Traduction de l’article “My View of Islam” par [?Ayaan Hirsi Ali] publié jeudi le 2 août 2007 par l’American Entreprise Institute For Public Policy Research (AEI)
La définition incontestée de l’Islam par tous ses adhérents est la «soumission à la volonté d’Allah». Cette volonté divine est décrite dans le Coran ainsi que dans les enseignements et actions de Mohammed, tels que documentés dans les Hadiths ou la Sunna.
Alors que le Coran est considéré comme la vérité non diluée de Dieu qui a été révélée à Mohammed par l’ange Gabriel, la Sunna porte moins de poids et a toujours été une cause de désaccords parmi les académiciens musulmans. Les théologiens de l’islam ont cependant atteint un consensus sur l’autorité conférée à un ensemble de six volumes tirés de la Sunna appelés le Sahih Sita, ou les six authentiques.
Sur les questions de la guerre sainte (djihad), l’apostasie et le traitement des femmes, le Coran et la Sunna sont clairs. C’est l’obligation de chaque musulman de répandre l’islam chez les incroyants, d’abord, par le dawa (prosélytisme) et ensuite par le djihad si les incroyants refusent de se convertir. C’est l’obligation des incroyants d’accepter l’islam. Exemptés de cet édit de conversion sont les gens du livre : Les chrétiens et les juifs. Ces deux peuples ont le choix. Ils peuvent adopter l’islam et apprécier les mêmes droits que les autres musulmans, ou ils peuvent s’attacher à leur livre et mener la vie d’un dhimmi (citoyen inférieur). Légalement, les droits du dhimmi ne sont pas égaux à ceux d’un musulman. Par exemple, un homme musulman peut prendre une épouse juive ou chrétienne, mais les juifs et les chrétiens ne peuvent pas épouser une femme musulmane. Si un chrétien ou un juif tue un homme musulman, il devra immédiatement être tué. En revanche, le sang d’un musulman ne devrait jamais être répandu en échange de celui d’un chrétien ou d’un juif.
C’est aussi l’obligation de chaque musulman de vivre la vertu et d’interdire le vice. L’apostasie, le pire vice qu’un musulman peut commettre, devrait être punie par la mort. La punition n’a pas besoin d’être effectuée par l’état mais peut facilement être imposée par des civils. Lorsqu’il est question de loi islamique, la justice reste entre les mains de chaque musulman.
Quant au traitement des femmes, dans le Coran, et particulièrement dans la Sunna, l’islam assigne aux filles une situation dans la famille qui exige d’elles qu’elle soient dociles, les rend dépendantes de leurs parents masculins pour des raisons d’argent et donne le pouvoir de leurs corps à ces mêmes parents masculins.
L’islam est structuré dans une hiérarchie stricte de subordination. En premier lieu, tous les humains sont requis d’être les esclaves d’Allah. Dans les sociétés musulmanes, tous les enfants doivent obéir à leurs parents. Au delà de cela, les femmes et les filles doivent obéir à leurs gardiens masculins, particulièrement leurs maris, et les servir sans aucun questionnement. Ce décret d’obéissance matrimoniale n’est aucunement réciproque.
Une femme dans l’islam n’est pas compétente et elle doit toujours avoir un gardien. La responsabilité de la garde peut passer du père au frère ou à l’oncle avant qu’une fille ne soit mariée. C’est à partir de ce point qu’elle doit répondre à son mari. Typiquement, Le mariage est arrangé sans que le choix soit donné à la fille, et ce processus est souvent accompagné d’un échange monétaire. Ainsi, selon la règle religieuse toujours en vigueur dans l’islam, il est toujours courant aujourd’hui que les droits d’une femme soient essentiellement vendus à un homme qu’elle peut ne pas connaître et très probablement, qu’elle n’aime pas.
Quant à l’éducation des filles sous l’islam, il y a un programme clair d’endoctrinement de l’inégalité. Sous l’islam, l’éducation est la transmission des règles de soumission à la volonté d’Allah. La qualité intrinsèque de cette “éducation” est de dicter les rôles de la femme et de l’homme. Des filles sont instruites à se subordonner d’abord à Allah, ensuite à la famille et finalement au mari. Il y a emphase stricte sur la modestie qui est définie en fonction de la virginité. On enseigne à une fille musulmane qu’elle doit tout faire pour conserver sa virginité comme une expression de fidélité à son créateur, à sa famille et à son mari.
Cette forme d’éducation entrave ses chances de devenir indépendante et autonome. Le manque d’égalité et de liberté sociales des femmes est une conséquence directe des enseignements de l’islam. Sous l’islam, une épouse doit toujours demander à son mari pour une permission et elle doit de plus lui obéir indéfiniment. Cette restriction est levée dans l’unique cas ou il lui serait demandé d’abandonner Allah, et c’est le seul cas où elle a droit à la désobéissance. Alors que s’il est vrai que dans l’islam, techniquement parlant, les femmes ont le droit de commercer et posséder des propriétés, l’état d’obéissance totale aux gardiens masculins rend cette “liberté”, au mieux, hypothétique.
Le but de l’éducation donné aux filles sous l’islam est d’atteindre le contrôle de la sexualité féminine. Le résultat de cet endoctrinement est que les filles musulmanes croient légitime et défendent souvent ouvertement leur position de subordination. Les efforts qu’investira une société musulmane dans l’instauration du contrôle sexuel franchiront souvent les limites de l’absurde et , selon les normes occidentales, du criminel. Dans l’islam, l’âge minimum du mariage pour une fille débute dès sa première menstruation. Mohammed a été fiancé à son épouse Aisha lorsqu’elle n’avait que six ans, et il l’a épousée (a eu des rapports sexuels avec elle) quand elle avait atteint l’âge de neuf ans. Des millions d’hommes musulmans à travers le monde suivent les faits et gestes de Mohammed, et l’un des exemples les plus en vue est le défunt Ayatollah Khomeini.
En vertu de la charia (loi islamique), tel que pratiquée en Arabie Saoudite, en Iran et certaines parties du Nigéria, les droits civiques des femmes sont nettement réduits. La menace de punitions violentes sous forme de fouet et de lapidation fait en sorte que la perspective d’indépendance financière et de liberté sexuelle pour les femmes est presque impossible. Miraculeusement, même dans de telles conditions sévères vous trouverez des femmes qui sont relativement instruites, ont un mot à dire dans le choix d’un mari et parviennent à gagner leur vie. Soyons bien clairs que ces exceptions sont dues à la compassion et à l’esprit progressiste de familles qui ont été influencées par l’Occident, et non pas grâce aux règles dérivées de l’islam.
À la recherche d’une réconciliation entre les sociétés musulmanes et occidentales, il est important de reconnaître que les musulmans sont aussi divers que l’islam est monolithique. L’islam essaie d’unifier plus d’un milliard de personnes de différentes origines géographiques, langues, appartenances ethniques, et milieux culturels et éducatifs en une seule tribu religieuse. Et bien que je reconnaisse que le stéréotypage des croyants est généralement difficile puisque la croyance est subjective, à des fins de discussion, je voudrais faire la distinction entre cinq types de musulmans.
Le premier groupe inclut ces musulmans qui quittent la foi parce qu’ils ne peuvent pas la réconcilier avec leur conscience ou avec la modernité. Ce groupe est important pour l’évolution du monde islamique parce qu’ils font pression, en mettant en question les points critiques que les croyants évitent habituellement de soulever. Les ex-musulmans vivant en Occident commencent à peine à trouver leur voix et à tirer avantage des libertés spirituelles et sociales qui sont à leur disposition.
Le deuxième groupe est composé de véritables réformateurs musulmans, tels qu’Irshad Manji, qui reconnaissent l’incompatibilité théologique des commandements coraniques et l’immoralité du prophète. Ils tendent à souligner les premiers chapitres du Coran et mettent l’emphase sur les qualités de bonté, de générosité et de spiritualité. Ils argumentent que les derniers chapitres où l’islam est politisé et où les concepts de la charia, du djihad et du martyr sont présentés, devraient être lus dans le contexte dans lequel ils ont été écrits il y a environ de cela 1 400 ans.
Le troisième groupe se compose de ces musulmans qui soutiennent la propagation et la domination progressives de l’islam dans le monde entier. Ils emploient les libertés offertes dans la démocratie pour miner la modernité sociale. Toutefois, bien qu’initialement opposés à l’usage de la violence, ils prévoient qu’une fois que la masse critique de croyants sera atteinte, les derniers incroyants pourront alors être traités par la violence, et la charia sera universellement mise en application. L’Ayatollah Khomeini a employé cette méthode avec succès en Iran. Erdogan de la Turquie est le suivant puisqu’il suit les traces de l’Ayatollah. Tariq Ramadan, profondément enraciné dans l’héritage des Frères Musulmans, est consacré à un tel programme parmi les musulmans européens.
Le quatrième groupe est le plus évident et représente une menace immédiate. Dans ce groupe nous constatons la composition de plus en plus nombreuse de musulmans issus de la ligne dure qui ont défini le martyr comme leur but unique. C’est une armée de jeunes hommes entraînés dans une frénésie de violence suicidaire par un clergé affamé de puissance. Ces prédicateurs ont des plateformes publiques et travaillent avec l’impunité des institutions sans être affectés et souvent financés par des autorités nationales.
Le cinquième groupe est en général inefficace et seulement menaçant dans leur refus de reconnaître la vérité. Ici nous trouvons l’élite du clergé qui fait un spectacle en tentant de démontrer que l’islam est réconciliable avec la modernité. Ils sont motivés par l’autopréservation et n’ont aucun intérêt pour la vraie réforme. Ils ne puisent dans les livres sacrés de l’islam que des passages sélectifs pour faire valoir leur point que l’islam est une religion de paix. Ils ignorent les nombreux passages incitant à la violence, tels que ces versets qui commandent la mort des apostats.
C’est par les deux premiers de ces cinq groupes que le progrès et la réforme viendront. Pour le reste, il serait sage de la part du monde occidental d’identifier les réalités de l’islam, d’une religion établie par des écrits il y a plus de mille ans et qui ont été imposés par la violence et par l’oppression.
Ayaan Hirsi Ali est membre résidente de l’AEI.
Voir aussi:
Le silence des musulmans « modérés » par Ayan Hirsi Ali
Ayaan Hirsi Ali commente « The Suicide of Reason » par Lee Harris