Selon un leader religieux chiite, une femme adulte ne peut être mise sous tutelle et elle peut riposter à la violence. Selon un leader sunnite, le mari a le droit de frapper sa femme et elle doit s’y soumettre. Elle ne peut non plus être autonome et doit être placée sous la garde légale perpétuelle d’un homme.
« Une fatwa sur l’élimination de la violence contre les femmes soulève la controverse entre chiites et sunnites »
Dans le cadre de la Journée mondiale de l’ONU contre la violence envers les femmes célébrée la semaine dernière, le leader religieux chiite très respecté Muhammad Husayn Fadlalah, connu pour ses positions relativement libérales concernant les femmes, a prononcé une fatwa (décret religieux) décrétant qu’à l’âge adulte, la femme est autonome et que personne ne peut la mettre sous tutelle. Il explique qu’un homme qui agit comme « gardien » d’une femme n’exerce pas une juridiction complète sur elle. Il affirme aussi qu’une femme est autorisée à se défendre contre la violence sexuelle ou toute autre forme de violence en recourant à la violence réciproque et à tout autre moyen à sa disposition, y compris le refus de faveurs sexuelles.
Fadlalah a soulevé une vive controverse en déclarant que cette fatwa ne s’appliquait pas seulement aux chiites mais à tous les musulmans puisqu’elle concerne la dimension humaniste d’une question islamique. Cette déclaration, perçue comme une intrusion en territoire sunnite, a été immédiatement dénoncée par le théologien saoudien Dr Muhammad Al-Najimi, membre de l’Académie de la jurisprudence islamique. Selon Al-Najimi, il faut distinguer la violence infligée dans le but de blesser la femme et contre laquelle elle a le droit de se défendre, de la « violence disciplinaire » qui a toujours été considérée légitime en vertu de la charia. Selon Al-Najimi, la femme doit accepter cette « violence disciplinaire » sans la retourner ni refuser ses faveurs sexuelles. Al-Najimi rejette aussi l’affirmation de Fadlalah qu’une femme puisse être autonome. Selon lui, un homme doit toujours agir comme son gardien légal.