Point de Bascule vous présente les extraits d’une entrevue de Stéphane Courtois publiée dans Le Devoir. Elle offre une bonne récapitulation du programme réel poursuivi par les communistes. Selon Courtois la doctrine communiste avait adopté le principe «de la guerre civile permanente » et nous rappelle qu’il est impossible de parler du communisme sans évoquer la naissance du totalitarisme. Le nouveau totalitarisme selon lui c’est maintenant l’islamisme parce qu’il est
«comme le communisme, porté par a une idéologie rigoureuse supporté par des militants professionnels qui prêchent la guerre civile permanente.»
Stéphane Courtois est né le 25 novembre 1947, il est directeur de recherche au CNRS (Université de Paris X), professeur à l’Institut Catholique d’Études Supérieures (ICES) de La Roche-sur-Yon et spécialiste de l’histoire du communisme. Il a dirigé Le livre noir du communisme, un ouvrage traduit dans plus de vingt langues et vendu à près d’un million d’exemplaires dans le monde. Sa préface avait suscité une forte polémique lors de la parution de l’ouvrage, en 1997. Fondateur de la revue Communisme, il est l’auteur de nombreuses autres monographies sur ce mouvement. Il prononcera samedi une conférence à l’UQAM, à l’invitation de la revue Argument sur le thème: Entre utopie et terreur:Bilan de l’expérience communiste.
Voici quelques extraits de l’entrevue de Stéphane Courtois par Christian Rioux publiée aujourd’hui, le 15 novembre 2010, dans Le Devoir sous le titre: Le siècle du totalitarisme
Au-delà des controverses sur le nombre exact de victimes, on a reproché à Courtois d’avoir développé les thèses de la philosophe Hannah Arendt ainsi que des historiens François Furet et Ernst Nolte en traçant un parallèle entre nazisme et communisme. Courtois estime qu’il est impossible de parler du communisme sans évoquer le crime contre l’humanité et le « génocide de classe ». Selon lui, Staline n’exterminait pas les koulaks pour ce qu’ils faisaient, mais bien pour ce qu’ils étaient. Il dit aussi avoir voulu mettre une date sur la naissance du totalitarisme.
« Le mot est inventé en 1923 pour caractériser le fascisme mussolinien, dit-il. S’il faut un mot nouveau, c’est que le phénomène est inédit. (…) Après avoir appartenu à la tranche la plus radicale des socialistes italiens, Mussolini a vite compris l’idée de Lénine. C’est lui qui invente une chose absolument inconnue jusque-là, le parti de révolutionnaires professionnels. Il comprend aussi qu’il faut un chef, le principe du führer. Lénine met en place une doctrine et crée la Tchéka [la police secrète] dès décembre 1917. Il impose enfin le principe de la guerre civile permanente. »
(…) « Aujourd’hui, la dimension criminelle du communisme n’est plus un sujet de discussion, dit Stéphane Courtois. En s’attaquant à Lénine, on touchait à quelque chose de sacré. Pourtant, nous mettions au jour des documents incontestables qui n’avaient jamais été publiés. Nous en étions nous-mêmes complètement estomaqués. Récemment, dans Le Nouvel Observateur, à propos de l’Ukraine, on a parlé d’une “famine-génocide” sans que cela soulève de critiques. L’histoire a avancé, et ce qui n’était pas admis il y a 13 ans est devenu banal. »
Comment expliquer, alors, qu’il soit toujours si cool de se pavaner avec un t-shirt de Che Guevara? «Les communistes ont bénéficié d’une aura antifasciste extraordinaire, poursuit Courtois. La grande opération de Staline a consisté à lancer la grande terreur en même temps qu’une campagne sur la démocratie parfaitement orchestrée. Le repoussoir intégral est devenu le fascisme avec cette confusion entre le fascisme de Mussolini et le nazisme d’Hitler.»
«Même si le communisme s’est effondré, subsiste toujours ce que le philosophe Marc Lazar appelle un “communisme culturel”. L’idéologie est à zéro, mais le romantisme révolutionnaire persiste même si on ne sait plus trop qui en est porteur (…). C’est comme s’il y avait un bon extrémisme, à gauche, et un mauvais, à droite. Avec l’effondrement de l’URSS et du maoïsme, on sait pourtant qu’ils aboutissent aux mêmes résultats.»
Un nouveau totalitarisme
Mais il y a aussi un totalitarisme entièrement nouveau qui prend aujourd’hui la forme de l’islamisme, dit-il. «L’islamisme est un islam dévoyé, exactement comme le communisme a été un socialisme dévoyé. C’est un mouvement totalitaire mondial, comme le communisme, qui a une idéologie rigoureuse et des militants professionnels qui prêchent la guerre civile permanente.»
Courtois est donc convaincu que l’on est loin d’avoir fini d’écrire l’histoire du totalitarisme.
A consulter :
Du totalitarisme d’Hassan Al-Banna à l’islam englobant de Tariq Ramadan
LE MANIFESTE EN CINQUANTE POINTS D’HASSAN AL-BANNA
LE JIHAD DE TARIQ RAMADAN EXPLIQUÉ PAR SES SAVANTS MUSULMANS 1/3
De la guerre froide à la guerre sainte des Frères musulmans partie 1/4