Les relations entre les musulmans et québécois des régions sont tendues depuis Hérouxville? Un groupe de musulmans voudrait colmater les brèches en apportant son soutien à la famille de la petite Cédrika Provencher enlevée le mois dernier.
Ce geste, présenté comme sincère et spontané, génère une attention médiatique qui laisse perplexe [a]. Qu’est-ce qui dérange au juste? Que des musulmans essaient d’apporter leur appuie à une famille éprouvée n’est pas en cause. Une mère pleure sa fille, un père crie à l’aide et ils arrivent de partout, le coeur débordant, espérant dénouer le drame. Juifs, hindous, athées, chrétiens, animistes, bouddhistes ou musulmans, tous s’indignent, tous espèrent le retour de l’enfant.
Non ce n’est pas que ce soit des musulmans qui dérangent, mais plutôt de quels musulmans il s’agit. Ces musulmans ont un agenda politique partisan très clair qui n’a rien à voir avec un rapt d’enfant. Leur geste ne peut pas être désintéressé – un geste qui s’accompagne d’une attention médiatique ne l’est jamais, que cette attention soit sollicitée ou non.
Qui sont-ils? Nous savons qu’étaient présents Samira Laouni, Nada Sefian, Najat Boughaba et Haydar Moussa [[Montimy, Marie-Josée, Un groupe musulman soutient la famille Provencher, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 15 août 2007
]].
Samira Laouni se présente dans les médias comme membre du Congrès islamique canadien (CIC), une organisation reconnue pour ses positions en faveur d’un islam radical [b]. On l’associe aussi au groupe Horizon de femmes de Montréal[c], un groupe dont on ne trouve aucune trace officielle via Internet, possiblement un sous-comité du CIC[d] . Elle a aussi écrit pour Bel-Agir, un groupe de musulmans qui pratiquent un islam très traditionnel voire radical [e]. Elle était de la délégation de femmes musulmanes pour Hérouxville, elle a commenté sur les ondes de Radio-Canada l’affaire de l’Érablière Au Sous-Bois, titulaire d’un doctorat au HEC, c’est une militante articulée.
Grande avocate du dialogue entre israéliens et palestiniens, Nada Sefian s’est retirée récemment du groupe qu’elle avait aidé à fonder, Dialogue-Montréal, parce que la représentation palestinienne diminuait. Visiblement humaniste dans son désir de comprendre la complexité géopolitique au moyen-orient, elle est une activiste politique d’expérience. On ne lui connaît pas une affiliation avec un mouvement islamiste. Elle vient de recevoir un prix pour la paix pour son travail de rapprochement entre les réalités palestinienne et israélienne.
Haydar Moussa est ce jeune homme qui a écrit un poème très disgracieux à l’endroit des québécoises tandis que Najat Boughaba est l’éditrice du journal qui l’a publié, le Sada Al Mashrek. Ce poème a soulevé une certaine controverse, lorsque Richard Martineau l’a publié sur son blogue. Interrogés à ce sujet autant Najat Boughaba que Haydar Moussa ont refusé de s’excuser ni de publier une rétractation. Le Sada Al Mashrek est reconnu comme étant un journal qui appuie le Hezbolah, une organisation terroriste qui a pour but ultime l’instauration d’une république islamique au Liban. Haydar Moussa et Najat Boughaba faisaient aussi partis de la délégation de femmes musulmanes ayant visité Hérouxville.
Qu’est-ce qui dérange dans ce portrait? Le manque de décence. Une famille modeste vit un drame privé qui prend une dimension médiatique nationale. Un groupe de militants professionnels s’immiscent dans le drame et viennent y cueillir un rôle de bon samaritain extraordinaire. Des gens ordinaires éprouvés sont manipulés et servent de tremplin à un discours tout à fait étranger à leur drame – on évoque Hérouxville, la Palestine, les accommodements raisonnables.
Il y a au Québec un réseau de gens décidés à positionner l’islam comme une force non contestable au sein de la société civile. Fort est à parier que la petite visite de cette coalition sera rappelée dès que l’on remettra en question leur adhérence aux valeurs québécoises. Ce geste de bonté se transformera en arme afin de museler toute critique de l’intégration des musulmans à la société québécoise. Ils diront « Comment pouvez nous critiquer, nous qui avons partagé vos valeur en soutenant la famille de Cédrika Provencher? » Cette opération charme n’est pas du tout le début d’un dialogue sincère, c’est une bombe à retardement.
On voudrait bien que tous les musulmans manifestent leur horreur devant l’exploitation des enfants, qu’ils dénoncent le sort des bébés excisées, des fillettes forcées à porter un voile, des adolescentes mariées contre leur gré, des intimidations contre les jeunes gens rebelles à la volonté familiale… Pourtant, lorsqu’un média lève le voile sur ce qui se trame dans certaines communautés immigrantes vivant ici même au Québec, (par exemple le très respectueux reportage d’Enjeux sur les mariages forcés[f]), les Haydar Moussa, Najat Boughaba et Samira Laouni se font bien silencieux… Et si jamais ils en parlent, ce sera pour accuser de tels reportage d’encourager l’islamophobie, comme si la souffrance de leurs propres enfants ne suffisait pas.
Source: Montimy, Marie-Josée, Un groupe musulman soutient la famille Provencher, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 15 août 2007
- avec des articles à ce sujet dans Cyberpresse et Canoë
- Il suffit de parcourir le site du [Congrès islamique canadien-> http://www.canadianislamiccongress.com/] pour s’en convaincre
- [Domique Poirier en direct-> http://www.radio-canada.ca/actualite/v2/Dominique_Poirier_en_direct/niveau2_liste172_200703.shtml#], 20 mars 2007
- c’est une tactique de lobbyiste de multiplier les titres pour augmenter sa crédibilité. On assume que le journaliste ne cherchera pas à valider l’information. Ici, il s’agit de jumeler une association islamiste à un groupe à connotation féministe.
- une visite sur le site de [Bel-agir-> http://www.belagir.ca/fr/] nous démontre que nous n’avons pas affaire à un groupe de musulmans modernistes mais à des gens qui cherchent à défendre un islam littéral.
- voir [Enjeux-> http://www.radio-canada.ca/actualite/v2/enjeux/niveau2_14078.shtml]