Voici des extraits d’un excellent article affiché sur sisyphe.org. Lisez le texte complet ici.
S’indigner plutôt que de se résigner devant le fondamentalisme islamiste, par Micheline Carrier, le 18 décembre
Il y a longtemps que je me retiens, mais je n’en peux plus. Je ne m’empêcherai plus de m’indigner même si toutes et tous les fondamentalistes religieux du pays viennent frapper à ma porte ou obtiennent que toutes les Commissions des droits de la personne de la planète m’imposent le bâillon.
À croire que le relativisme culturel et religieux contamine la population canadienne et la population québécoise à une vitesse fulgurante.
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Assez de cet aplaventrisme que l’on retrouve aussi chez des groupes dits féministes (la Fédération des femmes du Québec, notamment), chez des chercheuses dites féministes (Christine Delphy, entre autres), chez des activistes supposément pro-féministes qui se répandent dans Internet en traitant les autres de racistes à tout bout de champ (Martin Dufresne, par exemple). Assez de cet aplaventrisme qu’on retrouve jusqu’au sein d’organismes comme la Commission des droits de la personne et de la jeunesse du Québec, la Commission canadienne des droits de la personne et l’ONU.
[Des] exemples récents ont fait monter mon indignation de plusieurs crans. … [Ainsi] les arguments invoqués récemment par la Commission canadienne des droits de la personne pour rejeter une plainte contre un imam montréalais diffusant dans Internet haine et mépris contre les homosexuels, les lesbiennes, les femmes non musulmanes, les femmes occidentales et les juifs.…
Supposons qu’une écrivaine chrétienne ou juive – plus précisément l’une de ces “mécréantes” féministes – publie un livre dans lequel elle affirme : « Les musulmans (au lieu de juifs) ne cherchent qu’à semer le désordre sur la Terre. La plupart des hommes musulmans (au lieu de femmes non musulmanes ou de femmes occidentales) cherchent à satisfaire leurs intérêts personnels et politiques sous le couvert de motifs religieux, et ils semblent des obsédés du sexe, d’où les règles strictes qu’ils n’appliquent qu’aux femmes. Les hétérosexuels (au lieu des homosexuels et des lesbiennes) vivent « comme des bêtes » qui violent et violentent autrement les femmes parce qu’ils ont été contaminés depuis des millénaires par le discours patriarcal hétérosexiste (au lieu du discours chrétien) qui les a convaincus que les individus de sexe féminin leur appartenaient comme n’importe quel bien terrestre. » (Fin de la citation fictive).
JAMAIS on n’accepterait de tels propos et la CCDP jugerait avec raison qu’il s’agit de propagande haineuse et de propos méprisants contre des « groupes identifiables » et susceptibles de leur nuire. On brandirait le spectre de l’islamophobie. Alors pourquoi faut-il accepter le mépris et la haine quand ils sont répandus par des hommes religieux islamistes ? Parce qu’au Québec et au Canada, nous manquons de colonne vertébrale, nous avons peur des confrontations nécessaires à la défense des droits et des valeurs. Nous avons peur d’être rejeté-es et, à ce titre, nous sommes prêts-es à tout accepter et à tendre l’autre joue pour nous faire aimer. Notre passé de colonisé-es nous a laissé-es un complexe de culpabilité que nous essayons de camoufler sous une fausse tolérance. Nous nous sentons coupables de tout, même des actes commis par ceux qui nous agressent ou nous rejettent, et ce ne sont pas les savants Bouchard et Taylor qui cherchent à nous déculpabiliser, loin de là.
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Je ne veux pas de ce féminisme à plat ventre, pas plus que de l’hypocrite discours d’ouverture d’une certaine gauche qui me semble plutôt réactionnaire quand elle soutient le fondamentalisme isalamiste, ni des courbettes des commissaires Bouchard et Taylor devant les pouvoirs religieux. Je n’ai pas passé ma vie à défendre les droits des femmes et ceux d’autres groupes discriminés pour tolérer aujourd’hui ce féminisme de salon qui se replie parce qu’il a peur et ce relativisme de circonstance qui n’est rien de moins que du racisme déguisé.
Beau gâchis de l’héritage que nous ont laissé celles qui, avec bien moins de moyens que nous, se sont tenues debout ! Elles qui savaient s’indigner au lieu de se résigner !
Lecture recommandée
Diane Guilbault, Démocratie et égalité des sexes, Éditions Sisyphe, 2008, 139 pages. Demandez à votre libraire de vous commander ce livre en lui donnant nos coordonnées : sisyphe2@globetrotter.net ou 514-374-5846. Un point de vue féministe sur les accommodements pour motifs religieux qui menacent la démocratie et les droits des femmes. Plus de renseignement sur le livre à cette page.