de charia de l’ayotollah Khomeini (chiite) et le second de l’Umdat al-Salik, un manuel de charia endossé par l’Université al-Azhar d’Égypte, un des principaux centres sunnites d’étude de l’islam. Si les autorités les plus respectées de l’islam endosse le principe de l’immunité des parents qui tuent leurs enfants, nous devons prendre acte. Qui sommes-nous pour décréter ce que serait «la vraie position» de l’islam sur telle ou telle question. En ce qui nous concerne, «la vraie position» de l’islam est celle qui a réussi à s’imposer. Quand al-Azhar approuve un manuel qui endosse le crime d’honneur et les mutilations génitales, nous prenons acte, même si ces deux pratiques ne sont pas mentionnées dans le Coran .
Idem quand la plus importante organisation d’exégètes des Frères Musulmans en Amérique du Nord (l’International Institute of Islamic Thought) recommande l’Umdat al-Salik en le présentant comme «un ouvrage important pour l’enseignement de la jurisprudence islamique en langue anglaise» et comme «un manuel de référence pour les exégètes». Nous prenons acte. Nous devons prendre acte.
M. Petermann écrit que le crime d’honneur est une pratique qui existait avant l’arrivée de l’islam. C’est exact. Cet argument est cependant sans valeur pour prouver que l’islam est étranger au crime d’honneur puisque la charia garantit l’immunité au père qui tue ses enfants dans tous les cas. Cela comprend bien évidemment le crime d’honneur. C’est bien là le problème.
Dans ce qui suit, toutes les observations sont tirées du rapport Petermann à moins qu’une mention expresse précise qu’il s’agisse d’une note de Point de Bascule.
Si vous désirez consulter le texte intégral du rapport Petermann,
il est disponible en passant par le site du magazine belge Le Vif/L’Express.
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Mariages arrangés et mariages forcés
- Si les mariages arrangés et forcés ne sont pas une particularité du monde musulman, tous les observateurs relèvent que les mariages arrangés et forcés sont des pratiques courantes au Pakistan et que ces pratiques ont été exportées dans la diaspora pakistanaise.
- Dans de nombreux pays musulmans une femme ne se marie pas elle-même. Elle a besoin d’un wali (tuteur matrimonial) pour la donner en mariage, et ce quel que soit son âge. Le wali peut être le père, le frère ou l’oncle paternel.
- Dans un mariage forcé, ce sont les parents ou un membre de la famille qui choisissent le futur conjoint et qui organisent le mariage. La famille ne tient aucun compte de l’avis des principaux intéressés. Le mariage forcé est en réalité dans bien des cas un mariage arrangé imposé par tous les moyens à des personnes vulnérables que l’on croit susceptibles de se rebeller.
- Un mariage forcé rime souvent avec mariage précoce.
- Un nombre important de jeunes femmes d’origine pakistanaise mais vivant en Occident ont été attirées par ruse au Pakistan avant d’être dépouillées de leurs papiers d’identité puis mariées sans leur consentement à des cousins ou à des hommes dont elles ignoraient parfois l’existence et qui avaient été choisis par leur père.
- Le mariage entre cousins paternels, idéal et privilégié par la société des pères, est une union quasi sacrée. Elle est supposée réaliser la pureté du sang en même temps que la cohésion du groupe et l’intégrité de sa fortune.
Note (PdeB) : la recrudescence des mariages consanguins en Occident est accompagnée d’une augmentation des maladies génétiques dans les communautés immigrées. L’étude de la question ne faisait pas partie du mandat de M. Petermann.
Poste de Veille : Grande-Bretagne : La peur d’être accusé de racisme empêche la prévention de maladies génétiques
- Dans la charia, le terme juridique qui désigne le mariage est nikah. Le même terme désigne l’acte sexuel. Dans une note supplémentaire ajoutée à la fin du rapport Petermann, on souligne qu’à l’encontre du christianisme, l’islam considère le mariage comme un contrat ayant pour principale raison de pourvoir le mari en volupté et en postérité. Petermann réfère à un jurisconsulte malékite (le malékisme est l’une des quatre écoles d’interprétation de l’islam sunnite) qui définit le nikah comme «un contrat par lequel on acquiert l’appareil générateur d’une femme dans l’intention d’en jouir».
Note (PdeB) : Le verset 2:223 du Coran déclare : «Vos épouses sont pour vous un champ de labour; allez à votre champ comme (et quand) vous le voulez». Dans le commentaire coranique (note 241) qu’il consacre à ce verset, Syed Maududi (1903-1979) écrit : «Le fermier ne va pas au champ seulement pour se récréer et se divertir mais pour cultiver et récolter. De la même façon, un homme devrait aller vers sa femme pour produire des enfants».
- La littérature religieuse musulmane établit une relation entre la femme, le désir et le diable. Le musulman doit constamment être sur ses gardes, le corps de la femme abritant le diable (Iblis ou Chitan). Le désir, sous quelque forme que ce soit est une manifestation diabolique. Maîtriser la femme, c’est maîtriser le désir, et donc faire triompher la volonté divine. En annexe, le rapport Petermann cite deux extraits d’Ibn al-Jawzi, un auteur musulman qui a beaucoup écrit sur la sexualité :
– «La beauté féminine est une manifestation du diabolique» ;
– Iblis (le diable) aurait dit : «La flèche la plus sûre dont je dispose et qui ne rate jamais sa victime est la femme».
Fatna Aït Sabbah, La femme dans l’inconscient musulman, Paris, Albin Michel, 1986, p. 204.
- Les millions d’adolescentes qui circulent dans les rues, non mariées, entre les écoles, les centres de formation et les universités, constituent en soi une armée de Nachiz (femmes rebelles contre le système musulman). La langue arabe compte un tel terme, qui figure dans le Coran. En retardant leur mariage, alors qu’elles sont en état de porter des enfants, et en préférant s’investir dans des études, en vue de trouver un travail et donc un salaire, elles sapent totalement les principes qui gèrent la société. Elles augmentent les risques de fitna (désordre) dans les rues. Elles augmentent les chances de zina (acte sexuel illicite), en investissant les espaces publics auparavant destinés aux hommes.
- Le Coran interdit à la femme de marier un non-musulman.
Note (PdeB) : Le verset n’est pas identifié par le rapport Petermann. Il s’agit du verset 2:221.
- Dans cette société (pakistanaise) de domination affirmée des hommes sur les femmes (…) c’est la mère qui transmet à ses fils, et en particulier à son fils aîné, les normes en vigueur dans la société traditionnelle. Elle va ainsi le placer sur un piédestal, valorisation qui ne manquera pas d’être ressentie par les filles qui ne peuvent pas comprendre cette différence de traitement.
(…) La mère s’emploie donc à mettre sa fille à l’école de la soumission, à la contraindre et à domestiquer sa personnalité. Elle s’emploie à convaincre sa fille qu’elle est en danger, qu’elle est elle-même un danger, qu’elle est un être marqué d’une déficience fondamentale, différente des hommes, inférieure aux hommes et contrainte de vivre sous leur protection. Et c’est elle qui intervient parfois directement ou indirectement dans les crimes d’honneur, soit comme auteur ou coauteur soit comme complice siégeant, sans contrainte aucune, au sein du conseil de famille décidant de la mise à mort. La mère n’est d’ailleurs pas la seule femme à intervenir. Il arrive que des sœurs soient complices.
C. Lacoste-Dujardin, Des mères contre des femmes, La Découverte, 1985.
- On constate que le statut juridique et social des femmes a évolué défavorablement au cours de l’histoire du Pakistan. Ce statut a été défini par «l’interaction des codes tribaux, du droit musulman, des traditions judiciaires héritées de la colonisation britannique et des coutumes … qui ont créé un climat d’oppression dans lequel tout avantage ou toute possibilité offerts aux femmes par une loi sont annulés par une ou plusieurs autres lois».
Simi Kamal, Asma Khan, A study of the interplay of formal and customary laws on women, 1997.
- La jurisprudence (pakistanaise) reconnaît majoritairement à une femme adulte le droit de contracter mariage avec l’homme de son choix sans le consentement de son wali (tuteur). Dans sa décision Hafiz Abdul Waheed vs. Asma Jahangir (1997), la Haute Cour de Lahore a affirmé qu’un mariage contracté par une femme sans le consentement de son wali est légal, qu’un mariage imposé à une femme sans le consentement de celle-ci est nul (batil) et que le consentement de l’homme et de la femme contractant mariage est une condition indispensable de la validité de celui-ci.
Il n’empêche que l’islamisation du droit symbolisée par l’ordonnance de zina (promulguée en 1979) portant à la fois sur la fornication et l’adultère ainsi que sur l’enlèvement en vue du mariage forcé et le viol, a été systématiquement interprétée de manière discriminatoire. En effet, cette ordonnance s’est avérée être un instrument commode pour placer en détention les femmes qui prennent l’initiative de choisir leur mari. Celles-ci sont souvent accusées de zina par leur propre père ainsi que pour inculper leur mari de fausses accusations d’enlèvement et de viol. Cette législation prévoit que les relations sexuelles hors mariage et l’adultère constituent des infractions pénales : ces «crimes» ne sont pas susceptibles de caution ni d’«arrangement» et sont punissables d’une peine maximale de mort par lapidation (hadd) ou d’une peine moins lourde appelée «tazir» en fonction du niveau de preuve obtenu. L’ordonnance de zina n’a à ce jour toujours pas été amendée ou abrogée et de nombreuses femmes qui ont choisi leur mari continuent de faire l’objet de poursuites pénales.
- La législation pénale consacre la pratique sociale largement acceptée du crime d’honneur en minimisant la culpabilité des meurtriers.
La notion d’honneur et les crimes d’honneur
- Dans le monde de l’islam la vie privée relève de l’ordre public. Chaque musulman est constamment tenu d’être comptable de la violation des «droits de Dieu» que sont les devoirs de ses coreligionnaires. L’honneur, la dignité comme le salut de l’individu et de la communauté s’amalgament en toutes circonstances de la vie jusqu’à se confondre totalement. Dénoncer l’adultère de la voisine, pourchasser les amoureux, traquer les prostituées, dénoncer les homosexuels, réprimander les ivrognes ou molester les filles en tenue légère sont autant d’œuvres pieuses, d’actes de salubrité collective incombant à tout fidèle qui se respecte. Résultat : un tenace droit d’inquisition privée dicté par la responsabilité réciproque des membres de cette immense «mutuelle» que constitue l’Oumma (communauté musulmane). Cette perpétuelle vigilance soupçonneuse, cet état d’esprit, de conscience et d’alerte, s’applique non seulement aux autres mais à sa propre famille puisqu’on est toujours guetté par le qu’en-dira-t-on.
- La virginité et le mariage endogame sont au fondement de l’honneur. L’honneur communautaire dépend donc de la virginité des filles et c’est au père que revient la fonction de contrôler cette virginité. Toute la famille va exercer une forte pression sur les filles car la virginité appartient à la communauté et non aux filles elles-mêmes. L’honneur masculin, en revanche, est considéré comme la capacité de défendre l’honneur de la femme. Ce sont les femmes qui sont généralement victimes des crimes d’honneur. Et ce sont elles, les victimes, qui sont considérées comme les coupables.
Slimane Zeghidour, Le voile et la bannière, Editions Hachette, 1990, p. 63.
Mêmes les petits garçons sont enroulés dans cet ordre contre les femmes. On leur enseigne la délation généralisée contre toute tentative de rébellion des filles contre l’ordre familial ou clanique établi.
Caractéristiques générales du crime d’honneur
En synthèse des études faites sur les crimes dits d’honneur, il est possible de relever les caractéristiques générales qui suivent :
- Si des crimes d’honneur sont commis dans un certain nombre de pays, statistiquement, la majorité de ceux-ci sont commis par des musulmans contre des jeunes femmes de confession musulmane ; il arrive cependant, mais plus rarement, que des hommes soient victimes de crimes d’honneur ;
- Dans pratiquement tous les cas, le comportement de la jeune fille ou de la femme est incriminé ; le refus d’un mariage arrangé ou forcé, le choix personnel d’un conjoint sans l’approbation paternelle, la volonté de s’émanciper de traditions pesantes et discriminatoires, etc. ;
- Beaucoup de ces crimes sont commis par des pères ou des frères contre leurs filles ou sœurs adolescentes ou âgées d’une vingtaine d’années ; des femmes plus âgées (sollicitant un divorce ou soupçonnée d’adultère, par exemple) peuvent également être victimes de tels crimes ;
- Ces crimes sont prémédités et planifiés par la famille ou au sein du clan ; des pressions de toutes sortes sont exercées parfois pendant une période assez longue (chantage affectif, violences verbales et physiques, etc.) ; des menaces de mort sont souvent proférées pour intimider la victime et tenter d’influer sur son comportement ;
- Des membres de la famille sont dans tous les cas impliqués dans ces crimes : père, mère, frères sœurs, oncles, cousins, grands-parents, etc. Souvent c’est le plus jeune frère de la fratrie parce que légalement il est mineur. Il arrive que la mère ou les sœurs soient directement impliquées, non parce qu’elles sont poussées par la peur ou sous la contrainte, mais parce qu’elles ont la conviction que certaines traditions ne peuvent être transgressées. Rappelons que c’est la mère qui a la responsabilité de l’éducation des enfants et que sa tâche essentielle est d’inculquer les «valeurs» fondamentales de leur culture d’origine. Elle assurera cette mission en soumettant sa ou ses filles à la loi du groupe par tous les moyens dont elle dispose, allant même jusqu’à la violence physique ;
- Si la jeune femme parvient à s’échapper, la famille entière se mobilise pour tenter d’accomplir la «sentence» ; la planification et la participation de parents proches distingue ce type de crime des violences domestiques (notamment conjugales) qui peuvent déboucher elles aussi sur des homicides, ou des crimes dits passionnels ;
- La raison invoquée est toujours une atteinte à l’ «honneur» (au sens le plus large) de la famille ou du clan ;
- Dans les crimes d’honneur, la femme victime de l’agression est toujours considérée comme étant coupable ; l’homme ou la famille à qui elle «appartenait» est la seule partie lésée et bénéficie du soutien de la communauté locale ; une personne qui cherche à défendre une femme susceptible d’être victime d’un crime d’honneur peut être elle-même menacée ;
- Dans de nombreux cas, la victime est tuée à l’aide d’une arme à feu, étranglée, égorgée, décapitée, lapidée, enterrée vivante ou défenestrée ; la victime est parfois violée ;
- Les crimes d’honneur sont des actes acceptés socialement. Généralement, on invoque la tradition pour justifier ce crime mais il arrive qu’il soit justifié au nom du respect de la religion ;
- Le meurtrier ne regrette pas son acte et/ou ne fait preuve d’aucun remord. Le plus souvent, il se présente comme «victime» des «actes honteux ou immoraux» commis par sa victime. En commettant son acte il n’a fait, selon lui, que restaurer l’honneur de la famille et il arrive souvent qu’il invoque une «pulsion émotionnelle incontrôlable», «le feu de l’émotion» ou tout simplement la rage, pour justifier son acte. Il jouit de la compassion sinon de la sympathie de la famille, du clan ou de la communauté locale auquel il appartient.
Dix-huit cas de crimes d’honneur dans des communautés musulmanes d’Occident
Note (PdeB) : Le rapport Petermann présente une trentaine de cas de crimes d’honneur. Dix-huit ayant survenu dans des communautés musulmanes d’Occident et les autres dans des pays musulmans. Nous reproduisons les dix-huit premiers. Dans les cas où le rapport Petermann n’identifie pas les victimes, nous nous sommes efforcés de le faire grâce à nos propres recherches. Toutes les descriptions de cas qui suivent proviennent du rapport Petermann. Seuls les hyperliens vers des compléments d’information et l’identité de certaines victimes ont été ajoutés par Point de Bascule.
Sezen Yukzel
En 2006, Sezen, une jeune femme originaire du Kurdistan en Turquie, âgée de 19 ans, installée en France depuis 6 mois, refuse de se marier avec son cousin maternel. La famille lui impose ce mariage, mais Sezen refuse d’avoir des relations sexuelles avec son cousin. «Je ne peux avoir d’autres relations avec toi que celles qui existent entre un frère et une sœur. Même si tu devais me tuer, je refuse d’avoir des relations sexuelles avec toi». Le surlendemain de leur mariage, le 26 septembre 2006, le mari l’étrangle au nom de son «honneur» bafoué.
LeParisien.fr : Jugé pour avoir tué sa femme deux jours après le mariage
Fatima Zid
En 2009, le corps calciné de Fatima, une jeune femme de 22 ans, a été découvert dans une cave d’une cité d’Oullins. Un tuyau d’arrosage était enroulé autour du cadavre. C’est le frère aîné d’une fratrie de neuf enfants qui a étranglé sa sœur avant de la brûler parce qu’il n’acceptait pas son mode de vie.
L’Express : Un crime d’honneur derrière le meurtre d’une jeune fille dans la banlieue lyonnaise?
Claudia Lalembaidje
Le cadavre d’une femme a été retrouvé dans une malle flottant sur un canal du nord de la France en juin 2009. Il s’agissait de Claudia Lalembaidje, âgée de 32 ans, d’origine tchadienne, domiciliée en Belgique. Battue par son mari, Hammad Raza Syed, d’origine pakistanaise, qui voulait régenter ses tenues vestimentaires et lui imposer un mode de vie qu’elle refusait, l’intéressée entama une procédure en divorce et obtint la garde de son enfant après l’abandon par son mari du domicile conjugal. Ce dernier, de retour d’un séjour au Pakistan, n’accepta pas cette «situation déshonorante» et tua son épouse avec l’aide de son frère.
Le Figaro : Une Belge retrouvée morte en France
Rukhsana Naz
En mai 1999, le tribunal de Nottingham (Grande-Bretagne) a condamné à la réclusion à perpétuité une Pakistanaise et son fils, majeur, pour l’assassinat de leur fille et sœur, Rukhsana Naz, mère de deux enfants et enceinte. Cette jeune femme était considérée comme ayant «souillé» l’honneur de sa famille car elle avait eu des relations sexuelles en dehors du mariage. Elle aurait été étranglée par son frère pendant que sa mère l’immobilisait.
The Observer : Love, honour and obey – or die (Aime, honore et obéis – ou meure)
Samaira Nazir
En 2006, Samaira Nazir, âgée de 25 ans, est égorgée par son frère, au motif qu’elle refusait un mariage arrangé au Pakistan.
The Guardian : ‘You’re not my mother any more,’ shouted Samaira. Then her family killed her («Désormais, tu n’es plus ma mère a crié Samaira.» Alors, sa famille l’a tuée.)
Banaz Mahmod
En 2007, Banaz Mahmod, une jeune femme issue du Kurdistan irakien, âgée de 20 ans, qui avait tourné le dos au mariage organisé par sa famille avant de s’éprendre d’un jeune Kurde originaire d’un clan iranien, a été étranglée par son père avec la complicité de son oncle. Trois mois après sa disparition, passée inaperçue dans sa communauté, son corps nu est retrouvé dans une valise enterrée sous un vieux frigo et des sacs d’immondices. Son père, 52 ans, et son oncle, 51 ans, qui occupait un rang important dans la communauté kurde installée en Grande-Bretagne, ont été reconnus coupables.
BBC News : Banaz Mahmod ‘honour’ killing cousins jailed for life (Les cousins de Nanaz Mahmod qui la tuèrent pour l’honneur sont emprisonnés à vie) (Archives JihadWatch)
Hatun Sürücü
En février 2005, un jeune Turc de 18 ans abat sa sœur, Hatun Sürücü, de trois balles dans la tête car elle refusait de se soumettre à l’autorité familiale. De nationalité allemande, elle ne portait plus le voile et avait choisi d’élever seule l’enfant accouché en 1999 d’un mariage arrangé avec un cousin vivant en Turquie. Elle avait abandonné son mari pour vivre seule à Berlin. Sa famille lui reprochait de vivre à l’européenne. C’est son frère cadet qui a commis l’homicide, probablement avec la complicité de ses deux frères et l’aval du clan familial, pour que la peine encourue soit plus clémente.
Wikipedia : Honor killing of Hatun Sürücü (Le meurtre de Hatun Sürücü au nom de l’honneur)
http://www.spiegel.de/fotostrecke/fotostrecke-70939-5.html
Rukiye et Derya Pester
Le 9 mars 2007, peu après être passé devant le tribunal des affaires familiales (en vue d’une séparation), un homme de nationalité turque (Erol Pester) a tué en pleine rue son épouse (Rukiye – 38 ans) et sa fille (Derya – 19 ans) dans la ville de Mönchengladbach (près de la frontière des Pays-Bas en Rhénanie du Nord – Westphalie) au nom de «l’honneur de la famille».
Spiegel Online : Das Deckmäntelchen namens Ehre (Au nom de l’honneur)
Morsal O.
En mai 2008, Ahmad-Sobair O., un Allemand d’origine afghane de 24 ans, qui vit depuis son enfance en Allemagne, tue sa sœur, âgée de 16 ans, de 23 coups de couteau sur un parking de Hambourg, pour «rétablir l’honneur de la famille». La jeune fille voulait vivre comme ses camarades de classe, se maquillait et portait des tenues vestimentaires jugées «trop audacieuses», selon son frère. Pendant son procès, le jeune homme affirma ressentir de «la peine du plus profond de son cœur», et assura n’avoir pas prémédité son geste. «Ce n’était pas n’importe qui. C’était ma sœur et je l’aimais» affirma-t-il en sanglots devant le tribunal.
The Local (Germany) : German-Afghan gets life for ‘honour killing’ (Un Allemand d’origine afghane condamné à la prison à vie pour crime d’honneur)
Bursa O.
En juin 2009, un ressortissant Turc a été condamné pour avoir poignardé à mort sa fille de 15 ans qui refusait de se conformer au mode de vie qu’il cherchait à lui imposer.
Bild.de : Turkish dad stabs his own 15-year-old daughter to death (Un Turc poignarde à mort sa propre fille)
Jeune fille d’origine turque vivant en Allemagne (Identité inconnue)
Un ressortissant Turc de 42 ans, issu d’une famille établie en Allemagne depuis plus de trente ans, a été condamné par un tribunal de Wuppertal (en 2007) pour tentative d’assassinat sur sa fille de 16 ans. La jeune fille, refusant un mariage arrangé que lui imposait son père, s’était rebellée contre l’autorité paternelle. Elle a été, selon des témoins, précipitée du quatrième étage de son immeuble par son père assisté par l’un de ses cousins. La jeune fille a miraculeusement échappée à la mort en chutant sur le toit d’un garage. Devant le tribunal, il fut établi que la famille estimait que la jeune fille «déshonorait» et bafouait des traditions ancestrales, en s’opposant à la volonté de son père. Ce dernier, que le juge a présenté comme vivant dans un «monde parallèle» dominé par une vision du monde où «les droits égaux entre hommes et femmes n’existent pas», a récusé l’accusation de tentative d’assassinat et a reproché à sa fille d’avoir voulu se suicider alors qu’il essayait de l’en empêcher. La jeune fille a affirmé avoir subi des pressions pour qu’elle modifie son témoignage dans un sens favorable au père. Elle a refusée et suite à des menaces se trouve sous protection policière.
FrontPageMag.com : Horror Under The Head Scarf (L’horreur sous le hijab)
Fadime Sahindal
En Suède en 2002, Rahmi Sahindal, originaire du Kurdistan turque, tua sa fille, Fadime, âgée de 26 ans, étudiante à l’université, lors d’une visite chez sa sœur, parce qu’elle refusait un mariage arrangé et entretenait une liaison avec un Suédois. Ce dernier est mort dans un accident de la route jugé suspect. Avant sa mort, Fadime s’était même exprimée devant le Parlement suédois sur les difficultés rencontrées par les jeunes filles immigrées qui souhaitent vivre à l’occidentale. Son père à été condamné à l’emprisonnement à perpétuité.
In memory of Fadime Sahindal (En mémoire de Fadime Sahindal)
Fadime Sahindal’s speech at the Swedish Parliament (Témoignage de Fadime Sahindal au Parlement suédois en 2001)
Pela Atroshi
Quelques années plus tôt, en 1999, un couple de réfugiés Kurdes vivants en Suède sont retournés au Kurdistan irakien pour y passer des vacances et marier à un Irakien leur fille de 19 ans, élève d’un établissement d’enseignement secondaire de Stockholm. Lorsqu’elle a refusé, la jeune fille a été assassinée par son oncle.
News.com.au : Australian links in honour killing of Pela Atroshi (Des ramifications autraliennes dans le cas du meurtre de Pela Atroshi pour l’honneur)
Ghazala Khan
Le 13 juillet 2006, la Cour Suprême du Danemark a prononcé un jugement historique. Neuf Pakistanais ont été jugés coupables collectivement d’avoir participé à un crime d’honneur commis contre une jeune femme de 18 ans qui s’était mariée avec un homme de son choix sans le consentement de ses parents. La victime, Ghazala Khan, avait été abattue par son frère aîné en 2005, deux jours après son mariage avec Emal Khan, son mari, également Pakistanais, grièvement blessé lors de l’attaque. Le procureur a qualifié l’assassinat de crime d’honneur, à l’époque le neuvième commis au Danemark en dix ans. Sept membres de la famille de Ghazala, dont son propre père qui a ordonné l’assassinat, ainsi que deux amis de la famille, ont été reconnus coupables de meurtre et de tentative de meurtre. L’originalité du jugement réside dans le fait que plusieurs membres de la famille ont été condamnés et non le seul exécutant. Les témoignages et les preuves apportées ont convaincu le tribunal qu’il s’agissait d’un meurtre prémédité et planifié minutieusement pour «reconquérir l’honneur de la famille», une famille par ailleurs aisée, considérée dans la communauté pakistanaise, et influente au Pakistan comme au Danemark. C’est ainsi qu’ont été condamnés non seulement le frère assassin, le père qui a donné l’ordre, la tante qui a piégé le couple en fuite, trois oncles qui ont «pisté» le couple, deux amis de la famille qui avaient fourni de l’aide, ainsi que le chauffeur de taxi qui a participé à la poursuite, ces derniers comme coresponsables de l’assassinat.
Wikipedia : Honor killing of Ghazala Khan (Le meurtre de Ghazala Khan au nom de l’honneur)
Khudeja Aziz
En juillet 2005, dans le Tessin (Suisse), un Pakistanais de 24 ans a été inculpé de meurtre par le Ministère public tessinois. L’accusé n’aurait pas supporté le mode de vie occidental de sa femme, une Suissesse d’origine pakistanaise de quatre ans sa cadette, qui refusait de porter le voile et était à la recherche d’un emploi.
Middle East Times : Pakistani charged for ‘honour’ killing of wife (Un Pakistanais accusé du meurtre de son épouse pour l’honneur) (Archives StopHonourKillings.com)
Hina Saleem
En 2006, l’assassinat d’une jeune fille pakistanaise, Hina Saleem, 21 ans, à Sarezzo (province de Brescia), a profondément choqué l’Italie. Parce qu’il ne tolérait plus son mode de vie à l’européenne, son indépendance et sa relation avec un garçon italien, son père, Mohammed Saleem, l’a égorgée, le 12 août, puis enterrée dans le jardin familial. Au bout de deux jours, il s’est livré aux carabiniers. «C’est un homme très croyant qui respecte le Coran à la lettre», fit savoir son avocat, confirmant que les relations familiales s’étaient détériorées en raison de ses idées religieuses radicales. Agée de 20 ans, Hina Saleem avait quitté le domicile familial depuis plusieurs semaines, refusant de se marier avec un cousin pakistanais. Son père l’aurait piégée en lui demandant de revenir un moment à la maison pour «saluer un parent de passage». «Je ne voulais pas qu’elle devienne comme les autres filles d’ici. Je lui avais demandé de changer, elle a refusé», a-t-il indiqué devant les magistrats. Trois membres masculins de la famille, dont l’oncle et le beau-frère de Hina, qui auraient participé au meurtre, ont également été appréhendés. Le crime aurait été prémédité et préparé au sein d’un «conseil familial».
BBC News : Italy jails Pakistanis for murder (L’Italie emprisonne des Pakistanais pour meurtre)
Palestina Isa
En mars 1993, la Cour Suprême du Missouri (Etats-Unis) a entendu le cas d’une mère brésilienne catholique et de son mari palestinien et musulman qui ont été déclarés coupables au premier degré pour le meurtre de leur fille âgée de 16 ans, Palestina Isa. Celle-ci avait trouvé un travail après l’école contre le souhait de ses parents et avait commencé à fréquenter un homme afro-américain. Pendant que sa mère la tenait, le père l’a poignardée au moins seize fois.
Wikipedia : Palestina Isa
Amina et Sarah Said
En janvier 2008, à Irving (Texas), deux sœurs, Amina, âgée de 18 ans, et Sarah, âgée de 17 ans, ont été assassinées par leur père, Yaser Abdel Said, avec l’assistance de leur mère, parce qu’elles refusaient de se conformer au mode de vie traditionnel et voulait vivre comme leurs jeunes amies américaines.
Wikipedia : Amina and Sarah Said
Si vous désirez consulter le texte intégral du rapport Petermann,
il est disponible en passant par le site du magazine belge Le Vif/L’Express.
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Références supplémentaires
Point de Bascule : Procès des Shafia : Rappel sur les crimes d’honneur
Point de Bascule : Charia et crimes d’honneur : Point de Bascule répond à Sikander Ziad Hashmi
Cynthia Yacowar-Sweeney (Canada Free Press) : Le crime d’honneur bel et bien endossé par la charia