Cet article a pour but d’illustrer que ce qui menace notre civilisation, ce n’est pas seulement l’islamisme, mais aussi la perte de rationalité en Occident et le recours abusif à la notion d’atteinte à nos droits fondamentaux. Quand des scientifiques qui craignent que les collisions entre particules provoquent des trous noirs qui pourraient avaler la Terre saisissent la Cour européenne des droits de l’homme en plaidant sérieusement que la fin du monde porterait atteinte à leur vie privée et familiale… et quand, aux États-Unis, des élus municipaux sont offensés par l’expression trou noir jugée raciste… c’est que notre civilisation se porte mal !
______________________________
Deux scénarios de cauchemar, deux fins du monde. Dans le premier, il y aura un court avertissement. Pendant peut-être un mois, il n’y aura pas de signe que la vie est sur le point de prendre fin brutalement pour tous les êtres vivants sur Terre.
Ensuite, des tremblements de terre se produiront inopinément, alertant les géologues qu’il y a quelque chose qui cloche, quelque chose de terrible, d’inimaginable. Après quelques jours, ces perturbations sismiques atteindront des proportions catastrophiques.
Des villes seront anéanties, le niveau des océans s’élèvera et une série de méga-tsunamis attaqueront les côtes, tuant des millions de personnes.
![](resizer.php?imgfile=img/jpg/LCH_1.jpg&max_width=476)
Le fait que les tremblements de terre frapperont au hasard plutôt que le long des lignes de failles géologiques connues, sera la preuve d’un phénomène dévastateur.
Enfin, la fin viendra, dans une catastrophe d’ampleur biblique. La Terre commencera littéralement à se fissurer.
La lave en fusion se déversera sur les terres, et les mers vont se mettre à bouillir.
Des méga-ouragans détruiront des bâtiments et des forêts dans le monde entier. Finalement, les montagnes s’effriteront à mesure que la croûte terrestre continuera à se désintégrer.
La matière composant la planète elle-même commencera à disparaître, des milliers de milliards de tonnes de roches, d’eau, d’air et de vie aspirés dans un tourbillon d’une force inimaginable.
Depuis l’espace, il semblera que notre maison bleu et blanche disparaît dans un tourbillon à la vitesse de l’éclair.
Au moins dans ce scénario, nous aurons peut-être un peu de temps pour nous réconcilier avec l’idée que la fin approche.
Toutefois, un deuxième scénario de fin du monde est encore plus terrifiant. Il n’y aurait aucun avertissement.
En un instant, environ un vingtième de seconde, la terre entière disparaîtra tout simplement de l’espace.
Moins de deux secondes plus tard, la Lune devrait emboîter le pas. Huit minutes plus tard, le soleil sera fissuré, suivi du reste des planètes du système solaire et au-delà, une vague de destructions causées par une fissure dans le tissu de l’espace lui-même, jaillissant de notre monde à la vitesse de la lumière .
Les extra-terrestres mourront aussi, en temps voulu. Et la technologie n’y pourra rien.
![](resizer.php?imgfile=img/jpg/LCH_2.jpg&max_width=476)
Mais pourquoi devrions-nous nous en faire maintenant sur ces scénarios possibles d’Armageddon?
La réponse est une gigantesque machine – la plus grande et la plus chère des expériences scientifiques dans l’histoire, le «Grand Collisionneur Hadronique», qui doit être activé mercredi prochain.
Bien qu’il ait été conçu pour répondre aux questions fondamentales de la vie, certains ont affirmé qu’il pourrait finir par détruire le cosmos au complet.
Ce gigantesque accélérateur de particules de £4 milliards a été construit sous la frontière franco-suisse près de Genève. C’est le dispositif le plus puissant jamais construit pour sonder les secrets de l’atome ainsi que les forces et les particules qui composent notre univers.
C’est un dispositif ahurissant, construit dans un tunnel de 18 kilomètres de long foré à une profondeur de 300 pieds, parsemé de gigantesques détecteurs en forme d’anneaux de la taille d’une cathédrale où les collisions entre des paquets de particules subatomiques lourdes, les «hadrons», se produiront dans l’espoir que le fonctionnement du coeur de la matière et de l’énergie sera révélé.
Le LHC est sans doute la plus impressionnante machine jamais construite par l’homme.
Mais quelques personnes sont convaincues qu’elle ne doit jamais être mise en marche.
Une plainte a été déposée à la Cour européenne des droits de l’homme par un petit groupe de scientifiques. Ils affirment qu’il y a un risque, minime mais pas de zéro, qu’au démarrage, le LHC favorise l’apparition de micro-trous noirs. Ces derniers pourraient tomber dans le sol, aspirer la Terre de l’intérieur et la faire disparaître (scénario 1).
Ou, encore plus bizarrement, déclencher une réaction en chaîne catastrophique dans le tissu même de l’espace et du temps, qui pourrait déchirer l’univers tout entier comme la peau d’un ballon qui éclate (scénario deux).
Bizarrement, ce groupe dirigé par le chimiste allemand Otto Rossler invoque la Convention européenne des droits de l’homme pour faire valoir que si le LCH détruit l’ensemble de l’Univers, ce serait une «violation du droit à la vie et à la vie familiale».
En fait, depuis 1994, lorsque le collisionneur a été suggéré par l’organisme multi-national européen de recherche nucléaire (CERN), un petit nombre de prophètes de malheur ont prétendu qu’en reproduisant les conditions prévalant au début de l’univers (Big Bang) il y a environ 13700 millions d’années, il y aurait un risque petit mais réel qu’un cataclysme irrépressible ait lieu.
Ce n’est pas une menace prise au sérieux par les scientifiques du CERN. Lorsque j’ai visité les lieux il y a quelques années pour voir le collisionneur en cours de construction, toute mention de mini-trous noirs et autres risques ne suscitait que dérision et haussement d’épaules.
Le LHC n’a pas été conçu pour détruire l’univers, bien sûr, mais pour combler certaines des grandes lacunes qui parsèment encore notre compréhension de base de la physique et du fonctionnement de l’univers.
Il pourrait découvrir, par exemple, de quoi le gros de l’Univers est fait.
Les choses ordinaires que nous voyons autour de nous, les atomes et les molécules d’eau, de carbone, de fer, d’oxygène et le reste de ce qui compose notre corps, la planète Terre, la Lune, les autres planètes, le Soleil et toutes les étoiles, ne représentent en fait qu’environ une partie sur 25 du total des «ingrédients» du cosmos.
Les astronomes savent que quelque chose d’autre, invisible et mystérieux, imprègne chaque centimètre de l’espace, sa gravité subtile affectant les mouvements de la galaxie.
Cette matière, dont personne n’a idée de la nature, a été surnommée «matière noire» et on espère que le collisionneur pourra faire la lumière sur ce qu’elle est, menant peut-être à la découverte d’un nouveau type de particule.
Ce qui est encore plus embarrassant, c’est que nous ne savons pas ce qui donne sa masse à la matière même ordinaire.
Dans les années 1960, le physicien britannique Peter Higgs a proposé l’existence d’une nouvelle particule, maintenant connue sous le nom de «particule de Higgs», qui donne un «poids» aux choses de l’Univers.
Cette particule hypothétique est si importante et fondamentale qu’elle a été surnommée la « particule divine ».
On espère que si Higgs a raison, le collisionneur pourra enfin dissiper ce mystère, et à la suite de collisions super-puissantes, des traces de cette particule émergeront.
Cela justifierait, en soi, une grande partie des dépenses de £ 4 milliards. En simulant le Big Bang, on espère que le LHC agira comme un « Univers dans une éprouvette », ce qui permettra aux scientifiques d’examiner une suite de particules et de forces subatomiques exotiques, et d’une certaine façon, d’achever le travail entamé par Einstein et d’autres géants de la physique du 20e siècle.
Alors y a-t-il vraiment une chance que les scientifiques aient fait une terrible erreur de calcul et que leur nouveau jouet nous tue tous, par mégarde?
Heureusement, la réponse simple est : non. Les scientifiques du CERN ont en effet commandé plusieurs enquêtes sur la sécurité (comme celles qui ont eu lieu avant que d’autres grands accélérateurs de particules aient été activés).
Tous ont conclu qu’il n’y a pas le moindre risque. Peut-être le meilleur argument contre le scénario apocalyptique du LHC est-il que les rayons cosmiques – les particules naturelles à haute énergie de l’espace – entrent continuellement en collision avec l’atmosphère terrestre avec beaucoup, beaucoup plus d’énergie que ce qui sera généré par cette machine.
S’il était possible de créer un dangereux trou noir par la simple collision de particules atomiques, ça se serait passé naturellement il y a longtemps et nous ne serions pas ici pour construire cet accélérateur de particules. Nous sommes donc en sécurité.
En fait, ce que les scientifiques du CERN craignent vraiment n’est pas la fin du monde, mais que leur machine ne soit tout simplement pas assez grosse ou puissante pour découvrir quelque chose de nouveau, et que pour sonder les plus profonds secrets du cosmos, ils devront demander encore plus d’argent pour construire quelque chose sur une échelle encore plus grande.
Ou encore, que leurs équations soient tout simplement fausses et qu’une toute nouvelle approche s’avère nécessaire malgré les milliards dépensés.
Ce ne serait peut-être pas la fin du monde, mais ce serait une catastrophe pour la physique.
Quant à nous, ont doit espérer que les scientifiques ont fait des calculs exacts, et se croiser les doigts mercredi prochain
Voir aussi:
États-Unis – La galaxie est raciste. “Trou noir” devient “Trou blanc”