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Pas à la cafétéria
Adresse originale : http://www.journaldemontreal.com/2012/10/19/pas-a-la-cafeteria
Auteur : Stéphan Dussault
Référence : Journal de Montréal, 20 octobre 2012, p.
Titre original : Pas à la cafétéria
Les Québécois n’ont pas trop de problème à manger de la viande halale, mais pas au point d’ouvrir les lieux publics à ce rituel religieux. Deux Québécois sur trois refuseraient d’accommoder la communauté musulmane et de permettre la nourriture halale à l’école, à l’hôpital ou au travail, conclut un sondage Léger Marketing réalisé pour le Journal.
Près de 70 % des Québécois s’opposent ainsi à ce qu’on offre des produits halals dans les cafétérias de l’administration publique ou municipale. Même chose pour les prisons et les garderies (68 %).
Curieusement, on se montre un peu plus conciliant (63 %) pour les malades de confession musulmane dans les hôpitaux.
« Généralement mal vu »
«Ces résultats ne me surprennent pas. Généralement, tout ce qui empiète dans l’espace public est mal vu», commente Khadiyatoulah Fall, musulman, professeur à l’Université du Québec à Chicoutimi et spécialiste de l’islam.
Un avis partagé par Christian Bourque, vice-président exécutif de Léger Marketing : «Que ce soit pour la religion musulmane ou pour toute autre religion, les Québécois n’en veulent plus dans leur quotidien.»
Une situation que plusieurs musulmans espèrent voir changer. À commencer par Youssef Fofana, imam à la Mosquée Tawuba, sur la rue Ontario, à Montréal.
«Viendra un jour où les gens comprendront que les étudiants et les malades ont aussi droit à de la nourriture halale», dit-il.
Étiqueter l’halal
Si les Québécois sondés n’en veulent pas à l’école ou à l’hôpital, ils sont ouverts à la viande halale au supermarché. Seulement, ils veulent être mis au courant. Ainsi, 82 % des répondants souhaitent voir ces produits étiquetés comme tels.
«Les Québécois ont besoin de savoir, mais, en même temps, ils sont ouverts à l’halal», estime Khadiyatoulah Fall.
«Ce genre de réponse nuancée témoigne d’un grand degré de maturité de la population québécoise», ajoute Djemila Benhabib, grande défenseure de la laïcité et candidate péquiste défaite à Trois-Rivières aux dernières élections.
M. Fall demande même que le gouvernement prenne les devants pour mettre en place un système efficace d’étiquetage.
Pratique cruelle
En France, on a proposé que les emballages mentionnent «Viande provenant d’animaux abattus sans étourdissement» afin de bien marquer le fait que l’abattage rituel peut être plus douloureux pour l’animal.
Près de la moitié des Québécois sondés estiment d’ailleurs que l’abattage rituel est cruel. En même temps, le tiers n’a pas d’opinion ou refuse de répondre à cette question.
«Pourtant, ce débat a été très médiatisé. Les gens devraient avoir une opinion. Ça montre que la souffrance animale n’est pas un élément primordial aux yeux des Québécois sur cette question», estime Khadiyatoulah Fall.
Méconnaissance
«Ça démontre surtout que les Québécois n’ont pas une bonne compréhension de ce qu’est l’abattage rituel», répond Christian Bourque.
On est un peu tenté de lui donner raison quand on constate que 65 % des répondants sont préoccupés par les questions d’hygiène et de santé dans les abattoirs halals.
Car si l’abattage rituel est peut-être plus cruel, il n’est certainement pas plus dangereux pour la santé, concluent autant les vétérinaires que le MAPAQ et son équivalent à Ottawa, l’Agence canadienne d’inspection des aliments.