Mourad Iklef
Par Elisabeth Campos
Publié dans ERTA (Équipe de recherche sur le terrorisme et l’antiterrorisme) en 2006
De nationalité algérienne, Mourad Iklef est marié et père de deux enfants. Il a obtenu le statut de réfugié peu de temps après son arrivée au Canada, en 1993. Selon ses déclarations, il aurait été condamné à mort en Algérie pour des activités liées au terrorisme et ajoute l’avoir appris par des articles de journaux (source: Ordonnancedu 8 mars 2002 Dossier : DES-8-01 ; Référence neutre : 2002 CFPI 263). Mais il ne fut retrouvé aucune mention d’une telle condamnation.
Mourad Iklef fréquentait régulièrement l’appartement de la rue Malicorne et d’autres lieux où se retrouvaient Boumezbeur, Ressam, Kamel, et Atmani. Mourad Iklef est originaire du même quartier que Fateh Kamel, en Algérie, et c’est un ami d’enfance d’Adel Bouzmebeur. Il fut arrêté, en décembre 2001, par les forces policières canadiennes qui le soupçonnaient d’être un complice de Ressam et d’être (ou d’avoir été) un membre du Groupe islamique armé (GIA). Il fournit notamment des conseils à Ressam sur la construction de son engin explosif (Bernton et coll., 2002). Le procureur fédéral demanda à ce qu’il soit déporté en Algérie en raison de la menace grave qu’il faisait courir à la sécurité du pays.
Lors de son témoignage devant la Commission de l’immigration et du statut du réfugié, Mourad Iklef nia les faits qui lui étaient reprochés mais reconnaissait
«avoir rencontré, à plusieurs reprises, Boumezbeur, Ressam, Kamel, Atmani et tous les autres individus d’origine algérienne qui étaient à Montréal, à ce moment là. Il mentionne que les gens se rencontraient pour discuter, regardaient la télévision et qu’il n’était pas question de politique en particulier, et encore moins de terrorisme, et s’il avait été question le moindrement de complot visant des actes de terrorisme, il ne serait jamais resté là, il serait parti tout simplement».
Il a aussi ajouté que «lorsqu’il a accompagné Ressam à Vancouver, il voulait surtout aller à la pêche, voir les environs de Vancouver, la nature, et que Ressam a fait ses vols de son côté, alors que lui visitait les environs.»
La Commission de l’immigration et du statut du réfugié mit en avant certaines coincidences troublantes du dossier:
«À en croire M. Ikhlef, il y aurait erreur sur la personne; comme s’il s’était trouvé toujours à la mauvaise place, au mauvais moment. Comme si également c’était pure coïncidence que la plupart de ses amis qu’il côtoyait quotidiennement au cours des années 1990, à Montréal, et à Vancouver, sont maintenant derrière les barreaux où l’objet de condamnations diverses en France, en Angleterre, en Algérie et aux États-Unis.»
Mourad Iklef nia également le fait d’avoir fait partie du GIA et tenta d’apporter des explications que la Commission trouva peu satisfaisantes sur le fait qu’il était surnommé par ses amis et connaissances «Mourad GIA». Elle conclut qu’il y existait des motifs raisonnables de croire que Mourad Iklef avait fait ou faisait encore partir d’une organisation terroriste et qu’en conséquence, il pouvait être déporté en Algérie.
Lire aussi:
Un Algérien déporté par le Canada parce qu’il était accusé d’avoir aidé un terroriste … (PdeB décembre 2009)