Dans son édition du 19 novembre, le National Post s’intéresse au double-emploi de l’ancien ministre québécois Philippe Couillard d’abord comme membre du comité fédéral responsable de superviser les activités d’espionnage du SCRS, puis comme conseiller du gouvernement de l’Arabie saoudite. L’article de Kathryn Blaze Carlson intitulé Watching the spywatchers (Surveiller ceux qui surveillent les espions) mentionne que le Dr. Couillard a joint le Comité canadien de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS) le 24 juin 2010 et qu’il développa ses contacts en Arabie saoudite lorsqu’il y fonda un service de neurochirurgie en 1992.
Le CSARS définit ainsi sa mission sur son site internet :
(Le CSARS) exerce de l’extérieur, au nom du Parlement et du public canadien, une surveillance sur le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). Le CSARS enquête en outre sur les plaintes qu’il reçoit au sujet du SCRS et il examine les rapports que lui présentent les ministres à l’égard de la sécurité nationale du Canada.»
L’article sur ce qu’un ancien responsable du SCRS, David Harris, qualifie de relation «complètement inappropriée» de Philippe Couillard avec l’Arabie saoudite est publié quelques jours seulement après que le président du CSARS, Arthur Porter, ait démissionné en raison de relations d’affaire douteuses avec un consultant de Montréal et de ses liens privilégiés avec le président du Sierra Leone.
National Post : Canada’s top spy watchdog resigns following National Post revelations (Le premier contrôleur du SCRS démissionne à la suite des révélations du National Post)
Le Dr. Couillard considère son travail au service de l’Arabie saoudite comme une partie «importante» de sa vie professionnelle. Il est payé par le gouvernement saoudien pour rencontrer au moins une fois par année dix autres consultants et le ministre de la Santé du pays pour discuter de possibles réformes.
Site saoudien d’une conférence sur l’assurance-santé (2011) : Annonces des présentations de Philippe Couillard
L’ancien ministre de la Santé du Québec n’a jamais caché son rôle de consultant. C’est mentionné à la dernière ligne de sa biographie disponible sur le site du CSARS. Le Dr. Couillard a déclaré en avoir informé les autorités canadiennes au moment où sa candidature a été évaluée.
Dans l’article du National Post, l’auteure rappelle que Philippe Couillard et les autres membres du comité de surveillance du SCRS ont accès à des informations hautement confidentielles. C’est pourquoi des analystes œuvrant dans le milieu du renseignement soutiennent que les enjeux sont si élevés que la seule apparence d’irrégularité (ou la possibilité accrue qu’elle survienne) est intolérable.
Le Dr. Couillard refuse de commenter sur les blessures prescrites par la charia
En 2010, un juge saoudien a contacté plusieurs hôpitaux pour leur demander s’ils accepteraient d’endommager la moelle épinière d’un homme pour le punir d’avoir paralysé un autre homme en l’attaquant. Selon le National Post, au moins un hôpital accepta. La journaliste du Post contacta le Dr. Couillard pour lui demander de commenter au sujet de l’implication alléguée du ministère de la Santé d’Arabie saoudite pour lequel il travaille. Le Dr. Couillard refusa de commenter au sujet de ce châtiment prescrit par la charia.
The Guardian : Saudi Arabian judge asks hospitals to paralyse man (Un juge saoudien demande à des hôpitaux s’ils accepteraient de paralyser un homme)
L’histoire du Post ne dit pas si le Dr. Couillard, qui est un neurologue réputé, pourrait être consulté par les autorités saoudiennes si un tribunal de charia saoudien en venait à imposer comme châtiment une commotion cérébrale, voire une paralysie cérébrale à un condamné…
Référence supplémentaire
Point de Bascuile : Canada – Arabie saoudite : Deux exemples de situations qui rendent inappropriée la participation du Dr. Philippe Couillard à la surveillance du SCRS