http://ici.radio-canada.ca/regions/ontario/2016/04/13/005-aveugles-chiens-toronto-chauffeurs-taxis.shtml / Photo : Radio-Canada
L’article rapporte que, selon une responsable de la Ville d’Edmonton, au début des années 2000, 600 chauffeurs de taxi refusaient de prendre les chiens-guides, en prétextant des allergies. Enjoints de fournir une note du médecin pour prouver leurs conditions, seulement six avaient pu le faire.
L’implication de ce constat c’est qu’une fois que des employeurs potentiels sont informés ou réalisent d’eux-mêmes qu’une forte proportion des membres d’une communauté donnée refuse d’accomplir certaines facettes de leur travail, ça augmentera leur réticence à embaucher d’autres membres de la même communauté dans le futur.
Quand on évoque les taux de chômage disparates entre diverses communautés, c’est un facteur qui n’est presque jamais mentionné. On préfère généralement évoquer une sorte de racisme aveugle plutôt que le désir des employeurs potentiels de se prémunir contre des plaintes de clients, un manque de flexibilité de leurs employés, etc.
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Auteur : Stéphane Blais
Référence : Radio-Canada, 13 avril 2016
Titre original : Des chauffeurs de taxi refusent-ils les aveugles et leur chien au nom de l’islam? / WebArchive – Archive.Today
[EXTRAITS] Certains chauffeurs de taxi de Toronto refusent de faire monter à bord des aveugles et leur chien-guide à cause de leurs croyances religieuses, selon le courriel d’une compagnie de taxi obtenu par Radio-Canada.Renée Savoie est une aveugle. Elle n’a que 5 % de vision, son chien Freedom l’accompagne dans tous ses déplacements.
Il y a quelques semaines, elle a demandé à une passante de lui héler un taxi, à la sortie d’une boutique au centre-ville de Toronto. Comme il pleuvait, elle est restée en retrait, cachée sous le porche de la boutique en attendant le taxi.
Une voiture de la compagnie Co-op s’est arrêtée, la passante l’a alors appelée pour qu’elle monte.
« Lorsque j’ai tendu la main pour ouvrir la portière, le chauffeur a accéléré brusquement et s’est enfui, c’était une manœuvre dangereuse, pour mon chien et moi.»
Renée Savoie a alors crié aux passants de prendre en note le numéro d’immatriculation du véhicule. « Des chauffeurs refusent souvent de me prendre sans fournir d’explication, raconte-t-elle. Mais, coup de chance, cette fois-ci, des témoins ont pu identifier la voiture. »
Elle a déposé une plainte contre le chauffeur au bureau de délivrance des permis de Toronto, car les chauffeurs sont tenus d’accepter les chiens-guides.
Des raisons religieuses
Dans un courriel adressé à Renée Savoie, obtenu par Radio-Canada, la directrice des affaires de Co-op, Heather Schell, explique que les événements sont malheureux et contreviennent aux règlements. Le permis du chauffeur, ajoute-t-elle, est suspendu jusqu’à ce qu’il s’explique devant un comité de discipline.
Mme Schell ajoute que les chiens posent un problème à certains chauffeurs : « Certains chauffeurs refusent les chiens en raison de leur culture et de leurs croyances religieuses, sans égard aux conséquences. La tradition islamique prévient les musulmans de ne pas entrer en contact avec les chiens, car ils sont impurs. Nous appliquons des mesures disciplinaires lorsque ce genre de situation se produit…Par contre, ces mesures ont peu d’effet sur leurs actions, car ces actions sont fondées sur des croyances très fortes. »
Versions contradictoires
Radio-Canada a parlé brièvement à Abdulkadir Mohamoud, le directeur général de la compagnie de taxi Co-op à Toronto. Son discours était différent de celui du courriel de la directrice des affaires de l’entreprise. Il soutient que son employé n’a pas refusé de faire embarquer Mme Savoie et que, en réalité, il ne s’est jamais arrêté, car au moment de l’incident, il était en route pour servir un autre client.
Il affirme aussi que l’enquête du bureau de délivrance des permis a blanchi son chauffeur de tout blâme.
Diane Colangelo, du bureau de délivrance des permis, soutient au contraire qu’une enquête est en cours. Lorsque Radio-Canada a rappelé Abdulkadir Mohamoud pour lui donner la chance de s’expliquer en entrevue, il a décliné l’offre, prétextant un emploi du temps trop chargé.
Cas fréquents
Diane Bergeron, directrice de l’Institut national canadien pour les aveugles, dit qu’il lui est souvent arrivé, tant à Toronto, qu’à Ottawa ou à Edmonton, que des chauffeurs de taxi refusent de la faire monter en raison de son chien-guide. Elle connaît beaucoup d’aveugles qui ont le même problème.
Au début des années 2000, Mme Bergeron était responsable des relations avec les personnes handicapées pour la Ville d’Edmonton : « À l’époque, nous avons recensé 600 chauffeurs de taxi qui refusaient de prendre les chiens-guides, prétextant des allergies. La Ville a donc obligé ces chauffeurs à fournir une note du médecin pour prouver leurs conditions. Sur les 600, seulement six ont pu [le faire]. »
Références supplémentaires
Daniel Pipes: Chauffeurs de taxi musulmans c. Chiens-guide (Chronologie qui débute en 1997 / Article en anglais)
Canoe.ca (1 avril 2004) : Taxi Coop condamné à payer 5000 $ en dédommagement à un handicapé pour le refus d’un chauffeur d’accepter son chien / Archive.Today
Sébastien Németh (Radio-Canada – 21 mars 2016) : Deux chauffeurs de taxi refusent un aveugle et son chien-guide / WebArchive – Archive.Today